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Consentante – Chapitre 2




Il est 18h30 quand la Clio se présente à lentrée du domaine. Morgane sent son cur battre plus fort en reconnaissant limposant portail et ses hautes herses noires. Fred prend un trousseau de clés dans la boite à gants et descend du véhicule. Elle le regarde pousser la grille, en proie à un tourbillon de sentiments contradictoires. Lexcitation de retrouver lhomme qui a tout pouvoir sur elle se mêle à lappréhension de ce qui lattend. Si seulement elle pouvait sisoler pour vérifier son allure, même deux minutes. Elle se sent souillée après lépisode de la voiture et déteste lidée de se présenter ainsi à Thierry. Morgane a appris très tôt à user de ses charmes, mais jamais elle na tant souhaité plaire à un homme. Il sait lui faire ressentir sa féminité dune manière si profonde et si différente… Lemprise quil a sur elle lui est à la fois douce et effrayante, comme sil maitrisait une sorte de magie noire. En sa présence, Morgane ne se reconnait pas elle-même. Elle ne sexplique pas toujours la facilité avec laquelle elle se soumet à lui, comme sil communiquait avec une part de sa personnalité quelle ne comprend pas totalement. Elle sait quil est au bout du chemin à lattendre. Elle nen mène pas large alors que les graviers crissent sous les roues et quapparait progressivement limposante bâtisse.

– On y est, princesse, annonce Fred.

La voiture simmobilise au pied des trois marches qui mènent à la terrasse. Bacchus, lénorme doberman gardien du domaine les observe fixement, oreilles dressées. Thierry apparait en tenue décontractée mais toujours aussi élégant, avec sa barbe grise impeccablement taillée. Excitée, Morgane attrape son anorak resté sur la banquette arrière. Elle lenfile en vitesse et quitte le véhicule. Il descend calmement les marches pour venir à sa rencontre. Il est face à elle, la dominant de toute sa stature avec son regard si intense. Il lattire contre son torse. Morgane lenlace, tandis quil prend ses fines hanches. Elle lui cède un baiser passionné en levant une bottine, heureuse de retrouver sa langue, son odeur, la douceur de sa barbe, sa force… Cest bien plus conforme aux retrouvailles attendues que lhorrible trajet quelle vient de vivre. Finalement, son amant relâche son étreinte et se tourne vers Fred.

– Peux-tu monter ses affaires dans la chambre du haut ? Celle au bout du couloir. Vérifie que le radiateur remarche bien, je ne veux pas quelle ait froid cette nuit.

Le garçon acquiesce, prend le sac de voyage dans le coffre et gagne la maison en gratifiant Bacchus dune tape sur le flanc au passage. Thierry attire Morgane à lui. Il lui caresse la joue.

– Il na pas été trop méchant avec toi ? demande-t-il.

– On dirait mon frère en pire, sourit tristement Morgane.

Thierry sesclaffe. Il lui accorde presque simultanément un chaste baiser sur le front et une tape affectueuse sur les fesses.

– Peut-être, mais cest mon meilleur ouvrier. Je tiens à ce que tu sois plaisante avec lui. Allons à lintérieur, jai fait du thé.

Morgane est toujours aussi impressionnée par le salon. Il est vaste, haut de plafond, avec ses poutres, ses grands fauteuils et son canapé en cuir, son tapis persan et sa cheminée en pierre surmontée dun grand écran plasma. La pièce évoque un château du moyen-âge quon aurait aménagé avec des appareils dernier cri. Le mobilier imposant semble être le reflet de lautorité du maitre des lieux. Les multiples peintures et sculptures érotiques en disent aussi beaucoup sur ses penchants… Thierry prend place dans le plus grand fauteuil. La jeune femme na pas oublié son dernier séjour, elle se garde de sasseoir sans y être autorisée.

– Te souviens-tu comme je tai appris à tagenouiller, Morgane ? demande Thierry.

Elle acquiesce. Il lui désigne le tapis.

– Alors reprends les bonnes habitudes.

La jeune femme se laisse descendre fesses contre talons, en accentuant un peu sa cambrure. Elle croise ses poignets dans le dos et baisse respectueusement les yeux. Il la complimente en déposant une tasse de thé fumante devant elle.

– Bien sûr, cest plus facile de prendre la pose habillée comme tu les. Mais japprécie de voir comme elle test maintenant naturelle. Tu te souviens comme tu avais du mal les premières fois ?

Morgane retient un rictus sans quitter le tapis du regard. Au début, elle ne pouvait prendre tout ce cérémonial au sérieux. Mais elle a vite appris que la désinvolture est le meilleur moyen de sattirer des ennuis avec Thierry. A présent, sagenouiller à ses pieds ne lui parait plus absurde, mais presque normal.

