Lors du rangement consécutif à un déménagement, j’ai retrouvé ce roman publié en 1970 et introuvable aujourd’hui dans le commerce.
Je ne pense pas qu’il soit jamais réédité car plus très conforme à la morale des années 2000 !
On peut toutefois encore trouver 3 exemplaires d’occasion sur la toile
Mon exemplaire n’est pas en très bon état et je ne souhaite pas que ce texte disparaisse. Je l’ai donc numérisé, ai corrigé quelques coquilles d’impression et erreurs de traduction et vous le propose aujourd’hui
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Le gaz
Charles PLATT (né à Londres en 1945, naturalisé américain après 1970)
Titre original : The Gas, 1970.
Traduction de François LASQUIN.
Editeur SAGITTAIRE, Collection Contre-coup.
Les Editions du Sagittaire ont été fondées en 1920. Après la guerre, elles deviendront successivement la propriété des Éditions de Minuit, du Club français du livre puis de Grasset-Fasquelle qui tentera de les relancer dans les années 70.
La dénomination a été reprise en 2000 par une association de formateurs et d’enseignants. La Collection Contre-coup, créée en 1975, arrêtée en 1977.
Paru en France sous le titre Plein gaz au 2ème trimestre 1977.
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1
En piquant la Rolls-Royce, Vincent avait commis sa première erreur.
Il aurait pu jeter son dévolu sur la MG, la Cortina, la Lotus Elan ou la Volkswagen. Leurs propriétaires étaient morts : il ne volait personne.
Mais non. Il avait fallu qu’il choisisse la Rolls.
Une heure plus tard, il avançait à grand-peine dans le dédale de chemins creux du Devonshire, au volant de l’encombrante machine dont il maudissait la direction trop lâche, la suspension trop molle et les reprises languissantes. Il était sûr que la Rolls l’amènerait jusqu’à Londres sans anicroches. Mais arriver trop tard serait peut-être pire que de ne pas arriver du tout.
Vincent alluma la radio, et les deux haut-parleurs jumeaux inondèrent de musique la luxueuse bagnole. Les doigts pianotant sur le volant il lança le lourd engin dans une belle et gracieuse courbe le long d’un virage. Des arbres et des haies filaient à toute allure, des deux côtés de l’étroite route de campagne.
Il jeta un coup d’il dans le rétroviseur. Derrière lui, le ciel était tout teinté de jaune. Il aurait aimé croire que cette couleur était celle du soleil couchant, déjà proche de l’horizon. Hélas ! il savait trop bien ce que ça voulait dire.
Il reporta son attention sur la route devant lui. Il entamait une montée. Au sommet, il vit une silhouette solitaire, debout, un bras tendu, pareille à un épouvantail manchot dans la lumière spectrale du jour finissant. On aurait dit un auto-stoppeur.
Vincent fronça les sourcils. Qui pouvait être assez naïf pour espérer trouver une voiture sur cette route déserte, à une heure si tardive ?
En s’approchant, il vit que l’épouvantail était une jeune femme blonde, vêtue d’un pull-over de grosse laine qui lui collait au corps et d’un blue-jean moulant, et tenant à la main un petit sac de toile en forme de boudin.
Son premier mouvement fut de la dépasser sans même ralentir. Il était vraiment trop pressé.
Puis il se dit qu’il lui rendrait un fier service en lui faisant quitter la région. Il jeta un nouveau coup d’il à la brume jaunâtre qui voilait le ciel derrière lui. Si ses estimations étaient correctes, il se pouvait même que le seul moyen de sauver la vie de la blonde inconnue fût de la prendre en stop.
Il écrasa la pédale du frein, et les pneus de la Rolls mordirent en hurlant sur l’asphalte. Il s’était arrêté assez loin en avant de la fille. Il se retourna et la vit courir vers lui à travers le pâle nuage de fumée bleuâtre qui montait de ses pneus brûlés.
Elle courut jusqu’à la portière, les seins bondissant sous son chandail épais, les cheveux dans les yeux, traînant son sac derrière elle dans la poussière.
