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Les Beltaynes – Chapitre 3




« Il faut que je rentre chez moi », répondit Jeanne à Guillaume, qui lui proposait, après une douche partagée, de rester pour la nuit. « Je ne veux pas que mes parents sachent, pour nous. Pas tout de suite. Je le leur dirai, mais plus tard.

— Hum. Tu veux le cacher à la fac, aussi ? »

Elle remit sa culotte, remonta son pantalon, embrassa les lèvres de Guillaume.

« Je préfère. Pour le moment.

— Moi aussi, je préfère.

— Mais ça ne m’empêchera pas de revenir ici demain matin.

— Pour réviser.

— Evidemment ! »

Elle finit de se rhabiller et jeta un il à Guillaume, toujours nu, alangui sur le canapé qu’ils avaient ouvert entre le troisième et le quatrième coït. Elle enfila son manteau, puis s’approcha de son amant. Elle se pencha sur sa verge flasque, et y porta les lèvres. Le membre remua par réflexe. Jeanne se redressa, regarda Guillaume au fond des yeux, l’embrassa sur les lèvres.

« Merci pour les macaronis. À demain.

— Je vais penser à toi toute la nuit.

— J’espère bien. À demain. »

Puis, après un dernier baiser, elle se redressa, marcha jusqu’à la porte de l’appartement, et sans se retourner, sortit.

Le trajet en bus lui parut interminable. Elle était épuisée. Ses hanches, ses cuisses, ses épaules la cuisaient, la menaçaient même de pénibles courbatures. Sans compter sa mâchoire sensible à force d’avoir sucé, et sa langue engourdie de s’être tant enroulée autour de la langue, des doigts, de la bite de Guillaume. De tout son corps, une seule portion ne semblait pas endolorie. Sa chatte. Sa chatte en redemandait, même. Cette pensée perturba Jeanne. Elle, la petite jeune fille sage, modeste, modèle, éprouver un désir encore aussi vigoureux après la journée qu’elle venait de passer ? Après six orgasmes ? « Eh bien oui ! », s’avoua soudain Jeanne. « Petite fille modèle en tout, y compris dans la luxure. J’assume. » Elle interrompit à peine un instant le cours de ses pensées pour considérer cette résolution, quand une voix intérieure, narquoise, lui répondit : « Ce qui fera de toi tout autre chose qu’une petite fille modèle. » Jeanne faillit éclater de rire toute seule dans le bus : elle venait de s’imaginer en Pokemon en train d’évoluer. « Il me faudrait un nom », pensa-t-elle. « Salopimouette. Coquinataupe. Polissoccinelle. Marie-couche-toi-lama. » Puis, après une seconde de réflexion : « N’importe quoi ! Mais j’en parlerai demain à Guillaume, ça va le faire rire. »

Elle rentra chez elle, défit son manteau.

« Chérie ? Tu es rentrée ? », demanda sa mère à la cantonade, depuis l’étage.

— C’est moi, Maman.

— Jeanne ? Je croyais que c’était ta sur.

— Ha non, c’est bien moi », dit Jeanne en montant l’escalier.

« Tu tombes bien », dit sa mère alors que Jeanne entrait dans la chambre parentale, où sa mère finissait le repassage entamé pendant le week-end. « Je voudrais te parler.

— Je t’en prie.

— De Chloé, justement.

— Ah bon ?

— Oui. Je m’inquiète, ma chérie. Je m’inquiète pour ta sur.

— Pourquoi ?

— Elle découche souvent, ces temps-ci. Tiens, ce soir, encore. Elle vient de me passer un SMS pour me prévenir. Et tu sais, elle finit sa licence, et ce serait vraiment idiot qu’elle rate sa troisième année après un parcours sans faute.

— Mouais. Enfin, tu sais, elle a vingt ans, elle a sûrement un copain.

— Sûrement, sûrement. »

Jeanne regarda sa mère. Au travers d’un nuage de vapeur monté du fer, elle lui lança un regard appuyé. Jeanne comprit tout de suite et se récria.

« Ha non, Maman. Ne me demande pas d’espionner Chloé, ou de te rapporter je ne sais quoi.

— Je ne te demande pas de l’espionner, je voudrais juste savoir…

— Non, Maman, je refuse. D’ailleurs, tu n’as pas à savoir ce que Chloé ne te dit pas sur sa vie. Elle ne me parle pas à moi non plus, tu sais ?

— Non mais je sais, je vois bien. Depuis qu’elle a réussi sa première année, elle a… Enfin, beaucoup changé.

— Ah, oui. Oui, mais c’est normal, non ? Enfin, je veux dire, tu devais bien t’en douter, avec Papa, qu’elle serait une femme, un jour, et qu’elle mènerait sa vie comme…

— Non mais évidemment, on le savait. Enfin, on le savait… Je ne sais pas, moi. Comme on sait que le nombre pi vaut le rapport entre la circonférence et le diamètre d’un même cercle. De manière abstraite. Mais maintenant que je la vois voler de ses propres ailes, je, comment dire ? Je regrette un peu. »

Jeanne s’approcha, serra sa mère dans ses bras.

« Je suis si inquiète pour elle, ma chérie », dit sa mère en l’embrassant sur le front. « Elle a un copain, tu crois ?

— Je ne sais pas. » Jeanne gloussa avant d’ajouter : « Peut-être plutôt une copine.

— Une copine ?

— Non, je blague. Enfin, ça m’étonnerait beaucoup de Chloé.

— Non, mais, tu vois, ma chérie, je veux juste être sûre qu’elle va bien, et qu’elle ne prend pas trop de risques.

