Chapitre 04 : C’est pas juste.

Après une bonne nuit de sommeil, pendant laquelle rien ni personne n’est venu rôder près de leur campement, les Zaventuriers décident de ne pas entreprendre leur quête immédiatement, puisque non seulement il leur faut se renseigner au sujet du Tertre Sanglant, mais de plus ils doivent se débarrasser du matériel qu’ils ont à présent en trop. Cependant, alors qu’ils ne se sont pas encore équipés pour quitter la colline sur laquelle ils se trouvent, tandis qu’ils sont toujours nus et que Mella se soit vidé la vessie devant ses compagnons, après s’être mise accroupie sans aucune pudeur devant eux, elle leur dit :

— Avant de partir, vous n’avez pas envie d’essayer le Baiser Profond De Galipett les garçons ?

Gardain ne comprend pas trop en quoi ce baiser d’un genre particulier pourrait prendre de la profondeur, bien que depuis la veille il ait lui-même pris de l’assurance en ce qui concerne la quête de jouissance. Aussi, dans le doute il lui répond :

— Par Ceukeu (1) Dis plutôt que c’est toi qui en as envie ! Car si je me rappelle bien les paroles du messager, de cette façon tu seras la seule à gagner des points d’expérience. Moi je préférerais la Promesse de Cemenss, ou même le Fourrage De Galipett.

La jeune elfe réplique, pas du tout vexée mais plutôt amusée :

— Je l’avoue, j’ai envie d’avoir des tétins comme on m’a dit que les humaines en ont, même si je n’en ai pas encore vu jusqu’à présent. Mais ne crois-tu pas que pour un valeureux guerrier tel que toi, il serait préférable d’acquérir des points en zigouillant des méchants, plutôt qu’en donnant de la jouissance à des femelles ?

Puis elle ajoute malicieusement :

— En plus, je te ferai dire que même si tu n’es plus niais, il te reste à acquérir l’endurance. Car si je n’avais pas été en manque hier au soir lorsqu’on a copulé comme des lapins, tu n’aurais jamais réussi à gagner les points que tu as probablement eus. Et si je te donne ce baiser, tu ne pourras qu’être meilleur la prochaine fois.

Effectivement, bien qu’ils aient à présent quelques idées sur ce qui peut leur faire gagner de l’expérience, nos trois amis n’ont aucune certitude à ce sujet, ni sur la quantité de points que ça peut leur rapporter. Et le problème à cet instant n’est pas que les nains soient bagarreurs ou avares, mais qu’ils savent également faire preuve d’opiniâtreté. C’est pourquoi Gardain répond à Mella :

— Tout ça c’est du blabla. Ce que tu veux surtout, c’est avoir le niveau le plus élevé pour devenir notre chef !

Mella éclate alors de rire, vu qu’elle n’avait pas du tout envisagé les choses de cette manière, et elle est encore plus amusée que son nouvel ami soit jaloux. Krill, qui pour sa part les a écoutés mais n’a compris que peu de choses à leur petite dispute, a quand même retenu un mot et il s’exclame :

— Moi j’veux faire la galipette !

— x-X-x-

La preuve en est que son os devient aussitôt raide, et la jeune elfe toute contente demande au nain :

— Tu es vraiment certain de ne pas en avoir envie ? Même si je te promets que si j’atteins le niveau cent alors que tu n’es toujours pas arrivé au premier, tu seras quand même notre chef ?

Ce dernier lui répond en bougonnant :

— Tu le sais très bien que j’en ai aussi envie, mais c’est quand même pas juste…

Alors que sa saucisse se dresse également, il grimpe de lui-même sur un petit rocher pour être ainsi à la même hauteur que le barbare. Ce dernier, qui a deviné que ce qui s’est passé la veille en bas de la colline va se reproduire, se place à côté de Gardain, et Mella ravie se met à genoux devant eux. Comme la première fois elle décalotte leurs glands, et elle embouche en premier celui du nain. Cependant elle ne se met pas à le téter, mais elle continue à l’introduire en elle encore et encore. Lorsqu’il pénètre dans la gorge de la jeune elfe, notre ami ne peut pas s’empêcher de pousser un hoquet tout en ouvrant de grands yeux, mêlant ainsi la surprise au plaisir. Il ne savait effectivement pas que ce genre de choses pouvaient arriver, et il est encore plus stupéfait lorsque le joli petit nez de Mella vient s’enfoncer dans la touffe de poils qui est au-dessus de sa saucisse, et qu’elle lui fait un clin d’il malicieux. Elle recrache ensuite sa carotte, et ce sans avoir salivé plus que nécessaire, ce qui montre qu’elle a une habitude certaine de la chose.