– Pendant les 72 heures que nous allons passer ensemble, il y a beaucoup dautres choses qui risquent de te sembler difficiles, et peut-être même rabaissantes au début. Je veux que tu partes dici en les acceptant tout aussi naturellement. Tu comprends ce que je dis Morgane ?

– Oui Monsieur.

Comme cest bon de retrouver ce sanctuaire hors du monde. Etre docile, être aimée et choyée, ne pas lutter contre les sensations que Thierry fait naitre en elle physiquement et mentalement. Avec son amant tout est si simple tant que lon montre que lon connait sa place. Il se lève. Morgane ose un regard furtif, le temps de le voir prendre deux feuilles agrafées entre elles sur la cheminée. Il vient les déposer près de ses genoux, à côté de la tasse.

– Je veux que tu lises ce contrat à haute voix, explique-t-il en se rasseyant. Lentement et distinctement. Cest très sérieux, tu dois comprendre chaque mot et ten imprégner. Nous en discuterons plus tard si besoin. Prends la feuille et lis.

La jeune femme sempare des pages. Elle séclaircit la gorge et entame la lecture dune voix douce et solennelle :

– Moi, Morgane Grigneux, je comprends que je me présente ici par ma propre volonté en tant quesclave, que le terme me plaise ou non.

– Plus fort, lencourage Thierry.

– Je comprends quaucune parcelle de mon corps ne mappartient plus Je suis la propriété de mon Maitre et de toute personne qui sera autorisée par lui à régner sur moi.

Elle marque une pause, mal à laise en songeant à lhumiliation que Fred lui a fait subir dans les bois. Thierry lui intime de continuer.

– Je comprends que mon devoir est dêtre agréable et de servir dêtre séduisante et obéissante à tout instant Je comprends quon attend de moi la plus parfaite discipline Je comprends quel est mon statut et mengage à my tenir sans aucun écart Je comprends que je serai punie dans le cas contraire pour mon bien et aussi sévèrement que mon Maitre le jugera nécessaire. Je comprends

Morgane sinterrompt. Elle jette un regard en coin à Fred qui vient de les rejoindre dans le salon.

– Garde les yeux sur ta feuille, la réprimande Thierry. Continue.

La jeune fille est gênée. Pourquoi faut-il que ce morveux vienne gâcher le moment ? Ce qui était une lecture un peu enivrante jusquici devient embarrassant en sa présence. Elle reprend, moins assurée :

– Je comprends quaucune pudeur ne me sera permise à aucun moment de la journée et dans tous les endroits du domaine.

– Cest exact, linterrompt Thierry. Dailleurs nous allons mettre ce point en application tout de suite, pour que tu saisisses bien. Soulève ton haut, libère tes seins, je les veux exposés pendant que tu lis. Mais nenlève rien.

Morgane ne peut sempêcher de rougir un peu en posant le contrat sur le tapis. Chacun des deux hommes a déjà obtenu bien plus delle, cest vrai. Mais les sentiments opposés quelle éprouve pour lun et lautre rendent la situation déstabilisante. Lentement, elle roule le tissu clair sur son ventre jusquau-dessus de sa poitrine. Puis elle tire les bonnets de son soutien-gorge pour dégager ses seins. Ils débordent de larmature comme deux fruits juteux. Thierry fait observer au jeune homme comme il nest point besoin quune poitrine soit énorme pour être affriolante, comme sur ses « sites de bas étage », mais simplement bien proportionnée. Fred lui accorde, comme sils parlaient dun objet décoratif. Morgane sent la chaleur sur ses pommettes saccentuer. Elle garde la tête basse pour leur dissimuler sa gêne. Thierry linvite à reprendre sa lecture.

– Je comprends que la désinvolture, la mauvaise volonté, la familiarité avec les dominants seront considérées comme des fautes graves et sanctionnées comme telles Chaque ordre qui mest donné doit être exécuté sur le champ (elle revient à la ligne) et sans mollesse.

– Exactement, commente Thierry.

– Je comprends quil mest possible de mettre fin à ma condition de soumise à tout moment en prononçant la phrase : « je veux être affranchie ». Je serai alors raccompagnée dès que possible à la gare, sans avoir à me justifier ni quil me soit tenu rigueur de mon choix. Cependant cela mettra fin à la relation qui me lie à mon Maitre instantanément de manière définitive et sans possibilité (elle revient à la ligne) de revenir sur ma décision.

