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Dialogues Interdits – Chapitre 1




Épisode 1 – Effrayant derrière

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"Dialogues Interdits" est une série de dialogues entre deux protagonistes, dont les épisodes peuvent se lire en quelque sens que ce soit. Retranscriptions fictives de conversations à faire rougir les passants…

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Il me va vraiment bien ce jean. Faut que je pense à me changer avant le repas.

Pourquoi ?

Je passe voir mes parents ce soir.

Ils sont vieux jeu comme ça ? Jusquà ne pas accepter que tu mettes un peu le bas en avant ?

Larrière, plutôt. « Larrière en avant », si jose dire ! Cest toujours mieux quils me voient avec un habit féminin sans être top minette. Une robe bien froufroutante qui cache un peu, par exemple. Mon père ma toujours dit que javais un cul effrayant.

Tu plaisantes, ou bien il ta vraiment dit ça ?

Il me la vraiment dit.

Dans quel contexte ?

« On achète un autre modèle avec le cul effrayant que tu as, je préfère ».

Ça ne ta pas traumatisé ?

Ça ma fait rire. Il la dit avec son air d’éternel pince-sans-rire, de cet air dont on ne sait jamais si cest du lard ou du cochon. Il était sérieux, ça ne se voyait pas.

Il y a longtemps de cela ?

La première fois, je devais avoir une dizaine dannées. Je sais pas pourquoi cest sorti à ce moment-là, ça a dû lui échapper. Cétait lorsque je faisais des essayages de maillots, en magasins. Les grandes essayaient par-dessus les vêtements, moi je profitais de mon statut dinnocente petite pour tout enlever puis enfiler le vêtement de plage dans la cabine.

Tant que cétait dans la cabine

Tu penses bien que je sortais ensuite pour me zyeuter en pied dans le grand miroir ! Jétais trop espiègle pour men passer.

Pour te passer des regards que ça attirait ?

Oh, faut pas voir le mal partout Cétait surtout des regards amusés ou attendris.

Tu fermais le rideau de la cabine, au moins ?

Sois sûr que papa restait devant à faire le guet avec le rideau bien fermé.

Cest ton père qui voyait le mal partout, si jai bien compris.

Au point quil voulait un maillot qui me moule pas trop.

Le problème cest quun maillot moulant, cest un pléonasme.

On a fini par en trouver un au tissu un peu plus épais et un peu moins près du corps quun autre. Là ça lui allait. Jétais assez déçue, forcément.

Il voulait te protéger.

Maman ma confié que mon derrière linquiétait depuis longtemps. Faut dire que jen ai un magnifique depuis mes cinq ou six ans. Peut-être même avant. Je situe par rapport à lâge où je men suis aperçue.

Tes douée ! Si jeune, généralement on na pas le sens du beau.

Si tu voyais ce que je gribouillais à lépoque, tu en aurais eu confirmation. Et jétais capable de trouver beau une plaque dégout rouillée. Pour les derrières par contre, jai toujours été très précoce. Étrange de lêtre sur un seul point et sur aucun autre !

Tu es trop dure avec toi-même tu AVAIS le sens du beau. Ne pas lavoir, cest être un daltonien de lesthétique : cest ne pas savoir ce qui peut être beau ou être laid, et croire que telle chose est belle du moment où on vous dit quelle est belle. Comme ces collectionneurs dart qui vont adorer un monochrome tout noir de Pierre Soulages. Si tu pouvais trouver beau une bouche dégout, cest que tu avais une conscience.

Avec des goûts particuliers, alors.

Des goûts tout de même.

Je suis pas convaincue sauf pour les derrières. Pour ça, oui jai un sens quasi artistique depuis ma plus tendre enfance. Cest de famille, je suppose ! Ma tante avait un arrière-train énorme. Ma grand-mère, un tout cambré. Ma mère, un tout rond. Chez les miens, les nanas, cest plus fort que toi : ton regard sera plus attiré par leur cul que leurs yeux. Et même pas forcément par désir sexuel : cest juste tellement spectaculaire que tu peux pas faire autrement. Un peu comme un objet de curiosité, un peu comme quand tu vois une personne à deux têtes et que tu narrives pas à faire autrement que mater.

Parce que tu vois souvent des personnes à deux têtes, toi ?

Cétait un exemple à la con.

Ton derrière à toi est un peu pareil : on louche beaucoup dessus. Javoue que moi-même jy ai souvent porté le regard, et sans la moindre envie de me le cogner.

Jaime autant.

Cest presque complexant !

Taurais bien tort. Ta lune est tout aussi belle que la mienne, seulement la convention sociale y adhère un peu moins. Question dépoque. La tienne est à la mode Brigitte Bardot.

Lactuelle ou lancienne ?

La B.B. du temps de Saint Tropez, évidemment ! Un peu joufflu et en chair. Franchement adorable tout un tas de types aiment encore, par contre ce nest plus la majorité. Du temps des années soixante, tu aurais fait des ravages. Si ça se trouve, dans quelques décennies ça aura encore changé. Qui sait si ça sera pas redevenu comme avant ? On dit que les modes, cest plus des cycles quune vraie évolution. On croit que tel nouveau courant est du jamais vu, alors que cest juste un ancien courant qui revient.

La mode on emploie ce terme pour parler de vêtements.

La mode fonctionne pour tout ! Pour le bronzage, les seins, le grain de la peau, les cheveux. Concernant le bas, elle est aux minous rasés et aux popotins en petites collines rebondies.

En fait, ton père craignait que ton cul te fasse devenir catin.

