Dès que le bruit du Grand Cabrio V8 devint inaudible, je pris mon smart phone pour appeler ma cousine Elise. Plus gouine qu’elle, tu meurs. A trente cinq balais, elle devait savoir ce que jouir signifiait.
– Elise! Oui! C’est Adèle. Dix ans, tu dis. Au moins. Es-tu libre ce soir? Comment t’expliquer? Je crois que j’ai joui mais je n’en suis pas absolument certaine. Il faut que je sache. Non! Je n’ai pas le permis. Un vélo, oui! Dans une heure au salon? Tu as finalement ouvert ton propre salon. Félicitations!
Une formalité ces huit kilomètres en vélo. Je connaissais assez bien le quartier mais comment pousser la porte d’un institut de massage éclairé par des néons violets.
– Entre, cousine! Ma dernière cliente vient de s’en aller. J’allais fermer.
– Tu es bien sûre qu’il n’en reste plus une bien cachée dans un coin.
– Mais non! Les clientes sont rarissimes ici. Nous faisons quatre vingt quinze pour cents d’hommes et du soutien psychologique pour plus de la moitié.
– Nous?
– J’ai engagé deux hôtesses: Lola et Judith mais Judith est en vacances. Dis donc toi! Tu as poussé depuis dix ans. Tu as tout ce qu’il faut là où il faut. On m’a dit que tu faisais du mannequinat.
Si tu cherches un job de vacances, je t’engage. Nous sommes proches des institutions et les pourboires ici sont conséquents. En moins de deux semaines, tu pourras te payer tout ce qui te passe par la tête.
Mauvaise idée d’avouer renouer avec la cousine. Voie sans issue.
– Dis-moi ce qui t’amène!
– Tu ne me croiras pas. Je viens de vivre deux journées de folie. Je ne me voyais pas en parler à maman alors, j’ai pensé à toi.
Après lui avoir raconté mes aventures dans les grandes lignes, je me heurtai à un mur d’incompréhension.
– Mais non, aucune fille n’est jamais morte parce qu’elle avait joui trois fois de suite. Je suis soufflée. Tu n’avais jamais eu de relation sérieuse avant hier soir. Un canon comme toi!
– Je n’avais jamais eu de relation tout court avant de rencontrer cette dame.
– Tu es une femme fontaine mais tu as un sérieux problème, cousine. A ta place, je laisserai la vieille s’occuper de mon émancipation. Si j’en crois ce que tu m’as raconté, elle sait y faire pour te faire disjoncter. Alors profite et ne te pose pas de questions! Je ne comprends pas tes scrupules. En plus, elle est pleine aux as et disponible. Ce sont ses menottes qui t’ont flanqué la trouille, je comprendrai mais tu me prétends que rien ne t’a plus échauffée plus que de recevoir la cravache.
Il n’y avait rien d’autre à attendre de la part d’une professionnelle du sexe.
– Attend! Ecoute-moi! Je peux te faire part de mon expérience. Je ne la connais pas mais ce genre de femme est généralement assez habile de te faire grimper aux murs aussi souvent qu’elle le décidera. Si tu me dis qu’elle te donne l’impression d’être un brin sadique, exacerbe au maximum ta féminité! Si tu as un peu de fric, je vends toute une série d’accessoires qui vont la rendre folle.
– J’ai bien l’argent que maman m’a donné pour l’inscription mais je comptais lui rendre.
– En lui disant que tu as trouvé une dame qui t’entretient en échange de quelques privautés. Réfléchis une seconde! Passe derrière le comptoir! Je vais te montrer la salle SM que nous allons inaugurer la semaine prochaine.
– Tu es bien certaine que nous sommes seules? Il n’y a personne caché dans un coin? Tu ne diras rien à maman ? Ca sent le cuir neuf ici. Ca sert à quoi cette croix diagonale et ça? On dirait un chevalet de gymnastique.
– Cest fini, ignare ! Viens plutôt voir ma vitrine sexy, cuir et latex.
– Déshabille-toi ! Ne fais pas tes grands yeux ! Je ne vais pas te bouffer.
– Voilà ! Il y a quelque chose qui ne va pas, Elise ?
– Tu nes pas lesbienne. Tu ne peux pas comprendre. Es-tu bien certaine de ne pas vouloir travailler avec moi ? Je peux te proposer un fixe de mille cinq cents euros par moi. Tu naurais rien de spécial à faire, juste à réceptionner mes clients, en tenue légère. Tu ne te rends pas compte de ta capacité de séduction, cousine Adèle.
– Pour commencer, si tu essayais ce mini mini string tout en cordelettes de cuir qui écartent tes lèvres et tes fesses pour toffrir bien ouverte. Jai aussi le soutif assorti qui te fera une poitrine de rêve simplement en la soulevant pour que tes pointes soient toujours tendues vers l’avenir. Laisse ! Je vais taider à les enfiler !
– Ca serre très fort mais au moins avec celui-là, je ne mouillerai plus ma culotte.
– Jen vends dans toutes les couleurs, même des transparents.
Jai aussi en stock tout une palette de crème qui une fois appliquées vont te mettre sur des charbons ardents pour plusieurs heures.
– Cest vraiment nécessaire, la crème ?
– Tu es craquante. Je te jure, tu es craquante. Si tu acceptes que je mette quelques photos en ligne de ma super cousine, tu te sèches la foufoune et je toffre toute la collection.
– Dépêche-toi alors car je ne vais plus tenir longtemps ! Tu mas complètement détraquée. Il faut que je rentre.
– Fonce et rappelle-la tout de suite! Je t’emballe ton cadeau et merci encore pour les photos. Tu es au top, cousine. Si la Rachel ne craque pas en te voyant, reviens me voir! Je vais te laisser ma carte et ladresse internet de mon site car je fais aussi de la vente en ligne. Toute commande enregistrée avant vingt heures sera livrée dès le lendemain.
Selle de vélo et chatte en feu ne font pas bon ménage. Pensée de Lao Tseu. Je terminai le dernier kilomètre en courant à côté de ma bicyclette en me posant des tas de questions sur la fascination que cette Bruxelloise exerçait sur moi. Curiosité malsaine ou perversité trop longtemps étouffée. Je ne me reconnaissais plus. Je n’avais été éduquée comme ça.
Il était près de vingt deux heures quand je saisis mon téléphone qui se révéla déchargé. Vite, mon chargeur! Bon! Soyons sérieuse! Je me donne une heure pour prendre une décision bien réfléchie.