A l’extérieur soufflent de puissantes bourrasques de vent qui font parfois grincer le tronc du vieux cerisier, et la pluie tombe avec force.

— Tu viens ? m’interpelle Melissa, allongée sous la couverture.

Cela fait en effet de longues secondes que je suis plantée devant la fenêtre. Je suis sur le point de m’en détourner pour rejoindre ma chérie lorsque soudain, près du troène qui sépare l’ancien potager et le carré d’herbe au centre duquel se dresse le cerisier, je distingue vaguement une forme nébuleuse, comme une brume fine et légère. On dirait… Une silhouette humaine de petite taille… Précipitamment, je ferme moi-même les volets. J’ai bien conscience de faire du bruit mais, mue par la peur, je n’ai alors aucune considération pour ma sur qui dort déjà.

    Je viens ensuite m’installer près de Melissa. Je tourne la tête dans sa direction, je ferme les yeux puis, délicatement, avec tendresse, je presse mes lèvres contre les siennes avant d’introduire ma langue dans sa bouche. Pendant quelques instants, nos langues se rencontrent, se heurtent, tournent l’une autour de l’autre.

    Au terme de ce baiser, Melissa s’allonge confortablement tandis que de mon côté, j’enfonce dans mes oreilles de vieux bouchons achetés à l’occasion d’une sortie familiale qui m’avait conduite sur un circuit automobile. Je suis maintenant fin prête à dormir.

    En tendant le bras sur le côté pour éteindre ma lampe de chevet, j’aperçois ma sur du coin de l’il, étendue sur le matelas gonflable, au pied du mur qui fait face au lit. Tout au long de cette journée, elle a eu un comportement étrange, passant le plus clair de son temps devant la télé, sans rien dire ni faire le moindre mouvement. Elle n’a eu de réaction que les quelques fois où j’ai essayé de m’approcher d’elle. Mes trois ou quatre tentatives se sont soldées de la même manière : Stéphanie m’a foudroyée d’un regard noir et hargneux qui, finalement, m’a convaincue de m’éloigner et de garder mes distances.

    Un frisson me parcourt lorsque je revois mentalement ce terrible regard, semblable à celui qu’aurait eu une bête enragée. Ne sachant que faire, j’ai simplement laissé ma sur devant la télé, qu’elle a continué de fixer pendant des heures. Ou plus exactement, elle a regardé quelque chose dans cette direction. Elle semblait en effet captivée par quelque chose qui se serait trouvé à l’intérieur de l’écran, ou au-delà de celui-ci.

    Pour ma mère, ce comportement étrange était à mettre sur le compte de la fatigue. Moi, au contraire, je suis persuadée que l’explication est tout autre. Ce séjour chez ma grand-mère ne réussit visiblement pas plus à ma sur qu’à moi-même…

    Je m’oblige à arrêter de penser à tout ça, et même de penser tout court, puis je me blottis contre Melissa. Je décide que je ne rouvrirai les yeux que demain matin, quoiquil puisse se passer cette nuit.

    ***

    Une main se pose sur mon épaule et me secoue légèrement. Je sens ensuite sur ma joue un contact fugace et mouillé. Je sais qu’il s’agit de Melissa, à qui j’ai demandé de me réveiller lorsqu’il ferait jour. Confiante, j’ouvre les yeux. J’aperçois immédiatement le visage de ma chérie penchée sur moi. Je lui rends le sourire qu’elle m’adresse puis je retire de mes oreilles les bouchons qui y sont toujours enfoncés.

— Ça va ? demandé-je à Melissa tout en me redressant.

— Oui, et toi ? T’as bien dormi ?

— Nickel…

Je constate alors que, bien que les volets soient toujours fermés, la pénombre qui règne dans la chambre n’est pas totale. Au contraire, je n’ai aucun mal à distinguer ce qui m’entoure. J’en déduis qu’il fait jour.

— Il est quelle heure ?

— Presque dix heures, répond Melissa.

Presque dix heures… me répété-je, étonnée. Me boucher les oreilles, faire en sorte que je ne puisse rien entendre était réellement une bonne idée. Je me maudis encore une fois de ne pas y avoir pensé par moi-même, et plus tôt.

