Au lecteur

Cette histoire reste une fiction. Cependant, elle est émaillée de faits, de pratiques et d’anecdotes qui sont réels. Le récit navigue entre fantasmes et souvenirs, entre rêves et réalités, entre projets avortés et projets à concrétiser, entre passé, présent et hypothétique futur. Parfois, ce sera totalement moi, et à d’autres moments, ce sera « un autre moi ». Ainsi, ballotté par mes vagues souvenirs, et par des vagues de fantasmes, j’espère que cette petite croisière ne vous donnera pas le mal de mer et que vous apprécierez le voyage. Je ne cherche ni la surenchère pour exciter, ni à ménager le lecteur. Dans cet océan de phrases, il n’y aura que le reflet de ce qui vit en moi. Larguons les amarres ensemble et laissez-vous porter par le flot de ces mots.

Prologue

Je suis dans ma voiture, en larmes. Sur le siège passager, trois objets : Une plaquette de cachets vide (le contenu se trouve dans mon estomac) ; une bouteille d’eau (qui m’a servi à avaler les cachets) ; et une lettre manuscrite signée de moi (qui explique aux « restants » pourquoi j’ai pris ces cachets avec cette eau) !

Un peu plus tôt, je me suis réveillé un matin comme les autres. Un de plus, un de trop. Je me disais en me regardant dans le miroir : « Demain n’est qu’un autre hier; à quoi bon ? » Le cercle n’est ni vicieux ni vertueux, il est juste chiant à mourir. C’est assez perturbant de se lever un matin en se disant qu’on est devenu un personnage de roman de Michel Houellebecq. La misère sexuelle, l’ennui, la détestation des autres et de moi-même sont mon quotidien. Je me sens mal armé pour vivre cette vie, et comme disait Stéphane Mallarmé (lui aussi) dans Tristesse : « La chair est triste hélas ! et j’ai lu tous les livres », cest faux bien sûr, pour la lecture de tous les livres en tout cas. Mais l’état d’esprit est bien celui-là. Une lassitude générale et une envie d’arrêter…

D’arrêter quoi ? TOUT. Depuis quelque temps déjà, le seul moyen que j’avais trouvé pour me sentir vivant, c’est la reprise d’une ancienne passion de mon adolescence : la scarification. Je marque mes bras et mes cuisses de cicatrices faites en me frottant la peau avec une pointe de compas, pour que ce soit plus long et plus douloureux.

En cette sombre matinée, j’aperçois dans mes rétroviseurs des lumières bleues et tournoyantes, je crois délirer. Mais pas du tout, quelqu’un a pris soin d’appeler les pompiers : l’un d’entre eux frappe à ma vitre, je n’ose pas le regarder ; il tente d’ouvrir la portière, je n’ai pas la force de l’en empêcher. Il s’en suit une période de négociations entre eux et moi, puis ils me conduisent vers les urgences. Lavage d’estomac bien sûr, consultations avec un doc, puis un psy et ZOU ! C’est parti pour le Pôle d’Hospitalisation Psychiatrique. Quelle jolie expression !

Les débuts au PHP

Je vous passe les détails de mon état psychologique pitoyable en arrivant sur place. Mon téléphone est confisqué ; je n’ai pas le droit aux visites pendant les cinq premiers jours ; ma chambre ne ferme pas à clef et la nuit les infirmiers passent me voir toutes les heures. J’apprends à connaître certains résidents : il y a Patricia, nympho et cyclothymique ; son amie Corinne dépressive et violente avec ses voisins ; Lucien, un jeune de 18 ans qui souffre de paranoïa et qui pense par exemple que ses repas sont empoisonnés ; Simone, une dame âgée qui a des absences et qui a encastré le camping-car tout neuf (que venait de ramener son époux) dans leur maison ; et quelques autres malades ou dépressifs. Dans n’importe quel endroit où l’on est nouveau, il est difficile de prendre ses marques. Alors, imaginez dans un endroit comme celui-ci : vous ne connaissez personne, vous êtes au plus bas moralement, vous avez l’impression (à tort) que le personnel médical vous prend pour un marteau.

On vous pèse (43 kilos pour moi, j’avais beaucoup maigri), on vous prend la tension, on vous donne un traitement, on vérifie que vous le prenez bien, etc.

Dans ce genre d’atmosphère, la sexualité disparaît complètement, je n’ai pas d’envie, je ne bande pas et je m’en fous. Je me demande seulement comment je vais pouvoir rebondir dans un tel endroit et je suis encore dans un état où je suis sûr de ne rien valoir et que rien ne pourra me convaincre du contraire. Premier rendez-vous obligatoire avec la psy, je rentre dans son bureau, et là, dans un total oubli de moi-même, je fonds en larmes immédiatement. Elle me pousse à parler et commence à me bousculer… mentalement, je veux dire…

Deuxième semaine : des habitudes et une rencontre

Au début de la deuxième semaine, je me sens déjà un peu mieux, j’ai changé de chambre (moins surveillée, et je peux fermer), et les rendez-vous avec différents professionnels se multiplient. Le reste du temps : je m’adonne beaucoup à la lecture et à l’écriture. Les mots sont mon hameau, qu’ils soient lus ou écrits. La chair me paraît moins triste et surtout je m’aperçois avec bonheur que je n’ai pas lu tous les livres. Si je pouvais, je remercierais ces auteurs qui ont contribué à me sortir du gouffre de la dépression et de l’envie de mourir. Je profite également du fait de n’avoir aucune responsabilité, rien à faire, et rien d’autre à penser que moi-même pour, justement, faire le point sur ma vie, mon fonctionnement, mes habitudes et mes idées. Et je m’ouvre également aux autres résidents dans des discussions parfois surréalistes, mais où personne ne juge personne.

