Avertissement :

Ce chapitre ne contient aucune scène de sexe, à peine quelques allusions, et poursuit une visée avant tout scénaristique. Je tâcherai de m’y référer au minimum dans les chapitres qui suivront afin que quiconque puisse passer outre celui-ci; néanmoins, il est évident que j’y ferai malgré tout allusion, et j’invite donc ceux que quelques minutes de lecture sans scène de sexe ne rebutent pas à le lire.

Par ailleurs, malgré son ton quelque peu pompier, je signale d’emblée que ce chapitre est à lire sur le mode de la parodie, et non de façon trop sérieuse, comme tout le reste de mon récit, d’ailleurs.

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Doucement, Jessica ferma la porte et séloigna de la villa avec pour seule lumière le clair de lune. Dès quelle fut assez éloignée, elle pianota un numéro sur son téléphone et le porta à son oreille, attendant tandis que le bruit de la tonalité ségrainait dans la nuit.

« Qui est-ce, et quest-ce qui vous prend de téléphoner à une heure du matin, répondit une voix grave et rauque. Ça a intérêt à être important.

-Qui-suis-je ? Simplement la fille de la femme que vous avez violée, toi et tes crevards de potes ! dit Jessica dune voix tremblante. Je sais qui vous êtes, Patrick, et ce que vous avez fait. »

En effet, avant de quitter la chambre de sa mère, Jessica avait fouillé dans le téléphone de celle-ci afin den retirer le numéro de Patrick. Elle revint ensuite dans sa chambre et hésita de longues minutes, allongée sur son lit quant à ce quelle allait faire désormais. Finalement, elle se décida à téléphoner à lamant de sa mère, enfila un peignoir posé près de son lit et sorti le plus loin possible de la villa afin de composer son numéro.

Il y eut un long silence, il semblait même que la nature se tut dans lattende de quelque bruit provenant du téléphone.

« Comment peux-tu savoir ce qui sest passé ?

-Elle sest effondrée en larmes et fut forcée de mexpliquer ce que vous aviez fait. Alors maintenant

-Attends, la coupa-t-il, elle ne ta surement pas dit ce quelle me devait et pour quelle raison elle avait accepté lorsque je lui ai proposé. Mais cest vrai, je poursuivit-il dune voix presque mièvreuse, jaurais pas dû. Mais vraiment, dans nos ébats, il y avait de lamour, ta mère est une femme formidable, vraiment, je la respecte beaucoup"

Jessica buta quelques instant à lidée que sa mère put avoir un amant durant tout ce temps sans même quelle ne put sen douter, mais elle reprit aussitôt, désormais colérique :

"Tellement formidable et respectable que tu offres son cul à tes connards de potes ?

-Jétais tenu, cest vrai, je ne pouvais pas faire autrement, je jaurais adoré avoir une alternative. Ils étaient deux, et je leur devais beaucoup, je navais pas le choix mais javais seulement proposé quEmma leur fasse une fellation, et ils mavaient promis quils seraient doux et courtois avec elle, cest vrai je ne pouvais vraiment pas savoir ce quils feraient, et je suis tellement désolé, tu sais, je regrette tant.

-Oh, cest vrai, tu es vraiment une victime dans cette affaire. Non vraiment je te plains, tu veux un paquet de mouchoir, aussi ? Fit Jessica, dont lexpressivité mêlait ironie et colère.

-Je te comprends, je nai pas dexcuse, non, vraiment pas dexcuse. Mais jaimerais pouvoir texpliquer, je suis certain que tu comprendrais. Tu ne veux pas quon se retrouve quelque part pour en discuter ? Vraiment, tu ne risques rien, et je suis sûr que tu comprendrais.

-Non mais ça va pas, espèce de malade ! Laisse ma mère tranquille à partir de maintenant, point. Hurla Jessica en éteignant le téléphone. »

Alors quelle se dirigeait vers la villa, le cur de la jeune fille se mit à cogner contre sa poitrine. En effet, il semblait que sa mère était liée à Patrick par un chantage dont elle ignorait la nature. Et si celui-ci était si fort quelle ne pourrait sans défaire ? Pire, et si Jessica, en se mêlant de cette affaire alors que sa mère le lui avait défendu, avait aggravé la situation ? Elle imaginait Patrick, continuant à faire chanter Emma et usant de ce prétexte pour être encore plus cruel avec elle. Dun coup, elle eut si peur quelle regretta de sen être mêlée. Dans lignorance de ce quil lui fallait faire, elle séloigna à nouveau de la villa et rappela Patrick.

« Écoute, commença Jessica, jaccepte de te rencontrer, mais à deux conditions : primo, cela se fera au cur du village qui se trouve à côté de notre villa, je veux pouvoir hurler au secours au cas où; secundo, en échange, tu dois me jurer de laisser ma mère tranquille.