– Ce dernier point est très important, Morgane, insiste Thierry. Le comprends-tu bien ?

La jeune femme lève les yeux pour répondre mais se reprend aussitôt. Elle se contente dacquiescer en silence, les yeux rivés au tapis. Même ainsi, elle sent braqué sur elle le regard de Fred. Comme elle aimerait quil parte

– Parfait, félicite Thierry. La deuxième page est une annexe qui rappelle les règles qui tont été enseignées lors de tes dernières visites, plus certaines nouvelles. Quand tu auras bu ton thé, tu monteras les lire au calme dans ta chambre. Cest la même que dhabitude, deuxième étage au fond du couloir. Tu me ramèneras le contrat daté et signé tout à lheure. Maintenant, bois.

Morgane soulève la tasse encore chaude dans le creux de ses mains. Le thé est un délice. Se détournant delle, Thierry interroge son employé sur lentretien du domaine. Les deux hommes discutent entre deux gorgées de thé, ou peut-être est-ce une autre boisson, comme si elle nétait plus là. La jeune femme se sent un peu courbatue à force de tenir sa position, reportant tour à tour son poids sur ses genoux où ses fesses. Quand elle repose sa tasse vide, Thierry lui commande de monter dans sa chambre.

– Prends une douche. Relis bien le contrat. Je tattends pour diner à 21h. Sois parfumée et maquillée, lèvres rouges et yeux bien en valeur. Pour la tenue, tu trouveras un cadeau de bienvenue sur le lit. Cest ce que tu porteras ce soir.

Morgane fait mine de se lever.

— Autre chose, larrête son amant. Tu me descendras ton paquet de cigarettes. Si jen crois lincident avec Fred, tu nas toujours pas arrêté. Tu sais pourtant que je ne veux pas que tu fumes ces saletés, Morgane

— Cest juste trois ou quatre par jour, pas plus

— Au domaine ce sera zéro, jeune fille. Cest compris ?

Elle hoche la tête.

— File mon ange, laisse ta tasse par terre.

Cette fois Morgane se relève, nosant demander si Fred sera convié lui aussi au diner. Elle prie pour que non.

– A tout à lheure, Monsieur, sefface-t-elle en prenant soin de ne regarder que le maitre de maison.

Le clin dil affectueux de Thierry lui réchauffe le cur.

  ***

La chambre na pas changé dun pouce, avec sa vue sur les vignes, son grand lit en chêne et sa salle de bain privative. Normalement Morgane déteste les demeures campagnardes. Elles lui rappellent lennui des étés sans fin chez son oncle et sa tante quand elle était enfant, la peur des araignées et des bruits nocturnes qui la terrorisaient, seule au fond dun lit trop grand. Mais cest différent ici, si calme et si beau, comme une bulle en dehors du monde où elle peut être une autre. La tenue dont Thierry a parlé est soigneusement étalée sur le lit. Elle se compose dun shorty bordé de dentelles et dun haut vaporeux à bretelles, tous deux noir-transparents, très « baby doll ». La jeune fille « essaie » lensemble sans le mettre devant la glace de la grande armoire. Il est pile à sa taille, dune marque bien au-dessus de ses moyens détudiante. Fatiguée par le voyage et toutes ces émotions fortes, Morgane retire ses bottines et son jeans, puis se laisse tomber sur le ventre sur la couverture moelleuse. Elle feuillette le contrat en balançant ses jolies jambes avec légèreté, passant un pied derrière lautre.

Elle connait déjà la plupart des règles qui vont régir sa vie de soumise dans les prochaines heures. Le « Maitre » ou « Monsieur » obligatoire, les poses, le devoir dêtre toujours gracieuse, sexy, disponible (y compris et surtout sexuellement, sait-elle pertinemment). Mais le cadre est cette fois encore plus strict. Par exemple, il lui est interdit de parler autrement que pour répondre au Maitre et ses hôtes (quels hôtes ?? se demande Morgane en grimaçant). Si elle souhaite prendre la parole, elle devra le signifier par son seul regard, lèvres entrouvertes, et attendre quon lui permette. Voilà vraiment le genre de consignes que la jeune femme trouve un peu idiotes. Cela lui parait tellement dun autre âge Elle peine à comprendre que la voir se conduire en potiche puisse exciter son amant. Mais elle sait aussi que jouer le jeu est le prix à payer pour obtenir son attention, son affection et même son admiration. Il ny a quainsi quelle restera si spéciale à ses yeux. Pour cela, elle est prête à quelques sacrifices