    Ravie, je m’assois. Mon regard se porte distraitement sur le mur qui me fait face, puis sur le matelas gonflable. Stéphanie n’est pas là. Aurait-elle finalement décidé d’accompagner mes parents et ma grand-mère au cimetière, comme ceux-ci prévoyaient de le faire ce matin ? Quoi qu’il en soit, j’espère qu’elle va mieux qu’hier.

— Bon, on se lève ? suggéré-je.

— D’accord.

    ***

    Melissa arrive au pied de l’escalier la première, puis elle se dirige vers le salon afin de gagner ensuite la cuisine pour préparer notre petit-déjeuner. Pour ma part, un besoin pressant m’oblige à me rendre aux toilettes.

    Ma vessie soulagée, je songe aux délicieuses tartines de confitures qui m’attendent. En général, je ne prends pas de petit-déjeuner mais ce matin, la gourmandise l’emporte sur les habitudes. Cependant, avant tout, je me rends à la salle de bains pour m’y laver les mains.

    Trop pressée d’aller m’empiffrer, je ne prends pas garde à la forme sombre qui se découpe de l’autre côté du verre dépoli de la porte. Celle-ci n’est pas non plus verrouillée. Le contraire serait d’ailleurs étonnant puisque cette porte n’a jamais été pourvue d’un quelconque verrou. Depuis plusieurs années maintenant, chaque fois que nous venons passer quelques jours ici, j’ai comme hantise que quelqu’un pénètre dans la salle de bains et me surprenne totalement nue. Et c’est exactement ce qui se produit ce matin lorsque je franchis la porte, à ceci près que les rôles sont inversés et que c’est moi qui me trouve dans la peau de celle qui surprend l’autre. En effet, elle est là. Stéphanie. De profil par rapport à moi, elle se tient debout, droite comme un piquet, les bras pendants le long du corps, devant le lavabo et le petit miroir suspendu au-dessus. Elle est entièrement nue. Mon regard émerveillé abandonne bien vite ses jambes pour suivre la courbe de ses fesses puis de ses seins. Pour la première fois depuis qu’elle est sortie de l’enfance, je découvre réellement son corps.

    Les yeux écarquillés, la bave aux lèvres, je contemple sans vergogne son opulente poitrine, ou plus précisément son sein gauche, puisque c’est tout ce que je peux en voir. Alors que je m’imagine déjà le caresser, le presser plus ou moins fort, le lécher, une part plus rationnelle de moi-même s’attend à ce que ma sur se mette à hurler, me saute dessus pour me faire sortir, réagisse d’une manière ou d’une autre, mais rien ne se passe. Stéphanie reste immobile, totalement amorphe.

Soudain plus inquiète qu’excitée, je m’approche d’elle.

— Stéph?

Aucune réponse.

    Alors que seuls deux pas me séparent encore de ma sur, cette dernière s’anime subitement. Elle prend immédiatement conscience de ma présence, et dans la foulée, cache ses seins avec ses bras.

— Dégage, putain ! s’exclame-t-elle avec véhémence, à la fois en colère et gênée.

Sans demander mon reste, je me dirige à grands pas vers la porte. Je ne cherche pas à expliquer la raison de ma présence. Je ne m’excuse pas non plus. Je sais que rester dans la salle de bains une seconde de plus m’expose à l’ire de ma sur.

— Tu pourrais frapper avant d’entrer ! continue-t-elle tandis que je sors précipitamment.

Maintenant hors de danger, je me rends à la cuisine où se trouve Melissa qui, la tête tournée vers moi, me regarde, étonnée.

— Je croyais qu’elle était partie avec mes parents, dis-je d’un air penaud en rejoignant ma chérie.

    ***

    Je pose le plateau contenant les tartines sur la table basse du salon puis je m’assois sur le canapé. Melissa, elle, est toujours dans la cuisine, attendant que son café soit prêt. Je redoute le moment où elle viendra me retrouver dans le salon, celui où les effluves du café viendront agresser mes narines. Je déteste en effet cette odeur.

    Soudain, une porte, celle de la salle de bains, s’ouvre avec fracas. Elle heurte violemment le mur du salon, produisant un bruit terrible qui me surprend et me fait sursauter. Un instant après, ma sur apparaît dans l’encadrement de la porte du salon. Elle a la mine sombre et fermée, et il émane d’elle quelque chose de lugubre. Mais ce qui retient surtout mon attention est le fait qu’elle soit encore nue. De plus, comme elle me fait face, j’ai cette fois tout loisir de détailler son corps.