Ensuite elle renouvelle son petit jeu avec l’os de Krill, ce qui lui est tout aussi facile puisque ce dernier n’est pas plus gros que celui de Gardain. Le barbare lorsque son membre pénètre lui aussi dans la gorge de Mella, a une réaction plus virile puisqu’il pousse un grognement de satisfaction. La jeune elfe recommence trois fois en alternance avec chacun de ses compagnons, jusqu’à ce que leurs semences giclent chacune leur tour dans sa gorge, en toute logique celle du nain en premier. Ce dernier pousse alors un cri de jouissance, et même s’il a des doutes sur le fait d’être devenu plus endurant, il a néanmoins la satisfaction de constater que son voisin ne l’est pas plus que lui, étant donné qu’il se vide lui aussi peu de temps après. C’est à cet instant qu’ils entendent cette fois tous les trois le son sourd du Gong-Bong.

Mella sans s’en inquiéter lèche ensuite leurs carottes pour y enlever toute trace de son passage, puis en se relevant elle demande à Gardain qui est toujours sur son caillou :

— Alors mon Petit Barbu ? Tu regrettes d’avoir reçu le Baiser Profond De Galipett ? Même s’il ne t’a pas rapporté de points ?

— Certes non, mais n’empêche que c’est pas juste.

— x-X-x-

Colissimo apparaît alors que les membres des deux mâles sont encore raides, et bien qu’ils s’y soient attendus tous les trois, même Krill, cela ne les empêche pas de sursauter. Le messager des Dieux s’adresse à eux :

— Paix et prospérité les Zaventuriers. Je suppose que vous savez pourquoi je suis ici ?

C’est Gardain qui répond en bougonnant, tout en descendant de son caillou, et légèrement gêné par le fait que sa saucisse est en train de se dégonfler :

— Oui. Parce que la Sublime Tintallë Mai Núra a atteint le niveau suivant, n’empêche que c’est pas juste.

— Vous vous plaignez Messire Nain, mais c’est sans doute parce que vous ne vous rendez pas compte de la chance que vous avez, d’avoir une aussi époustouflante créature pour vous donner de la jouissance. Même les Dieux vous l’envient, et ce qu’ils soient mâles ou femelles, au point que certains d’entre eux ont émis l’idée de vous l’enlever pour qu’elle aille les rejoindre au Lupanar, qui est notre lieu de villégiature. Mais pour une raison inconnue de tous, la Déesse Cemenss qui comme tout le monde le sait apprécie les elfes qui sont très proches de la nature, s’y est formellement opposée. Les autres Dieux Majeurs ont été obligés de se plier à son caprice, vu qu’elle est allée jusqu’à les menacer de les émasculer durant leur sommeil, s’ils touchaient ne serait-ce qu’à un seul cheveu de la tête de votre compagne.

Notre ami le nain regarde alors la jeune femelle d’un air suspicieux, car même si comme tout le monde il apprécie sa beauté, il se demande ce qu’elle peut avoir de si précieux pour intéresser les immortels. Mais ne voyant rien de particulier, surtout pas de la vanité étant donné que Mella semble indifférente à la convoitise qu’elle suscite, il finit par dire :

— Dans ce cas finissons-en. Car au cas où vous l’auriez oublié, nous on a un tertre à trouver.

À ce moment-là apparaît subitement aux pieds de Mella un nouveau paquet, toujours emballé dans la même étoffe, ce qui bien entendu la fait sursauter une deuxième fois. Ensuite le messager des Dieux lui dit :

— Cette fois nous avons des cuissardes turquoise en cuir souple à talons-stylets de 3 pouces de haut, bien entendu équilibrants, 10 flèches à pointe d’acier, et comme il se doit 20 pièces d’or pour vos frais de cheminement.