— Maman, c’est Chloé dont tu parles. Elle a toujours couru les aventures. Même quand on était petites, elle était toujours partante pour les, euh… excentricités.

— Et maintenant qu’elle est grande, c’est quoi qu’elle court ? Les garçons ? Les fêtes ? La drogue ?

— Ben ouais, une secte catho intégriste, aussi, pourquoi pas ? Non, mais, sérieux, Maman, qu’est-ce que tu vas imaginer ! Chloé, tu sais, c’est peut-être le genre à prendre des risques, à tester des trucs juste pour voir, mais elle est tout sauf bête. Elle va réussir sa licence, ne t’inquiète pas. »

Sa mère soupira. Elle embrassa Jeanne une nouvelle fois à la racine des cheveux.

« Heureusement que tu n’es pas comme ta sur », dit-elle.

« Ouais, enfin, quand même, Maman, » s’empressa de corriger Jeanne, « un jour j’aurai un mec, moi aussi. Et je découcherai, moi aussi.

— Bien sûr. Bien sûr, ma chérie. »

Jeanne et sa mère restèrent un instant silencieuses, puis Jeanne dit :

« Maman, il faut encore que je révise ce soir.

— Je sais, chérie. C’est gentil de parler avec moi.

— Je t’aime, Maman. Et je suis sûre que Chloé t’aime aussi.

— Merci, ma chérie. Allez, va travailler. »

Mais sitôt assise à son bureau, Jeanne sut qu’elle aurait les pires peines du monde à se concentrer. Tout son corps la lançait, tout son cur s’obnubilait de Guillaume, et tout son esprit se concentrait sur une idée obsédante. Chloé ne rentrerait pas ce soir. Tout à l’heure, après le dîner, quand ses parents regarderaient la télé, Jeanne ferait mine de monter dans sa chambre pour d’ultimes révisions. Et elle se glisserait sur la pointe des pieds dans la chambre de ses parents. Et elle tirerait à elle la pochette sous l’armoire. Et elle retournerait dans son lit, elle lirait, elle découvrirait ce que signifiaient les phases 3 et 4 du Noviciat.

Sans doute, elle finirait par s’endormir après avoir bien joui sur son gode. Et elle rêverait de Guillaume.

Ce plan fut mis à exécution sans difficulté : alors que dix heures avaient à peine sonnées, godemiché dans une main, pochette des documents de Chloé dans l’autre, Jeanne reprit sa lecture où elle l’avait interrompue.

« Rapport de Tutrice, 26 septembre 2018.

« Par la présente, je, soussignée Laetitia L…, Tutrice de Chloé M…, déclare avoir constaté les faits suivants.

« Suite à mes préparatifs du week-end, j’ai réussi à approcher Frédéric B…, le Partenaire déclaré de ma Novice. Nous avons d’abord bu le café puis j’ai réussi à le conduire jusqu’à mon appartement. Par SMS, j’ai commandé à la Novice de nous y rejoindre. Je savais qu’il lui faudrait une quinzaine de minutes pour arriver. J’ai donc mis ce laps de temps à profit pour quitter mes vêtements et dénuder Frédéric B…, à qui j’ai ensuite prodigué tous mes soins.

« J’étais en train de le chevaucher lorsque la Novice sonna. Sans me rhabiller, je suis allée lui ouvrir. Elle est entrée dans mon studio et, repérant Frédéric B… sur mon lit dans l’état dans lequel il se trouvait, a aussitôt compris la situation, ainsi que ce que j’attendais d’elle. Frédéric B…, à son entrée, s’était levé précipitamment et balbutiait, bien prévisible, que ce n’était pas ce que Chloé croyait.

« La Novice lui a fermé la bouche d’un baiser ardent pendant que je revenais sur le lit et m’allongeais sur le dos. La Novice a ensuite enjoint Frédéric B… de bien me baiser. Debout près de lui, elle dirigea l’intromission. Quand Frédéric B… eut repris ses efforts, la Novice lui prodigua caresses, baisers et encouragements. J’ai également constaté que ses mains s’aventuraient parfois sur mon corps, notamment sur mon ventre et mes seins.

« Frédéric B… et moi-même nous sommes donnés mutuellement satisfaction.

« Toutes ces informations sont confirmées par l’enregistrement réalisé par mes soins à cette occasion, et annexé au présent rapport.

« Je constate que la Novice a complété la phase 3 de son Noviciat.

« Quand la Novice et son Partenaire eurent vidé les lieux, j’appelai au téléphone le Frère Hugo T…, recommandé par l’Ultima Sororis pour la phase 4 du Noviciat de Chloé M…

« Nous avons arrêté un plan d’action pour demain.

« Pour que nous emporte la débauche, et pour valoir ce que de droit, je signe »

Le gode à l’entrée de sa fente, Jeanne tourna la page, et lut :

« Rapport de Tutrice, 27 septembre 2018.

« Par la présente, je, soussignée Laetitia L…, Tutrice de Chloé M…, déclare avoir constaté les faits suivants.

« Conformément au plan arrêté hier, le Frère Hugo T… est allé assister à l’entraînement de natation de Chloé M… Sur ma demande, et comme je l’avais indiqué à la Novice, il portait une écharpe rouge vif en signe de reconnaissance.