Oh, merci ! Vous êtes merveilleux ! haleta-t-elle en tirant vers elle la lourde portière et en s’affalant à côté de Vincent sur la banquette de cuir crème. Il y a des heures que je fais le pied de grue…
Fermez la portière ! aboya Vincent.
La fille leva vers lui des yeux interloqués. Voyant son air revêche, elle se détourna et tira la poignée. La portière n’avait pas encore claqué que Vincent fonçait déjà.
Vous avez l’air drôlement pressé.
Je veux arriver à Londres au plus vite. Il reluquait la fille du coin de l’il. Elle avait un visage jeune et avenant, des lèvres un peu trop charnues qui lui donnaient un air naturellement boudeur. Ses cheveux épais, séparés par une raie médiane, lui tombaient aux épaules dans une cascade de boucles blondes. Elle le regardait, avec dans les yeux une expression mi-amusée, mi-perplexe.
Vincent abaissa le regard pour examiner le reste de sa physionomie. Elle avait une poitrine large et lourde, et son chandail de grosse laine brune lui comprimait un peu les seins. Son jean moulant était rapiécé par un patchwork de petits carrés de tissu orange et rouge. Vincent nota, sans rien en penser, que la fermeture-éclair de la braguette était à demi-ouverte.
Elle est à vous cette voiture ?
A vrai dire, non, admit Vincent avec un sourire.
La fille sourit aussi.
C’est bien ce que je me disais.
Vincent la regarda à nouveau, plus attentivement cette fois. Elle était beaucoup plus futée que ses faux airs de minette l’auraient laissé croire au premier abord. Probable aussi qu’elle était moins jeune qu’elle ne le paraissait ; Vincent lui avait d’abord donné dix-sept ou dix-huit ans, mais en fait elle devait bien en avoir trois ou quatre de plus.
Vous n’êtes pas du genre à avoir une Rolls, expliqua-t-elle. Et puis, si la voiture avait été à vous, vous n’auriez pas freiné aussi sec quand vous vous êtes arrêté pour me prendre. Même un chanteur pop aurait plus d’égards pour sa Rolls.
Vincent sortit deux cigarettes de son paquet et lui en offrit une. Quand il lui donna du feu, elle se rapprocha de lui un poil de plus qu’il n’aurait fallu, si bien qu’il éprouva du coude la fermeté de son sein droit.
Elle leva les yeux vers lui et, l’espace d’un instant, leurs regards se rencontrèrent. « Merci », dit-elle, avec un sourire mutin de petite fille.
Vincent lui fit un petit signe de tête très sec, puis il s’absorba à nouveau dans la conduite de la voiture. L’aura de sexualité qui émanait d’elle était tellement puissante qu’il avait l’impression d’être assis à côté d’un radiateur électrique.
Il fait chaud, dit-elle au bout d’un moment. Vous permettez que j’enlève mon pull ?
Vincent ne répondit pas. Il s’apprêtait à négocier un virage en Z. Un énorme camion-citerne apparut soudain devant lui. Il le doubla, franchissant la double ligne blanche, se rabattit sur la gauche d’un coup de volant et passa la deuxième courbe en dérapage contrôlé, dans un grand gémissement de pneus.
La fille fut projetée contre lui, son pull à moitié ôté, et son sein droit s’écrasa contre l’épaule de Vincent, qui en sentit toute la chaleur et la douceur à travers le coton léger de la chemise indienne qu’elle portait sous son pull. Il en fut plus troublé qu’il ne l’aurait voulu.
« Pardon », dit-elle en souriant. Elle s’écarta de lui sans hâte excessive, avec un regard amusé qui montrait qu’elle était consciente de son émoi. Elle finit de retirer son pull en se trémoussant des épaules, ce qui eut pour effet de faire rebondir ses seins sous sa chemise. Vincent se surprit à se demander si elle portait un soutien-gorge.
Qu’est-ce que vous faites dans la vie ? demanda-t-elle.
Chercheur, répondit Vincent, en faisant un effort surhumain pour empêcher sa voix de trembler.
Ah, bon ? Dans quelle bran…
Minute ! coupa-t-il. Il se pencha en avant et augmenta le volume de la radio.
Mais ce n’est que la météo !
Silence !