Notamment à travers ce que les infirmiers et aides-soignants appellent le « petit-déjeuner thérapeutique » où quelques résidents préparent et servent le petit-déjeuner aux autres.

Je suis ici depuis 9 jours.

C’est ce jour-là qu’est arrivée Tiffany. Nouvelle résidente, infirmière de 34 ans. Elle est assez vite venue vers moi parce que nos chambres sont proches déjà et qu’elle veut quelques renseignements. Mais aussi parce que je suis le seul à être de sa génération (j’ai 35 ans au moment des faits). Comme je suis bien intégré, je lui explique le fonctionnement général et lui indique les résidents à éviter et ceux qui sont plus accessibles. Puis comme souvent entre « malades », la curiosité se fait pressante et nous en venons à nous questionner sur ce qui nous a amenés à renter au PHP. C’est assez amusant (enfin pas dans le genre à se tordre de rire par terre non plus) de constater que les raisons qui l’ont conduite ici sont assez proches des miennes : Désir morbide, détestation de soi, scarifications, secret absolu de sa détresse pour ne pas perturber l’entourage familial et amical…

La vraie différence c’est qu’elle, en plus de tout cela, elle a un mec qui est violent avec elle. Et là, en gros, elle l’a jeté dehors et l’a frappée en retour, puis elle a craqué et tout cassé chez elle.

C’est une voisine qui a appelé la police et le SAMU. Pendant qu’elle parle, je l’observe, elle est plutôt jolie, sans compter qu’elle n’est pas du tout apprêtée. Elle doit faire ma taille à peu près; des cheveux châtains et coiffés au carré; des yeux très sombres, marron; quelques petites rondeurs, mais tout à fait charmantes. Elle a un très joli sourire dont elle fait rarement profiter ceux qui l’entourent. Le courant passe très bien, et je me surprends à éprouver une certaine attirance; pas un réel désir (pas encore en tout cas), mais une attirance, cela, oui.

Renaissance du désir et premiers contacts

Dans les deux jours qui suivent, nous passons beaucoup de temps ensemble et nous apprenons à nous connaître et à nous apprécier. Ce soir-là, nous étions seuls dans sa chambre, pendant que les autres étaient en salle télé. Nous parlons tranquillement assis sur son lit. Elle part aux toilettes, se lave les mains, et revient en baissant sa manche gauche, et là, sur son autre bras encore à découvert, j’aperçois ses cicatrices. Je l’arrête au moment où elle veut rebaisser sa manche et je lui dis : « Attends, je peux regarder tes marques de scarif ? » Elle me sourit et tourne son bras pour que je voie bien les traces physiques de son désespoir. Je lui dis que c’est beau, et elle me montre alors son autre bras. C’est magnifique. Je lui demande encore : « Je peux passer ma main dessus ? » Elle me fait signe que oui. Alors, j’effleure les cicatrices, puis je caresse ses avant-bras. Le contraste entre la douceur de sa peau et la rugosité des marques est sensationnel.

Les yeux fermés, je lis sa douleur en braille.

Il m’en vient même quelques larmes et surtout pour la première fois depuis longtemps je ressens du désir. Je relève mes manches pour lui montrer mes propres cicatrices et lui tends mes bras pour l’inviter à faire de même. Le contact de ses doigts fins sur mon bras est d’une adorable tendresse. Cette caresse m’émoustille encore un peu plus. Je la regarde, je la trouve encore plus belle que deux minutes plus tôt. Je tire son bras vers moi.

Je me laisse guider par mon instinct et /ou mon intuition, et j’approche ma tête de son bras. Je dépose un bisou sur son poignet, puis un deuxième un peu plus haut : mes lèvres sont en contact avec la première cicatrice. Je sens que Tiffany frissonne, de peur ou de plaisir ? Un mélange des deux peut-être. J’ai un instant d’hésitation, mais le désir se trouve être plus fort que mon appréhension, alors je vais continuer et prendre le risque d’aller plus loin. Au pire, je passerai pour un fou, et vu l’endroit, cela n’aura rien d’étonnant. Je laisse ma langue sortir de ma bouche et je parcours l’entaille séchée. Tiffany ne bouge pas et n’essaye pas de reculer son bras, alors, je lèche doucement toute la longueur de son avant-bras. Ma langue se promène sur sa peau comme de la soie en alternance avec les dunes rougies de ses stigmates qui auraient plus la texture de la laine par exemple. Ainsi, ma langue se love dans ce mélange charnel de soie et de laine.

