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Relation toxique – Chapitre 2




Son livre dédicacé toujours en mains, Louise-Josée Fortin adressa à docteure LeBel une remarque qui fit sursauter Sophie, cette dernière, légèrement en retrait, suivant discrètement les échanges entre les deux femmes :

— Vous portez un anneau au doigt, docteure LeBel. Vous êtes mariée ?

Alicia déposa ses lunettes sur la table et dévisagea la femme:

— Oui, lui répondit-elle, manifestant maintenant un peu plus d’aplomb. Et à une personne extraordinaire.

Alicia n’était point bavarde en ce qui concernait sa vie privée. Professionnelle bien connue dans son domaine, elle gardait toutefois jalousement pour elle les détails de son intimité. Le public ne savait pratiquement rien sur sa personne sauf le fait qu’elle était une femme médecin respectable et hautement consciencieuse, appréciée pour son uvre et son implication dans la société. Seuls quelques contacts privilégiés en dehors de sa famille lui étaient proches et en savaient un peu plus sur ses habitudes de vie et son orientation sexuelle. Quelques collègues de travail, y compris son patron, le directeur des services professionnels et hospitaliers François Gauthier, faisaient partie de ce cercle restreint.

La réponse évasive servie à sa question ne troubla en rien Louise-Josée Fortin. Cette femme, bisexuelle avouée, ignorait si Alicia LeBel était straight, gouine, bi ou encore queer. Toutefois, elle n’en avait cure de le savoir ou pas. Elle se trouvait à présent debout devant cette personne qu’elle convoitait depuis… depuis… oh, elle ne comptait plus les semaines, ni les mois. Son objectif était simple : en faire sa prochaine conquête, son prochain trophée.

Pourquoi ? dirons-nous. La dragueuse ne s’était peut-être pas elle-même encore posé la question, son cheminement viscéral n’ayant aucunement laissé le loisir à son côté rationnel d’analyser ce nouveau rapport entre les deux femmes. Une chose semblait cependant certaine : Louise-Josée Fortin sentait en elle une forte attirance à l’égard d’Alicia LeBel, intense comme elle n’en avait jamais connue de semblable auparavant. Une envie, jamais éprouvée jusqu’alors, d’établir avec l’autre femme une relation si profonde qu’elle s’y investirait corps et âme, jusqu’à en mourir s’il le fallait.

— Eh bien cette personne est assurément très chanceuse de vous avoir, conclut-elle en reculant d’un pas.

— Aviez-vous autre chose à me demander ? fit Alicia légèrement irritée par l’impertinence de la question mais néanmoins encore quelque peu troublée.

— Ce sera tout pour le moment. Je vous remercie énormément, docteure Alicia. Moi c’est Loulou, conclut la femme aux cheveux auburn en s’éloignant tout en pressant le bouquin contre elle.

— Louise-Josée Fortin, pensa tout bas l’urgentologue. Quel personnage bizarre, et vite en affaires, à ce qu’il me semble !

Le visage de plomb, Sophie se rapprocha de sa conjointe :

— T’as vu la meuf ? lâcha-t-elle. Elle semblait davantage intéressée à toi qu’à ton livre !

On ne pouvait rien cacher à Sophie Durocher. Psychologue spécialisée en synergologie, cette discipline vouée à l’étude du langage non-verbal, elle avait passé au peigne fin tous les détails du dernier entretien déroulé devant ses yeux.

— T’as trouvé? demanda Alicia, légèrement mal à l’aise.

— Ben c’t’évident, voyons ! Elle avait l’air de te kiffer grave. Sa posture, l’intonation de sa voix, ses mains, tout parlait dans le même sens !

— Bof, quant aux chances qu’on se revoit, elle a le temps de se revirer de bord et de s’intéresser à d’autres nanas.

— Ouais, t’as raison, approuva la rouquine en se calmant. Pardonne-moi cet accès de jalousie, gros minet.

— Bien sûr, ma belle ! Tout ça est presque comique. Tu me rappelles la première fois que tu as rencontré Catherine au Resort de StoryX Island !

— Oh my God, j’avais quasiment oublié! J’étais sur le point d’exploser en sortant de ta chambre à coucher, alors que je brandissais vos deux petites culottes mouillées de cyprine !

Les deux gouines éclatèrent de rire.

— Mais tu as rapidement su qu’elle se trouvait là pour une bonne cause, ajouta Alicia qui s’était levée pour étreindre sa dulcinée.

— Heureusement, car sinon c’était l’hécatombe dans le complexe hôtelier ! conclut une Sophie maintenant plus enjouée.