    Je m’attarde tout d’abord sur ses seins opulents qui semblent doux et fermes, sur ses fines aréoles et ses petits tétons qui, comme les miens, tirent davantage sur le rose que le brun. Je passe ensuite sur son ventre plat et descends jusqu’à son pubis orné de poils relativement courts et aussi sombres que sa chevelure.

    Cette fois, Stéphanie ne fait rien pour tenter de dissimuler ses magnifiques attributs. Au contraire, elle fait encore deux pas en avant et s’arrête, face à moi. Alors que mon regard est toujours posé sur son entrejambe, je remarque tout à coup qu’un liquide jaune foncé s’écoule en un fin filet sur sa cuisse droite, puis sur son mollet avant de former une petite flaque à ses pieds. Que…

— Stéphanie, ça va !? m’écrié-je, angoissée, en me levant précipitamment et en la rejoignant.

Mais, au moment où je saisis son poignet, qui est d’ailleurs glacé, elle m’assène une gifle magistrale du revers de la main.

— Sale chienne, crache-t-elle entre ses dents, d’une voix rauque que je ne lui connaissais pas.

Choquée et stupéfaite à la fois, je n’ai aucune réaction. Imperturbable, Stéphanie empoigne mes longs cheveux et les tire douloureusement en arrière, me forçant à pencher la tête sur le côté puis, en tirant encore davantage, elle m’oblige à m’agenouiller devant elle. En sentant sous l’un de mes genoux un contact humide à travers le fin tissu de mon pantalon de pyjama, je devine que je l’ai posé dans la petite flaque d’urine.

— Tu voulais me baiser, hein ? vocifère Stéphanie avec toujours cette même voix inquiétante.

    Elle fléchit légèrement les genoux et écarte quelque peu les cuisses, me dévoilant ainsi, et sans la moindre gêne, sa minette. Je remarque aussitôt que, comme c’est le cas pour moi, ses petites lèvres saillent légèrement. Je n’aurai jamais imaginé que nous nous ressemblions jusqu’à un tel point.

    A cet instant précis, Melissa fait irruption dans le salon et se porte à mon secours.

— Qu’est-ce que tu fais ? Lâche-la ! dit-elle à Stéphanie en posant une main sur son épaule.

Ma sur tourne lentement la tête vers elle, la foudroie du regard, puis la gifle à son tour, si fort qu’elle en tombe à la renverse.

— Sors d’ici ! hurle ensuite Stéphanie.

Mais, sous le coup de l’émotion, Melissa ne bouge pas.

— Sors d’ici ! répète ma sur, avec tant de violence et de hargne dans la voix que le lustre du salon se met à se balancer.

Melissa reprend enfin le contrôle d’elle-même et trouve la force de se traîner au sol, en direction de la porte. Parvenue au seuil du salon, elle se relève, son regard toujours posé sur ma sur et moi. La porte se referme tout à coup devant elle, avec une force inouïe qui semble ébranler les murs.

    Sans plus prêter attention à ma chérie, Stéphanie, qui me tient encore fermement par les cheveux, plaque mon visage contre son bas-ventre.

— Lèche-moi ! m’ordonne-t-elle alors que je peux sentir une très forte et désagréable odeur d’urine émaner de son minou.

Si j’avoue avoir quelques fois fantasmé sur ma sur, je n’avais toutefois jamais imaginé une situation semblable à celle-ci. J’aurai normalement été ravie que Stéphanie me donne un tel ordre, pourtant, je suis partagée. Tout cela est si étrange… Et puis, il y a les coups que Melissa et moi avons reçus. Mais malgré tout, je m’exécute.

    Je ne parviens cependant pas à m’abandonner, à me laisser aller au plaisir que cela pourrait me procurer. Aussi mes coups de langue sont-ils timides et peu appuyés. Avec peu d’entrain je fais aller ma langue de bas en haut le long de son minou, je titille ses lèvres, je remonte parfois jusqu’à son clitoris, et finalement, en dépit de l’odeur d’urine et du fait que Stéphanie me tienne toujours par les cheveux, je ne peux m’empêcher de ressentir une certaine excitation.

