Fred sait tout de ce qu’il s’est passé. Aline le lui a raconté. Mais, entre nous, nous n’abordons pas cette histoire. Chacun de nous préfère agir comme si rien ne s’était passé. Cependant, l’ambiance, lorsqu’on se voit, est plus calme. Nos blagues nous font moins rire et surtout, nous attendons de savoir.
Les jours passent, nous sommes trois anxieux à attendre de savoir, puis d’être certains. Mais, après un mois, il n’y a plus aucun doute : elle n’est pas enceinte, ça n’a pas fonctionné et depuis plus d’une heure, nous sommes trois cons qui n’osons pas ouvrir la bouche. Je me lève pour me servir un quatrième rhum coca. Aline me suit, elle a la main lourde avec l’alcool. Nous avons tous les trois l’envie de nous bourrer la gueule à en être minables derrière.
Et puis, je lance :
– Bon. En ce qui me concerne, je continuerai à vous aider. La décision est de votre côté.
Ils se regardent. Aline attend l’avis de Fred. J’ajoute sur le ton de la plaisanterie, histoire de faire un peu tomber l’atmosphère pesante qui règne :
– Et puis, il parait que c’est la première fois la plus difficile.
– T’as raison. Je pense qu’Aline et toi devez réessayer. Et puis, ça ne peut pas arriver du premier coup ce genre de chose. Si ça se trouve, on s’est planté dans les dates. A un jour prêt et Aline ? T’en penses quoi ?
– Je ne suis pas contre.
– A quoi penses-tu ma chérie ? Tu as l’air soucieuse.
– Je me disais que je voudrais que ça fonctionne cette fois, et qu’il faut qu’on mette toutes les chances de notre côté un seul rapport ne me semble pas suffisant.
Je ne peux m’empêcher de sortir en rigolant :
– Tu proposes qu’on baise comme des lapins pendant une semaine, matin midi et soir ?
– Peut-être pas pendant une semaine mais pendant trois ou quatre jours durant la période de fécondité, oui.
Là, je n’ai plus du tout envie de rire et bois mon verre d’un trait avant de me resservir. Aline reprend :
– Fred, ça sera transparent pour toi. Ça tombe durant la semaine où tu seras à ton séminaire.
– Ouais c’est une bonne chose ça je par contre, cette fois, ne me raconte rien, d’accord ?
– Promis. Et lorsque je serai enceinte, on oubliera tout ça.
– On aura ce qu’on attend depuis si longtemps. Ça me va putain, je ne pensais pas que ça serait si difficile. Mais, ça en vaut le coup, pas vrai ?
– Et toi ? Ça te va ? Je ne prends pas beaucoup de place, tu verras.
– Tu veux dire que tu vas habiter chez moi ?
– Je te ferai ta lessive, tes courses, de bons petits plats.
– Putain, ça va me changer d’avoir une gonzesse à temps plein chez moi. Je ne sais pas si je vais réussir à supporter.
– Ça passera vite. Tu n’auras pas le temps de t’habituer à ma présence.
J’espère bien que cela va passer vite. Elle a débarqué chez moi il y a environ deux heures et tout se passe bien jusque-là. Mais c’est le moment d’aller procréer. Elle m’attend dans le lit, je n’ai aucune envie de la rejoindre. Je me fais violence, je la trouve comme la dernière fois sous les draps, au moins aussi stressée.
Je m’assois sur le bord du lit, à côté d’elle, restant habillé, et je lui dis :
– Ça ne fonctionnera pas.
– Mais, il le faut.
– Aline, sérieusement, tu n’en as pas plus envie que moi. Il faut qu’on prenne plus notre temps, qu’on arrête de stresser parce que ça en devient ridicule.
– Je sais, mais je n’y arrive pas. J’ai l’impression de tromper Fred. C’est quoi ton idée ?
– Je ne sais pas si ça va fonctionner, mais, ce soir, on ne fait rien. Faut qu’on accepte chacun le corps de l’autre, qu’on n’en ait plus peur. Faut qu’on s’amuse. Et même si ce n’est pas le but, il faut qu’on y prenne du plaisir.
– Je suis d’accord avec toi, mais on fait ça comment ?
– Déjà, tu sors du lit, et on passe le reste de la soirée à poil l’un devant l’autre.
– T’es sérieux ?
– Ho que oui. On peut se mater un film si tu veux. Je vais nous servir un truc fort à boire, et il me reste quelque part une cigarette qui fait rire.
– Je ne suis pas certaine que
– Allez, bouge ton cul et sors de ce lit.