Sophie Durocher et Alicia LeBel avaient fait la connaissance de Catherine Blondin dans des circonstances hors du commun. Ce qui avait alors paru pour un triangle amoureux à l’époque était en fait pour la femme médecin une question de survie dans cette prison ayant tout l’aspect d’un centre de villégiature (Nda : Lire Le Resort’). Catherine avait depuis lors gagné les grâces du couple de lesbiennes, ces dernières l’ayant accueillie comme amante dans leur vie amoureuse et commune.

Les deux femmes allèrent s’embrasser mais mirent abruptement fin à leur geste, se sentant observées de loin.

— Et j’aime Cathy presqu’autant que toi, bébé, reprit la rouquine en se pendant au cou de sa conjointe. Elle baise si bien !

— Chut ! la reprit Alicia, on est en public ici. Soyons plus discrètes, tu veux bien ?

— Oui, bien sûr. Pardon, chérie, répondit l’autre dans un joyeux couinement étouffé.

***

Lundi. De retour au travail le lendemain matin, Alicia avait été convoquée au bureau de son patron, docteur François Gauthier DSPH.

— Bonjour Alicia, l’accueillit l’homme. Assieds-toi. J’apprends avec plaisir que ta conférence d’hier a été un franc succès. Félicitations !

— Oui, merci Docteur, répondit timidement l’autre. Et tous mes bouquins ont trouvé preneur.

— À la bonne heure ! reprit le sexagénaire aux cheveux poivre et sel et dont la moustache couvrait presqu’entièrement la lèvre supérieure. Je t’ai convoquée ce matin car nous avons de grands projets pour toi.

Alicia demeura silencieuse, à l’écoute.

— Tu n’es pas sans savoir, enchaîna l’autre, que nous travaillons présentement sur notre dossier au Conseil Canadien d’Agrément. Les visites d’inspection approchent à grands pas et nous devons faire les efforts nécessaires en vue de rencontrer les nouvelles normes nationales de qualité qui s’appliqueront pour les établissements comme le nôtre.

— On m’a mise au courant, Docteur, acquiesça la femme.

— Ce que je t’apprends aujourd’hui, c’est que le Conseil des Médecins, Dentistes et Pharmaciens de l’hôpital a unanimement pris la décision de SURPASSER ces nouvelles normes, en rehaussant dès maintenant les compétences de certains de ses membres. C’est donc avec grand plaisir que je t’informe que tu as été retenue pour un stage de perfectionnement dans ton domaine de travail.

La femme ne dit mot, ses yeux interrogateurs attendant toutefois la suite de l’annonce.

— Comme tu es affectée presqu’en permanence aux urgences, nous avons trouvé pertinent d’améliorer tes compétences en réanimation cardiorespiratoire et en traumatologie. En conséquence, tu partiras la semaine prochaine pour Dallas, aux États-Unis, d’où tu nous reviendras avec le titre de maître-instructeure en réanimation, soins de base et soins avancés, de même que soins avancés pédiatriques et en néonatalogie. Sans compter l’Advanced Trauma Life Support (ATLS), ce qui te permettra à ton tour de former de nombreux instructeurs pour notre service.

Nouveau moment de silence, la réponse à cette nouvelle se faisant attendre.

— Bien, ça ne te réjouit pas, Alicia ? C’est tout un honneur que l’hôpital te fait là! Tu pars pour le Texas, toutes dépenses payées, aux frais de la Reine !

— C’est-à-dire que… oui, c’est sûr que je suis honorée. Cependant, Sophie, vous savez… Nous voulons fonder une famille et… et elle vient juste de se faire inséminer. Je ne sais pas si…

— Ah, notre belle Sophie Durocher, notre chère psy ! Mais quelle bonne nouvelle. Je vous félicite toutes les deux !

Les deux s’échangèrent un sourire amical.

— Tu l’aimes vraiment, ta Sophie, n’est-ce pas, Alicia ?

— Docteur Gauthier, vous ne pouvez pas savoir à quel point elle me rend heureuse. Elle est mon rayon de soleil, et je sais qu’elle est heureuse aussi avec moi.

— Vous faites toutes deux un couple vraiment charmant, que j’apprécie grandement.

Autre moment de silence. La conversation se recentra sur le sujet du jour :

— Je te comprends très bien, Alicia, mais rassure-toi, reprit le directeur : tu ne partiras qu’un mois seulement. Et ce n’est pas au bout du monde ! Lorsque tu reviendras, elle n’aura qu’un mois à peine de fait… si elle tombe enceinte, évidemment !

Je sais mais… si vous saviez comme Sophie se sent quelquefois insécure en mon absence…

— Allons, du courage ! On ne parle pas ici de mort d’homme. Un mois seulement ! Et à ton retour, une belle promotion t’attend !

— Une… promotion, Monsieur le Directeur ?