Le reste du document pourrait être résumé en une phrase : il lui est défendu de faire quoique ce soit sans laccord préalable du Maitre. Sans quoi le contrat la menace de châtiments plus ou moins détaillés dont aucun ne fait bien envie à Morgane Mais tout ce baratin nest pas lessentiel pour la jeune femme. Elle y voit juste de petits caprices issus des fantasmes intellos de Thierry. Ce qui la fait vibrer, elle, cest dabord le lien unique qui sest tissé entre eux. Qui est-il pour elle ? Son mentor ? Un père de substitution ? Lamant style « prince charmant ténébreux » de ses rêves dadolescente ? Ou bien le grand méchant loup ? Un peu et rien de tout ça Elle-même nen est pas bien sure. Elle prend le stylo laissé pour elle sur la table de nuit et signe les deux pages à la va-vite. Puis elle roule hors du lit et gagne la douche. Au moins ici, contrairement à Paris, elle naura pas à se chamailler avec sa colloc au sujet de qui accapare trop longtemps la salle de bains

***

Morgane se présente au salon quelques minutes en avance, contrat en main. Elle savance en silence, pieds nus sur le tapis. Elle a respecté les consignes à la lettre. Le shorty lui arrive au ras des fesses tandis que le haut de son déshabillé de nuit laisse son nombril bien apparent. Ses lèvres sont dun joli rouge carmin. Elle a aussi rapporté son paquet de cigarettes, résistant à la tentation den cacher une ou deux dans ses affaires Thierry lit dans son fauteuil. Elle voit dans ses yeux la petite lumière quelle aime tant lorsquil sinterrompt pour la regarder de pied en cap.

– La tenue te va très bien, commente-t-il en lui prenant les feuilles de papier et le paquet de blondes.

La jeune femme fléchit les jambes pour sagenouiller mais il len dispense.

– Ce nest pas nécessaire, passons directement dans la salle à manger, le diner est prêt.

Rien na changé non plus dans la grande pièce que son amant réserve aux diners spéciaux. Morgane reconnait la table cirée et les natures mortes au mur. Derrière une vitrine, elle reconnait aussi les coupes et les médailles gagnées par Thierry lorsquil pratiquait les arts martiaux à haut niveau. Cest une des rares choses quelle sait de son passé. Cest de là qu’il tire sa condition physique et son air toujours si calme et maitre de lui. Il tire une chaise haute en vrai gentleman et la fait asseoir, puis allume une bougie. Les pieds graciles de Morgane touchent à peine le sol. Elle les pose sur la barre de bois inférieure comme une princesse sur un trône trop grand pour elle. Le maitre de maison séclipse en cuisine et revient avec deux assiettes garnies dune salade de crevettes daspect fort appétissant. Il débouche également une bouteille de vin et remplit leurs verres. Le diner est parfait, amical et détendu. Pas de Fred en vue. Ils parlent de tout et de rien, des études finissantes de Morgane, de la récente opération du dos de Thierry, des loyers à Paris et de la dernière série à la mode. Le quinqua sourit lorsquelle se moque gentiment de « ses habitudes de papy ». Il rit même quand elle déclare avoir limpression de diner avec le comte Dracula dans son château. Parfois son regard descend sur sa jolie poitrine à travers la transparence de son haut, mais il lui parle le plus souvent droit dans les yeux dune façon qui fait fondre Morgane. Arrivés au dessert, tous deux ont les yeux qui brillent à cause du vin que Thierry ressert régulièrement.

Finalement, il ramène les assiettes à la cuisine et revient se placer derrière la jeune femme.

– Mets tes mains à plat sur la table.

Le ton est redevenu directif. Lattitude dominatrice de Thierry est de retour sans prévenir. Morgane sexécute, un peu dégrisée par ce brusque rappel à sa condition. Il noue un bandeau sur ses yeux avec des gestes secs et précis et sassure quelle ne voit plus rien. Il la prend délicatement sous les aisselles et la fait lever, puis la guide par la nuque en dehors de la pièce.

– Où est-ce quon va ? demande Morgane le cur battant.

– Tt tt Nas-tu pas lu les règles ? Pas de question sans permission. La prochaine fois tu es punie.

Elle murmure des excuses et se laisse conduire dans le grand couloir. Ils tournent une fois, deux fois. Le carrelage est froid sous les pieds nus de la jeune fille. Il larrête. Une porte souvre. Elle sent une bouffée dair frais remonter du sous-sol sur son ventre dénudé.

– Descends lentement, naie pas peur je te tiens.