-Oui, oui, bien sûr, cest entendu, tu sais, je regrette, je veux seulement que tu comprennes bien que je nai pas fait ça de gaieté de cur, que tu saches que je ne suis pas quun connard. »

Jessica mit rapidement fin à la discussion et rentra à la villa pour mettre des vêtements décents. Dans sa chambre, elle enfila un jean, ainsi quun tee-shirt et un pull sous un léger manteau. Elle resta ensuite quelques instants, assise sur son lit et regrettait vivement de sêtre mêlé de cette affaire. Évidemment ce Patrick était quelquun de dangereux et jamais elle naurait dû accepter ce rendez-vous. Jessica voulut le rappeler pour annuler, mais elle songea à sa mère et se dit quil était de son devoir de faire quelque chose pour elle. Elle prit donc une grande respiration en refermant la porte sur son passage et séloigna de la villa, en direction du chemin qui menait au village.

Sur la route, elle se tenait sur ses gardes, sapprêtant à courir si quelque bruit étrange venait la troubler. Le trajet se déroula finalement sans problème, néanmoins, lorsquelle fut arrivée sur la place, elle se remit à douter. Cet homme cherchait sans doute simplement à faire disparaitre un témoin gênant. La tête pleine dimage denquête des séries policières, la jeune fille décida de rentrer chez elle à toute vitesse lorsquelle aperçut une silhouette savancer vers elle. Se sachant coincée, elle attendit que la silhouette soit à plusieurs mètres pour lui sommer de sarrêter.

« Je ne te veux aucun mal, ne crains rien, dit Patrick dont Jessica reconnu la voix, regarde, poursuivit-il en fouillant ses poches, je nai absolument rien dautre que ce bout de corde dont tu peux te servir pour me ligoter les mains, si tu le souhaites. »

Il lança la corde juste devant la jeune fille qui la ramassa. Lidée de savoir ses mains liées rassurerait effectivement Jessica, mais elle craignait un piège. Ainsi, elle lui ordonna de saccroupir et de tendre les mains le plus loin possibles derrière son dos, en lui précisant quelle nhésiterait pas à le mettre à terre sil faisait quelque geste brusque. Patrick sexécuta, et très doucement, la jeune fille sapprocha pour lui attacher les mains. Tout se passa comme prévu, et lorsque ce fut fait, lhomme proposa à Jessica de se mettra à la lumière dun réverbère afin quelle puisse au mieux observer ses mouvements. Lorsquils furent ainsi éclairés, Jessica put voir la face de cet homme quelle détestait tant. Il était absolument charmant : des yeux bruns, très clairs, un front large recouvert par deux courtes mèches de chaque côté et surtout un sourire qui semblait si tranquille désemparaient la jeune fille tant ils dénotaient avec la situation sordide dans laquelle tous deux se trouvaient.

Jessica, désirant en finir, prit la parole fermement mais sans lassurance quelle avait au téléphone.

« Maintenant que je suis là, est-ce que tu vas mexpliquer ce que tu me veux ?

-Oui, oui, bien sûr. Jignore ce que tas dit ta mère, mais je pense quil vaudrait mieux que je te confie également ma version.

-Oh, elle men a dit bien assez, que vous et vos copains lui roulaient dessus à loccasion, quand bon vous chantait.

-Cest faux ! Enfin, pas tout à fait vrai. Toutes nos relations avec ta mère sont parfaitement consentantes. Tu ne me croiras sans doute pas, mais jaime ta mère, et je pense quelle éprouve la même chose. En fait, nous sommes restés amant durant des années et, sans métendre sur des détails qui ne devraient pas tintéresser, nous étions heureux tous les deux. Je laimais, oui, vraiment, je laimais.

-Ah, fit Jessica, et vos amis qui lui sont passés dessus laimaient aussi vraiment ? Je suis heureuse que vous ne maimiez pas, sans quoi je pourrais avoir mal aux trous.

-Je ce nétait pas des amis. Tu sais, je ne voulais vraiment pas que ça se passe comme ça »

Elle nen était pas sûr, mais il sembla à la jeune fille quune larme coula sur la joue de Patrick

« Jai été stupide, poursuivit-il. Il y a deux ans, jai déménagé dans le sud pour mon travail, et nous nous trouvions avec ta mère dans limpossibilité de poursuivre notre relation. Bien que cela nous en coûtait, nous avions accepté cette situation. Seulement, deux ans plus tard, ni elle ni moi ne parvenions à oublier lautre.

-Quel rapport, linterrompit la jeune fille avec tes potes qui se sont tapé ma mère ?