Elle le regarda d’un air à la fois grondeur et amusé, comme pour lui signifier qu’elle le trouvait assez sympathique pour bien vouloir lui passer ses accès de puérilité.
« … des averses sur le Nord-Ouest cette nuit.
Le vent qui souffle encore très fort sur l’Ouest de l’Angleterre devrait s’accuser demain, et on peut s’attendre qu’il prenne même par endroits les proportions d’une véritable tempête et qu’il gagne Londres et la côte Est. Dans les zones de navigation… »
Vincent éteignit brusquement la radio. « Merde ! » jura-t-il entre ses dents. « Merde ! »
Une fois de plus, il jeta un coup d’il sur le rétroviseur. Puis il inspecta le ciel devant lui. Il faisait si sombre qu’il lui était difficile de dire si le nuage jaunâtre les avait dépassés ou non. Mais son instinct lui disait que oui.
Attention, dit la fille.
Baissant les yeux sur la route, il s’aperçut qu’il était sur le point d’emboutir un camion de laitier. Il pila, puis suivit le camion le long d’une succession de virages en lacets. Il roulait sous un dais de feuillage vert sombre, enveloppé dans l’épaisse fumée noire du gas-oil, maudissant en lui-même la Rolls pachydermique, les routes étroites et sinueuses, et le vent à ses trousses qu’il n’arriverait jamais à gagner de vitesse.
A quoi pensez-vous ? demanda la fille. Des choses importantes ?
Vincent jeta un coup d’il dans sa direction. Il sentait les vibrations physiques qu’elle émettait. Il prit les pilules dans le vide-poche, en sortit trois de leur enveloppe de plastique et les avala.
Oui, très importantes, dit-il d’un ton bref.
La fille se rapprocha de lui.
C’est quoi, ces pilules ?
Rien.
Si c’est du speed, j’en veux bien.
Ce n’est pas du speed.
Peut-être que j’en prendrai quand même.
Vincent savait qu’il ne résisterait pas longtemps au contact de cette chair tiède qu’il sentait pressée contre la sienne à travers la fine chemise. Le parfum de la fille lui remplissait les narines, et ses cheveux lui frôlaient la joue. Il commençait à regretter de ne pas l’avoir laissée en plan sur son bord de route.
Elles ne vous feraient aucun effet, dit-il. Il se pencha vers la droite et ouvrit la boîte à gants pour y jeter les pilules. La fille lui frotta l’épaule du bout d’un sein, et les pilules lui échappèrent.
Et merde ! gueula Vincent, fou de rage. Il freina à mort, et se gara sur le bas-côté de la route. Il tira la manette du frein à main, coupa le contact, et se mit à quatre pattes pour récupérer les pilules qui avaient glissé sous le siège de la fille. Le visage empourpré par la fureur, il les jeta dans la boîte à gants, qu’il referma avec violence.
Au moment où il se relevait pour regagner son siège, la fille le retint aux épaules.
Excusez-moi, fit-elle.
Son visage était tout contre celui de Vincent, dont le regard plongeait dans deux yeux débordant de candeur. Et de sexe.
Ça ne fait rien, dit-il.
I es mains de la fille descendirent le long de son dos. Elle le tenait toujours, bien qu’il ne fit aucun effort pour se dégager.
Quel sale caractère ! Vous faites le méchant, mais peut-être que c’est justement parce qu’au fond, je vous plais bien, et que vous ne voulez pas l’admettre. C’est pour ça que vous gardez vos distances et que vous me faites la gueule…
Ne soyez pas puérile.
Puérile, moi ? C’est vous qui êtes puéril avec votre Rolls-Royce et votre manie de rouler à tout berzingue.
Avant même que Vincent ait eu le temps de réaliser ce qu’elle était en train de faire, elle lui avait passé une main sous les fesses et lui empoignait le sexe. Il bandait déjà à moitié. Elle se mit à le branler posément à travers son pantalon.
Vincent ne pouvait plus lutter. Avec un soupir résigné, il s’abandonna à ses caresses.
Bon Dieu ! dit-il, vous ne comprenez pas.