Je suis comme un animal qui lèche les blessures de sa femelle pour les soigner.

Soudain, je sens la main de Tiffany se poser sur ma nuque brûlante. Elle apprécie donc ce que je lui fais et moi, j’adore. Je bande. Je lui propose d’essayer si elle veut. Elle me regarde et acquiesce, je tends mon bras vers le haut. Elle s’en saisit, et à l’instar de ce que je viens de faire, elle embrasse mon poignet et se met à lécher mon avant-bras en insistant bien sur mes marques de scarifications. La voir faire m’excite clairement. Je reprends mes baisers et léchages sur son bras, mais ma main libre vient se poser sur l’arrière de sa cuisse, tout proche de sa fesse. Je la caresse tendrement. Nous restons silencieux, je crois qu’elle et moi ne savons pas ce que nous devons ou pouvons dire. Ce que nous faisons reste étrange et je pense que si nous parlons, nous risquons de sortir de ce drôle d’état qui nous pousse à agir ainsi.

Tiffany arrête alors ses papouilles buccales, je m’interroge du coup et je stoppe également, mais je continue à passer ma main sur sa cuisse (en me rapprochant de plus en plus de son entrejambe). Je relève la tête, elle se penche vers moi. Voilà donc pourquoi elle a arrêté de s’occuper de mon bras supplicié. Je fais un mouvement vers elle pour lui faire comprendre que je l’encourage à continuer son chemin. Nos fronts se touchent, nous sourions, nos têtes se penchent dans des directions opposées et nos lèvres se touchent enfin. Nous nous embrassons alors dans un long et délicieux baiser. Sa langue est chaude et habile. Le baiser s’enhardit alors. Elle me mord la lèvre inférieure et la fait coulisser entre ses dents. Je renforce la pression de ma prise, à l’intérieur de sa cuisse ; jusqu’à pratiquement la pincer. La chaleur de son entrejambe se fait sentir, passant par-dessus le fin tissu du legging qu’elle porte.

Nos bouches se décollent, nous nous regardons dans les yeux avec la même lueur lubrique.

Je desserre mes doigts pour libérer mon emprise sur sa cuisse et je reprends mes caresses, mais cette fois, c’est clairement au niveau de son sexe que je promène mes doigts. Elle ne semble pas gênée par cette coquine audace manuelle.

C’est le moment tout à fait inopportun que choisit le jeune Lucien (vous savez le jeune homme qui souffre, entre autres, de délire de persécution) pour débarquer dans la chambre de Tiffany. Il ouvre la porte d’un coup sec et puissant, puis commence à parler à toute vitesse : « C’est 10 h !! C’est l’heure d’aller au lit ! Je sais qu’ils veulent que je dorme pour pouvoir m’ouvrir la tête et m’opérer. » Le pauvre est tellement en panique qu’il ne se rend pas compte de ce qui se passe ici. Nous sursautons avec Tiffany et nous voilà comme extirpés d’un merveilleux rêve érotique. Nous sommes tiraillés entre agacement, envie de rire et compassion pour le jeune homme. Nous nous levons et nous le rassurons du mieux que nous pouvons. Cela dit, Lucien nous a rappelé qu’il est 10 h et les infirmiers vont faire le tour des chambres pour vérifier si tout le monde est couché. D’une certaine façon, l’intervention de Lucien est donc salutaire.

Je ne sais pas ce qu’il se serait passé si un membre du personnel soignant nous avait surpris.

Je doute que les relations intimes entre résidents soient encouragées. Je décide de ramener Lucien jusqu’à sa chambre. Nous saluons Tiffany et je lui fais comprendre que je vais revenir. Nous sortons, mais après quelques pas, je dis à Lucien : « Oh ! Mince, j’ai oublié quelque chose dans la chambre de Tif. Attends-moi, je reviens tout de suite ! » Je repars en arrière, j’ouvre la porte, Tiffany m’attend. Nous nous embrassons une nouvelle fois. Je la prends dans mes bras lui murmure : « Tu es magnifique, tu sais… ». Elle me répond juste : « Tu sais que je me marque aussi les cuisses ? » Je me recule, je souris et rétorque : « Je regarderais ça de plus près alors. Mais j’ai des marques au même endroit moi aussi. » C’est à son tour de sourire. Je dois y aller sinon Lucien va paniquer. Un dernier smack et un « A demain » et je sors de la chambre une nouvelle fois.

J’hésite à lui dire que je vais revenir la voir dans la nuit, mais c’est risqué, je pense, avec les infirmiers qui font des rondes. Et puis, nous devons prendre notre temps un peu et faire le point sur ce qu’il s’est passé ce soir. Je vais passer une belle nuit je sens, et ce ne sera pas que grâce aux cachetons cette fois, mais bien, grâce à la satisfaction d’avoir vécu un moment très sensuel, et à l’imagination de ceux à venir…

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