La jeune femme est guidée dans les escaliers de pierre qui mènent à la cave voutée. Elle connait cet endroit pour y avoir déjà été enfermée (elle avait osé tester lautorité de Thierry, pour voir). Elle se souvient des crochets au plafond et des instruments SM un peu effrayants accrochés au mur. Il ne les a jamais utilisés sur elle. Elle manque rater la dernière marche mais il la soutient doucement par les coudes. Ses pieds foulent la terre battue. Elle respire fort.

– Calme-toi mon ange.

Elle est poussée quelques mètres dans la pièce. Elle aimerait tant voir autour delle, ou au moins poser une question… Elle sent les bretelles de son déshabillé de nuit quitter ses épaules. Le vêtement lui est délicatement ôté par le haut, la laissant frissonnante dans son petit shorty diaphane. Elle croise les bras sur sa poitrine.

– Tu as confiance en moi ? demande Thierry.

– Oui

– Oui qui ?

– Oui Monsieur.

– Tends tes poignets.

Elle obéit, douce et fragile. Elle sent quil lui passe dépais bracelets de cuir. Chaque sangle est serrée au maximum. Les bracelets sont ensuite attachés lun à lautre pour quil lui soit impossible de disjoindre les mains. Thierry saffaire autour delle. Elle entend un raclement de chaine que lon tire vers le bas. Quelque chose est accroché au mousqueton qui lie ses bracelets. La chaine commence à remonter et Morgane sent bientôt ses bras frêles tirés vers le haut. Elle résiste dinstinct, anxieuse, mais lhomme lui intime de se laisser faire. Ses mains jointes sont hissées à hauteur de son visage comme si elle priait, puis au-dessus de sa tête. Elle a bientôt les bras à la verticale. Ses talons décollent du sol de quelques centimètres. La chaine se fige. Thierry la bloque ainsi. Il est maintenant impossible à la jeune fille de poser ses pieds totalement à plat. Cest très inconfortable. Elle fait du surplace à petits pas maladroits. Les doigts de Thierry dévalent ses hanches et pincent lélastique du shorty de chaque côté. Elle sent le dernier rempart à sa nudité complète glisser le long de ses cuisses, passer ses genoux serrés puis quitter ses chevilles quand son amant saccroupit pour lui retirer totalement. A présent, Morgane se balance nue au bout de la chaine comme le ver à lhameçon.

– Plus un poil. Cest bien, tu as fait le nécessaire, la félicite Thierry.

Sa toison discrète et entretenue était encore trop pour lui. En prévision de sa venue, il lui a payé une épilation intégrale dans lun des meilleurs instituts de la capitale.

– Reste bien sage, je reviens, lui dit-il.

Il la laisse là, oscillant doucement sur elle-même, livrée à un mélange de peur et dexcitation. Elle nentend que sa propre respiration et le cliquetis de la chaine dans son crochet quand elle ose un mouvement. Quelques minutes passent, des voix résonnent dans lescalier. Au grand désespoir de la jeune femme, Thierry est de retour avec Fred. Les deux hommes saffairent autour delle. Elle est saisie par la taille et tournée sans ménagement. Un objet cylindrique tout en longueur est appliqué contre son ventre, de son sternum jusquà son sexe rasé. Le bout en contact avec son intimité est arrondi et caoutchouteux. Morgane devine quil sagit dun vibromasseur de grande taille.

– Scotche lui ça bien, je la tiens, dit Thierry à son ouvrier.

Elle entend un bruit de gros scotch. Maintenue en place, elle est entourée par deux fois dune large bandelette adhésive. Elle sent quon sassure de la bonne fixation de lappareil avant de la lâcher.

– Ça tient, annonce Fred.

Thierry appelle doucement Morgane par son prénom. Elle tourne la tête dans la direction de la voix, muette et inquiète comme un petit animal pris au piège.

– Tu vas passer un petit moment comme ça. Ne tinquiète pas, lorgasme viendra vite, cet appareil est très puissant. Tout ce que tu as à faire est de te laisser aller, tu nas pas déchappatoire. Je veux que tu jouisses fort pour moi. Je serai peut-être là pour le voir, peut-être pas, tu nen sauras rien. Mais tu vas comprendre que ton plaisir nappartient quà moi. Je décide quand et comment tu jouis, autant de fois que je le veux, mon ange. On va commencer sur « 6 ».

A ces mots, la tête de caoutchouc se met à vibrer entre les jambes de Morgane qui ne peut retenir un petit hoquet de surprise. Thierry na pas menti, la sensation est très intense, presque insupportable. Elle na jamais connu de sex toy comme celui-ci. Son corps est parcouru de frissons. Des vagues remontent dans son ventre et se propagent à travers toutes ses terminaisons nerveuses. La pointe de ses seins devient vite hypersensible. Au bout de quelques minutes elle ne sent plus les présences autour delle. Les deux hommes ont dû remonter à pas de loups, peut-être un seul des deux, ou peut-être aucun, comment le savoir ?