Qu’est-ce qu’il y a à comprendre ? de-manda-t-elle en tirant la fermeture éclair de sa braguette et en glissant un doigt à l’intérieur.
Tiens, par exemple… Ça vous arrive souvent de vous jeter au cou des hommes qui vous prennent en stop ?
Elle hésita et le regarda d’un air un peu déconcerté.
Non, mais, honnêtement… la plupart du temps ça serait plutôt eux qui auraient tendance à vous sauter dessus, non ?
Elle fit oui de la tête, en rechignant visiblement.
Mais cette fois c’est vous qui avez le feu au cul.
Elle hocha de nouveau la tête, sourit et entreprit de lui extraire la chemise du pantalon… « Je ne suis pas la seule », fit-elle observer.
Bon, vous l’aurez voulu, dit-il en la repoussant.
Il se rassit au volant, remit le contact et débloqua le frein à main. « Vous l’aurez voulu ! » Il monta sur l’herbe du pré qui bordait la route, roula en cahotant jusqu’au premier bosquet et se gara sous les basses branches.
Et maintenant…, dit Vincent, en se tournant vers la fille et en détaillant des yeux les fermes rondeurs de son jeune corps… allons-y !
D’une main, il lui déboutonna son jean, et repoussa de l’autre le levier qui commandait l’inclinaison de son siège. Elle tomba en arrière, et il lui arracha d’un même mouvement son jean, sa culotte et ses chaussures. La fille haletait, la bouche entrouverte, les doigts crispés sur les bords de son siège, et fixait d’un il hypnotisé le sexe raidi de Vincent.
Il se débarrassa de son pantalon et de sa chemise, la prit aux épaules et l’attira à lui. Il l’embrassa goulûment, en lui enfonçant sa langue dans la bouche, glissa une main sous sa chemise et lui palpa les seins. Elle portait un mini soutien-gorge sans bretelle de l’espèce « invisible ». Il lui passa la main dans le dos et chercha à tâtons la fermeture, tout en continuant à l’embrasser et à la serrer contre lui. L’agrafe se brisa entre ses doigts fébriles et gauches ; il lui ôta le soutien-gorge et la lâcha. Elle retomba en arrière sur le siège ; il resta quelques secondes à la regarder : ainsi étendue sur le dos, débraillée, offerte, elle faisait un tableau ravissant. Puis il écarta les pans de sa chemise déboutonnée, lui découvrant la poitrine. Elle avait des seins lourds, larges, et bien formés. Il caressa du doigt un des grands mamelons auréolés de brun et durcis par le désir. Elle respirait de plus en plus fort, les yeux fermés, la tête renversée en arrière, les épaules secouées d’imperceptibles spasmes.
Il fit descendre son autre main jusqu’au vagin humecté et brûlant, et y fourra trois doigts qu’il agita circulairement en caressant du pouce le clitoris bandé. La tête de la fille remua en tous sens, elle fut prise de contorsions, et ses grands seins frémirent. « Oh mon Dieu, gémit-elle, jamais je n’en ai eu aussi envie ! »
Elle leva le regard sur Vincent, lui entoura le cou de ses deux bras et se hissa vers lui. Elle l’embrassa avidement, en se serrant contre lui et en se frottant à son corps maigre et anguleux. Vincent accéléra le mouvement de ses doigts dans le vagin.
Soudain, il se laissa tomber sur elle et l’empala, en enfonçant son sexe le plus profondément possible. Elle émit un hoquet et ses mains se refermèrent comme deux crampons sur les épaules de Vincent. Il lui prit les bras et les lui plaqua le long du corps. Puis il la foutit de toutes ses forces, en l’écrasant contre le siège incliné ; il grognait et ahanait, tendu comme un are par la furie du désir. Son sexe lourd et plein pompait d’avant en arrière avec des bruits mouillés ; ses cuisses rendaient un son mat à chaque fois qu’elles donnaient contre les fesses de la fille, qui se tordait sous lui, les yeux fermés, en se mordant la lèvre inférieure.
Il sentait l’excitation qui montait en elle, et il régla dessus le rythme de ses mouvements. Il lisait l’approche de l’orgasme sur son visage déformé par une passion avide. Il accéléra et s’enfonça encore plus, lui arrachant un cri où se mêlaient le plaisir et la douleur. Puis, à la seconde même où elle allait jouir, il se retira.