    Je me montre alors plus entreprenante. Je la lèche avec application, alternant les coups de langue rapides et plus lents, mais plus appuyés. J’écarte ses lèvres avec ma langue, avant d’enfoncer celle-ci autant que possible dans sa petite chatte. Le résultat ne se fait pas attendre. Très vite, en effet, j’ai la satisfaction de sentir qu’elle mouille. Submergée par le plaisir, je me laisse aller, n’hésitant plus, maintenant, à prendre ses lèvres dans ma bouche, à faire tourner le bout de ma langue dessus, à les lécher consciencieusement, à les mordiller doucement. J’ignore si ce traitement procure un quelconque plaisir à ma sur mais, en ce qui me concerne, mon entrejambe est maintenant bien humide.

    N’y tenant plus, je pose mes mains sur ses fesses fermes et musclées, je les caresse et les malaxe. Mais une douleur aussi vive que subite me sort de mon état d’excitation lorsque, sans prévenir, Stéphanie me tire les cheveux vers le haut, me forçant à me mettre debout.

— Sale chienne lubrique et dénuée de toute morale ! m’assène-t-elle avec un sourire étrange.

Mon indécence, ma perversion, semble en réalité la ravir. Moi, au contraire, je me sens soudain envahie par un sentiment de honte et de culpabilité. Tandis que je commence à regretter ce que je viens de faire, Stéphanie saisit le col de mon débardeur et tire dessus d’un coup sec.

    Je suis entraînée en avant par ce geste brutal et violent. Les bretelles de mon débardeur ne résistent pas à une telle force et cèdent, dévoilant ainsi ma poitrine à ma sur.

    Une lueur d’envie s’allume au fond des yeux de Stéphanie lorsque son regard se pose sur mes seins. Toute lucidité semble l’avoir quittée. J’ai l’impression qu’elle est devenue complètement folle. Effrayée, je ne bouge pas.

    Alors, elle lâche enfin mes cheveux, après quoi ses mains se referment sur mes seins. Elle les presse fermement et douloureusement, les presse l’un contre l’autre, les écrase sous ses doigts.

— Tu me fais mal, gémis-je faiblement en n’osant pas, toutefois, faire le moindre geste pour l’arrêter.

— Tais-toi ! ordonne-t-elle de cette voix rauque qui maintenant me fait réellement peur.

Elle lâche cependant mon sein gauche, mais ne s’en désintéresse pas pour autant. En effet, une seconde après, elle lui assène une énorme claque qui m’arrache un cri de douleur. Puis, dans la foulée, elle m’attrape à nouveau par les cheveux, me fait me retourner, et me pousse vers le canapé. Une nouvelle poussée, plus brutale, et mes jambes viennent durement cogner l’accoudoir du long sofa. Je perds l’équilibre et tombe en avant. Stéphanie, avec une force dont je ne la soupçonnais pas, maintient ma tête contre le fauteuil, tandis que mon ventre est douloureusement pressé sur le dessus de l’accoudoir. Je pousse avec mes pieds pour tenter de me dégager, je me balance d’un côté et de l’autre, mais rien n’y fait. Avec une poigne de fer, Stéphanie m’oblige à garder cette position inconfortable.

    Soudain, elle me claque violemment les fesses. Tandis que la douleur se propage rapidement à tout mon postérieur, elle me frappe une seconde fois, puis une troisième, et une quatrième. Elle continue, encore et encore, insensible à mes supplications, à mes gémissements et à mes cris de douleur. Entre deux fessées sur ma peau nue, je peux entendre Melissa qui, paniquée, crie mon nom et actionne frénétiquement la poignée de la porte du salon, laquelle refuse obstinément de s’ouvrir. Malgré tout, à cet instant, les coups cessent de pleuvoir sur mon cul. Mon calvaire n’est cependant pas encore fini…

    Je sens que Stéphanie écarte mes fesses avec sa main libre puis, à trois reprises, elle crache dessus. Par deux fois, elle atteint mon petit trou. Outre la douleur cuisante, je peux sentir la salive chaude et étonnamment épaisse de Stéphanie s’écouler lentement sur mon petit trou, en direction de mon minou. Bien décidée à ne pas me laisser un instant de répit, ma sur, sans ménagement et sans aucune compassion pour moi, m’enfonce deux doigts dans le cul, m’arrachant un nouveau cri de souffrance qui s’amplifie lorsque, à toute vitesse, elle les fait aller et venir en moi. Sans cesser de hurler, je me débats vigoureusement, je donne des coups de pied à l’aveuglette derrière moi, touchant parfois Stéphanie, mais elle semble ne rien ressentir et il m’est impossible de lui échapper.