La damoiselle le remercie, puis elle lui demande :

— Sauf votre respect votre Divinité, je peux les revendre ces chaussures, parce que je vous ferai dire c’est la troisième paire que vous m’amenez en peu de temps, et que je n’ai que deux pieds…

— Bien entendu Sublime Tintallë Mai Núra, elles ont été fabriquées par le grand bottier paricien Lou Butin, et bien qu’elles soient d’excellente facture elles n’ont rien de divines. Elles sont juste magiques grâce à un charme permanent, qui non seulement fait qu’elles épousent n’importe quelle forme de pied, mais permet à celles qui les portent de marcher comme si elles étaient nus pieds, autant pour ce qui est du confort que de la stabilité. Mais je vais maintenant vous faire le décompte des points acquis. Il y avait un solde de 105 points, auquel s’est ajouté un charme de répulsion à 50 points, puis une Broche De Galipett à 400 points, et ensuite deux Baisers Profonds De Galipett à 100 points chacun, avec un bonus de 50 points puisque ce baiser était double. Cela nous fait donc un total de 805 points, et par conséquent 205 points seront reportés, auxquels s’ajoute le bonus de 90 points, et nous arrivons au nouveau solde de 295 points.

C’est au tour de Gardain de soupirer, et Colissimo lui demande :

— Y a-t-il un problème Messire Nain ? Auriez-vous trouvé une faille dans mon raisonnement ?

— Non votre divinité, votre calcul est exact. N’empêche que c’est pas juste.

— Votre temps viendra, car je gage que vu votre caractère vous devez être un féroce combattant.

Notre ami est étonné d’entendre ce qu’il estime être un compliment de la part du messager, aussi il se radoucit avant de répondre :

— Oui, à condition que nous trouvions ce Tertre Sanglant. Mais à ce propos, j’ai une question qui est autre que l’endroit où il se trouve.

— Laquelle ?

— Ben voilà. Vous nous avez clairement fait comprendre qu’on navait pas le choix pour ce qui est d’accomplir cette quête au nom des Dieux. Mais qu’est-ce qui se passera quand elle sera terminée ? On devra continuer encore et encore, jusqu’à ce qu’on succombe les uns après les autres, et tout ça pour le bien et la gloire ? Car dans ce cas, c’est quand qu’on aura le temps de profiter de nos richesses ?

Colissimo sourit, car si bien évidemment le Sceptre Du Tocard existe, il n’est pas question que les Zaventuriers parviennent jusqu’à lui, puisque les immortels parient sur le temps que les membres des différentes Compagnie vont rester en vie, et non pas sur leurs chances de réussite. Cependant il s’attendait à cette demande, puisque d’autres la lui ont posée avant Gardain. C’est donc tout naturellement qu’il répond :

— Effectivement vous vous devez d’accomplir cette quête, étant donné que vous avez été choisis dans ce but. Mais lorsque vous y serez parvenus, non seulement vous pourrez prendre tout le temps que vous estimerez nécessaire pour vous reposer avant d’en accomplir une seconde, mais de plus vous aurez la possibilité de vous retirer définitivement, en gardant tous les avantages qu’ils soient physiques ou matériels. Mais je gage que vous allez y prendre goût, même si vous conserverez le niveau que vous aurez acquis, et que par conséquent vos progressions seront de plus en plus espacées dans le temps. Mais justement, si vous le permettez à présent, nous allons procéder à l’ascension de Sublime Tintallë Mai Núra.

Vu que Gardain a l’air de se contenter de ces explications, Colissimo tend le bras pour placer comme la première fois sa main à plat trois pouces au-dessus se la tête de la jeune elfe, avant de dire :

— Votre dextérité et votre charisme étant vos caractéristiques principales, ils sont par la volonté des Dieux augmentés d’un vingtième de leurs quantités de départ.

Bien entendu la beauté éthérée de notre amie augmente, et elle sourit lorsque Colissimo ajoute avec une pointe d’humour :

— Vous devez maintenant penser à l’un de vos attributs physiques que vous souhaiteriez voir modifiés, et il le sera.

Aussitôt la poitrine de Mella augmente de volume, passant de son modeste 60B à un 65C plus avantageux, et se met à pendre légèrement à cause de son poids lui aussi nouvellement acquis. Cependant cela la rend encore plus désirable aux yeux des mâles présents, qu’ils soient mortels ou pas. Malgré cela elle soupire en regardant ses appâts, avant de dire :

— Par Ée (2) ! Pourtant cette fois j’y avais pensé très fort !

Colissimo éclate alors d’un rire joyeux, avant de disparaître en les faisant sursauter tous les trois.

