Et voilà. Comme tous les deux ans il fallait y passer. Le rituel de la visite médicale. Certains collègues aimaient bien cette parenthèse dans leur journée. Ils faisaient traîner, s’inventaient des bobos, et passaient plus de temps que de nécessaire dans les locaux de la médecine du travail avant de s’arrêter pour faire un PMU et boire un café avant de prendre le chemin du retour.

Moi, ça m’embêtait plus qu’autre chose. Aller remplir un bocal et un questionnaire avant d’être reçu par le vieux docteur antipathique qui semblait en avoir marre de son boulot dès huit heures du matin. Enfin, sans le petit papillon tamponné "apte", le chef de service ne validerait pas les heures du mois, alors il fallait bien s’acquitter de cette corvée.

La salle d’attente était toujours aussi sombre, avec les mêmes magazines sans intérêt. Je n’eus pas à y attendre longtemps, la secrétaire m’invita à la suivre pour remplir les premiers documents. Plus proche de la fin de sa carrière que du début, c’était une femme élégante, aimable, et souriante. À l’opposé du vieil homme blasé qu’elle assistait. La touillette trempée dans l’échantillon d’urine avait rendu son verdict et les tests acoustiques et optiques aussi. Restait à passer dans le cabinet.

— Monsieur M—– ?

Tiens ? Ce n’était pas le vieux toubib.

— Docteur G—–, je remplace le docteur F—– qui a fait valoir ses droits à la retraite. Suivez-moi je vous prie.

Je m’exécutai, soulagé de ne pas subir la conversation soporifique du vieux médecin. Sa remplaçante, puisqu’il s’agissait d’une femme, avait une cinquantaine d’années. Grande, mince, un physique ordinaire (comme moi en somme !), presque trop austère dans sa jupe noire et son chemisier gris sous sa blouse ouverte. Mais les visites médicales avec des doctoresses plantureuses et coquines, c’est du domaine du fantasme après tout.

— Passez dans la cabine et ne gardez que vos sous-vêtements.

C’est ainsi vêtu ou plutôt dévêtu devrais-je dire, que je me retrouvais face à elle. Elle m’invita à m’asseoir et reprit le questionnaire précédemment rempli par la secrétaire semblant y trouver des réponses satisfaisantes.

— Bien, parfait. Vous travaillez à Carrefour. Ça se passe bien ? Pas de souci particulier.

— Non, des horaires un peu décalés parfois, mais sinon, comme dans chaque boulot, des moments plus durs et d’autres pas. Du bon et du moins bon.

— Vous faites la mise en rayon ; vous faites attention aux postures de travail ?

— On nous fait une réunion chaque année avec des responsables de la santé au travail, mais des fois entre la théorie et la réalité il y a un monde. Vous savez, le patron veut que tout soit en place quand on ouvre, alors des fois, plier les jambes, se lever doucement etc… dans le feu de l’action ça semble compliqué. Faut que ça aille vite et bien

— C’est malheureusement le discours qu’on a souvent avec la grande distribution. Mais vous savez, votre patron quand vous aurez lumbago sur lumbago, hernies discales, et autres, il aura tôt fait de vous remplacer. Bien, levez-vous et mettez-vous face à moi. Enlevez votre t-shirt. Vous allez sans plier les genoux toucher vos pieds.

Ouch ! J’étais loin d’imaginer que j’étais aussi rouillé. La vérité c’est qu’il restait bien 20 centimètres entre mes mains et mes pieds. Elle me fit ensuite me pencher et me relever en touchant à chaque mouvement mon dos du bout de ses doigts. Ne me demandez pas pourquoi, je suppose qu’elle vérifie un alignement de la colonne ou que sais-je encore. Je fus plus surpris quand elle me demanda de m’accroupir les genoux tournés vers l’extérieur. Je me trouvais un peu ridicule dans cette posture. En boxer, jambes écartées et mon embonpoint qui ressortait plus que d’accoutumée dans cette position.

Elle regardait sans rien dire puis m’expliqua quelle posture je devais prendre pour soulever les packs de sodas pour les ranger en rayon. C’était plus ou moins les mêmes gestes qu’on avait vus en réunion. Sauf que là en m’expliquant elle m’avait offert une vue sur sa culotte blanche sous sa jupe noire. C’était inattendu et savoureux. Mais un peu gênant aussi pour des raisons que vous imaginez. Elle n’a rien dit mais n’a pas pu ignorer le début d’érection qui s’emparait de moi. Peut-être pour faire retomber la tension, elle mit fin aux explications et m’invita à m’assoir sur le bord de sa table d’auscultation.

J’ai toussé, respiré fort, senti le froid du stéthoscope sur mon dos. Elle me demanda alors de m’allonger et de ses deux mains froides elle me palpa le ventre à divers endroits, s’excusant au passage pour la froideur de ses mains. Je n’osais plus la regarder quand elle palpa juste au-dessus de mon boxer de chaque côté. Je bandais à nouveau et me sentais confus. Son regard croisa le mien en silence et je crus déceler un sourire aussi gêné chez elle. Mais la situation devait lui être familière. Quel homme en slip se faisant palper par une femme resterait stoïque jusqu’au gland ? Pas beaucoup j’en suis sûr. Et je devais être celui des deux chez qui la gêne était la plus forte j’en suis convaincu.

Alors non, même si certains lecteurs auraient aimé lire une fin de ce style, il n’y eut point de suite débridée, de fellation improvisée, de corps à corps dans le cabinet. Je n’ai pas descendu sa culotte, je n’ai pas plongé ma langue dans son intimité. La réalité a été toute autre, bien plus banale. Je suis reparti du cabinet avec mon bulletin "apte", je suis retourné bosser, et le soir en rentrant je me suis branlé en y repensant. Ça reste un souvenir agréable malgré tout même si je n’en menais pas large ce jour-là.

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