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La meurtrière était nue – Chapitre 1




Il y eut dabord ce rêve étrange, rémanent, dune femme nue conduisant à vive allure sa voiture sur une route torturée quon eût dit de montagne, une femme dont le visage restait imperceptible au rêveur qui nétait autre que le célèbre inspecteur Biancettini de la criminelle. Puis il y eut ce drôle de crime qui lui occulta jusquaux souvenir du rêve : le richissime Pierre Almovard venait de se faire assassiner. On avait retrouvé sa voiture explosée en contrebas dune falaise à quelques kilomètres de la superbe villa quil venait dacquérir à lentrée des Alpes. Après analyse des décombres, il savéra que les freins avaient été sectionnés.

  Lenquête resta des semaines sans développement. Les tergiversations succédèrent aux tergiversations, les égarements aux fausses pistes, avec pour tout indice la photo dune femme cul nu et sans visage retrouvée bien cachée dans un tiroir de la villa et au dos de laquelle il était inscrit « si tu me quittes je te tue ». Puis un témoin sortit de son mutisme et les soupçons purent de nouveau vagabonder pour finalement se fixer sur trois personnes : deux étaient des femmes connues par Almovard à un moment ou lautre de son existence et avec lesquelles il avait conçu des liens que lon pouvait difficilement qualifier de ténus ; lautre, sa fille adoptive au sujet de laquelle circulaient des bruits comme quoi lentente entre elle et son père sétait dernièrement ternie. Leur déposition ne permit toutefois pas dasseoir la culpabilité de lune ou de lautre. A la fameuse question « Ou étiez-vous entre… » fusait une réponse qui donnait à chacune un alibi moyennement convaincant. Et puis il y avait le mobile! Quel pouvait-il être? Pour sortir de la panade linspecteur Biancettini eut une idée. Il convoqua les suspectes à la villa Almovard, les fit mettre nues et leur demanda dattendre dans une pièce attenante à la sienne. Une seule avait pu commettre ce meurtre innommable et il était persuadé den connaître lidentité. Une simple intuition qui ne reposait sur rien de concret car, tant les indices découverts sur le lieu du crime que les dires du témoin qui affirmait avoir vu une femme nue, tourner autour de la voiture de la victime quelques heures avant l « accident », accusaient indifféremment lune ou lautre. Biancettini était cependant convaincu quil suffissait daccorder un visage au derrière de la photo pour découvrir la coupable. Almovard était connu pour ses frasques érotiques et tout dans ce crime désignait des gestes de femme. Linspecteur avait ingénieusement décidé de mettre son intuition à lépreuve dans une sorte de quitte ou double. Pour ce faire, il avait laissé le bruit se propager que le témoin en savait plus quon ne lavait laissé dire par la presse. Le piège ainsi tendu, il pouvait tenter une confrontation de visu qui pousserait peut-être la meurtrière à se découvrir. A son ordre, les trois femmes entrèrent complètement nue dans la pièce avec des bas résilles et sapprêtant à mettre des gants noirs jusquà mi-bras. Telle en fait quelle était apparue au témoin. Biancettini gardait la photo comme ultime carte dun jeu qui avoisinait le bluf.

La première, qui répondait au prénom dAnne-Claude et dont la beauté du corps trahissait à peine quelle pût avoir un âge, navait plus rien de la jeune fille mais tout de la femme. Sa carte didentité disait : ……Anne-Claude, née à X… ; elle avait 28 ans et était dorigine française. Son visage à linstar de son corps était superbe. Cétait la dernière conquête dAlmovard. Elle affichait lair hautain et narquois des gens qui ne se sentent pas concernés. Tout en regardant linspecteur elle roula sa langue sur ses lèvres et se donnait des allures de friandise. Linspecteur lui porta une vive attention. Elle avait comme on dit un beau cul, quoique certains leussent préféré moins imposant. Ses cheveux rejetés sur larrière, étaient bruns et reposaient harmonieusement leurs ondulations sur ses épaules. Son corps taillé dans le rose de la luxure était dune générosité contenue bien que très présente, pulpeux comme le fruit qui atttend dêtre mangé. A souhait le décor soulignait la moindre de ses courbes et en accentuait le rose. Si le désir avait un prénom cétait asssurément le sien. Elle avait lui pendant au cou un collier bleuté.