— x-X-x-

Lorsqu’ils se retrouvent seuls les Zaventuriers lèvent le camp, et Gardain constate stupéfait que la tente elfique est aussi facile à ranger qu’à monter, puisqu’il suffit à sa propriétaire de la prendre par un coin et de la secouer, pour qu’elle redevienne le paquet qu’il a vu la veille, qui entre sans problème dans son nouveau sac à dos. Ensuite Mella prend le temps de sortir sa flûte pour jouer un air mélodieux, et ses compagnons ont la surprise de constater que sa coiffure qui s’est légèrement défaite depuis la veille, surtout pendant la nuit, redevient impeccable. Lorsqu’elle a terminé nos trois amis s’équipent de façon à avoir moins de choses à porter, avant de redescendre de la colline dans le but d’aller au bourg de Port-Taille, convaincus qu’ils vont y trouver des boutiques pour pouvoir vendre ce qu’ils ont en trop. Lorsqu’ils y arrivent ils ont fière allure, d’autant plus que les habitants n’ont jamais vu une elfe, un nain et un barbare cheminer de concert. Gardain est bardé de son armure de mailles, mais sans le camail puisqu’il préfère temps qu’il n’y a pas de danger aller tête nue.

Krill pour sa part est harnaché dans son armure de cuir, mais il n’a pas non plus mis son casque, et il est le plus impressionnant des trois même s’il se plaint sans arrêt que sa tenue le gratte, et que ses bottes lui font mal aux pieds. Néanmoins il a consenti à la revêtir pour faire plaisir à Mella, et il l’a crue lorsqu’elle lui a assuré qu’il finirait par s’y habituer. C’est d’ailleurs cette dernière qui attire le plus l’attention, bien qu’elle soit flanquée par deux guerriers aux airs farouches. Elle a en effet choisi de revêtir sa nouvelle tunique, qui est fendue sur les côtés sur toute sa hauteur. Elle est courte au point de s’arrêter en haut de ses cuisses, et la seule chose qui l’empêche de s’écarter au moindre courant d’air, sont des petites chaînes en mithril à hauteur de ses hanches ainsi que de ses aisselles, et bien entendu ajoutées à elles sa ceinture de mithril bien ajustée sur sa taille fine. Cependant sa tunique est quand même assez ouverte, pour qu’on puisse voir sur une largeur de deux pouces sa peau nue et bronzée sur ses flancs.

De plus, le fait qu’elle soit perchée sur ses cuissardes en cuir souple Lou Butin, avec leurs talons-stylets de 3 pouces de haut, et bien qu’elle se déplace de manière assurée grâce au charme d’équilibre, son déhanchement s’en trouve accentué augmentant ainsi sa grâce naturelle. Surtout si l’on ajoute à cela que sa poitrine à présent lourde, qui bien que de nature divine et pointant toujours fièrement vers l’avant, se balance joyeusement au rythme de ses pas. Si elle est très sexy cette tenue n’est absolument pas choquante, même si elle serait plus appropriée dans les rues de Parici, qui est la capitale de La Terre De Mille Lieues.

— x-X-x-

Nos trois amis ont trouvé sans problème des boutiques pour pouvoir revendre leur surplus, car sur La Ronde toute bourgade qui se respecte a son marchand d’armes, qui peut-être aussi le maréchal-ferrant dans les plus modestes d’entre elles. Mais on peut également y trouver au moins une boutique vendant de la nourriture, fraîche ou conditionnée pour les voyages. Ils ont même eu la surprise de se rendre compte qu’il y avait un fripier, qui n’a fait aucune difficulté pour racheter deux des paires de cuissardes en cuir souple de Mella, qu’il a affirmé pouvoir revendre à un marchand itinérant, qui trouverait facilement pour ce genre d’articles des clientes à Parici. Cependant ce n’est pas le charisme de la jeune elfe qui leur a fait des affaires, mais plutôt l’âpreté aux gains de Gardain, qui a négocié chacun des objets jusqu’à gagner un dixième de leurs valeurs, et ainsi réaliser un bénéfice de 51 pièces d’or. Il a revendu sa broigne, ses vieilles bottes en cuir de bouquetin, et sa hache à une lame puisque la nouvelle qui en possède deux est elle aussi de facture naine.