L’espace d’un instant, il n’entendit plus rien que le son de ses propres halètements. Puis la fille retrouva son souffle et elle émit une espèce de long gémissement d’angoisse. Gémissant encore, elle se redressa vers lui, le saisit à la taille, et s’efforça de le ramener à elle.
Je t’en prie, plaida-t-elle, continue…
Il la prit aux poignets et la repoussa.
Mets-toi à plat ventre, ordonna-t-il.
Elle hésita, puis elle se retourna comme il le demandait. Vincent se pencha vers elle, la prit aux hanches et la fit mettre à genoux. Ensuite il la poussa de sorte qu’elle prenne appui des deux mains sur la banquette arrière, pour qu’il ait la place de se tenir derrière elle sur le siège avant.
Il prit son membre à la main et lui en caressa doucement le haut des cuisses ; elle se tendit vers lui afin qu’il la pénètre, mais il recula. Elle le gratifia d’une épithète malsonnante et revint à la charge. Vincent l’esquiva à nouveau. Il lui fourra deux doigts dans le con, et les en retira pleins de foutre, dont il lui tartina le pourtour et le dessous du vagin. Il répéta le même geste, et cette fois se lubrifia le sexe.
Bouge pas, lui dit-il en lui prenant fermement les fesses.
Quand l’extrémité du gland lui effleura l’anus, la fille se figea brusquement et son excitation disparut comme par enchantement. « Oh non ! fit-elle, non, pas ça ! »
Mais déjà, Vincent lui écartait les fesses des deux mains et enfonçait avec un grognement la tête rouge de son gland dans l’étroite ouverture rosâtre.
Non ! cria-t-elle d’une voix suraiguë. Arrête, bon Dieu ! Ça fait mal !
Elle essaya de l’arrêter d’une main, mais il lui enfonça un doigt dans le vagin et se mit à la branler et à lui masser le clitoris. Abandonnant toute résistance, elle se laissa tomber sur les coudes en gémissant de plaisir et de douleur. Vincent donna un coup de reins et la pénétra jusqu’au bout. Ses testicules étaient pris en sandwich entre ses propres cuisses et celles de la fille. Il se cramponna à ses fesses, et ses doigts pénétrèrent profondément dans les chairs. Puis il se mit à faire un va-et-vient en donnant de grands coups de boutoir, et en la tirant vers lui brusquement chaque fois qu’il l’enfonçait. Les yeux fixés sur son sexe dont les veines semblaient sur le point d’éclater, il enregistrait avec délice chaque grognement de douleur de sa partenaire.
Il continua jusqu’au moment où il sentit la jouissance monter en lui. Alors, il ralentit progressivement le mouvement de ses hanches et se retira par paliers.
Baise-moi, souffla-t-elle. Baise-moi, à présent.
Elle se retourna sur le dos et se tortilla vers lui. Il était à genoux entre ses cuisses, le sexe toujours raide et gonflé. I1 plaça ses genoux des deux côtés de ses hanches, puis s’assit sur son ventre.
D’accord, je te baise. Mais d’abord, tu me suces.
Elle ferma les yeux et secoua vigoureusement la tête.
Ah, ça, non ! Rien à faire ! Tu ne m’y obligeras pas.
Vincent lui mit la main au con. Elle fit mine de serrer les cuisses, mais il n’eut aucun mal à lui entrer deux doigts, puis trois, dans le vagin. Il l’observa pendant qu’il la branlait, la caressait et la massait, lisant sur son visage la passion et l’envie.
Suce-moi, dit-il. Suce-moi, sinon… Lentement, il retira ses doigts.
Salaud ! cracha-t-elle. Tu es ignoble ! Il s’avança sur elle et approcha son sexe de sa bouche. Elle haletait. Son front était couvert de sueur, et des mèches de cheveux humides lui collaient au visage. Ses lèvres s’entrouvrirent. Tendant une main vers l’arrière, Vincent lui caressa doucement le clitoris à plusieurs reprises.
