C’était une nuit de pleine lune. Le vent soufflait dans les arbres et l’on devinait au loin de lourds nuages prometteurs de pluie. Ma voiture était en panne, sombre masse métallique au bord de la route, et pas un seul véhicule n’était passé depuis un bon moment. Je devais agir sous peine de rester toute la nuit piégé au milieu de cette forêt. J’entrepris donc de longer la ’nationale’ afin de trouver une aide quelconque, une maison, un téléphone, une voiture ou que sais-je? Après un certain temps, d’une démarche à vive allure, je tombai sur un chemin de traverse où un vieux panneau de bois usé annonçait:’ L’hotel de la forêt 2km’.Le chemin était sombre et peu entretenu, je m’engageai malgré tout un peu inquiet. Mais l’on m’attendait de façon pressante à Bruxelles et j’étais bien décidé à tout tenter pour rentrer au plus vite.
Peu à peu, une nuit noire s’installa et ma progression se fit de plus en plus difficile. La nuit, les arbres, les bruits, le chant du vent dans les feuilles, tout cela confortait mon incertitude. J’entendis bientôt des éclats de voix, des cris de fête ou de joie. Cela me rassura et je renforçai mes pas. Le sentier s’ouvrait sur une clairière au milieu de laquelle brûlait un énorme feu de bois. Des personnes habillées de longs voiles blancs qui ondulaient dans le vent dansaient en cercle autour du feu. J’entendais des éclats de rire et les notes d’une musique légère. Je m’arrêtai, interdit, me demandant si je n’assistais pas à la réunion d’une secte ou à une étrange cérémonie obscure. Je me dissimulai, prudent, derrière un bosquet épais. Le silence s’installa, un homme couvert d’une chasuble noire pris place sur un billot de bois. Il parla une langue étrange et leva les mains au ciel. Soudain, des éclairs jaillirent tout autour de la clairière éclairant à contre-jour la cîme des arbres. Ces jeux de lumière renforçait l’étrangeté du décor.
A cet instant, tous se dévêtirent et se remirent en mouvement au rythme de tambours africains. Ils ressemblaient à des déesses et des dieux. Les femmes avaient la peau luisante et dorée par les reflets flamboyants. Les seins, au galbe parfait, surmontaient un petit ventre semblant chanter la fertilité. Leurs cuisses étaient fermes et dégageaient toute la chaleur du feu, elles encadraient des triangles humides d’or ou d’ébène. La descente de reins bien creusée plongeait sur les fesses rondes et charnues.Les danses exprimaient la sensualité et la liberté charnelle, sans honte, sans pudeur. On devenait leurs petites poires bien juteuses.
Mon sexe gonflé, dur comme de la pierre, souffrait de sa prison, la pression était insoutenable. Je ne pus que le libérai en le dégageant de l’oppression de la toile de mon pantalon. Il me semblait énorme et pris d’une fierté nouvelle. La brise apaisait la fournaise qui me dévorait.
Les hommes étaient scultés dans du marbre. On voyait leurs muscles joués sous leur peau glabre et satinée. Les épaules étaient larges et carrées, les fesses bien dessinées portaient un dos droit. Les cuisses étaient fortes et solides, et à leurs sommets, trônaient des membres impressionnants aux bourgeons roses et huileux. Des calices d’argent passaient de mains en mains où ils s’abreuvaient.
Progressivement, les corps se frôlaient, les caresses se perdaient sans différence de sexe. Ma main imprimait un mouvement lent et régulier à mon membre lisse sans que je ne m’en rende compte. Ma bouche était sèche et mon ventre brûlant. Des couples s’éparpillaient, s’éloignant enlacés, enchevêtrés. La sueur coulait sur mes cuisses, dans mon dos, entre mes fesses.
Des rires cristallins surgirent derrière moi. Je me retournai et me retrouvai face à trois déesses libertines. Elles s’emparèrent de moi, de mes vêtements, les jetèrent dans les fourrés voisins. Leurs bouches affolantes se jetèrent comme des caresses de pétales sur tout mon corps. Pas un endroit ne fut épargné, je ne pouvais plus bouger ou réagir, seuls des sons étranges s’échappaient de ma bouche, incontrolable. Ma peau hurlait, mes mains planaient sur leurs corps nus et toutes me chapeautèrent, calinèrent mon membre.Mes sens explosaient et bientôt la sève blanche s’évanouit en un feu d’artifice tandis qu’on portait à mes lèvres un calice dont on me fit vider le contenu.
Je me réveillai à l’aube, nu, parmi les feuilles, taché de terre et d’humus. Il ne restait aucune trace de la fête enchantée de la veille. Après avoir récupéré mes habits, je m’en allai. Enfin suite à quelques moindres péripéties, je pus rejoindre Bruxelles.
J’ai souvent tenté de retrouver l’endroit de cette expérience magique mais sans grands succès, je dois l’avouer. Si bien que parfois, je me demande si je ne l’ai pas simplement rêvé…