    Sans doute exaspérée par mes cris incessants, elle retire ses doigts de mon petit trou et les enfonce brutalement dans ma bouche pour me faire taire. Elle va loin, introduisant presque sa main en entier. Je suis rapidement prise d’un haut-le-cur, d’une envie de vomir. Comme si elle l’avait deviné, Stéphanie retire ses doigts de ma bouche.

    Je la vois ensuite repousser sur le côté l’un des coussins qui parsèment le fauteuil, et je découvre alors que dessous était dissimulé le crucifix en bois avec lequel Melissa et moi nous sommes amusées hier matin. Avec appréhension, je vois les doigts de ma sur se refermer dessus, puis il disparaît de mon champ de vision.

    Un instant après, mes craintes se confirment. Je ne peux m’empêcher de pousser une longue plainte lorsque le crucifix force l’entrée de mon petit trou et s’enfonce en moi d’un coup. Comme ses doigts un peu plus tôt, elle le fait aller et venir à une vitesse folle. Je le sens plonger et replonger inlassablement dans mon cul. Chaque fois que le crucifix s’enfonce en moi, je peux sentir la branche horizontale venir buter contre ma raie. C’est semble-t-il tout ce qui l’empêche de pénétrer plus profondément mon petit trou. Ce traitement est particulièrement douloureux, et mes cris, mes gémissements, mes plaintes résonnent sans arrêt dans le salon.

    Dans le dos de ma sur, j’entends vaguement Melissa qui tente toujours désespérément d’entrer, mais en vain. Elle ne peut rien pour moi.

La souffrance est maintenant véritablement insoutenable, et le crucifix continue de pilonner mon petit trou. Pourtant, à mon plus grand désarroi, tout s’arrête subitement. Stéphanie me lâche enfin les cheveux, le crucifix s’immobilise entre mes fesses, puis, derrière moi, j’entends quelque chose, ou plutôt quelqu’un, s’affaler mollement sur le carrelage du salon. La porte n’offre plus la moindre résistance et Melissa pénètre précipitamment dans la pièce.

    Sans se préoccuper de ma sur qui gît au sol, elle se dirige rapidement vers moi. Elle retire le crucifix toujours fiché dans mon petit trou et le jette au loin, de l’autre côté de la table basse, puis elle me prend délicatement et tendrement dans ses bras. Après ce que je viens de subir, je m’accroche à elle de toutes mes forces, je me blottis contre elle.

    Du coin de l’il, j’aperçois Stéphanie, allongée sur le carrelage. Ses jambes sont largement écartées et, bien qu’elle semble inconsciente, je peux voir que le majeur de sa main droite et enfoncée dans sa chatte et qu’elle se doigte, très lentement. Je remarque également qu’une espèce d’étrange mousse verdâtre se forme au coin de sa bouche. Mais à cet instant, je ne prête pas réellement attention à ma sur ou à son état. La seule chose dont j’ai véritablement conscience est la douleur fulgurante qui irradie de mes fesses et de mon petit trou endolori. Ça, et la présence réconfortante de Melissa.

    ***

    Je suis réveillée par un chaos. L’esprit encore embrumé par le sommeil, je n’ai pas les idées tout à fait claires, mais je reconnais néanmoins immédiatement le riff de guitare que diffusent des haut-parleurs. En ouvrant les yeux, je me rends compte que je me trouve en voiture. Mes parents sont assis à l’avant tandis que moi-même, je suis à l’arrière, entre Stéphanie à ma gauche, et Melissa à ma droite. Nous roulons vers le sud et, au vu du paysage qui défile, je sais que nous ne sommes plus très loin de chez nous.

    J’ai un moment de flottement, le temps de bien prendre conscience de la situation. Comment suis-je arrivée là ? Je ne me souviens de rien depuis… Je me revois dans le salon, chez ma grand-mère, enlacée par Melissa. Ma sur, totalement nue, gît inconsciente sur le carrelage. Que s’est-il passé entre cet instant et mon réveil ? Je l’ignore complètement.