Je dirais plutôt quil avait peur des agressions. Ou bien que les mauvais garçons me tournent autour ?

Un cul pareil ne fait aucune discrimination : TOUS les garçons sont amenés à tourner autour, les mauvais comme les bons. Tu es un site de rencontres à toi toute seule. Tu vois arriver, tu sélectionnes, tu fais lélitiste et tu ne gardes que le un pourcent qui tintéresse.

Au final cest un peu ce que je fais, oui.

Et ton père a continué à vouloir te protéger ?

Ce terme de « cul effrayant » est devenu un runing gag, entre lui et moi. Maman naimait pas ! Ce nétait que de lhumour, mais malgré tout je le sentais inquiet. Quelques semaines après, jy ai réfléchis et jai compris que ce quil mavait dit ce jour-là au magasin était sincère. Jai aussi compris pourquoi il machetait toujours des fringues aussi larges.

Et tu acceptais facilement ?

Javais conscience de mes formes sans avoir conscience de lattrait quelles pourraient avoir. Et consciente ou non, je me suis longtemps foutue de lattirance que ça pouvait amener.

Ça a bien changé.

Je men suis aperçue peu à peu, et pendant longtemps ça ma fait marrer. Je nai commencé à trouver ça excitant que bien plus tard.

Est-ce que ton père a eu tort de sen faire ?

Sur le coup, on en veut toujours aux parents. Après coup on leur pardonne et on les comprend. Jusquà mon adolescence, jétais en baggy, t-shirt XL et casquette. Pourtant, Dieu sait si papa détestait la culture hip-hop !

Il ta fait adopter ce look par amour pour toi. Comme cest chou

Jai pas été dupe éternellement. À partir dun certain âge tu penses bien, je me suis mise à sortir avec du moulant.

Il te donnait le droit den acheter ?

Au début, jai carrément appris la couture pour faire des retouches sur certaines fringues. Puis javais aussi mes petites techniques. Remonter le futal le plus haut possible, serrer le nud à fond. Tout ce que je pouvais pour que la forme se dessine au moins un tout petit peu.

Les parents devraient comprendre que plus ils en font, plus on fait le contraire. Par opposition.

En partie, oui. Pas seulement ! Je me suis aussi mise à mieux considérer mon cul. À laimer au fond, jen ai été la première fan ! Puis, voir toutes ces illades, au final cétait drôlement chouette.

Il avait peur que ça te rende superficielle. Les filles qui attirent trop de mecs et trop tôt ont tendance à le devenir.

Vu que je ne pouvais pas toujours sortir avec du moulant, je suis arrivée à passer le cap. Javoue que cétait très net : les jours de moulant, je me baladais dans la rue ou je sortais avec un garçon. Les jours de baggy, jallais bûcher à la bibliothèque ou me faire une expo.

Donc il a bien agi !

Tout compte fait, je dirais que oui. Pas étonnant quil ait un avis pertinent sur la question. Les derrières, papa, il en connaît un rayon. Je le soupçonne den avoir beaucoup palpé, et pas que du temps où il était célibataire.

Un spécialiste des fesses ?

Un vrai pro. Et en ce sens, son inquiétude était presque une sorte de déformation professionnelle. Un peu comme les producteurs de pornos terrorisés à lidée que leur progéniture se lance un jour dans le porno. En plus à la maison, il voyait bien que mon corps changeait et devenait de plus en plus attirant. Les rideaux il ne les fermait pas que dans les cabines dessayages, il fermait aussi tout le temps ceux du salon et de ma chambre.

Cétait exagéré.

Pas tant que ça ! Quand je sortais de la salle de bain, ou même parfois quand il faisait très chaud je ne portais pas forcément de vêtements. Pourtant je tassure, sans aucune idée derrière la tête.

Est-ce quil a fini par abandonné la partie ?

Disons que cest devenu de plus en plus léger. Des touches dhumour quasi nostalgiques. « Tu pourrais sortir sans ton cul ? Je serais rassuré ». Des idioties comme ça. Ça ma toujours fait beaucoup rire. À dix ans, lâge où on rigole dès quon entend le mot « cul » cétait normal. Aujourdhui à plus du double, les piques de papa me font toujours autant rigoler.

Donc tu as quand même pu tacheter ce que tu as voulu en étant ado ?

Pas tout à fait. Louverture est venue de lautre bord : maman. À force dinsistance, elle a cédé. Et ma offert du moins large.

Normal. Instinct maternel !

Comment ça ?

Elle a linstinct de te considérer comme une femme qui cherchera tôt ou tard à assurer sa descendance, et donc à présenter des arguments aux candidats potentiels.

Hum ! Des candidats potentiels il y en a eu un paquet, sans que jai à assurer ma descendance pour autant.

Ton père est rassuré, aujourdhui ?

Oui et non. Au fond de lui, il a toujours la trouille que je tourne mal, que je fasse nimporte quoi de mon corps. Lautre jour, je suis rentrée tout courbaturé de léquitation. Javais testé le double galop et le saut pour la première fois. Je suis allée maffaler dans mon lit en boitant, en mallongeant sur le ventre, sans même pouvoir masseoir. Tu aurais vu ses yeux catastrophés !

Tu as chassé ses craintes, jespère.

Je lui ai juste dit ce que javais fait au cheval aujourdhui. Jaurais rêvé de pouvoir lui dire « mais non papa ! Je ne viens pas de me faire sodomiser par six types daffilé. Je lai déjà fait il y a des semaines et jy suis allé tout en douceur, ce soir-là tu nas rien remarqué et a accepté sans broncher que jétais allée réviser mes partiels à onze heures du soir ».

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