La galère
Le paradis sur terre 3
Myriam est sous la douche, Sabine remplit la baignoire et règle la température de leau à la main, à cause dune défaillance du mitigeur. Elle est penchée sur la baignoire. Assis derrière elle, je me remplis la vue dun spectacle rare. Nous avons dormi à trois, avons transpiré et nous avons ressenti le besoin de nous laver. Nus au lit nous le sommes aussi dans la salle de bain, sans gêne, sans impudeur. Lintimité de la nuit a brisé les tabous, aucune des femmes na trouvé nécessaire de chercher un vêtement de bain, je navais plus rien à cacher à ma femme ou à linfirmière. Pendant que Myriam chantonne sous la douche jadmire la taille et les formes généreuses des jambes de Sabine et je suis particulièrement fasciné par le dessin de ses deux fesses et de lespace qui les sépare.
Pour assurer son équilibre elle a légèrement écarté les pieds. Mon regard remonte des chevilles vers les mollets solides, passe le nud des genoux et suit la formation du tronc de cône des cuisses qui rétrécit à lapproche du sexe. Ce dessin est parfait, les courbes semmêlent avec grâce et la peau devient plus lisse et plus brillante vers le haut. Mais surtout dans cette position penchée la croupe sarrondit et entoure une vulve aux contours prononcés, fendue dune ligne qui cache le vagin, enflée en bas par le capuchon du clitoris et deux ailes curieuses à lextrémité des petites lèvres alors quau dessus on voudrait plonger dans lil rond de lanus ouvert comme une rose matinale. Cet ensemble harmonieux est aphrodisiaque. Cette quasi inconnue expose son intimité sans penser à mal, mais ma libido en prend un coup. Comment ne pas désirer toucher et caresser ces chairs, comment rester indifférent devant tant de beauté. Mon pénis lève la tête. Sabine est belle, troublante, désirable. Cest une belle plante
Myriam quitte la douche, me sourit, pousse ma main qui cachait mon érection naissante, tourne la tête vers Sabine, lui tapote une fesse et déclare :
-Sabine tu excites Jean. Tu as un beau cul tu sais. Mon mari a toujours été sensible aux courbes. Méfie-toi.
Je la remets en place pour couper court à son discours connu sur le partage :
-Puisque tu as fini Myriam, il serait bon daller acheter les croissants du petit déjeuner à la boulangerie. Sabine me surveillera de la douche pendant mon bain.
Avec une moue de déception ma femme quitte la salle. Sabine se redresse et mexamine de la tête aux pieds avec une halte joyeuse sur mon milieu.
— Eh! Bien mon gaillard, tu te remets vite. Compliments. Bien, tu peux entrer dans la baignoire. Ne glisse pas. Donne-moi la main. Oh ! Quest-ce que je vois, cest du costaud ? Bravo, tes progrès sont rapides. Mes compliments mon ami, voilà une verge très présentable. Jaurais pu aller à la boulangerie et Myriam se serait occupée de ton excroissance.
— Cest toi linfirmière. Ma femme ma recommandé de bien accueillir tes bons soins.
— Oui mais ta femme jouit dun droit de priorité.
— Jouissait, mais elle la perdu. As-tu entendu sa réponse à propos de la punition à infliger à Louis ? Elle voudrait qu « on loublie » . Jai du coup été très désagréablement surpris. Pourquoi ignorer ce salaud ?,Myriam aurait-elle peur quon casse son jouet ou quon lui coupe définitivement lenvie de revenir la voir ? Sa réponse montre quelle nest pas guérie malgré lincroyable humiliation que Louis lui a fait subir en la renvoyant ou en lui proposant de la partager avec ses copains.
— Jai été aussi étonnée que toi. Souhaitons quelle prenne mieux conscience des défauts de Louis. Sinon ce serait à désespérer. Je peux tassurer que je suis de ton avis. Ce drôle doiseau mérite quon lui fasse passer le goût de briser les couples, de polluer les épouses ou de pousser les gens au désespoir. Mets-toi debout dans la baignoire, je te savonne. Je peux te toucher partout ? Tu noublies pas mon rôle dinfirmière.
Une main de femme, infirmière ou pas, tenant une savonnette ou nue et appliquée à plat, est une main troublante. Sabine noublie aucune surface, ne néglige aucun pli, ni derrière, ni devant. Elle insinue ses doigts professionnellement partout, entre les orteils, autour du cou, dans les oreilles, de chaque côté du scrotum, autour de ma verge. Cette fois je retrouve mes meilleures dispositions. Elle lit dans mes yeux des élans, veut mettre fin à son aide. Il est trop tard, je lattire tout contre la baignoire, je lenlace de mes bras mouillés et je cache derrière un merci le mouvement de mes lèvres qui happent les siennes.