La seconde, plus timide mais tout aussi nue, se nommait Sandrine et bien que plus menue, moins raffinée et plus jeune quAnne-Claude, il nempêchait que son charme se mesurait au printemps et que ça lui allait bien. Sa pudeur lui avait fait mettre son masque des mauvais jours ; un masque que devait à coup sûr méconnaître son amant. Elle avait travaillé comme femme de ménage dans lancienne villa dAlmovard. Une relation qui, à ce quon disait, avait très vite dépassé le cadre purement professionnel et sétait terminée il y a trois mois dun commun accord.

    Quant à la troisième, Patricia, la fille adoptive dAlmovard, qui avait dabord refusé de se mettre à poil prétextant dun rhume, elle avait finalement accepté de se dévêtir apparemment excitée à lidée de tous ces hommes la reluquant. Biancettini ne pouvait sempêcher de la regarder et de penser que deux ans plus tôt il avait été lamant de cette beauté. Car elle était belle Patricia Almovard. Elle ressemblait à sy méprendre, bien qu’un rien plus cossue, à cette femme dont le corps dépouillé dartifices sétait affiché il y a peu à la une dun magazine érotique bien connu : les mêmes cheveux blonds, la même longueur des jambes, peut-être le même âge : 23 ans. Leur liaison avait été courte, le temps dune cigarette pourrait-on dire, mais elle lui avait laissé de tels souvenirs quil lui avait été impossible de loublier… Et aujourdhui, les voici de nouveau face à face.

A la demande de linspecteur, les trois jeunes femmes se mirent en ligne quand le témoin entra. Celui-ci après quelque peu de tergiversation demanda que les trois suspectes se débarrassent de leurs artifices.

Si Sandrine et Patricia se soumètèrent à la demande le geste presque gêné, Anne-Claude se distingua par des gestes plus colorés voire provoquant : elle roula du postérireur tout en faisant tomber ses bas. Elle jouait de son corps comme dun instrument parfaitement accordé aux tendres délices de la chair et la musique quil remettait invitait tantôt à la luxure, tantôt à loutrage.

Pour ôter ses bas résilles avec plus de facilité Anne-Claude se coucha voluptueusement sur un canapé-lit ouvert et drapé de jaune. La jeune femme frétilla encore de lépiderme, se frottant les pieds lun contre lautre et mis une fois encore lexergue sur son postérieur dont elle tirait assurément fierté. Elle lança aux policiers « Avouez que mon postérieur vous excite ! » La réponse navait pas à être exprimée : elle se trouvait dans la bosse ample de leurs pantalons. Biancettini jeta un il comparatif sur la photo : le doute nétait pas permis. Biancettini tendit la photo à Anne-Claude qui dun coup se départit de son air provocateur. Un tressaillement important fut signe de sa culpabilité. « Ceci vous appartient je crois !» Oui elle avait commis ce meurtre, Pierre avait menacé de la quitter, non elle ne se rendrait pas à la police. Profitant alors du geste indécis de linspecteur Biancettini qui voulait lui passer les menottes, Anne-Claude lui porta un solide coup de pied au niveau des parties et courru dehors. Rien ne sert de gémir, il faut senfuir à poil. « Il faudra dabord mattraper », lança-t-elle à linspecteur avant de continuer sa fuite en direction de sa voiture

"Trahie par mes fesses, quelle ironie ! Jamais je ne mettrais un pied en prison ! Vite fuyons !" pensa-t-elle tout en dirigeant sa course.

Elle sinstalla toute nue au volant, les seins plus ronds et tendus que jamais et les fesses à lair et démarra sur les chapeaux de roue tel un fauve apeuré.

Linspecteur réquisitionna une voiture de police dans linstant. Patricia insista pour laccompagner dans la poursuite et ils eurent tôt fait de rejoindre la fuyarde.

Lune suivant lautre les deux voitures se frayèrent une voie difficile sur les chemins boueux. Bientôt elles furent hors des campagnes. Dès lors lallure saccentua.