« Selon les ordres que je lui avais donnés, et comme me le confirma ensuite Hugo T…, la Novice a saisi la première occasion pour sortir du bassin, monter dans les gradins, et se présenter à lui. L’entraînement, m’a expliqué le Frère, touchait à sa fin. Il avait à peine échangé quelques mots avec la Novice que Frédéric B… surgit à son tour, un air tracassé sur son visage. Il fit bonne figure au Frère, présenté par la Novice comme "un copain", et accepta de se joindre à eux pour un verre amical chez la Novice, juste à la sortie de l’entraînement.

« La Novice et Frédéric B… passèrent ensuite au vestiaire pour se changer. En en sortant, la Novice alluma son DEIMEA, conformément à mes instructions. L’enregistrement est disponible en archives sous la référence MP3 Chloé M… 20180927. Le début n’a qu’un intérêt relatif, sinon pour observer comment la Novice a su attiser l’intérêt du Frère. Au timecode 17:12, l’on entend la Novice tourner la clef dans la serrure. S’ensuivent encore quelques minutes de conversation légère, puis l’on entend (timecode 23:07) la Novice demander : "Oui, parce que je ne t’ai pas dit, Hugo, mais tu sais ce que Frédéric m’a fait, hier ?" Face au silence qui suit, la Novice ajoute : "Dis à Hugo ce que tu fait, hier, chéri." Au timecode 23:48, Frédéric B… déclare : "J’ai couché avec une copine de Chloé." Le Frère réplique : "Rhô, c’est moche !" La Novice renchérit : "C’est moche, hein ?" Le Frère insiste : "C’est pas bien !" La Novice souligne : "C’est mal !" Le Frère conclut : "Cela appelle une petite vengeance pas trop méchante." La Novice déclare : "C’est exactement ce que je pensais."

« L’on entend alors la Novice embrasser le Frère alors que Frédéric B… soupire de dépit. Juste après, la Novice demande à Hugo : "Tu veux bien me rendre ce service, Hugo, s’il-te-plaît ?" Le Frère rétorque : "Demande-moi mieux que ça." La Novice reprend : "Je voudrais qu’on fuck ensemble devant lui."

« Au timecode 27:32, la Novice et le Frère, qui se sont déplacés jusqu’au salon, finissent de se dénuder et s’engagent dans un rapport d’une ardeur manifeste. »

Jeanne interrompit sa lecture. Elle ferma les yeux et visualisa la scène. Dans le salon, sans doute sur le canapé même où ses parents étaient assis en ce moment en train de regarder la télévision, Chloé s’était faite sauter par un parfait inconnu sous les yeux de son copain. Inspirée par des vidéos porno qu’elle avait pu visionner sur Internet, Jeanne imaginait sa sur, sur le dos, la nuque reposant sur l’un des bras du canapé, un pied au sol, l’autre posé sur le sommet du dossier, les cuisses ouvertes et le bassin juste assez de biais pour qu’un spectateur puisse bien tout voir, alors qu’Hugo entrait en elle, vigoureux, chaleureux, avec son expertise de Frère. Jeanne imaginait la jubilation de Chloé qui savourait son triomphe, alors que Hugo l’emmenait vers l’orgasme, le même que Jeanne faisait monter en elle en remuant le gode dans sa chatte, maintenant… Maintenant !

La main gauche crispée sur son sein, la main droite serrée sur le godemiché, les yeux clos, Jeanne laissa échapper un soupir de jouissance aussi discret qu’elle avait pu apprendre à le pousser.

« Eh bien, je vois que cela t’inspire », déclara la voix de Chloé.

Jeanne ouvrit les yeux, paniquée.

Sa sur se tenait face à elle, au pied de son lit. Sans un bruit, elle était montée et avait ouvert la porte de la chambre.

« Chloé ! », s’écria Jeanne, « Mais je croyais que…

— J’ai menti à Maman, tu penses bien, pour te surprendre en flagrant délit », dit Chloé en refermant la porte et en s’asseyant sur le lit, un sourire carnassier aux lèvres. « Alors, ma sur chérie, explique-moi pourquoi tu préfères lire les rapports concernant mes débauches, plutôt que de te livrer toi-même à tes propres fantaisies ?

— Je… je…

— Ferme ta gueule, petite conne, et écoute-moi. Je t’ai laissé plusieurs fois la possibilité de tout me dire. J’ai deviné depuis samedi que tu es au courant de mon appartenance à l’Ordre. On aurait pu en parler, j’aurais pu arranger les choses, mais tu ne me laisses pas le choix. L’Ordre est secret, tu comprends ? Alors il faut que j’en parle à ma Tutrice, et il faut surtout que je te recrute comme Novice.

— Mais…

— Je sais ce que tu vas dire. Tu redoutes que je sache tout de toi, ma choupinette, hein ? Par contre, ça ne te gêne pas de savoir tout de moi, toi.

— Chloé, je…

— Je t’ai dit de fermer ta gueule. Tu sais quoi ? Mon dossier ne pouvait pas mieux tomber. Je vais te le laisser entre les pattes. Et je sais que tu vas très, très bien le cacher, au monde entier, parce que si le contenu de mon dossier apparaît quelque part, tu peux être sûre que le tien sera dévoilé dans la foulée. Je l’aurai en ma possession. Tu vois comme tout se dénoue avec facilité, quand les obligations sont réciproques, hein ?

— Chloé, écoute-moi. J’aurais… J’aurais tenté le coup de toute manière. Je veux dire, j’aurais approché Laetitia cette semaine, la semaine prochaine au plus tard. Je lui aurais dit que je suis tombé sur ton dossier et que je voulais faire partie de l’Ordre.

