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Un Chemin Glissant – Chapitre 1




Je m’appelle Laure. L’histoire commence l’été de mes seize ans. Ma mère s’était fraîchement remariée avec son médecin, plein aux as, depuis un peu plus d’un an. Cette situation m’allait plutôt bien dans le sens où le train de vie était très sympa, et j’avais à peu près tout ce que je voulais. En plus, il avait un fils Christophe. J’avoue que j’avais le béguin pour Christophe mon aîné de deux ans. Les parents avaient prévu de partir en vacances en amoureux et de nous laisser la maison. La perspective était intéressante, mais nous avons eu le droit à des leçons de morale tous les soirs et à toute une liste de recommandations avant leur départ. Christophe étant le plus vieux, il lui a été confié la responsabilité de l’application des règles. J’avais pourtant en tête de profiter avec mes copines de la piscine et de la maison. Je voulais faire une petite fête.

Les parents à peine partis, je fais part à Christophe de mon intention, à ma grande surprise, il a refusé catégoriquement, arguant la confiance que les parents lui avaient accordée.

— Tu rigoles? Tu ne vas pas me dire que tu ne veux pas profiter d’avoir la maison pour nous pour t’amuser aussi un peu?

— Tu es idiote. Si ça se passe mal, nous n’aurons plus cette occasion, il vaut mieux être irréprochable pour cette première fois.

J’étais frustrée, mais pas résignée. Après deux jours de harcèlement, enfin j’ouvris une brèche.

— C’est d’accord mais à trois conditions : Je serai là, tu rangeras tout le lendemain et je surveillerai que tout sera impeccable et ensuite tu m’obéiras pour le reste des vacances.

Qu’il soit là ne me dérangeait pas, ensuite ranger je trouvais ça normal, et enfin je pris sa dernière exigence comme une façon de dire qu’aucune autre fantaisie ne me serait permise. Avant qu’il ne change d’avis, je le remerciai d’un bisou sur la joue et filai prendre le téléphone pour prévenir mes copines.

Dès le lendemain, nous étions toutes au bord de la piscine. La soirée se fit autour du barbecue, que Christophe nous avait allumé avec quelques bouteilles d’alcool.

Il a été très discret et nous a laissées tranquilles. Peu habituée à boire, je ne me souviens plus très bien des détails, mais nous avons fini dans la piscine au bout le nuit.

Le lendemain, je me suis levée avec un mal de tête atroce. La bouche pâteuse, je suis allée à la salle bains me laver les dents et prendre un cachet. Dans le flou, je me dirige vers la cuisine. Un café me fera le plus grand bien. J’aperçois Christophe.

— Tu as vu l’heure? Tu as du ménage à faire.

— Et alors ? J’ai le temps.

— Je ne crois pas, moi. Je te laisse prendre ton petit déj’, mais dans une demi-heure, tu as intérêt à faire le ménage.

— Arrête de gueuler, j’ai mal à la tête.

— Ce n’est pas mon problème. Le deal était clair. Maintenant tu m’obéis!

— Oui chef. Je vais m’y mettre.

Christophe s’en va. Je suis surprise de son autoritarisme. Toujours sympa, il n’avait pas l’air de rigoler cette fois. C’est vrai qu’il est 15 heures et que c’est le vrai bordel dans la cuisine. Je n’ai pas vu le reste, mais ça doit être pareil. Un restant de conscience me pousse à me presser. Un expresso et je file sous la douche. L’eau sur mon visage soulage mon mal de tête. J’ai abusé hier soir et j’en paie le prix. La porte de la salle de bains s’ouvre, c’est Christophe :

-La demi-heure est écoulée. Bouge-toi le cul!

-J’arrive tout de suite, mais sort s’il te plaît.

— Dans cinq minutes, je viens te chercher. A poil ou pas!

Il est fou, il m’a fait une de ces peurs. Il va faire ce qu’il dit si je ne me dépêche pas un peu plus. Je me rince en vitesse et saute de la douche je me sèche rapidement et file dans ma chambre vêtue de ma serviette. Un jean et un top feront l’affaire pour faire le ménage. Mes cheveux sécheront tout seuls une fois de plus mais tant pis.

Je redescends et croise le regard noir de Christophe.

-Je m’y mets.

-J’espère bien.