Elle nentend plus que le bourdonnement continu qui chatouille son intimité, électrise sa vulve et son clitoris. Ses mains agrippent la chaine tandis quelle se balance sur elle-même. Elle creuse son ventre pour réduire le contact entre sa fente et lappareil, rien quun petit peu, mais cest tout bonnement impossible. Encore quelques minutes et Morgane commence à sérieusement mouiller. Sa respiration est de plus en plus rapide et hachée par de petits spasmes de plaisir qui lui font honte. Ses orteils fouillent nerveusement la terre battue. Dire quils sont peut-être là, à la regarder sabandonner aux stimulations atrocement délicieuses entre ses cuisses Finalement lorgasme la submerge toute entière. Tête en arrière, elle jouit et gémit fort, se tordant bouche entrouverte comme un poisson hors de leau.

Elle pend au bout de sa chaine, haletante. Mais le vibromasseur, indifférent à son orgasme, continue son uvre. Quand cette torture va-t-elle sarrêter ? Elle donnerait tout pour quelques secondes de répit. Encore un long moment sécoule, puis les vibrations stoppent net.

– Comme prévu mon jouet te fait de leffet, note la voix de Thierry à quelques centimètres de son oreille.

Morgane respire fort, attendant juste quon enlève cette chose infernale de son ventre et quon la détache. Au lieu de ça, on tire sa tête en arrière. Un objet phallique est présenté à ses lèvres. De toute évidence son amant nen a pas fini avec elle.

– Ouvre la bouche, intime Thierry.

– Jen peux plus geint Morgane dune petite voix.

– Ouvre, jai dit.

La chose pénètre sa bouche. Elle se laisse bâillonner par le gode en plastique quil attache grâce à une petite boucle derrière son crâne. Le sex toy écrase sa langue et la fait saliver abondement. La jeune femme émet un gémissement plaintif du fond de la gorge, bâillonnée derrière cette « tétine » obscène.

– Si tu veux tout arrêter, trace une croix par terre avec ton pied. Je te détache, tu vas te coucher et je te dépose au premier train, dit Thierry.

Morgane se contente dinspirer profondément. Il la fait pivoter comme un quartier de viande. Elle sent deux doigts lui écarter les fesses. « Pas par là… » se lamente-t-elle en son for intérieur. Mais le contact du gel froid lui ôte tout espoir dy échapper. Son amant la lubrifie avec des gestes experts. Lorsquil sarrête pour reboucher le flacon, elle tente de se dérober à ce qui va suivre, mais des mains fermes la remettent en position. Elle sent le plug qui chatouille son petit anneau fermé, avant dy plonger lentement mais surement. La douleur lui arrache une longue plainte étouffée par le gode buccal. Un filet de salive coule sur son sein gauche. Lobjet senfonce dans létroit canal, lui faisant leffet absurde dun suppositoire géant. Thierry pousse jusquà ce quil tienne tout seul en place.

– Sois brave, mon ange, lui dit doucement Thierry en effleurant ses reins. Tu vas jouir encore une fois, très fort. Après ce sera terminé. Je mets sur « 8 », cest le maximum.

Elle veut protester mais lappareil recommence à vibrer avec une intensité démoniaque. Bouche et anus se contractent sur leurs pals. A travers la tempête de sensations qui se déchaine en elle, Morgane sent quon lui tapote affectueusement la fesse. Elle tourne violemment dun quart de tour à gauche, puis à droite. Il lui est impossible de penser à autre chose quà lessaim dabeilles furieuses entre ses cuisses. Son bâillon létouffe, le plug anal la déchire. Elle pousse des gémissements de révolte qui se changent peu à peu en sanglots étouffés. Elle perd toute notion du temps et de lespace. Au bout dune minute ou un siècle, le plaisir revient, puis il grandit en elle comme une lame de fond emportant tout sur son passage. Elle se consume au bout de sa chaine, jouissant dêtre remplie, impuissante et offerte. Elle pourrait mourir là, dans cette extase honteuse.