— Toi ? » Chloé ricana. « Ma pauvre, mais tu n’auras jamais les épaules ! Tu n’as aucune idée des conséquences ! Elle est mignonne, la petiote fillote à sa môman qui veut jouer aux grandes ! Encore vierge mais déjà prétentieuse !

— Je ne suis plus vierge !

— Oui, oh, pardon, tes deux amourettes de lycéenne, hein, c’est tout comme, tu avoueras !

— Je veux faire partie de l’Ordre, Chloé !

— Eh ben tant mieux ! Parce que tu vas en faire partie, maintenant. De gré ou de force, ma vieille ! Et crois-moi que je ne te ferai aucun cadeau, en tant que Tutrice ! J’envoie un message à Laetitia tout de suite, pour lui expliquer la situation, et demain, tu peux t’attendre à ce que l’Ultima Sororis te contacte directement.

— Je serai en partiel, demain.

— S’il y a un truc dont l’Ordre se fout complètement, c’est bien tes examens. Allez, d’ici-là, bonne nuit, ma chérie », conclut Chloé en se levant et en marchant jusqu’à la porte. « Profite bien de ton petit gode parce que d’ici quelques semaines, ta moule aura tellement dégusté qu’il ne te fera plus rien du tout ! »

Jeanne regarda Chloé sortir de sa chambre. Ainsi douché, son enthousiasme s’était refroidi. D’un geste rageur, elle jeta son godemiché dans le fond de son tiroir, qu’elle repoussa d’un geste. Sans le vouloir, elle lut la fin du rapport qui s’étalait encore sous ses yeux.

« Au timecode 30:12, Frédéric B… déclare : "Non, vraiment, je n’y arrive pas, je ne supporte pas." La Novice répond : "Fred, reste !" Il réplique : "Je te dis que je ne peux pas, espèce de salope ! Je peux pas, je peux pas, c’est tout, c’est comme ça !" La Novice monte d’un ton : "Eh ben vas-y, casse-toi, pour ce que j’en ai à foutre de toi !" On entend enfin la porte claquer. Juste après, la Novice présente au Frère ses excuses pour cette scène. Le Frère lui accorde bien volontiers son pardon, et tous deux reprennent leurs ébats jusqu’à se donner l’un l’autre entière satisfaction.

« Je constate donc que la Novice a rempli ses obligations hebdomadaires pour la deuxième semaine de son Noviciat.

« Il suit des événements que la déclaration de relation suivie entre la Novice et Frédéric B… doit désormais être considérée comme nulle.

« Il s’ensuit également que la Novice a réussi la phase 4 et je sollicite en conséquence qu’elle soit soumise au Choix des Convers de samedi prochain.

« Pour que nous emporte la débauche, et pour valoir ce que de droit, je signe »

Sous ce rapport, l’Ultima Sororis avait donné son avis favorable.

Jeanne réfléchit un bref instant, et soudain prit une décision. Elle rangea la totalité des documents dans le bon ordre, sans poursuivre sa lecture. Elle les glissa dans la pochette, et la referma en claquant les élastiques. Elle ne lirait plus rien du parcours initiatique de Chloé tant qu’elle-même n’aurait pas franchi les mêmes étapes. Tant qu’elle n’aurait pas satisfait aux mêmes aventures que sa sur. Tant qu’elle n’aurait pas complété la phase 4 de son propre Noviciat.

Comme elle se l’était promis, elle s’endormit en songeant à Guillaume.

Le lendemain matin, alors qu’elle venait de confirmer à Guillaume qu’elle arrivait dans les dix minutes, elle reçut un SMS en provenance d’un numéro inconnu.

« Jeanne M…, au sortir de votre examen de cet après-midi, vous vous rendrez au n°… de la rue… (à Versailles). Vous serez attendue à six heures précises. Nous ne souffrirons aucun délai car votre cas présente des caractères atypiques qui exigent un examen spécial. USBO. »

USBO ? Ultima Sororis, évidemment, et pour la suite, Beltyaniensis Ordinem, peut-être ? Jeanne n’était pas trop sûre de ses compétences en latin. Elle sentait surtout son cur palpiter. Elle se demanda si le SMS la troublait plus que la proximité de Guillaume. Elle l’appela par l’interphone.

« Je t’ouvre », dit-il avant que le déclic de la serrure ne retentisse.

À son étage, la porte de son studio était entrouverte. Jeanne y entra d’autorité. Guillaume l’attendait, debout, nu, une farouche érection exhibée avec fierté. Jeanne sourit en refermant la porte.

« OK, direct », accepta-t-elle.

« Bonjour, chérie », lui dit Guillaume.

Dix secondes plus tard, le manteau et le sac abandonnés sur une chaise, elle s’agenouillait devant Guillaume et, gardant les mains croisées derrière le dos, enfonçait la verge dans sa bouche d’un preste mouvement du cou. Elle le suça ainsi, montant et redescendant sur le sexe dressé au gré des soupirs du garçon, puis, sans cesser son manège, entreprit de quitter ses vêtements. Il lui fallut se contorsionner un peu, et enfin interrompre cette fellation pour ôter ses bottes, son pantalon et sa culotte. Guillaume lui saisit le coude pour la relever mais Jeanne protesta :

« Non. Sur la moquette. Direct.

— OK », dit Guillaume en s’agenouillant près d’elle.

Elle posa ses avant-bras sur le sol, se cambrant au maximum pour relever autant qu’elle le pouvait son petit cul tout rond et tout ferme de gymnaste confirmée.

