Trop belle pour moi
Les affaires, linternational, la vie de couple à renforcer, additionnez ces arguments et quelques autres et vous saurez pourquoi mes parents mont confié à la garde de Michel, le frère de papa. Demain jaurai dix-huit ans, je saurais me débrouiller seul, cest sûr, mais on a eu peur que je mennuie, ma-t-on expliqué. Jai bien compris que maman voulait méviter de « faire des bêtises » et préférait me savoir un peu sous la protection vigilante de Michel. Je ne me suis pas opposé à cette décision, par paresse, parce que cela me débarrassait de tâches pénibles comme la cuisine et le ménage dune part et par un sourd désir dutiliser ces deux mois de vacances pour mieux faire connaissance avec Louise, la nouvelle épouse de mon oncle. Une simple objection aurait pu me priver de cette occasion.
Michel, après un divorce tumultueux et une longue période de célibat, avait épousé en secondes noces cette tante, nouvelle pour moi, si belle et si attirante.
« Trop belle pour lui » avait marmonné mon père, lors de la présentation de la jeune fiancée et surtout « trop jeune pour les trente-cinq ans de mon frère ». A quoi il ajoutait en sadressant à ma mère :
— Dix ans de différence dâge ! Ce nest pas raisonnable. Cette Louise a flairé la bonne affaire, sintéresse plus à la notoriété et à largent de Michel quà lui. Cela ne durera pas.
Certains préjugés ont la vie dure. Je ne partageais pas la vision pessimiste de mon père. A mes yeux Michel était lheureux gagnant de cette union; il suffisait de le voir parader à côté de la magnifique créature pour mesurer sa fierté et sa joie. Elle rayonnait de bonheur à côté de ce mari généreux et amoureux. Pourquoi prévoir un avenir sombre à ce couple si uni ? Puisquils saimaient, quelle importance pouvait avoir la différence dâge ? Louise eût-elle préféré une vie confortable avec un mari attentionné à une vie rude douvrière ou demployée, se fût-elle laissée aller à calculer les avantages dun mariage avec un homme plus âgé, qui lui jetterait la pierre ? Napportait-elle pas, en guise de dot à son époux, sa jeunesse, sa beauté et, comme je lavais entendu dire par certains invités aux noces, lardeur, la force dun tempérament vigoureux et plein dardeur.
– Il ne va pas sennuyer au lit, le veinard, cest sûrement une chaude. Vois comme elle est roulée.
avais-je entendu à la sortie de lhôtel de ville. Un autre avait insisté :
— Cest que avec des hanches pareilles elle doit cacher un sacré tour de rein ! Je voudrais bien être à la place de ce Michel. Ouh, boudiou
Plus fleur bleue, maman croyait à lamour éternel. Si Michel était conquis par cette magnifique brune aux yeux pétillants et à la poitrine généreuse, cest que Louise outre les charmes dun physique avantageux de jeune femme de vingt-cinq ans, possédait un caractère enjoué et un impressionnant pouvoir de séduction. Moi-même malgré mon jeune âge et mon manque absolu dexpérience sexuelle, jéprouvais en sa présence un trouble étrange qui se traduisait spontanément en picotements dans le bas ventre et en rougeurs du visage peu discrètes. Au point que javais remarqué sur celui de ma belle tante un léger sourire narquois quelle dissimulait en se détournant pour cacher son bonheur dêtre aussi ouvertement admirée. Je ne peux pas dire « désirée » car mon éducation minterdisait de convoiter la femme dautrui surtout si elle était membre de ma famille. Mais quelle était belle. Ainsi serait un jour mon aimée.
Alors passer de limage qui hantait mon esprit à la fréquentation quotidienne de Louise menchantait, bien que par prudence je ne dusse pas trop le faire savoir. Comment des manifestations denthousiasme trop démonstratives auraient-elles été accueillies par mon entourage? Je fus sage, je sus garder pour moi ma joie et un matin me retrouvai en présence de lidole : mon cher oncle sur le point daller au travail était venu me chercher. Dans la voiture, en route, il me remercia davoir accepté de tenir compagnie à ma tante pendant les absences quotidiennes dun mari occupé par ses charges.
— Je ferai de mon mieux pour lui rendre la vie agréable. Merci de me donner loccasion dêtre utile.
— Tu constateras vite que Louise est une compagnie facile et agréable. Vous vous entendrez très bien.
Louise mattendait devant la porte, me tendit les bras et maccueillit chaleureusement. Je remarquai à peine lexpression de satisfaction de Michel tant cette accolade me parut affectueuse. Mon oncle avait raison, je nallai pas regretter davoir répondu à son invitation. Le corps qui me serrait était moelleux, doux, confortable, je ne pensais pas à men détacher et je humais profondément le parfum qui en émanait. Louise lâcha prise pour madresser la parole :
— Sois le bienvenu, cher neveu. Merci dêtre là. Jespère que nous allons bien nous entendre. Mais tu as beaucoup changé en peu de temps, te voilà devenu un homme ! Suis-moi, je tai préparé une collation.
Sur ce, elle me précéda, je suivis, trop occupé au balancement de sa croupe pleine, à la succession de gonflements successifs des fesses avant leur effacement rapide , à ce mouvement envoûtant harmonieux, rythmé mais continu des muscles à chaque pas, oui, trop obnubilé par le dos de Louise pour observer le chemin suivi. Elle marchait devant et me fascinait par laisance de son déplacement et la grâce de sa démarche. Javançais comme un automate les yeux rivés sur cet arrière-train sautillant sous une robe légère et courte. Jadmirais la finesse des chevilles et les chairs des jambes qui sépanouissaient lorsque mon regard les remontait vers lourlet du vêtement pour finir en imaginant ce que le tissu me dissimulait.
Oh ! Oui, elle était ravissante, belle, très belle, de derrière comme de face, trop belle pour moi, avec cet attrait du fruit défendu. Mon oncle avait bien de la chance de posséder cette femme élégante. Mais je navais pas à me plaindre puisque jallais vivre près delle pendant ces vacances.