Je file devant lui, il me fait décidément peur aujourd’hui. Soyons méthodique, je vais commencer par la terrasse. Je sors. Cest la stupeur. Sur la table, les assiettes sont toujours là, les bouteilles vides jonchent le sol, il manque des chaises. Ça commence mal. Je m’approche et je vois une chaise qui baigne dans la piscine, de la bouffe qui flotte. Quelle horreur! Je ne pensais pas que c’était à ce point. Je comprends la colère de Christophe. Je commence par repêcher la chaise et nettoyer la piscine avec l’épuisette. Je range ensuite la terrasse. C’est long, il fait chaud, mais je m’active. Mon mal de tête se dissipe. Je transpire, je sens la sueur perler sur mon front. Tout est débarrassé mais je vais devoir nettoyer la terrasse au karcher, ça colle aux pieds. On verra plus tard. Je rentre m’occuper de la cuisine, c’est pareil, un bordel incroyable.

Je mets tout dans le lave-vaisselle et essaie de le démarrer. Il ne marche pas, c’est bien ma veine. Habituée à m’en servir, je suis sûre de ne pas me tromper, rien ne s’allume, il est mort. Je n’ai pas le choix, je vais laver à l’ancienne, dans l’évier et à la main.

Christophe entre dans la pièce. Fière je lui dis :

— J’ai terminé dehors.

— Je vais vérifier ça. J’espère pour toi que c’est nickel, sinon, punition.

Je ris en entendant ce mot.

— Il n’y a rien de drôle.

Il sort. Je commence une vaisselle titanesque. Au bout de quelques minutes, j’ai les mains dans l’eau savonneuse, je lentends rentrer, il ne dit rien. Je me retourne il cache quelque chose derrière son dos :

-Qu’est-ce que tu fais?

— Ferme les yeux.

— Arrête. Montre-moi.

— Non! Ferme les yeux.

Il hausse le ton, je n’aime pas ça, il me fait trembler à chaque fois. J’obéis pour couper court.

— Tends tes mains.

— Qu’est-ce que c’est que cette blague de gamin?

Clic.

J’ouvre les yeux, il m’a menottée.

— T’es con. Tu me fais mal. Détache-moi!

— Quand tu auras fini, c’est ta punition.

Il s’en va. Je râle. Quel imbécile! Ces jeux de gamins ne me font pas rire. En plus, il les a serrées comme un dingue, j’ai mal. N’ayant pas le choix, je continue ma vaisselle comme je peux, ce n’est pas facile. Attachée, je me sens bizarre, un brin excitée. J’y prends un certain plaisir, même si je me refuse à me l’avouer. Il revient dans la cuisine.

— Détache-moi.

— Non.

— Allez! Détache-moi, ça fait mal.

— Ce n’est pas mon problème. Tu as fait ta fête, j’ai tenu ma promesse. Maintenant tiens la tienne.

— Quelle promesse ? Je remets tout en ordre, je ne vois pas pourquoi tu m’as mis ces saloperies.

— Tu as accepté de m’obéir pour le reste des vacances, et je veux que tu sois menottée, donc accepte.

Je comprends à son regard que ce n’est pas un jeu innocent mais quelque chose de plus malsain. A moitié intimidée mais aussi séduite par ses airs dominateur, je ne réponds pas et me retourne pour éviter son regard, je reprends la vaisselle sans un mot. Il a gagné, je sais que j’ai ouvert la porte à pleins d’autres choses que je ne devine pas, mais une douce chaleur m’envahit, excitée comme jamais. Il sort de la pièce. Je n’arrive plus à réfléchir, mes yeux s’embrument. Je continue mon ouvrage mais ce n’est simple avec les mains liées, mais je m’adapte.

A peine terminé, je range la cuisine toujours menottée et je m’apprête à nettoyer les sols pleins de traces de pas quand j’entends Christophe.

-Viens ici.

Je m’étonne de le rejoindre sans broncher. Arrivée sur la terrasse, il est dans la piscine.

— J’ai faim. Prépare quelque chose.

Je ne me révolte même pas. Quel effet m’a-t-il fait? Il m’aurait drogué que je ne serai pas plus docile. Je mentends lui demander :

— Qu’est-ce que tu veux manger?

— Des pâtes! Des carbonara.

— D’accord.

Je m’éclipse dans la cuisine et cherche les ingrédients. Cest bon, je peux faire. D’un côté, les casseroles, de l’autre la bassine d’eau, je ne me serais jamais imaginée si ’femme au foyer’. Pourtant, je prends plaisir à me rendre utile. Enfin, ce nest pas vraiment être utile mais rendre service, enfin non, plutôt faire ce qu’on me demande, obéir en somme. Le mot est lâché, il me fait peur.

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