« En levrette, tu veux bien ? Je suis ouverte comme une chienne ce matin. »

Elle était tellement excitée que Guillaume n’eut guère d’efforts à fournir. En quelques coups de reins, il repéra son point G, insista dessus à trois reprises, alors que ses couilles venaient battre en cadence sur le clitoris gonflé. Jeanne frémit sous la violence d’un orgasme sans appel. Elle haletait, captive de son plaisir, alors que Guillaume poursuivait ses va-et-vient, l’emmenant plus loin, encore plus loin, dans la jouissance. Puis ce fut comme si elle franchissait un col alpestre. Tout à coup, il n’y eut plus en elle que l’immensité azur d’un bonheur infini. Transfigurée, les yeux radieux, elle laissa échapper une seule voyelle, sonore et paisible comme un mantra hindou :

« Aaaah… »

Guillaume n’essaya même pas de se retenir. Un bouillon de sperme gicla au fond du vagin avec une telle violence qu’il rebondit et reflua. Jeanne aurait donné cinq ans de sa vie pour une pareille performance. L’intensité de leur relation les laissait tous deux tétanisés, comme assommés. Ils se regardèrent, toujours unis l’un à l’autre, et éclatèrent de rire.

« C’est trop bon ! », s’exclama Guillaume.

« Tu assures de ouf, mec », s’écria Jeanne.

Quand ils eurent repris leurs esprits, ils recommencèrent. Et quand ils prirent place, quelques heures plus tard, dans l’amphithéâtre où se déroulait le partiel, ils se sentaient à la fois fatigués, sereins et concentrés sur le sujet.

« Un petit tour par chez moi ? », demanda Guillaume alors qu’ils rendaient leurs copies.

« Non, pas ce soir. J’ai un rendez-vous.

— Pour du boulot ?

— Euh… Oui, dans un sens.

— OK. Tu ne veux pas m’en dire plus ?

— Non. Je te dirai après.

— Passe chez moi après, alors.

— Peut-être. Ça dépendra de mon état de fatigue. En attendant, je file. »

Versailles n’était pas loin en distance, mais le moyen de s’y rendre par les transports en commun n’avait rien d’évident. Il ne faudrait pas traîner en chemin si elle voulait arriver à l’heure.

Avec cinq minutes d’avance, elle parvint à l’adresse indiquée, une petite maison discrète bâtie dans une allée piétonne à proximité de l’avenue de Paris. Elle sonna : Chloé vint aussitôt lui ouvrir et sans un mot la conduisit, franchissant les trois marches du perron et la lourde porte d’entrée protégée de la pluie par une jolie marquise, jusqu’au hall d’entrée, où Jeanne posa son sac à main sur une commode de chêne et pendit son grand manteau noir à une patère. Maison cossue. Un porte-parapluie en grès taillé occupait le coin derrière la porte. Un paillasson de fer à grosses mailles soutenait huit paires de bottes en caoutchouc rangées par taille. Six enfants ? Au-dessus de la porte, un crucifix arborait un rameau de l’année. De l’office, à droite, provenait une odeur fade de cuisine au beurre et d’encaustique.

Une jeune femme blonde apparut dans l’encadrement d’une porte qui menait, à gauche du hall d’entrée, vers une autre pièce de la maison, probablement le salon. Jeanne la reconnut aussitôt : c’était Laetitia L…, la Tutrice de Chloé. Chloé baissa aussitôt la tête en signe de soumission. Jeanne hésita à faire de même, mais comme Chloé ne lui fit pas les gros yeux, ni la moindre remontrance, Jeanne en déduisit qu’elle pouvait regarder la nouvelle venue droit dans les yeux.

« Jeanne, soyez la bienvenue, » dit Laetitia. « Vous savez probablement qui je suis, n’est-ce pas ?

— En effet, je le sais.

— La Novice votre sur nous a informées de votre démarche. La situation sort de l’ordinaire et son traitement relève de l’autorité de notre Ultima Sororis, qui nous fera tout à l’heure la grâce de sa présence. En attendant, je vous prie de me suivre pour vous préparer. Le temps de l’Ultima Sororis est précieux, et nous en gagnerons beaucoup si les aspects protocolaires sont respectés sans faute. Veuillez me suivre, je vous prie. Ah. Et ôtez vos chaussures, s’il-vous-plaît. »

S’exécutant, Jeanne suivit Laetitia, Chloé sur ses talons. Les trois femmes traversèrent un salon aux murs couverts d’un papier bleu aux légers décors floraux blancs, meublé avec goût. Plus loin, elles s’engagèrent dans l’escalier et montèrent au premier étage.

« Vous allez commencer par prendre une douche », dit Laetitia en ouvrant sous les pas de Jeanne une porte qui menait à une salle de bains magnifique et étincelante. À droite, une baignoire gargantuesque, dans laquelle un colosse pouvait se glisser tout entier. À gauche, carrée, une cabine de douche à l’italienne immense, de deux mètres de côté. Jeanne n’avait jamais rien vu de pareil.

« Juste une douche suffira, je pense », continua Laetitia. « Je procéderai ensuite à une préparation plus détaillée de votre personne. Eh bien ? Qu’attendez-vous ?

— Quoi… Devant vous ? », demanda Jeanne.

« Complie », intervint Chloé à l’adresse de Laetitia, « je vous avais prévenue. La candidate n’a pas les épaules.

— Si vous dites vrai, Novice, nous nous trouvons devant un cas majeur de rupture du secret de notre Ordre. Et vous savez que vous en êtes la responsable. De sorte que nous devrons trouver à votre égard une sanction… comment dire… mémorable.

— D’avance je l’accepte et je me soumets à l’Ordre ad majorem luxuriae gloriam.

