Résumé : Après que mon père mait embrassée dans la Range-Rover (et surtout après quil mait baisée) tout va de travers, surtout sur le plan moral. Je fais des rêves de plus en plus érotiques, et la dernière fois, jai rêvé que je me faisais

prendre dans un train par un inconnu et que je me laissais faire, devant tout le monde. Je crois que je deviens folle une vraie nymphomane !

***

— Je ne sais pas ce qui marrive, jai juste peur que ça influe sur mon avenir et sur ma vie. Jai peur quun jour vienne où je narriverai plus à différencier entre le mensonge et la vérité, entre limaginaire et le réel.

Allongée, jarrange mon débardeur en chassant une poussière de mon épaule. Je relève les yeux vers Madame Milner une femme à la quarantaine et qui se croit toujours à la fleur de lâge, essayant tant bien que mal dentretenir son physique atypique- et je trouve celle-ci en train de fixer le sol.

— Si je comprends bien, se lança-t-elle sans détacher ses yeux du parquet. Vous avez eu un rêve érotique en plein éveil.

— Cest exact. Dans le train.

— Ce que je peux vous dire pour linstant mademoiselle Clark. Cest que vous souffrez dun manque daffection, peut-être dû à la perte dun proche généralement cest ce qui arrive. Et ce manque daffection est reflété par des visions, parfois même des envies incontrôlées. Vous pouvez vous ouvrir à moi Anna, rien de ce que vous direz ne sortira de cette pièce. Et dites-vous que rien ne pourra me choquer, jai un parcours bien rempli de ce genre de confidences.

— Vous ne comprenez pas, fis-je en me redressant. Ce nest pas nimporte quelle confidence de lycéenne en quête de sexe brutal et gratuit. Je veux que ces rêves cessent, cest tout.

— Mais si vous men dites plus sur vous

— Je vous en ai déjà assez dit, le reste nimporte peu.

— Je vais vous administrer quelques anti-stress et somnifères mais je ne peux vous assurer

— Ça me suffira, merci.

En griffonnant sur lordonnance, je sais quelle est contrariée car elle a compris que je nétais pas venu pour une visite mais pour avoir une ordonnance et ainsi pouvoir me procurer ces médocs.

— Allô ? répondis-je une fois dehors. Mike ?

— Anna ? Où es-tu ?

— Je Tu as besoin de moi ?

— Oui, je dois te parler.

— Je serai chez-toi dans une demi-heure.

— OK.

Quest-ce quil a à me dire de si urgent ?

Javais complètement zappé quil était maintenant 18 heures, et quil ny avait plus dembouteillage. Je prends un taxi et à peine dix minutes plus tard, jarrive devant chez Mike. Il habite dans une grande villa avec ses parents, il avait emménagé leur ancien garage et en avait fait un petit studio il y a de ça deux ans. Je lavais moi-même aidé à déplacer ce qui était inutile et à faire le ménage. On avait peint lintérieur ensemble, et je me souviens avoir taché le plus beau pull que Maria mavait acheté.

Après avoir payé le taxi, je contourne la haie pour tomber directement sur le garage, jenlève mes chaussures à talon et, le sourire aux lèvres, je piétine le gazon en direction du garage, et plus javance, plus je distingue des bruits, ou

plutôt des rires saccadés : les rires dune fille. Je continue à avancer et à tendre loreille, jarrive à entendre quelques

paroles :

— Tu ne devrais pas y aller maintenant ? demanda Mike dun ton inquiet.

— Il nous reste vingt minutes avant quelle narrive, répondit cette voix féminine que je crois reconnaître. Tu doutes de tes capacités ?

— Je ne rigole pas Sara, le ton de sa voix se fait plus sérieux. Il est temps que tu partes.

Je plaque ma main sur ma bouche et essaye de contrôler les battements de mon cur. Ça ne peut pas être ça. Je tends loreille et mappuie sur le garage, car la conversation semble ne pas être encore finie.

— Tu vas lui dire ? demanda Sara, mon ancienne camarade et à qui ce matin même je faisais part des prouesses de Mike.

— Oui, répondit ce dernier presque indécis. Je ne veux plus de ça.

Je sens comme un coup de poignard en plein cur, mais je retiens mes larmes.

— Et pourtant je nai pas été contre, reprit Sara. Ça mexcite que tu mènes une double vie, du temps que je le sais et que tu ne laimes pas bien sûr.

Pétasse !

— Je ne suis pas un bouche-trou Sara, je narrive pas à la supporter. Je veux me caser, et jai besoin dune fille bien, pas dune pute.

Jen peux plus, je retiens mes larmes du mieux que je le peux et reviens sur mes pas en contournant la haie et en cherchant un taxi pour retourner chez-moi.

——

Assise sur mon lit, le visage enterré entre mes mains, jai fini par exploser en sanglots, libérant mes larmes et mon âme en détresse. Je me sens si ridicule.

Je ne veux plus de ça Un bouche-trou que tu ne laimes pas une fille bien pas une pute pute.pute.PUTE !