Ce n’est finalement pas si facile d’être nu devant elle, bien plus difficile que je ne l’imaginais malgré qu’on ait déjà couché ensemble. Elle n’est pas plus à son aise. L’alcool aide à nous désinhiber, la cigarette qu’on partage aussi. Et nous nous retrouvons assis l’un contre l’autre comme si de rien n’était, à se raconter des conneries comme nous le faisions avant cette histoire.
– Hey, c’est quoi le pire coup de ta vie ?
– Le pire ? Ah ça non, je ne te le dirai jamais.
– Je sais que Fred le connaît, mais il ne veut rien me dire non plus. Si je te dis le pire pour moi, tu me raconteras ?
– Pour être franc, Aline, je préfèrerai que tu me racontes ton meilleur coup.
– Je ne peux pas.
– Pourquoi ? Je connais le type ?
– Oui.
– Ok, alors dis-moi pourquoi ça a été ton meilleur coup.
– Tu fais chier ! Ok, je te le dis : il a su me faire grimper aux rideaux comme personne avant lui, ni après depuis.
– Ah ouais. J’aimerai bien voir ce que ça donne. Et, pour être franc, lorsqu’on l’a fait, j’ai eu un moment l’impression que tu ne simulais plus. Désolé, mais ça me travaille et j’aimerais savoir.
– Je m’en veux tellement.
– Pourquoi ?
– Parce que je n’ai rien eu besoin de simuler avec toi. Et aussi j’aimerai ressentir ça à nouveau, mais ça me donne également l’impression de je ne l’ai pas dit à Fred, il a déjà mal pris qu’il y ait eu plus que de la pénétration vaginale.
J’ai certainement trop bu, j’ai certainement l’esprit trop embrumé et je ne fais plus attention à ce que fait Aline. Je reste sur ces dernières paroles qui me font un drôle d’effet jusque jusqu’à ce que je me mette à bander alors qu’elle est en train de me masturber avec mon gland dans sa bouche.
– Aline, tu fais quoi ?
– T’as dit qu’il fallait qu’on s’amuse et qu’on prenne du plaisir et je sais que tu aimes les fellations.
– Oui, mais
– Il n’y a pas de mais. Par contre, ne t’attends pas à ce que j’avale.
– Ok J’ai une sorte de doute là, et heu c’est qui ton meilleur coup ?
– C’est toi.
J’aurais aimé qu’elle me dise n’importe quel prénom, qu’elle me dise même que je suis le mec le plus horrible du monde. Et en même temps, je sens une sorte de fierté, une fierté malsaine. Mon esprit divague. Je sais qu’il faut que je la repousse, mais je n’y arrive pas. Ce n’est pas bien, nous dépassons les bornes, nous franchissons les limites. Et en même temps, le fait que ce soit Aline qui me suce m’excite davantage. Je ne comprends pas ce qu’il se passe dans ma tête, je ne sais pas ce qu’il se passe dans la sienne. Je laisse faire, simplement faire sans réfléchir.
– Aline, je vais jouir.
Mais pas de réponse de sa part, si ce n’est qu’elle me suce plus franchement encore. Je tente de me retenir le mieux que je peux, lui laisser une chance de se retirer trop tard. J’éjacule, je l’entends déglutir, encore déglutir jusqu’à ce que plus rien ne sorte.
– Tu as avalé.
– Faut croire. Je n’aime pourtant pas ça, mais j’ai eu envie Fred n’aime pas que je le suce. Il n’aime pas grand chose en fait. C’est si frustrant.
– Aline, je préfère ne pas savoir.
– Oui, je comprends. Je vais me coucher. Bonne nuit.
– Bonne nuit.
Je me couche à mon tour, plus tard, bien plus tard, elle dort. Je suis resté sur le canapé à tenter de faire le vide dans ma tête. Mais, une petite voix n’arrêtait pas de me dire que je n’aurais jamais dû accepter, que cette histoire de bébé ne me concernait en rien. J’ai culpabilisé, je culpabilise encore.
J’ai besoin de réconfort, je ne sais même pas pourquoi. Je me colle à elle, je me colle à son corps nu, l’enlace. Je suis allé peut-être trop brutalement, je la sens se réveiller. Sans rien dire, elle me prend la main et la plaque contre l’un de ses seins, ma verge est contre son bassin, elle se met à durcir. Tout se fait dans le silence, mon gland entre en contact avec l’entrée de son vagin. Est-ce moi qui essaie d’y entrer ? Est-ce elle qui veut que j’y entre ? Nous deux peut-être ? C’est chaud dedans et humide, si agréable. Le silence se brise, elle respire de plus en plus fortement. Son souffle court laisse place à des gémissements. Je ne tiens déjà plus, je jouis en elle.
Je devrais maintenant me retirer, me mettre de mon côté du lit, mais je n’y arrive pas. Je reste contre elle. Je m’endors la tenant dans mes bras.