— Non ! », intervint Jeanne. « C’est moi qui suis allée fouiller les documents de ma sur, là où je n’aurais jamais dû mettre mon nez. C’est moi la fautive, je…

— Jeanne », dit Chloé en lui prenant la main, « c’est gentil, mais…

— Seriez-vous d’accord », demanda Laetitia, « pour répéter ce que vous venez de dire devant l’Ultima Sororis ?

— Oui ! Oui, bien sûr ! Et par ailleurs…

— Complie », coupa Laetitia. « Vous devez vous adresser à moi par mon titre au sein de l’Ordre. Jamais par mon prénom.

— D’accord, Complie.

— Non. Vous devez dire mon titre en premier. Complie, d’accord. Complie, je refuse. Complie, merci. Etc.

— Complie, d’accord.

— Vous disiez ?

— Complie, je disais que par ailleurs, c’est moi qui demande à intégrer l’Ordre. N’importe par quel moyen j’ai connu son existence. Je veux y entrer.

— Jeanne, sérieux, arrête maintenant », dit Chloé avec calme. « Tu as réussi à te prouver à toi-même ce que tu voulais te prouver, tu es venue jusqu’ici, alors maintenant stop. C’est bon.

— Vous comprenez, j’espère », intervint Laetitia à l’adresse de Jeanne, « que si d’une part votre démarche relève de votre intention personnelle, et que si d’autre part vous reconnaissez avoir été en faute lorsque vous avez appris l’assistance de l’Ordre, il s’ensuit que votre entrée dans l’Ordre doit aussitôt être suivie de la sanction mémorable que nous aurions, sinon, abattue sur ma Novice ? »

Jeanne regarda Laetitia. Elle se tourna vers Chloé. Chloé murmura :

« Sérieux, Jeanne… »

Jeanne regarda Laetitia à nouveau et dit :

« Je comprends et j’accepte, ad majorem luxuriae gloriam. »

Laetitia lui décocha une gifle magistrale dont le claquement retentit dans toute la salle de bains, rebondissant sur la faïence et le carrelage. La Complie expliqua :

« Vous n’êtes pas encore Novice, Jeanne. Ne vous avisez plus jamais, plus jamais, d’employer nos formules sacramentelles hors de propos. N’essayez pas d’imiter notre conduite. Jamais. Est-ce clair ?

— Très clair, Complie. »

Une deuxième gifle frappa la joue de Jeanne.

« Complie, très clair », dit Laetitia.

« Complie, très clair », répéta Jeanne.

« C’est mieux. Maintenant, Jeanne, nous avons perdu beaucoup de temps par votre faute, alors nous devons faire vite. Nue. Tout de suite.

— Mais…

— Devant nous deux, oui, tout de suite. Pour que nous emporte la débauche, à partir de ce jour, et si vous êtes admise comme Novice parmi nous, vous passerez l’essentiel de votre temps en notre présence complètement nue. Autant vous y habituer. D’ailleurs, nous allons vous imiter. »

Une poignée de secondes plus tard, les trois femmes se révélaient aux yeux les unes des autres. L’éclat des ampoules jouaient sur les corps dénudés, et variait, tout en nuances et en contrastes, le long des courbes des seins, des cuisses, des épaules. On aurait dit l’incarnation des Grâces, et Raphaël, s’il avait pu assister à ce spectacle, en aurait sans doute tiré une fresque inoubliable. Laetitia tira Jeanne par la main et l’emmena dans la cabine. De loin, elle ouvrit le robinet. Presque aussitôt, une eau à la température idéale se mit à ruisseler en cascades joyeuses.

« Viens », dit Laetitia à Jeanne.

Pour la jeune femme, la présence d’un autre corps féminin nu contre le sien constituait une expérience nouvelle et transgressive, mais peut-être moins que de sentir les yeux de sa sur parcourir ses formes, observer ses défauts, apprécier ses appâts.

« Procédons », ajouta Laetitia, qui tendait le flacon de gel douche à Chloé.

« Mais vous… », commença Jeanne.

Laetitia lui ferma la bouche d’un baiser. La langue de la Complie s’enroula autour de la langue de Jeanne, alors que Jeanne sentait les mains de sa sur appliquer le gel sur ses seins, sur son ventre, sur ses épaules, dans son dos. « Elle fait ça super bien ! » songea Jeanne, qui savourait les mouvements des doigts, les pressions exercées du gras du pouce, les effleurements par les pointes des seins de sa sur, lors de ce nettoyage qui se transformait peu à peu en un massage d’une sensualité brûlante. Jeanne soupira.

Laetitia interrompit son baiser pour lancer un éclat de rire et ajouter :

« Novice, vous avez persiflé tout à l’heure. Votre sur s’adapte vite, et je suis certaine qu’elle sera à la hauteur de ses obligations.

— Complie, j’aimerais vous croire sans hésitation », répondit Chloé. « Cependant, si je puis vous rappeler nos contraintes…

— Bien entendu, bien entendu. Procédez, je vous prie.

— Jeanne, il va falloir que tu me montres ta chatte.

— Pardon ? », demanda Jeanne en se tournant vers sa sur.

Chloé brandissait un rasoir jetable.

