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La « Lancenoir » – Chapitre 8




En quittant la maison, Léa était craintive. Elle se demandait si Amadou avait l’intention de l’outrager de quelques façons. Mais elle était aussi admirative de son mec. Auparavant elle ne le voyait que comme le caïd du lycée… mais c’était juste le lycée. Là, elle l’avait vu remettre à leur place deux adultes… ses parents… qui s’étaient écrasés devant lui. Depuis hier elle avait l’impression de vivre une autre vie. D’un côté ses parents l’avaient abandonné aux mains de ce garçon, mais ce garçon… enfin cet homme était si puissant… et si viril. Elle repensa à ce qu’il lui avait fait subir hier. Elle se demandait si elle pourrait survivre à une autre nuit comme ça, et espérait aussi qu’elle passerait au supplice le plus vite possible.

Amadou ne parlait pas, il réfléchissait.

Ce n’est qu’au bout de dix minutes que Léa remarqua qu’ils n’allaient pas du tout en direction du lycée.

« Amadou ? Où… où va-t-on ?

Il est temps de passer à la deuxième étape de l’initiation.

La deuxième !? Mais il y en a combien ?

T’inquiète, tu le sauras quand t’arriveras au bout. Là, t’es qu’au début.

Au début ?! Mais ça va prendre combien de temps ! Je sais pas si je peux…

Hey ! Si c’était facile, tout le monde deviendrait membre de la tribu. C’est un privilège, il va falloir que tu montres plus de reconnaissance. En attendant, la prochaine étape consiste à te marquer.

Me marquer ? Dans un genre de cahier où tous les membres de la tribu sont inscrits ?

Non. C’est sur toi qu’on inscrit… Comme tu as passé la première étape que tu as couché avec un membre de la tribu, on va te tatouer une lance noire sur le corps. Ça signifie que tu t’es fait tringler et que tu entames ton processus d’initiation.

Mais… en fait j’aime pas trop les tatouages, en plus ça doit faire mal et…

Ta GUEULE ! C’est un honneur que je te fais. Tu sais le nombre de pétasses que je me tape et qui m’implorent pour que je leur permette d’intégrer la tribu ? Elles me cassent les oreilles avec ça, et ça me fait chier. Alors toi, tu ne vas pas me faire chier, compris ?

O-o-oui…

Bien alors, on va te faire un tatouage chez Youssou. Il fait sa très bien. »

Sans plus de contestation, le couple bicolore se rendit dans la partie "est" de la ville. Une zone de la commune qui était inconnu pour Léa et qui pour tout dire avait mauvaise réputation dans son cercle d’amis. Mais s’y rendant avec Amadou elle n’eut aucune surprise désagréable, elle découvrit quantité de supérettes et de restaurants aux noms exotiques… de personnes qui saluèrent Amadou avec respect. Et elle aussi, puisqu’elle était avec lui. Ça lui donnait une drôle d’impression, celle d’être la copine du caïd du quartier… c’était un peu jouissif. Puis ils arrivèrent chez Youssou. Léa avait présumé qu’il tenait un salon de tatouage, mais elle s’était trompée. Youssou était un jeune noir qui vivait dans une sorte de garage où se trouvaient toutes sortes de véhicules. Il discutait en ce moment avec un autre jeune :

« Je te la vends pour 800 euros…

Mouais, belle bécane… mais les keufs ?

T’en fais pas, nouvelle couleur, nouvelle plaque… ils n’ont aucune raison de t’arrêter.

À part que je suis un arabe en moto ?

Ha ha !

Bon, OK pour quatre cents.

Tope là ! »

Là-dessus, le jeune arabe prit les clefs et quelques minutes plus tard il partait en chevauchant une belle cylindrée, qui de toute évidence était au mieux d’occasion. Après avoir rangé les bifetons, le vendeur de bécanes et d’autres véhicules louches se tourna vers le couple :

« Yo, Amadou ! Content de te voir ! Mais tu sais bien que je ne fais pas dans le trafic de blanche ?

T’as bien raison, ça vaut moins que tes bécanes, et c’est plus fragile. Les blanches ont leur fout quelques coups de queue noire, et c’est détraquée.

Ah, ah ! Surtout quand c’est la tienne. Bon, alors qu’est-ce que je peux faire pour toi et ta pouffe.

Un tatouage.

Sérieux ? »

Youssou se rapprocha de la blanche jusqu’à avoir le nez sur elle, comme pour la renifler. Il se mit à tâter la chair, pincer les fesses, lui examiner les dents. Léa était trop terrifiée pour protester. Puis il fit connaître son avis :

« T’es fou… Elle ne tiendra jamais le coup, soit elle va se débiner, soit elle va en crever.

Bah, dans les deux cas, elle me posera plus de problèmes.

T’es un vrai sadique en fait. Un Lancenoir jusqu’au bout des ongles. Bon, allons-y pour le tatouage. Mademoiselle la salope, venez par ici si vous voulez bien. »

Léa suivit Youssou vers un fauteuil articulé. Elle s’assit dessus, effrayée. Elle s’étonnait de ne voir nulle part les outils d’un artisan de la gravure sur peau. En fait, elle commençait à se demander si ce Youssou avait vraiment reçu une formation adaptée. Tatoueur, ça ne pouvait quand même pas s’apprendre sur le tas, ça demandait un enseignement, on parlait de brûler la peau, pas juste de couper des cheveux. Elle s’interrogeait de plus en plus sur la pertinence de sa présence en ces lieux et songeait à prendre la poudre d’escampette quand le tatoueur-garagiste lui attacha des lanières aux bras et aux jambes la maintenant immobile et l’empêchant de s’échapper. Sa crainte atteint un tel niveau qu’elle finit par oser poser une question :

« Euh… Youssou, vous êtes un professionnel ? Ça va bien se passer ? Pourquoi vous m’attachez ?