-Jy viens, patience, il te faut tous les éléments pour juger. Dans lespoir dune retrouvaille donc, je lui ai proposé de passer, avec vous, des vacances ici. Elle accepta, bien sûr, mais élever deux enfants avec son seul salaire, même avec les allocations, était difficile pour elle, et elle ne pouvait donc pas passer ici des vacances, à moins déconomiser durant deux ans. Cette idée métant insupportable, jai décidé demprunter de largent, beaucoup dargent car je voulais que vous logiez un endroit des plus luxueux. Jai donc emprunté, non à une banque avec lesquels javais eu plusieurs problèmes, mais à deux hommes dont les intérêts étaient bien moindres et lemprunt moins compliqué, deux hommes, de plus, qui mavaient été recommandé par un ami pour leur efficacité. Jai été stupide, je naurais jamais dû.

« Sils mont effectivement prêté largent en mai, en mexpliquant que nous arrangerions le remboursement quelques mois plus tard, ils ont exigé de moi que je leur rembourse la moitié de la somme pour la fin de juillet. Je ne pouvais évidemment pas, et cest là que jai compris quils avaient les moyens de me forcer à rendre ce que javais emprunté. En effet, je leur avais parlé de ce que je comptais faire de largent, et ils étaient donc au courant de votre venue dans les environs. Ils ont donc menacé de sen prendre à vous si je ne leur rendais largent. Mais bien sûr, je ne lavais pas, alors je ne le pouvais. Cest là quils mont fait une proposition : ils acceptaient déchelonner la dette sur les six prochains mois, à condition que la femme que javais fait venir dans le sud leur fasse une fellation. Jai bien sûr refusé, mais les jours passant, dans limpossibilité de trouver cet argent et dans lanxiété, surtout, quils puissent vous faire du mal, à ta mère, ton frère ou toi, jai dû accepter.

« Jai donc demandé à Emma quelle le fasse, il ne pouvait être autrement, et elle a bien sûr refusé. Jai jai donc dû utiliser le chantage pour quelle accepte. Je me disais, juste une fellation, peut-être que ce ne serait pas si terrible, jignorais quils iraient plus loin, vraiment. Je je sais que je naurais pas dû, je regrette tellement, mais jétais bloqué. »

A ces mots, Patrick lâcha quelques sanglots et le cur de Jessica se serra, pour sa mère, dabord, qui avait dû endurer cela, mais aussi pour Patrick, bien quelle ignorait encore sil fallait accorder du crédit à cette histoire. Cependant, une idée lui trottait dans la tête depuis quelle avait appelé Patrick, et elle se hasarda à une question.

« Ce chantage, dont tu parles, de quel ordre est-il ?

-Je ne peux ten parler, répondit lamant de sa mère après une longue hésitation, car il concerne toute votre famille. Ta mère, peut-être, te lexpliquera un jour, mais pour linstant, sil te plait, laisse cette question sans réponse. »

Devant ce flot de révélations, Jessica ne sut que penser. Dun côté, lhistoire de Patrick paraissait vraisemblable, et il semblait vraiment saisi démotion en la racontant; de lautre, il avait pu préparer ce numéro et, même sil fut vrai, ce quil avait fait à Emma était impardonnable. La jeune fille fut tirée de ses songes par la voix de Patrick.

« Je ne te demande pas de croire à ce que je tai dit, Jessica, et encore moins que tu éprouves quelque sympathie à mon égard, je voulais simplement que tu connaisses toute lhistoire avant de me juger. Sans doute dois-tu te poser mille et une questions, malheureusement il se fait tard, déjà, et nous devrions rentrer. Puis-je seulement te demander de ne pas parler de cette nuit à ta mère ? Non pas que jaurais peur quelle récuse ce que je tai dit, mais je souhaite simplement lui parler avant. Je ne tordonne rien : si tu souhaites lui en parler, fais-le, mais tu me rendrais un fier service en me laissant tout dabord discuter avec elle.

-Je je verrai bien, répondit mollement Jessica »

La jeune fille, toute estomaquée quelle était, ne dit plus rien jusquà ce que Patrick lui demanda de défaire ses liens afin quil puisse partir. Elle hésita quelques secondes, puis les défit. Lamant de sa mère, alors, la salua et, comme si de rien était, sen fut vers lextérieur de la ville. Jessica en fit de même quelques minutes après.

Sur le chemin du retour, elle convint que de parler à sa mère de la nuit quelle avait passé était une mauvaise idée, en tout cas dans létat actuel des choses, mais de lautre côté, cétait accorder du crédit au récit de Patrick, récit dont elle doutait toujours de la véracité. Peinant à voir clair dans le flot de pensées qui encombrait son esprit, elle décida finalement de sen remettre au lendemain, afin que le sommeil puisse léclairer.

A la villa, elle referma la porte aussi doucement quelle lavait ouverte, grimpa le plus discrètement possible lescalier et gagna sa chambre pour rejoindre les bras de Morphée, enfin, au terme dune nuit pour le moins mouvementée.

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