Quand Thierry la détache enfin après avoir retiré délicatement les godes, elle nest quune poupée sans force dégoulinante de sueur, de salive et de cyprine. Elle seffondre dans ses bras et enfouit son visage souillé de larmes nerveuses contre son torse. Le maquillage a coulé de sous son bandeau. Son maitre trempe un doigt dans la salive accumulée sur son sein et lui nettoie la joue. Elle entend la voix de Fred mais ny prête même pas attention. La lame dune minuscule paire de ciseaux, comme ceux dun couteau suisse, découpe le scotch le long de son flanc. On lui arrache sèchement les bandelettes mais elle ignore la sensation de brulure sur sa peau, trop soulagée dêtre délivrée du vibromasseur. Le bandeau qui laveugle lui est à son tour retiré. Blottie contre Thierry, elle regarde Fred ranger le matériel. Elle reconnait les murs en pierre, la collection de fouets et cravaches. Le quinquagénaire lui caresse les cheveux, doux et apaisant comme il sait lêtre.

– Je suis fier de toi, Morgane. Tu as été vaillante.

Il saisit ses fines épaules et la recule un peu. Elle lève des yeux voilés et épuisés vers lui. Il repousse une mèche de cheveux collée à la commissure de ses lèvres.

– Ça suffit pour ce soir, annonce-t-il. Tu es toute sale. Frédéric va te passer un coup deau et te raccompagner à ta chambre. Tu te lèves quand tu le souhaites, je te veux fraiche et dispo.

Thierry gagne les escaliers, il se tourne vers son employé.

– Lave-la dans larrière-cour, sèche-la et mets-la au lit. Noublie pas de voir pour la porte de la remise demain matin. Bonne nuit tous les deux.

***

Fred a du mal à croire quil nest pas en plein rêve érotique. Il va se réveiller dun moment à lautre, cest certain. Tous ses fantasmes sont en train de devenir réalité. La fille est si bandante avec son air perdu, à sa merci toute nue devant lui. Il naurait jamais cru avoir une telle chance un jour. Dire que tout ça arrive parce quil sest fait surprendre devant un DVD de bondage du patron lhiver dernier. Il ne regrette pas ! Malgré leurs bons rapports, il naurait jamais osé avouer à Thierry combien il partage ses penchants pour la soumission féminine. Faute de quoi ils nauraient jamais eu toutes ces discussions et il serait passé à côté dun week-end pareil…

La parigote se tient un genou devant lautre, bras croisés. Elle a lair un peu hébétée, comme si on venait de la tirer du sommeil. Normal avec ce quelle vient de prendre. Bon dieu quelle est bien faite. Cest le genre de gonzesses qui excitent les hommes partout où elles passent sans même sen rendre compte. Disons plutôt quelles font semblant de ne pas savoir… Elles prennent leur air innocent, se mettent des habits sexy et le monde est à leurs pieds. On ne croise pas souvent des filles comme ça par ici. Il faut les chercher dans les concours de miss régionaux ou dans les bandes dessinées de Milo Manara que le patron garde au grenier Celle-ci est entrain de descendre de son piédestal et ça lui fait du bien ! Mais purée, même comme ça, avec le maquillage foutu et la morve au nez, elle reste foutrement mignonne. Il sapproche delle. Elle recule dun pas et lui fait son petit regard méchant quil commence à connaitre. Elle essaie tant bien que mal de lui cacher sa chatte et ses nichons. Comme si ça ne faisait pas une heure quil la reluque sous toutes les coutures ! Il lattrape par le bras, mais pas trop brutalement. Thierry a dit pas de violence. Il lui mettrait pourtant bien une paire de baffes, pas fortes, juste pour quelle comprenne qui est le chef. Mais il ne veut surtout pas prendre le risque d’être exclu du jeu par son patron.

– Allez la miss, on va te décrasser un peu.

Elle résiste légèrement, pour la forme, mais se laisse tirer dans les escaliers. Il lui fait grimper les marches puis remonter le long couloir. Elle a le regard dans le vide comme si elle sétait réfugiée dans ses pensées. Il la pousse dans la cuisine puis fouille le tiroir pour trouver la clé du dehors.

– Tu te sens fort hein ? murmure la fille dans son dos. Tes Tarzan le mâle dominant

Elle a ce petit ton de mépris quil déteste. Elle lui parle comme à un plouc depuis quelle est arrivée. Toutes les mêmes ces parisiennes Ça doit être sa dernière bouffée damour-propre de le prendre de haut comme ça.

– Ouais, répond Fred. Et toi tu es juste la femelle soumise, alors boucle-la.

Elle émet un petit ricanement nerveux.

Le garçon ouvre la porte de la cuisine qui donne sur larrière-cour. Il fait nuit noire et cest encore bien humide. Elle va pas avoir chaud, cul à lair, ça cest sûr.

– Allez viens par-là, ordonne-t-il à la fille. Si tas des bijoux qui craignent leau, dépose-les sur la table.