Lune suivant lautre les deux voitures se frayèrent une voie difficile sur les chemins boueux. Bientôt elles furent hors des campagnes. Dès lors lallure saccentua.

"Elle prend la route des falaises ! Elle va beaucoup trop vite !" s’inquieta l’inspecteur.

Après quelques kilomètres dune poursuite endiablée, Anne-Claude jeta un il dans le rétroviseur et y vit la police un peu moins proche.

"Ha Ha je commence à les semer ! Vous ne maurez jamais toute nue !!" se réjouit Anne-Claude encore toute excitée.

La poursuite reprit de plus belle. Les virages se succédaient maintenant à une vitesse folle et les pneus crissaient à lenvi.Le paysage passait de bucolique à rocailleux à mesure que les voitures escaladaient le bitume.

Pour Biancettini tout était maintenant clair, voire même limpide. Anne-Claude avait dû quémander un dernier rendez-vous et avait offert à Almovard tout ce quil désirait, autorisant sa peau à répondre à tous les délires de son partenaire. Almovard qui nétait plus de première jeunesse avait dû finir par sendormir. Anne-Claude était alors sortie pour mettre son odieux plan à exécution et cisailler les freins de la voiture de ce dernier. Ne sachant la lourdeur de son sommeil et ne voulant prendre aucun risque, elle était alors sortie nue et dans la précipitation navait pas fait attention au témoin qui allait aider à la confondre. « Regardez, fit Biancettini à Patricia. Cest ici que la voiture de votre père est tombée, dans cette courbe de la route qui longe la falaise. » « Cest sacrément haut ! « reprit Patricia dun air triste.

Biancettini émit soudainement un rugissement de surprise en voyant la voiture dAnne-Claude se déporter, riper, cahoter dangereusement. « Elle a prit le virage trop vite, sexclama-t-il, en ralentissant. »« Vous voulez dire quelle va dans le décor, oui ! jubila Patricia qui commençait à sexciter. Elle va droit se jeter dans le ravin »Et en effet Anne-Claude avait présumé du virage et dans sa hâte à fuir lavait entamé à trop vive allure.

Elle monta sur ses freins en vain La voiture alors complètement déséquilibré, comme ivre, commença à zigzager dun bas côté à lautre. Anne-Claude, la tronche effarée, tenta une dernière fois de corriger la trajectoire folle de son véhicule avant de se résigner en un hurlement deffroi. La voiture continua à tout allure sa course désordonnée pendant quelques mètres avant de se perdre dans le profond ravin accompagné des hurlements de limpudique criminelle qui trouvait là une fin tonnante à la mesure de son crime.

Linspecteur freina à lendroit où lauto poursuivie venait de basculer. Il accompagna Patricia sur le bord de la falaise. Les gravillons de la route portaient la trace noire des pneus bloqués à lultime seconde. Tous deux se penchèrent. La voiture qui nétait plus quun amant de tôle reposant inerte sur les rochers décida de ce moment pour exploser dans un brouhaha indescriptible.

— Quelle mort atroce et toute nue en plus, fit remarquer Biancettini, une bosse à nouveau naissante dans le pantalon, le plus extraordinaire est quelle sest tuée juste à lendroit où, renchérit-il.

Le destin à sa propre justice quil ne faut pas discuter, commenta Patricia sèchement.

*

Quand Linspecteur Biancettini rentra chez lui, ce fut dabord pour se reposer. Il avait eu de la chance cette fois. Il se demandait ce qui avait bien pu conduire Anne-Claude au meurtre. La jalousie ? Le dépit ? Non l’argent ! Largent est toujours le mobile. Anne-claude en épousant Pierre Almovard épousait également une fortune colossale se dit-il en buvant un verre de cognac. Puis il se rappela ce rêve quil avait fait maintes fois et qui lui revenait à la mémoire seulement aujourdhui ; ce rêve dune femme nue dans sa voiture. Et enfin il comprit doù il tenait lintuition qui lui avait permis de résoudre lenquête. A quoi ça tient parfois, pensa-t-il au demeurant peu perturbé, sur quoi il se servit un autre verre de cognac…

    Fin

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