Myriam mavait supplié dembrasser celle qui mavait sauvé. Ma gratitude se manifeste enfin. Sabine se retrouve dans leau, face à moi. Elle me rend mon baiser. Elle est consentante ou je fais erreur, mais elle retarde la suite logique :
-Permets-moi de me laver. Je voulais prendre une douche. Tu pourrais me savonner à ton tour.
Cest plus quune autorisation. Avec Myriam, au début, nous pratiquions ainsi : mouiller, savonner, frictionner à main nue, dénicher les microbes dans tous les recoins, fouiller les creux, frotter les arrondis. Le lavage se terminait en jeu de mains pas si vilains, en caresses voluptueuses et nous finissions au lit avec lintromission de mon sexe dans le sien. Plus grande et plus charnue mon infirmière noppose aucune résistance à ma pratique, tend le bombé de son estomac ou sa croupe adorable, se laisse embrasser, souvre pour les attouchements les plus précis, rit de sentir enfler son clitoris. Mais après avoir joué avec le feu, elle se dégage :
— Viens , rinçons-nous sous la douche.
Leau coule sur nos deux corps tout proches quand Sabine reparaît avec un sachet de viennoiseries :
-Quoi, vous navez pas fini ? Vous avez traîné. Oh ! Vous êtes tout rouges. Ne me dites pas que Vous avez consommé ? Vous auriez pu mattendre.. Jaurais aimé assister.
— Mais non, que vas-tu imaginer? Regarde là, serais-je dans cet état. Je ne mappelle pas Louis, quand jai éjaculé jai une période de détumescence. : Est-ce que je suis mou ? Nous savons-nous tenir.
Il sen est fallu de peu et si nous navons pas succombé à la tentation cest à cause du retour de Myriam. Elle part à la cuisine pour préparer la table du petit déjeuner. Sabine me colle un rapide dernier bisou plein de promesse. Nous navons pas consommé, mais cela ne saurait tarder. Jy pense en suivant le magnifique balancement de ses fesses devant moi : les muscles se gonflent puis se détendent alternativement, le mouvement est magnifique à observer. Les filles ont enfilé une robe. Sabine est à létroit dans celle que lui a prêtée Myriam.
— Bon, je vais vous laisser seuls. Ce matin je rentre chez moi, le temps de rassembler des vêtements et sous-vêtements pour une semaine. Je dois aussi passer les consignes à linfirmière qui se chargera de mes clients en mon absence. Je ferai vite. Soyez sages.
-Jai une idée : nous pourrions aller danser ce soir. Prends la tenue adéquate. Comment te déplaces-tu ?
— Si vous le voulez prenons une de vos voitures à trois : vous pourrez veiller lun sur lautre Je reviendrai avec la mienne assez tôt pour aller au bal avec vous.
Au retour Myriam demande si je la ferai danser. Elle conduit.:
-Tu feras aussi danser Sabine ? Et alors quest-ce que je ferai pendant ce temps-là ?
— Tout ce que tu voudras. Tu as trente ans, tu agis à ta guise. Pour la danse on peut partager tout en gardant à lesprit qui on aime, avec qui on est marié et ce quexige le respect de celui ou celle quon aime.
— Tu es amoureux de Sabine ? Elle est belle, intelligente, gentille ? Laimes-tu plus que moi ? Tu lui dois la vie. Je veux bien partager. Tu coucheras avec elle un jour, avec moi le lendemain et ainsi de suite. Quen penses-tu ?
— Cest le marathon du sexe que tu souhaites. Une affamée par jour, cest trop pour moi.
— On pourrait te ménager, répartir autrement; par exemple une nuit avec lune, ensuite une nuit de repos, puis une nuit avec lautre. Les journées ensemble. Ce serait possible, non ?
-Je ne sais pas. Je ne me suis jamais trouvé dans cette situation. Selon moi ce serait une source de conflits plus que probables entre toi et Sabine. Le conflit me rongerait aussi. Je ne voudrais déplaire à aucune et je commettrais continuellement des impairs. Enfin je ne pense pas quil me soit possible de vous aimer également.
— Est-ce que tu maimes encore ? Pourras-tu maimer si je ne te trompes plus ?
— Tu ny crois pas toi-même et pour moi, ton refus de punir Louis est un indice alarmant.
— Mais Sabine na rien proposé. Elle aussi a des raisons de se venger. Tu pourrais laimer elle?
-Elle ma promis de réfléchir à la manière de ramener Louis à la raison et au respect des femmes.
-Nous arrivons. Jai une folle envie de faire lamour avec toi. Nous avons quelques heures avant le retour de Sabine. Nous pourrions en profiter.
— Pour être franc, tes rapports avec Louis sont encore trop récents. Vos cabrioles dansent encore devant mes yeux. Je ne me sens pas capable de te serrer dans mes bras et de te dire sincèrement que je taime. Avec le temps, peut-être pourrai-je de nouveau te désirer.