« Epilation intégrale. Tu n’as pas vu ? »

Jeanne n’avait effectivement pas vu, mais sur la remarque de Chloé, elle s’apercevait à présent que les toisons de Laetitia et de Chloé avaient été rasées de frais. Sans doute du matin même. Chloé, flacon de mousse à raser en main, s’agenouilla devant sa sur, et commença à appliquer la lotion. Bientôt, une jolie mousse crémeuse et compacte, accumulée sur le mont de Vénus, disparut par lés successifs de l’envergure de la lame qui tranchait net les poils de Jeanne. Jeanne sentait l’haleine de Laetitia dans son cou, les mains de Laetitia sur ses seins, agaçant les pointes, caressant la courbure. Chloé dit :

« Ecarte un peu plus les cuisses, tu veux ? Il faut que j’enlève tout ce qui dépasse, au niveau de tes lèvres.

— Si j’étais à la place de ta sur », suggéra Laetitia dans l’oreille de Jeanne, « je serais en train de t’embrasser la moule et de te sucer le clito, tu sais ? »

Jeanne répondit par un soupir éloquent, avant de rétorquer :

« Mais je ne suis pas gouine, tu sais ?

— Pas besoin d’être gouine pour aimer se faire lécher, ma petite. Et d’ailleurs, ne t’inquiète pas. Les goûts changent bien assez vite, au sein de l’Ordre. N’est-ce pas, Novice ?

— Complie, oui », répondit Chloé, le rouge au front, levant des yeux coupables vers Jeanne.

Mais Jeanne était trop perturbée par Laetitia pour réagir. Quand Chloé eut fini de la raser, Laetitia dirigea le jet de la douche sur tout le corps de Jeanne pour un dernier rinçage, puis les trois jeunes femmes sortirent de la cabine. De jolis peignoirs d’un blanc de falaise les attendaient pour les sécher. Déjà, Laetitia s’emparait d’un nuancier que Jeanne avait à peine remarqué en entrant dans la salle de bains, et que la Complie approchait de ses cheveux.

« Hum », dit-elle, « des racines aux pointes, caramel, cuivre et miel. Quant aux yeux, je dirais… Ambre. » Laetitia s’empara d’un imprimé fixé par une pince sur une planchette de bois et écrivit quelques mots, tout en ajoutant : « Tombez le peignoir, je vous prie. Novice, les mensurations ?

« Complie, à vos ordres. »

Chloé s’était emparée d’un mètre de couturière, et commença à mesurer sa sur sous toutes les coutures. Taille, hanches, poitrine, longueur des bras, des jambes, du visage, des pieds, des doigts, tout fut chiffré.

« Désolé de ce rituel un peu laborieux, Jeanne », précisa Laetitia. « Une petite équipe, parmi nous, s’emploie à reconfigurer un logiciel de photogrammétrie pour les besoins de notre Ordre. D’ici quelques mois, si leur travail continue sur sa lancée, en quelques photographies bien prises, nous devrions être capables de vous éviter tout ce carnaval. Mais pour l’instant, il faut y passer. Comme à l’énumération de vos défauts physiques, d’ailleurs.

— Mes…

— Tu as bien entendu », coupa Chloé. « Alors, nous disons donc… »

Laetitia prit sous la dictée la liste de toutes les imperfections, même les moindres, que Chloé pouvait découvrir sur le corps de sa sur, et comme Jeanne en avait elle-même repéré plusieurs, qu’elle s’efforçait de masquer du mieux qu’elle pouvait par son maquillage et ses vêtements quotidiens, elle rougit plusieurs fois pendant ce moment pénible. Enfin, le rituel toucha à sa fin.

« Je vous remercie de votre patience », dit Laetitia à Jeanne. « Il ne me reste plus qu’à calculer votre note en termes d’harmonie des mensurations, et nous pourrons procéder à votre adhésion à notre ordre, dès que l’Ultima Sororis le décidera, car il me semble l’avoir entendue arriver lorsque nous étions sous la douche. Pendant que j’effectue le calcul, Novice, auriez-vous la gentillesse d’instruire votre recrue quant au protocole ?

— Complie, volontiers. » Puis, se tournant vers Jeanne. « Ecoute bien, et surtout, retiens tout, OK ? Je n’ai pas envie de répéter.

— D’accord.

— Tu t’adresses à l’Ultima Sororis par son titre. Quand tu la verras pour la première fois, tu te tiendras debout, tête baissée, en silence. Quand elle t’en donnera l’ordre, tu relèveras la tête et tu diras : "Pour que nous emporte la débauche". Elle va sûrement te poser des questions et tu lui répondras sans hésiter, par oui ou par non, et seulement ces deux mots. Je ne sais pas ce qu’elle décidera à ton propos, mais si elle t’annonce que tu es officiellement recrutée, tu t’avanceras jusqu’à elle. Elle va t’embrasser sur la bouche, sur les seins et sur le sexe. Ensuite, à ton tour, tu l’embrasseras sur le front, sur les mains et sur les pieds. Puis, les Parfaites t’examineront comme nous t’avons examinée, ma Complie et moi. Tu te prêteras à tout ce qu’elles te demanderont. Elles te demanderont de jurer secret et obéissance. Tu jureras en prononçant la phrase "Je le jure pour que nous emporte la débauche". Enfin, l’Ultima Sororis te demandera par trois fois si tu veux entrer aujourd’hui dans ton Noviciat, et tu répondras par trois fois : "Oui, je le veux de toute mon âme". Quant à ce qui se passera ensuite, si tu es digne de l’Ordre, ne devrait pas te poser de problème insurmontable. Compris ? »

Jeanne souffla un grand coup.

« Compris.

« Dans ce cas, » dit Laetitia qui laissait tomber son peignoir au sol, « descendons au salon. Il est l’heure. »

Laetitia, Jeanne et Chloé redescendirent l’escalier et, têtes baissées, firent leur entrée dans le salon. Jeanne, observant à la dérobée, vit trois femmes nues, portant seulement de courtes capes bleu nuit, réparties sur des coussins posés au pied du canapé où trônait une quatrième femme masquée.