— Cheffe des urgences, ça te dit ? Le responsable actuel, notre bon docteur Demers, nous quitte bientôt pour la retraite. Le CMDP s’est donc évidemment tourné vers toi.

De plus en plus enthousiaste, la femme se remit à sourire :

— Dans ces conditions, je ne peux faire autrement qu’accepter ! Merci, merci, Docteur ! fit-elle en se levant, reconnaissante, afin de serrer la main de son supérieur.

Se rassoyant, elle ajouta :

— Sophie et moi resterons en contact via WhatsApp.

L’homme leva les deux bras au ciel en signe de dépit :

— Mais Alicia ! Qu’est-ce que vous me racontez là? Mais où est passé votre sens du romantisme ?

— Je ne comprends pas, Docteur.

— Skype, WhatsApp, FaceTime… Vous, les jeunes, êtes devenus incorrigibles ! Vous voulez tout avoir, tout savoir, tout de suite, vite vite vite !

Alicia ricana discrètement. Elle se reconnaissait parfaitement dans cette génération où l’instantané était devenu la norme.

— Lorsque mon grand-père était sur le front en 14-18, poursuivit l’homme, il n’y avait pas d’internet et pas de téléphone, et ma grand-mère était enceinte de mon père. Comment mes grands-parents communiquaient ? Par de bonnes vieilles lettres d’amour, écrites à la main et passées de main en main, de l’expéditeur jusqu’à la destinataire, puis de l’expéditrice jusqu’au destinataire !

Les yeux de l’homme se mouillèrent :

— Grand-papa m’a souvent raconté ces choses. C’était la pire période de sa vie : partager sa couchette avec la vermine, vivre dans le fracas assourdissant des obus, se faire ronger par la peur de ne pas voir demain.

Il ajouta d’un geste ostensible :

— Ce sont ces lettres, ma petite fille, ces petits bouts de papier griffonnés sur la crosse d’un fusil qui lui ont permis de tenir le coup ! C’était là tous ses espoirs, sa raison de vivre, sa force de pouvoir continuer le combat !

Émue et la gorge serrée, Alicia ne pouvait que garder le silence et écouter.

— Allons, soyez romantiques, les filles ! Tentez l’expérience. Prendre le temps de lire, prendre le temps d’écrire, de coucher sur papier vos sentiments l’une pour l’autre, dire ensuite adieu à la missive et attendre la prochaine… C’est ça, le vrai romantisme !

Les larmes coulaient à présent sur les joues de l’urgentologue. Comme son patron avait raison ! Quand le TGV passe à 250 km/h, on ne peut apprécier la beauté du paysage.

— Je retiens votre idée, Docteur. Je suis persuadée que Sophie acceptera de se prêter au jeu.

— À la bonne heure ! s’exclama le directeur. Et puis, pour les cas urgents, il y aura toujours Skype, WhatsApp ou FaceTime !

— C’est bizarre, ajouta Alicia, comme pour elle-même. J’ai comme une impression de déjà vu, de déjà vécu…

— Vous avez parlé, Alicia ? demanda docteur Gauthier.

— Euh, non. Rien. Je… réfléchissais tout haut.

On toqua à la porte. La vue qui s’offrit à la femme médecin l’arracha brutalement à ses pensées.

— Ah oui, entrez, docteure Fortin, fit le directeur. Je crois que vous n’avez pas encore été présentée à notre future cheffe-urgentologue. Je vous présente docteure Alicia LeBel.

Cachant difficilement sa surprise, Alicia accepta la main tendue par la femme aux cheveux auburn.

— Du tout, affirma en souriant cette dernière. Nous nous sommes rencontrées pas plus tard qu’hier au congrès de l’Association Canadienne du Diabète.

— Docteure Louise-Josée Fortin vient tout juste de se joindre à notre belle équipe médicale de Saint-Hyacinthe, enchaîna l’homme. Cette endocrinologue nous arrive de Québec où elle a fait sa réputation. De plus, elle vient de terminer avec grande distinction son fellow en Soins critiques. Elle partira avec toi au Texas et toutes les deux suivrez les mêmes formations. À son retour, elle deviendra notre nouvelle responsable de l’Unité des Soins intensifs !

— Ce sera un plaisir de travailler avec toi, Alicia, fit l’autre femme de sa voix suave et enjouée.

— Pour la question du logement, une suite avec lits doubles vous a été réservée dans un chic hôtel de la place, compléta le directeur. Vous aurez donc tout le loisir de pratiquer ensemble vos nouvelles connaissances !

— Ce sera une grande joie, docteur Gauthier, acquiesça la nouvelle venue. Je suis certaine qu’Alicia et moi allons bien nous entendre. N’est-ce pas, Ali ?

(À venir : Loin des yeux…, prise au piège)

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