Parce que tu désires sabine, avoue-le. Ce nest pas grave; je le redis, je veux ton bonheur. Lessentiel pour moi est de pouvoir vivre près de toi. Je prépare le repas. Ah! Quel bal choisis-tu ?
— Celui où tu tes amusée il y a huit jours.
— On risque de tomber sur Louis. Tu nas pas peur ?
-Peur de quoi ? Je ne danse pas avec Louis, il ne mintimide pas.
-Il pourrait minviter. Que devrai-je faire ? Danser avec lui, refuserQue me conseilles-tu ?
— Réfléchis aux suites de tes décisions et suis ton cur. Rappelle-moi ton âge. Tu as célébré ton trentième anniversaire et il naura pas suffi deffacer le contenu de mon caméscope pour oublier cette journée mémorable.
— Comment veux-tu que je mhabille pour le bal ?
— A qui veux tu plaire ? Tu avais lautre jour une mini jupe sensationnelle.
— Je lai jetée à la poubelle avec lautre. Tu es cruel avec moi, pardonne-moi ces détails. Je taime. Un bisou ? Non, même pas.
Ambiance ! Heureusement Sabine est revenue assez vite avec sa valise et en tailleur classique, maquillée avec soin « pour vous faire honneur! ». Javais résisté à Myriam, javais bien fait. Je me voyais au bras dune belle femme, habillée avec goût, à laise, fidèle si on néveillait pas sa jalousie. Elle mavait embrassé dans la salle de bain, sapprêtait à passer une semaine chez nous. Je naurais quun signe à faire pour accomplir les souhaits de Myriam et pour retrouver linfirmière dans mes bras. Je me promettais des nuits délicieuses, des rapports sexuels merveilleux et des jours heureux avec cette conquête. Myriam pourrait me quitter ou rester; ici, elle serait témoin de notre bonheur et constaterait linanité de ses croyances : elle ne resterait pas longtemps indifférente aux vocalises de Sabine en plein orgasme. Sa libido la porterait entre dautres bras. Je divorcerais et je pourrais épouser Sabine. Voilà à quoi je pensais en me rasant.. Demain jexposerais mes plans à mes deux compagnes.
Un homme sassoit à la quatrième place de notre table. Les musiciens accordent leurs instruments. Une marche lance le bal. Sans hésitation je marque ma préférence pour lancienne prof de danse. Myriam est heureuse dêtre invité par son voisin de table. Nous tourbillonnons. Les yeux de Sabine ne quittent pas les miens, elle semble heureuse et doit attendre une déclaration. Je me prononcerais volontiers si mon intention de rompre avec Myriam nétait pas trop rapide. Jai un sursis de quelques jours et des scrupules à précipiter les événements. Un faux pas de Myriam ce soir conforterait ma décision. Elle a fait un gros effort vestimentaire pour ressembler à Sabine, paraît plus sage : repêchable peut-être ? A voir. Sabine me recommande de faire danser ma femme.
Cest fait, Myriam rayonne de joie contre moi, tente quelques contacts rapprochés comme elle a toujours su le faire. Sabine discute beaucoup avec son nouveau cavalier. Tout va bien, je peux oublier la semaine calamiteuse. Je repars pour un tour avec Sabine. Son autre cavalier est un médecin installé depuis peu dans la région: ils parlent de leur travail. Quand nous nous retrouvons à quatre je commande des boissons : jus de fruit pour les dames (elles sont prudentes) bières pour les hommes. Nous dansons tous quatre assez longtemps en changeant de cavalière.
-Bonsoir Myriam, bonsoir Sabine, bonsoir Jean, monsieur. Vous permettez que je fasse danser votre femme, cher Jean ?
— Faites, monsieur.
Myriam est grise. Sabine me regarde, étonnée. Que va faire ma femme ? Elle se lève. Mon idée de lamener ici était ingénieuse. Louis apparaît, elle le suit. Plus dhésitation, mon mariage est mort. Je peux déclarer ma flamme maintenant. Le médecin est parti en piste avec mon infirmière, dans quelques minutes ce sera mon tour. Je prépare ma déclaration dans le style du bourgeois gentilhomme « Belle Sabine, vos beaux yeux me font mourir damour » ou « Damour, Sabine, me font vos belles fesses » . Non ce nest pas convenable.
Tout à coup, au milieu de la piste se produit une bousculade, un homme est couché sur le dos. Lorchestre fait silence et la voix de Myriam crie :
« Espèce de cochon. Tu as fini de me tripoter et de me dire des saloperies. »Lorchestre reprend fortissimo pour couvrir les invectives. Deux videurs ramassent Louis et le poussent vers la sortie, le nez en sang. Sabine raccompagne ma femme à notre table, lui demande de se calmer mais la félicite pour son courage. Le médecin linvite à oublier lincident en dansant. Sabine me tend la main.