Je ne sais combien dheures sont passées durant lesquelles je métais baignée dans mon chagrin, durant lesquelles javais cru que jallais mieux et que je métais calmée, mais durant lesquelles les paroles de Mike métaient revenues

en tête à une vitesse effroyable et qui mavaient fait replonger.

Durant ces heures de remise en question, Mike na pas arrêté de mappeler, de me bombarder de messages, mais il est arrivé un moment où il sétait arrêté sec et na plus donné signe de vie il avait sûrement compris.

Il avait compris que jai été là et que javais tout entendu, il avait compris que son rôle de bouche-trou était terminé, quil avait enfin eu ce quil espérait sans se gêner à venir me le dire. Il a été un bouche-trou et jai été un vide-couilles.

Après la phase colère, remémorations, souvenirs, colère et puis colère il y a la phase nostalgie.

Je commence à me dire quil a raison, que vu mon comportement ces derniers temps, javais plus lair dune fille facile, dune pute que dune fille… bien.

Aimais-je Mike ? Oui. Maimait-t-il ? …

Mon téléphone sonne. Cest mon père.

Je prends une profonde inspiration et réponds.

— Allô papa ? demandai-je en jetant un coup dil à mon réveil. Il est 23 heures ! Où es-tu ?

— Ne tinquiète pas pour moi Anna, répondit-il, sa voix presque inaudible à cause du bruit provoqué par le vent et la pluie. Jai eu un accident.

Mon cur semballe.

— Mon Dieu !! mécrirai-je en me levant. Quest-ce qui sest passé ?!

— Ne tinquiète pas, jarrive à la maison, je ne suis pas seul.

— Je tattends !

Les dix minutes qui suivirent me semblèrent durer une éternité. Je suis restée debout devant la porte dentrée, tremblante et le visage mouillé par les larmes. Mon cur bat très fort. Je suis inquiète. Quand soudain je vois la voiture de Mike se garer devant chez-moi. Je ny comprends rien, jusquà ce que je voie mon père descendre de cette voiture avec Mike.

Il se précipite vers moi et menlace.

— Anna rentre tu vas attraper froid ! sécria-t-il en prenant avec lui à lintérieur et en faisant rentrer Mike.

Mon père demanda à ce dernier daller se doucher et lui prêta quelques vêtements.

— Jai reçu un appel de ton copain, lança mon père derrière le comptoir de la cuisine en se servant un café. Il disait que tu ne répondais pas.

— Ouais

— Quest-ce que tas, dit-il en sasseyant en face de moi, par terre. Tu tes autant inquiétée pour moi ?

— Entre-autre oui. Jai passé une mauvaise journée, et ton coup de fil na fait que le confirmer.

— Jai eu un accrochage avec un connard qui voulait doubler en plein virage, il sest rabattu un chouia trop tôt et ma heurté. Jai donné un coup de volant et je me suis retrouvé avec une roue arrière coincée dans la boue.

— Et là Mike ta appelé

— Exact, et il ma proposé son aide. Il est très aimable ton copain.

— Arrête de lappeler comme ça.

Mon père sourit furtivement en buvant son café. Mike sort de la salle de bain.

— Jai fini, dit-il. Merci pour les habits, je les ramènerai demain.

— Ramène-les quand tu voudras, fit mon père en se levant et en regardant par la fenêtre. Ça cest de lorage ! Où habites-tu Mike ?

— A vingt minutes dici.

— Tu prends lautoroute ?

— Jy suis contraint oui

— Tu passeras la nuit ici.

Je fronce des sourcils et jette un regard à mon père, synonyme de mon désaccord.

— Je ne voudrai pas déranger, fit Mike. Et mes parents doivent sûrement

sinquiéter pour moi.

— Je les appellerai alors, répliqua mon père ignorant mon regard. Tu restes, cest décidé !

— Merci monsieur

— Appelle-moi Adam, bon moi je vais me doucher.

Il part et nous laisse, Mike assis sur lun des deux canapés, en face de moi, feignant sintéresser aux infos qui passent à la télé. Lémotion refait surface, mais je ne vais pas lui faire lhonneur de lui montrer mes larmes. Il se retourne et me regarde, je me rappelle soudain des mots quil avait prononcés à mon égard.

Il se frotte les mains et se redresse.

— Tu nas pas répondu à mes appels, dit-il après sêtre raclé la gorge.

— Jaurais dû ? demandai-je en haussant un sourcil lair contrariée, mais dans ma voix, les mots sonnaient faux.

— Oui, taurais dû.

Quel connard !!

— Jai tout entendu Mike.

Cest sorti de ma bouche comme le parfum des fleurs au printemps, presque comme une excuse. Putain mais quest-ce qui me prend ? Je le vois écarquiller les yeux. Il ne le savait pas ? Pourquoi insiste-t-il pour me parler alors ?

— Quest-ce que tu veux Mike ?

— Rien.

Le silence qui suit me rend hors de moi.

— Rien ? Tu nas rien à dire ?!

— Non, rien.

— Bon sang tes un monstre ! Tu me détestais donc à ce point depuis le

début ?!

Il éclate de rire, dun rire sonore mais faux, il se lève et en me pointant du doigt, il dit ces mots :

— Tout est de ta faute Anna, depuis le jour où je tai vue dans la Range Rover.

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