Elle le toise avec une petite moue butée.

– Tu veux ptêtre quon réveille Thierry ?

Elle soupire en laissant tomber ses épaules et vient le rejoindre. Il lui fait descendre la marche et la pousse par le bras au milieu de la petite cour grillagée.

– Fais attention où tu marches, il y a des outils qui trainent.

Il la sent greloter dans sa main. Elle a la chair de poule et pas lair très rassurée malgré son insolence de façade. Il lui désigne un angle de la maison, sous le toit en tôles de létabli.

– Va dans le coin là-bas.

Il la regarde rejoindre langle en balançant son petit cul en forme dabricot. Il songe au bruit quil faisait sous les claques dans sa voiture, et bande de plus belle. Fred tourne le robinet grinçant et va ramasser le tuyau darrosage enroulé par terre. Un filet deau glacée sen échappe quand il le soulève. La parigote est recroquevillée dans langle, sa peau est dun blanc pâle dans la lumière de la lune. Elle a compris ce qui lattend. Il tire deux bons mètres de tuyau et se poste à quelques pas delle.

– Mets-toi face à moi, mains sur la tête.

Elle reste immobile les bras autour delle, ça se voit quelle est frigorifiée.

– Tu veux pas obéir ? Tant pis pour toi, bébé.

Il tourne lembout et fait jaillir le jet à pleine puissance. Lair de défi sur le visage de la fille est balayé dun coup. Elle se tourne de profil par reflexe pour offrir au jet le moins de surface possible, cuisse relevée pour protéger son bas-ventre de la morsure glaciale. Sa jolie bouche est ouverte sur un cri silencieux. Lexpression stupéfaite de son visage est presque comique. Il lasperge lentement de bas en haut puis se déplace un peu pour avoir son ventre et ses seins. Il découvre quil peut la faire tourner et « danser » comme il veut en changeant dangle de tir, comme un marionnettiste sadique. Il lui coupe la respiration dune bonne rasade en plein visage, puis profite de sa surprise pour arroser les parties les plus intimes de son anatomie. Il coupe le jet. Elle est prostrée dans le coin, le souffle court, toute ruisselante.

– Le cul maintenant. Tourne-toi.

Cette fois elle obéit presque de suite, essayant à peine de se protéger quand il dirige le jet entre ses fesses. Il noublie aucun recoin de son corps et fait même un peu de zèle. Mais il finit par se lasser et ferme larrosage. Elle tient ses épaules, transie de froid, claquant des dents. Fred a un peu pitié.

– Ok bébé, cest fini, rentre à lintérieur.

Pour ça, elle ne se fait pas prier. Il la regarde regagner la cuisine à petits pas rapides puis la rejoint. Elle grelotte à mort au centre dune flaque sur le carrelage. Ses cheveux ont un peu ondulé au contact de leau, leffet est plutôt sexy.

– Reste là, je vais chercher une serviette.

Deux minutes après, Morgane se réchauffe au coin du feu de la cheminée du salon, drapée dans une serviette de bain. Elle a refusé quil lui fasse une tisane. Sa lèvre inférieure tremble encore un peu mais le crépitement du bois a sur elle un effet apaisant. Elle observe en silence le garçon qui ferme les hauts volets du salon.

– Jtemmène te coucher, déclare-t-il finalement. Viens.

Ils montent ensemble au deuxième. Fred la fait entrer dans sa chambre où elle a déjà déballé ses affaires. Il tire la couverture et les draps et lui commande de rendre la serviette.

– Thierry veut que tu dormes toute nue, lui explique-t-il. Tauras pas froid, jai remis un fond de chauffage et le lit est bien chaud tu verras.

– Je me lave les dents dabord, rétorque Morgane avec une pointe dagressivité.

– Ok, vas-y je tattends. Ferme pas la porte.

La fille roule des yeux comme une ado recevant des consignes quelle juge stupides, mais elle nessaie pas de négocier. Elle effectue ses petits rituels de coucher sous les yeux du garçon. Par contre elle se retient duriner, pas question de faire ça devant lui. Elle se glisse finalement sous les draps, tournant le dos à la porte de la chambre, et se laisse border par Fred. Il éteint la lumière en lui souhaitant bonne nuit. Elle sabstient de répondre. Lorsque les pas se sont éloignés depuis longtemps et quelle nentend plus un bruit dans la maison, Morgane se relève en cachette et va soulager sa vessie dans le bidet en prenant garde de ne pas trop faire grincer le plancher. De retour au lit, elle glisse vite dans un profond sommeil sans rêves.

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