Il s’est également débarrassé de son lourd sac à dos, mais aussi de sa tente vu que Mella a décidé qu’ils partageraient tous les trois la sienne le temps que durera leur quête. Ce qui bien évidemment na pas déplu à ses deux compagnons, même au barbare qui a pourtant l’habitude de dormir à la belle étoile. Notre nain a également réussi à vendre le poignard en manche d’ivoire, mais pas la baguette en bois étrange, parce qu’elle a été estimée comme étant inconnue et par conséquent trop dangereuse par le marchand d’armes. Cependant Gardain est satisfait, puisque ses gains se montent une fois qu’il a reversé sa part sur le poignard à son ami, à une pièce de platine, 12 pièces d’or 10 pièces d’argent et 20 pièces de cuivre. Krill de son côté ne s’en sort pas trop mal, puisqu’il s’est débarrassé sans regret de son épée à deux mains, étant donné que la nouvelle est plus grande, plus légère et plus belle. Ses gains se montent à une pièce de platine, 14 pièces d’or, 3 pièces d’argent et 2 pièces de cuivre, en comptant la vente de sa besace et sa part sur l’objet commun.

Cependant il a rangé son argent dans son nouveau sac, sans savoir ce qu’il pourra bien en faire, étant donné qu’il s’estime déjà bien assez équipé comme ça, puisqu’il a même une armure qui le gratte et des bottes qui lui font mal aux pieds. Mella quant à elle réalise le plus grand profit, étant donné que les chaussures qu’elle a vendues valent une petite fortune, et elle gagne par conséquent 24 pièces de platine et 4 pièces d’or, ce qui comprend la vente de son arc court elfique, vu que le nouveau qui est plus puissant vient également du Val Des Fées. Cependant elle a gardé la tunique et les cuissardes qu’elle avait au départ, ainsi que son petit sac à dos qu’elle a facilement rangé dans le plus grand.

— x-X-x-

Dans le bourg de Port-Taille il y a bien évidemment une auberge, dans laquelle nos trois amis se sont déjà restaurés à la mi-journée, mais vont également le faire le soir, et même y passer la nuit puisque Mella a retenu la plus belle des chambres, dans laquelle se trouvent deux grandes couches. Gardain a protesté, estimant que c’était de l’argent gaspillé pour rien, cependant la jeune elfe a obtenu gain de cause. Elle a argumenté que non seulement elle pouvait se permettre la dépense, puisque comme elle était la plus riche des trois c’était elle qui invitait ses amis. Mais qu’en plus je te ferai dire, s’ils devaient être occis au cours de cette quête, leur argent ne leur servirait plus à rien. Il est cependant très probable que c’est son charisme qui a fait fléchir le jeune homme, plus que sa générosité étant donné que chez le peuple des montagnes, on considère que la largesse est un défaut. C’est d’ailleurs pour la première de ces raisons que Mella s’est chargée de demander aux habitants de Port-Taille, s’ils avaient connaissance d’un lieu appelé le Tertre Sanglant.

Car il est certain que les gens sont plus enclins à discuter avec une jolie elfe, qu’avec un nain grincheux, surtout si cette femelle a vu son charisme et ses appâts améliorés par les Dieux. Malheureusement pour eux personne ne semble savoir où se trouve cet endroit, et en fin d’après-midi ils envisagent de partir dès le lendemain pour Parici, qui se situe à l’autre bout du lac à une cinquantaine de lieues. Ils s’y rendront soit par la route soit en bateau, car là-bas ils sont convaincus de pouvoir trouver des érudits susceptibles de les renseigner. Si ce n’est pas le cas, ils ont décidé qu’ensuite ils camperont jusqu’à ce que le destin leur apporte un signe. Même Gardain a été en accord avec cela, puisqu’il est parti du principe qu’attendre était préférable que de cheminer au hasard. Mais aussi qu’atteindre ensemble la quête de la jouissance leur permettrait d’augmenter de niveau, et de s’enrichir plus sûrement qu’en courant après des brigands à l’équipement misérable, n’ayant que quelques pièces de cuivre sur eux.

— x-X-x-

L’après-midi touche à sa fin, et ils s’apprêtent à retourner à l’auberge, lorsqu’une quémandeuse qu’ils ont remarquée plusieurs fois dans la journée les appelle en faisant « Psitt », alors qu’elle se trouve dans une ruelle. Elle est revêtue d’une robe en haillons, mais qui semble avoir été autrefois de bonne qualité, et sa tête est recouverte d’une capuche qui cache son visage, et dont s’échappe soudain une mèche de cheveux gris qu’elle remet rapidement en place. Tandis qu’ils s’approchent d’elle, cette femelle leur dit en langage commun :

— Nobles voyageurs, je sais où se trouve ce que vous cherchez, mais ce renseignement a un prix.