Elle portait des jambières, deux larges bracelets, et un étrange vêtement curieusement échancré au niveau des hanches, du ventre, des seins, du pubis. On aurait plutôt dit une armature qu’une parure. Le masque lui-même affectait des lignes déliées, qui dissimulaient la plupart des traits du visage, mais laissaient voir la bouche, les yeux, et l’arête du nez. Tout cet attirail, rouge carmin rehaussé de motifs d’or, inspirait une telle sensation de ridicule que Jeanne dut réprimer un rire nerveux. Par chance pour elle, la solennité peinte sur tous les visages la calma vite. Dans le salon, nul ne bougeait un cil.

Tête baissée, Laetitia s’approcha de l’Ultima Sororis, lui chuchota quelques mots à l’oreille, et lui présenta la feuille sur laquelle elle avait renseigné toutes ses mensurations.

« Jeanne M… », commanda l’Ultima Sororis après un rapide signe de tête à Laetitia, qui s’éloigna à reculons pour se placer à côté de Chloé, « relevez-vous dans la fierté de votre féminité. »

Sur un signe de Chloé, Jeanne releva la tête, rejetant ses cheveux en arrière dans un geste altier. Elle n’oublia pas la formule rituelle et prononça, à voix haute, pour la première fois de sa vie :

« Pour que nous emporte la débauche. »

Le son de sa voix lui paraissait étranger, comme lointain. Un trac inattendu lui nouait les entrailles. Elle avait la gorge sèche. L’Ultima Sororis reprit :

« La Complie Tutrice de votre recruteuse m’explique votre version des faits. Comme elle diffère de la version dont le Conseil des Parfaites et moi-même disposions jusqu’à présent, veuillez confirmer votre déposition devant nous, je vous prie.

— Ultima Sororis, oui.

— Est-ce par une indiscrétion de votre sur, la Novice Chloé M…, ici présente, que vous avez découvert l’existence de l’Ordre ?

— Ultima Sororis, non.

— Est-ce par une négligence de votre sur ?

— Ultima Sororis, non.

— D’après vous, l’idée a-t-elle effleuré votre sur, quand elle dissimulait les documents qui la concernent, que vous pourriez éventuellement les découvrir ?

— Ultima Sororis, je pense que non.

— Connaissiez-vous l’exigence du secret absolu qui règne au sein de notre Ordre, au moment où vous avez découvert ces documents ?

— Ultima Sororis, non.

— Comment avez-vous découvert ces documents, alors ? Expliquez-vous. »

Jeanne tourna la tête vers Chloé, qui l’encouragea du regard. Jeanne reprit :

« _ Ultima Sororis, je voulais consulter un livre qui contenait à mon insu un des documents de l’Ordre. »

L’Ultima Sororis se pencha vers une des Parfaites, qui avait, d’un geste, attiré son attention. Elles tinrent un bref conciliabule, puis l’Ultima Sororis reprit :

« Il semble en effet que nous pouvons faire quelque réprimande à la Novice Chloé M… quant à son relatif manque de prudence, mais le Conseil des Parfaites ne semble pas disposé à sanctionner sa conduite par une punition définitive qui figurerait dans les archives de l’Ordre. Sur ce point, l’incident est donc clos.

— Ultima Sororis, merci de votre grâce extraordinaire », murmura Chloé.

« Jeanne, » reprit l’Ultima Sororis, « vous n’avez pas aussitôt parlé de votre découverte à la Novice concernée, n’est-ce pas ?

— Ultima Sororis, non.

— Pour quel motif ? Parlez sans crainte.

— Ultima Sororis, j’éprouvais le désir très vif de rejoindre votre Ordre mais j’hésitais.

— Pourquoi vouliez-vous nous rejoindre ?

— Ultima Sororis, cette idée m’excitait.

— Voulez-vous toujours nous rejoindre aujourd’hui ?

— Ultima Sororis, oui.

— Voudriez-vous nous rejoindre même si votre sur ne faisait pas partie de notre Ordre ? »

Jeanne hésita un instant à peine, et répondit :

« Ultima Sororis, oui.

— Vous comprenez qu’en raison des circonstances de votre découverte, votre sur ayant attiré notre attention sur vous, elle sera votre Tutrice, conformément à notre Coutume.

— Ultima Sororis, oui.

— Pareille situation n’est pas tout à fait sans précédent dans notre chapitre, mais elle a toujours résulté dans des conséquences fort néfastes. Êtes-vous prête à vous soumettre à votre sur comme n’importe quelle Novice se soumettrait à sa Tutrice ?

— Ultima Sororis, oui.

— Comprenez-vous que si nous vous recrutons comme Novice, c’est sur vous que nous ferons peser le blâme de votre découverte, et que vous commencerez votre Noviciat par une punition ?

— Ultima Sororis, oui.

— Bien. Pour toutes les affaires de ce genre, la Tutrice arrête les punitions pour sa Novice sur avis favorable de moi-même. Acceptez-vous de vous soumettre à la punition que la Novice décidera pour vous ? »

Une nouvelle fois, Jeanne hésita une demi-seconde, avant de répondre :

« Ultima Sororis, oui. »

Une nouvelle fois, l’Ultima Sororis se pencha vers les Parfaites pour échanger avec elles quelques phrases murmurées, puis elle déclara :

« Jeanne M…, sur avis conforme du Conse

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