    Je me tourne légèrement sur le côté, venant appuyer ma tête et mon dos contre le bras de Melissa, et j’observe ma sur. Un casque audio vissé sur les oreilles, quelque peu inclinée vers l’avant, elle pianote sur son téléphone portable un message à l’adresse de je-ne-sais-qui. Vue ainsi, elle me paraît tout à fait normale. Elle n’a plus rien en commun avec cette tortionnaire perverse qui, hier, m’a forcée à lui lécher la chatte avant de malmener brutalement mon petit trou.

    En sentant mon regard posé sur elle, elle se tourne vers moi et me lance un regard interrogateur. Je lui réponds par un vague sourire, puis je fais mine de m’intéresser au paysage. Mais, lorsqu’elle se détourne de moi et reporte son attention sur son téléphone portable, je suis frappée de stupeur en apercevant le reflet de son visage sur la vitre de la voiture. Les traits de son visage ! Ce ne sont plus ceux d’une belle adolescente, mais ceux d’une jeune fille mystérieuse. Une jeune fille que, désormais, je reconnaîtrais entre mille.

    Soudain, j’entends ma mère se plaindre de « la musique de sauvage » choisie par mon père et qui, maintenant, retentit dans l’habitacle. Pendant un instant fugace, une poignée de secondes tout au plus, je regarde vers mes parents. Lorsquà nouveau je me tourne vers ma sur, tout est normal. Sur la vitre, je n’aperçois en effet que l’image de son profil agréable.

    Je reste figée sur ce reflet, craignant que réapparaisse le visage de la jeune fille, mais rien ne se produit. Evidemment… me dis-je. J’ai très certainement rêvé tous ces phénomènes étranges qui se sont produits lors de ce séjour. Néanmoins, j’aimerais en avoir le cur net.

    Je glisse la main dans la poche de mon pantalon et j’en extirpe mon propre téléphone, sur lequel je tape un court message. Je me redresse ensuite et j’attire l’attention de Melissa qui jusque-là contemplait pensivement le paysage. Au moment où elle s’empare de mon téléphone pour lire ce que je lui ai écrit, je remarque, sur sa joue gauche, une petite plaie visiblement récente. Aussitôt, je nous revois dans le salon, chez ma grand-mère. Je revois ma chérie tenter de s’interposer entre ma sur et moi, et je revois ma sur la gifler violemment d’un revers de la main gauche, cette main à laquelle elle porte une multitude de bagues dont une est ornée d’une petite pierre rouge et qui pourrait très bien être à l’origine de cette plaie. Intriguée, je garde néanmoins le silence et je me contente d’observer la réaction de Melissa tandis qu’elle lit ma question.

    A mesure qu’elle parcourt les mots, elle fronce les sourcils, puis ouvre de grands yeux étonnés. Visiblement, elle ne voit pas à quel crucifix je fais allusion. Aurait-elle honte de ce que nous avons fait avec l’autre matin ? Après tout, je n’aurai jamais cru que Melissa utilise un jour un tel objet lors de nos ébats. Ou bien a-t-elle été véritablement chamboulée par ce qu’il s’est passé hier, et souhaite-t-elle ne plus jamais parler de tout cela ?

    En secouant légèrement la tête et en me lançant un regard un peu étrange, elle me rend mon téléphone. Je suis perplexe. Tout ceci n’aurait donc été qu’un rêve ? Ça avait pourtant l’air si réel… Mais il me faut bien me rendre à l’évidence : ma sur n’est ni une espèce de zombi plus ou moins amorphe, ni une sorte de monstre pervers, et le crucifix en bois n’a vraisemblablement jamais quitté le mur auquel il est normalement accroché. Toutefois, un doute m’habite encore.

    Je pense au message que j’ai envoyé à Laura et dans lequel je lui relate tous les événements étranges qui se sont produits. Si ce texto existe quelque part dans ma messagerie, alors ce sera la preuve, en tout cas à mes yeux, que tout cela est bel et bien arrivé.

    Je fais glisser mon doigt sur l’écran du téléphone, et j’appuie sur l’icône qui me permet d’accéder à ma boîte de réception. Dans un instant, je serai fixée.

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