Oh… pour ce que je vais faire, il n’y a pas besoin d’être professionnel.

C-comment ça ? Je suis pas sûr de vouloir contin… »

Elle ne put finir sa phrase Youssou lui fourra un bâillon dans la bouche. Il ajouta quand même :

« Les lanières c’est pour éviter que tu t’agites trop pendant le marquage. Et le gag, c’est pour protéger mes oreilles pendant que tu crieras. »

Léa écarquilla les yeux et se mit à se débattre en vain. Les courroies qui la retenaient étaient fort serrées et très solidement attachées. Une autre lanière lui fit mis sur le front l’empêchant de voir ce qui se passait. Ç’aurait pu être une bénédiction, ainsi elle ne voyait pas ce que Youssou s’apprêtait à faire… Mais l’imagination de Léa était très développée, et elle imaginait des horreurs un peu près équivalentes à celle que Youssou se préparait à lui infliger… Et puis il y avait l’odeur.

Youssou avait allumé un chalumeau et se mettait à faire chauffer un gros morceau de fer posé sur un établi. Il passa plusieurs fois le fer à souder sur toute la longueur de la pièce en fer, jusqu’à ce qu’elle soit tout à fait rouge et fumante. Quand il put sentir la chaleur ardente qui se dégageait du morceau de fer, il éteignit le chalumeau. Le motif en fer était incandescent et devait dégager dans les 300 degrés… Il se saisit alors d’un pique pour saisir la pièce en fer. Il ne restait plus qu’à appliquer la pièce sur n’importe quel bout de chair humaine pour la marquer à vie.

En l’occurrence, le morceau de chair, c’était Léa. Elle sentit la chaleur se rapprocher de son corps et elle se mit à crier. Mais avec son bâillon on ne pouvait distinguer que quelques borborygmes étouffés. Quand le fer attaqua la peau, elle se mit à pleurer ; seule démonstration extérieure qu’on pouvait observer de sa douleur. Youssou n’en avait cure ; s’il n’était pas un professionnel du tatouage, il n’aurait pas aimé pour autant qu’Amadou trouve son travail bâclé. Il enfonça donc profondément le fer dans la chair rose, en bas de la jambe, et l’y laissa longtemps, ainsi la marque serait bien visible et clairement délimitée. De par son expérience, il savait à l’odeur de la chair grillée quand la marque au fer rouge serait incrustée à tout jamais. Il attendit donc presque une minute, jusqu’à ce qu’il sente l’odeur de barbecue caractéristique. Il retira alors le fer.

Amadou, qui attendait à proximité, se rapprocha et se pencha pour admirer le travail de son tatoueur préféré :

« Parfait, on ne peut pas se tromper. Le marquage est bien identifiable, du beau boulot.

Merci. »

Youssou prenait ça au sérieux. La tribu de la Lancenoir étaient des bons clients, avec beaucoup d’influence, et bien sûr, pouvoir marquer de jeunes blanches au fer rouge était un plaisir qui n’avait pas prix. D’ailleurs, il ne se faisait pas payer pour ça… par contre il prenait des photos, il avait tout un album de jeunes filles blanches marquées de diverses marques, la peau carbonisée pour toujours.

Léa fut détachée, elle ne criait pas… elle s’était évanouie. Youssou qui était habitué à cette situation lui jeta un grand sceau d’eau froide au visage pour la ramener au monde des vivants, même si elle aurait pu se croire en enfer. La douleur était atroce. Heureusement Youssou utilisa une bombonne de produit gélant sur la marque, insensibilisant la partie souffrante.

Léa se releva de son siège, elle fit quelque pas en traînant la patte. La douleur avait presque disparu. Mais elle avait du mal à marcher. Comme Amadou s’éloignait du local, Léa se mit à sautiller pour revenir à ses côtés. Elle ne voulait pas rester auprès du tatoueur spécialiste du fer à souder.

Léa s’attendait à ce qu’Amadou se montre compatissant de ses souffrances, au lieu de ça il semblait l’ignorer complètement. Comme si se faire marquer comme du bétail était quelque chose qui arrivait tous les jours. Merde, elle avait maintenant une marque qui indiquait sa soumission, qu’elle s’était fait baiser par sa grosse bite. Et lui se comportait comme s’il n’en avait rien à foutre… elle demanda presque agressivement :

« C’est bon ? J’ai bien accompli la première étape ?

Tu t’es évanouie, c’était pitoyable… Enfin, on ne peut pas trop en demander à une blanche… »

Aussitôt sa colère s’évanouit. Il avait suffi d’une phrase pour qu’elle se sente lamentable, d’être une intruse dans le monde d’Amadou et de sa tribu. L’impression gênante qu’elle ne méritait pas qu’il s’occupe d’elle, d’être un poids pour lui… Elle murmura :

« Je… je suis désolée… Est-ce qu’on peut rentrer je me sens pas très bien…

D’abord, on a quelques achats à faire… »

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