Aussitôt méfiant, Gardain lui répond :

— Et qu’est-ce qui nous dit que tu ne vas pas nous extorquer de l’argent ? Car comment une vieille mendigote comme toi pourrait savoir ce que les braves gens ignorent ?

Mais Mella qui n’a jamais vu quelqu’un dans le besoin, étant donné que dans la forêt dans laquelle elle a toujours vécu cela n’existe pas, est prise de pitié. Elle sort alors une pièce de platine de son sac, qu’elle tend à la miséreuse. Le nain en la voyant faire ouvre des yeux exorbités, et il s’exclame :

— Non d’un dragon en rut, mais t’es zinzin !?! Tu ne vas pas lui donner cette somme alors que tu ne sais même pas si elle dit la vérité !!

— Par Tage (3) ! Elle en a plus besoin que nous, et en plus j’en ai plein d’autres.

— Va le crier sur les toits temps que tu y es ! Et tous les détrousseurs vont venir te prendre celles qu’il te reste !

— Déjà, qui oserait m’attaquer alors que je suis toujours en compagnie de deux braves guerriers comme Krill et toi ? Et puis je croyais que ta spécialité c’était de zigouiller les méchants. En plus, je te ferai dire que s’ils viennent, ça te rapportera des points d’expérience, et que comme ça tu pourras me rattraper.

La jeune elfe a cloué le bec de son ami, qui est maintenant en train de réfléchir au fait que plutôt que de courir après les vilains, ils pourraient les appâter en se faisant passer pour des voyageurs riches et inoffensifs. Mella en profite pour demander à la femelle, qui n’a pas osé prendre son argent :

— Est-ce que c’est suffisant ?

— Oui Gente Dame. Mais je préférerais si c’est possible que vous alliez la changer, car si c’est moi qui le fais, on pourrait croire que j’ai volé cette pièce de platine.

Il existe en effet sur La Ronde et dans tous les bourgs, ce qu’on appelle des changeurs, car il est très difficile d’aller acheter un pain qui vaut 2 pièces de cuivres avec une pièce de platine qui en vaut 4 000 fois plus, étant donné que le pauvre boulanger aurait beaucoup de mal pour rendre la monnaie. Bien entendu ces changeurs dont c’est le métier, prennent un pourcentage qui est fixé à un centième de la somme en pièces de cuivre. C’est-à-dire que pour changer une pièce de platine, cela coûte 80 pièces de cuivre ou encore 4 pièces d’argent. Mais la jeune elfe qui ignore cela, dans sa naïveté demande encore à la femelle :

— Tu préférerais peut-être 20 pièces d’or ? Car je n’ai pas de pièces d’argent.

Cette dernière semble réfléchir, probablement à cause du fait que changer la pièce de platine va lui faire perdre une partie de sa valeur, puis elle se décide :

— Oui Gente Dame, 20 pièces d’or ce serait mieux.

Mella remet alors sa pièce blanche dans son sac, duquel elle retire dans la foulée 20 pièces dorées, qu’elle tend à la quémandeuse. Et lorsque cette dernière présente une de ses mains qui était cachée sous son vêtement en loques, la jeune elfe se rend compte qu’elle n’est pas fripée comme devrait l’être celle d’une vieille, mais au contraire fine et pleine de vitalité. Intriguée, elle demande tandis que la quémandeuse prend l’argent :

— Mais qui es-tu ?

— Cela n’a pas d’importance Gente Dame.

— Pour moi ça en a.

La femelle semble hésiter à nouveau, puis après avoir mis ses pièces dans une vieille besace usée, elle fait basculer sa capuche en arrière, et nos trois amis découvrent stupéfaits que malgré la saleté qui le macule, elle possède un superbe visage sans aucune ride, étrangement encadré par des cheveux gris et filasse. Elle les fixe alors avec de magnifiques yeux bleu pâle, avant de leur dire :

— Je m’appelle Hermine Grange et j’étais apprentie mage, mais à présent je suis recherchée parce que j’ai occis un de mes professeurs.

À suivre…

Notes :

1) Ceukeu : Dieu de la contradiction, invoqué par les nains.

2) Ée : Déesse de la coquetterie, souvent invoquée par les femelles.

3) Tage : Dieu de la charité, très rarement invoqué par les nains.

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