Allez, suce.
Elle… Elle sent mauvais. Je ne peux pas faire ça !
Suce, je te dis !
Elle écarta les lèvres, et d’un vif mouvement de hanches, il lui plongea son sexe dans la bouche. Elle émit un gargouillis étouffé et tenta de se débattre, mais il pesait sur elle de tout son poids ; elle ne pouvait même plus remuer la tête. Il la tenait à deux mains, les doigts entremêlés à ses cheveux épais.
Il sentit sa langue bouger tout doucement le long de son sexe. Il remua les hanches, sortit jusqu’au gland, s’enfonça de nouveau. Puis il accéléra le mouvement, exalté par la vision des lèvres douces et chaudes qui remontaient tout le long de sa queue. « Attention, lui dit-il, tu me fais mal avec tes dents. » Mais la fille ne parut pas l’entendre.
Il serra les poings, et lui prit les cheveux à pleines mains. « Tes dents ! » cria-t-il en tirant un bon coup sur sa tignasse blonde. Elle grogna de douleur. « Voilà qui est mieux. »
Il augmenta son rythme, en s’enfonçant de plus en plus profondément. Sa respiration se faisait sifflante et il sentait de formidables frémissements voluptueux lui remonter du bout du gland jusqu’au sommet du crâne. Les dents serrées, avec un mélange de joie mystique et de plaisir abject, il regardait la bouche de la fille qui s’élargissait pour mieux le recevoir tandis qu’il s’enfonçait en elle. Cela l’excitait follement de la dégrader ainsi ; mais il s’excitait encore plus à se dégrader lui-même en avilissant une femme, en dépit de la honte qu’il en éprouvait.
Il fut vite prêt à décharger mais, au dernier moment, il se retint, car il comptait bien en faire plus. Il lui arracha son sexe de la bouche, et elle détourna la face.
Tu m’as très bien sucé, lui dit-il. Avec beaucoup de conviction ! En fait, il m’a même semblé que tu y allais de bon cur…
Les yeux fermés, la fille s’essuyait la bouche du revers de la main.
N’est-ce pas, que tu y as pris plaisir ? N’est-ce pas que tu as joui de ton abjection ?
A contrecur, elle fit signe que oui.
Bon. Maintenant retourne toi et mets-toi à genoux comme tout à l’heure.
Oh, non ! Tu ne vas pas recommencer.
Tourne-toi !
Il la fit se retourner d’une pression de la main et lui souleva les fesses. A genoux devant lui, soumise, elle lui tendit son cul. Et là, sans que rien l’eût laissé attendre, il l’enconna d’un grand coup de reins.
Elle eut un formidable tressaillement de surprise et de joie qui remonta le long du sexe de Vincent comme une décharge électrique. Il se mit à jouer des hanches, de plus en plus vite et de plus en plus fort. Les halètements de la fille s’accélérèrent au même rythme que son mouvement, puis ce furent des geignements et des hoquets qui se muèrent bientôt en une sorte de long râle ininterrompu.
Il lui glissa son petit doigt dans le cul. De l’autre côté de la membrane qui séparait les deux orifices, il touchait à chaque cognement l’extrémité de son sexe.
Ensuite, il passa les deux bras sous elle et couvrit de ses mains ses deux seins ballottants. Il ahanait, frappant à grands coups de pelvis ses fesses rebondies, et la foutait de toutes ses forces en malaxant ses gros seins lourds.
Ne t’arrête pas ! implora-t-elle. Oh, je t’en prie, cette fois ne t’arrête pas !
Puis, comme il la foutait encore plus fort, ses paroles se muèrent en borborygmes inintelligibles, et elle se mit à jouir, le corps secoué de violents soubresauts et soudain inondé d’une sueur abondante, le visage tordu par le plaisir sous les mèches de cheveux humides qui lui collaient aux joues. Pleurante et gémissante, elle s’effondra sous Vincent. C’était l’ultime stimulation dont il avait besoin ; en six derniers coups de hanches il sentit son plaisir atteindre sa limite, comme une digue qui se rompt, et son sperme gicla en elle.