— Je pense que Myriam vient de te donner une véritable preuve damour Victor qui danse avec elle est célibataire. Il me trouve à son goût, voudrait mieux me connaître. Il minvite à revenir ici dans une semaine. Il doit avoir une idée derrière la tête, ma beaucoup complimentée: il a le béguin. Quen dis-tu ? Quest-ce qui te fait froncer les sourcils ?
— Moi ? Mes sourcils ? Mais rien, au contraire je me réjouis pour toi. Cest une excellente nouvelle. Il faudra lannoncer à Myriam. Enfin, toi, comment tu trouves cet homme?
Maudite salle. Louis my a piqué ma femme. Victor menlève Sabine. Mes rêves de divorce et dunion seffondrent.
— Il est gentil, doux, bien élevé. Il a une situation enviable. Vois comme il prend soin dapaiser Myriam. Cela fait si longtemps que je vis seule. Jattendais quun homme que jestime soit libre et me fasse une déclaration. Mais il ne se décide pas. Alors pourquoi repousser Victor?
Parle-t-elle de moi. Ai-je trop tardé ? Ou veut-elle me forcer la main et mobliger à mengager immédiatement, ou elle minforme-elle en toute innocence Ce type est sympathique? Javale ma salive et je ravale ma déclaration. Je cache mon désappointement en observant Myriam et son cavalier. Ils ont lair de bien sentendre. Sabine a besoin dun homme. Il me faudrait des mois pour obtenir le divorce et être libre. Victor est libre, disponible et exerce dans le domaine de la santé. Je nai pas su saisir ma chance à temps. Ma consolation vient de Myriam, elle a su humilier son séducteur. Cela neffacera pas son adultère.
Le bal est fini. Je conduis Sabine et Myriam partagent leurs impressions à propos de ce charmant docteur. Je conduis et je rumine une promesse de Sabine :
« – Ce ne doit pas être un souci. Primo tu es capable de te débrouiller seule, nous venons de létablir. Secundo, je suis propriétaire de ma maison, je my sens bien seule et je toffrirai une place chez moi, pour te permettre de tétablir à ton compte. »
Ce nest pas beau découter aux portes, mais parfois cest utile. Avant daller au lit je demande la parole. Je félicite Myriam, elle a réagi dignement avec Louis. Humilié en public et certainement devant quelques unes de ses victimes, il hésitera à recommencer sa chasse à lépouse dans ce bal. Jencourage Sabine à prendre rapidement contact avec Victor. Myriam est décontenancée : elle nassistera pas à mon union sexuelle avec Sabine. Ce spectacle aurait pu constituer le pendant de sa scène dadultère et menlever des arguments en cas de divorce. Enfin je porte le coup décisif à ses espoirs de pardon.
-Myriam, jai décidé de divorcer. Il mest impossible de vivre avec toi après tes démonstrations amoureuses avec Louis.
Pleurs et lamentations me laissent froid. Sabine semploie à consoler linfidèle, maccuse de sécheresse du cur. Elle maurait cru plus généreux et plus tolérant. Elle sétait trompée sur mon caractère. Heureusement elle a rencontré aujourdhui un homme meilleur. Il est sous-entendu quelle me surestimait et venait déchapper à un bien mauvais choix. Dans la foulée elle offre lhospitalité à Myriam. Elles emballent des affaires, je me retire. Jentends une phrase prononcée assez haut pour être entendue :
— Quand il sera seul il te regrettera et viendra te supplier de revenir
Dans la nuit elles sont parties. Plusieurs soirs de suite elles ont chargé les coffres de deux voitures? Sabine, à la dernière rotation, ma fait promettre de ne pas tenter de me suicider. Elles mont fait des bisous, ont attendu en vain un retournement de situation.
-On se téléphonera.
Jai changé mon téléphone et me suis mis sur liste rouge. Jai reçu un faire-part de mariage de Sabine et Victor. Jai fait livrer un bouquet volumineux de fleurs variées. La vie a repris son cours. Je vis seul. Je nai pas de femme à surveiller. Quel soulagement
Ce soir une femme attend devant ma porte.
— Bonsoir Sabine comment va ? Pourquoi pleures-tu ? Est-il arrivé un malheur à Myriam ?
— Non. Elle couche avec Victor et veut le partager avec moi. Je refuse. Victor estime que jai tort et veut divorcer. Peux- tu mhéberger ?
— Je tattendais, ma maison et mon lit aussi. Si on prenait une douche ?
— A deux ? Cest vrai, tu veux bien ? O, toi; comme jai été stupide. Je taimais, je nai pas osé te le dire, je taime. Et toi ?
— Je tattendais, devine pourquoi. Eh oui! Je suis fou.