Quand il eut lâché la dernière goutte, il se redressa et s’assit sur les talons avec un long grognement de bête. Son sexe déjà mollissant fit en sortant du con un bruit de ventouse. La fille se laissa aller sur un côté, la respiration entrecoupée, la poitrine battante.
Vincent s’assit au bord du siège. Il régnait à l’intérieur de la Rolls une atmosphère de bain turc ; le pare-brise et les fenêtres étaient recouverts de buée, et Vincent lui-même était couvert de sueur. Mais il se sentait propre, récuré, comme remis à neuf. Il avait la tête claire, et les perceptions aiguisées.
Il abaissa une vitre de quelques centimètres. Dehors, il faisait nuit noire. L’air frais qui filtrait par l’entrebâillement de la vitre glaçait la sueur dont il était baigné. Un frisson délicieux lui parcourut l’échine.
Il se courba au-dessus de la forme prostrée de la fille et la prit tendrement dans ses bras. Il l’attira à lui, la fit asseoir et redressa son siège. Le corps mou, elle glissait sur le cuir crème avec des bruits de caoutchouc mouillé.
Vincent fouilla dans la boîte à gants et y trouva un paquet de kleenex. Il en sortit deux, lui en donna un pour qu’elle s’en nettoie l’entrecuisse, et de l’autre lui épongea la sueur du visage.
Elle se plia en avant pour torcher le filet de sperme qui lui coulait du con, mêlé à son propre foutre. Ce mouvement lui rabattit les cheveux sur la figure, la dissimulant à Vincent.
J’espère que je ne t’ai pas fait trop mal, lui dit-il d’une voix neutre.
Elle releva brusquement la tête et le regarda droit dans les yeux :
Evidemment que tu m’as fait mal, sale brute.
Elle fit une boule de son kleenex et le projeta dehors par l’entrebâillement de la vitre.
Si tu l’avais vraiment voulu, tu m’aurais arrêté, dit Vincent en tendant la main vers son pantalon.
Elle ramassa son soutien-gorge à terre, examina l’attache rompue, le rejeta et reboutonna sa chemise.
Bon j’aurais pu t’arrêter si j’avais voulu. N’empêche que tu m’as fait mal.
Vincent la prit à l’épaule, l’attira à lui et l’embrassa. Elle lui abandonna ses lèvres sans résistance. Leur baiser fut long et tendre. Il la sentait s’amollir entre ses bras, nichant ses seins contre sa poitrine maigre.
Au bout d’un moment, elle échappa à son étreinte.
Ça ira mieux dans un instant, dit-elle. C’est juste que je suis un peu… remuée. Tu comprends, je n’ai pas l’habitude de, enfin, je ne sais pas très bien ce qui m’a pris de…
Il lui posa une main sur la cuisse et l’y laissa un bref instant. Puis il lui tourna le dos, ouvrit sa portière et sortit de la voiture.
La nuit était bien fraîche. Une forte brise faisait bruisser le feuillage des arbres sous lesquels ils étaient garés. Les branches ondoyaient dans le vent, qui couchait l’herbe haute de la prairie.
Vincent avança jusqu’au plus proche tronc d’arbre, défit sa braguette et pissa contre, regardant le jet d’urine où la lueur d’une lune déjà haute accrochait des paillettes d’or.
Il revit en pensée la séance de fornication qu’il venait d’avoir dans la Rolls avec la fille.
Et dire que ce n’est qu’un début ! pensa-t-il.
Retournant à la voiture, il eut l’impulsion subite de lever les yeux vers le ciel. La lune, presque pleine, approchait du zénith. Il sembla à Vincent que son disque d’argent brillait moins qu’à l’accoutumée. Il sentit son visage se durcir.
La lune n’avait plus aucun reflet d’or pâle. Elle était d’un jaune terne, pisseux.
Vincent remonta en voiture, claqua la portière, mit le contact et alluma ses phares.
On a perdu une bonne demi-heure, dit-il à la fille, sans la regarder. Ça ne fait déjà que trop.
Il appuya sur la pédale de l’accélérateur, et roula en marche arrière jusqu’à la route, avec force cahots. Puis la Rolls s’enfonça en rugissant dans la nuit.