CHAPITRE VIII
BASH
Après avoir marché une demi-heure dans une prairie ensoleillée, la fraîcheur de l’ombre des premiers arbres de la forêt est agréable à sentir. Nous ne nous enfonçons pas loin, juste assez pour nous couper de la vue depuis la prairie qui est face à la ville.
– Bon, miaou, on y est. Du coup c’est quoi ton idée ?
Sans prévenir, je l’attrape par la taille pour la plaquer à l’arbre le plus proche et lui offrir un baiser langoureux avant qu’elle n’ait le temps de protester. Je romps le contact de nos lèvres après quelques secondes, pour la laisser parler.
– Miaou ! Qu’est-ce qui te prend ?
Sans répondre, je lui donne un autre baiser, plus doux mais plus long. Je passe une main sur sa poitrine moulée par son armure, pour me rendre compte que celle-ci est trop rigide pour lui procurer la moindre caresse. Zut.
Je décolle à nouveau mes lèvres des siennes. Son teint a viré au rouge. Elle ne dit rien, mais ses yeux réclament une réponse.
– Tu m’as aidée à entrer dans ce jeu, et tu m’as aidée à sortir de cette cage. Maintenant tu te tais, et tu me laisses te remercier comme il se doit.
Sans la quitter des yeux, je me mets à genoux devant elle, mettant ma tête au niveau de son entrejambe. Celui-ci était caché par une mini-jupe de cuir attachée juste en dessous de sa ceinture, et laissant sortir ses deux longues et fines cuisses protégées par des jambières du même cuir noir. Entre ses deux jambes ressort sa fine queue brune, l’arbre dans son dos l’empêchant de s’étendre derrière elle. Mon regard toujours planté dans le sien, je pose délicatement mes mains sur sa ceinture pour défaire sa jupe et la laisser glisser le long de ses jambes. Elle rougit de plus belle alors qu’elle ne peut maintenant plus cacher le fait qu’elle ne porte rien sous son armure, offrant à l’appétit mes yeux dévoreurs son coquillage coiffé d’une fine touffe brune.
– Tu ne vas pas me faire croire que tu ne t’es jamais fait plaisir avec une fille ?
– Si mais…
– Alors savoure…
Sans pouvoir y tenir plus longtemps, j’embrasse son sexe pour savourer son premier gémissement de plaisir. Sa queue coincée juste en dessous de ma tête est parcourue de spasmes, au même rythme que ceux des mouvements de ma langue autour de son bouton d’amour.
– Miaou… Warda…
Je sens l’une de ses mains se poser sur ma tête et caresser délicatement mes cheveux. J’utilise la mienne pour caresser ses lèvres intimes et faire pénétrer l’un de mes doigts à l’intérieur. Il glisse aisément jusqu’au point qui la fait pousser un nouveau gémissement félin.
– Miaouuu… Je… Je… C’est… Bon…
Excitée par ses miaulements, c’est ma langue qui remplace mon doigt pour caresser ses parois internes. Je caresse son clitoris tout en buvant avidement son précieux nectar.
Sa main ne me caresse plus la tête, elle me la presse entre ses jambes, qu’elle écarte légèrement. Sa vulve est gonflée et brûlante. Sa respiration devient haletante. Elle est déjà au bord de la jouissance. Sans lui donner le moindre répit, je continue de la dévorer jusqu’à sentir tous ses membres – même sa queue – se raidir, sa main m’écraser le visage contre son sexe, et entendre son long et puissant miaulement de plaisir retentir à travers la nature sauvage qui nous entoure. Lorsqu’elle relâche enfin ses muscles, je me détache sans me relever pour la regarder, souriante.
Elle halète, le visage rougi, le corps relâché contre l’arbre. Sa queue et ses bras pendent mollement, vide d’énergie. Nous restons ainsi un moment à nous fixer, avant qu’elle ne brise le silence :
– Pour… Pourquoi ?
Je reprends sa jupe pour la faire remonter lentement le long de ses jambes, et lui explique en la rhabillant :
– Il y a des gens qui, pour remercier, disent "merci". Moi je fais ça.
Je me redresse pour me mettre face à elle et ajouter, toujours un sourire aux lèvres :
– Et au cas où tu te poserais la question : oui, si l’envie m’en prends, je recommencerai sans prévenir.
– Tu… Miaou… Tu fais aussi ça dans le monde réel à tes amis ?
– Ça m’arrive, oui. Mais pas qu’à mes amis. Tiens, pour me déplacer jusqu’à l’endroit où on est entrés dans ce jeu par exemple, j’ai pris deux taxis. Mais je n’avais pas assez d’argent. Comment crois-tu que je les ai convaincus de faire le déplacement quand même ?
Voyant que j’ai du mal à l’attacher, elle finit d’ajuster sa jupe avant de soupirer en souriant.
– Et tu oses t’étonner que le jeu t’aie vue comme une prostituée ?
– Lilith ? Warda ? Vous êtes là ?
– Miaou !
Attiré par le miaulement, Tarik nous aperçois à travers les troncs des arbres, et se dirige vers nous. Lilith a toujours le visage rougi et ses oreilles de chats sont rabattues sur sa tête, comme si elle était gênée.
– Une chance, il aurait pu nous voir…
Je souris, un peu excitée à l’idée qu’il aurait tout observé.
– Moi je crois plutôt qu’il nous a effectivement matées.
– Miaou ? Impossible, il vient de nous appeler pour nous trouver.
– Parce que tu crois vraiment qu’il n’avait pas déjà entendu ton cri de jouissance ?
Elle rougit de plus belle, visiblement convaincue, alors que son ami nous rejoint.
– Bon. Alors… Euh… Ça va Lilith ? Tu es toute rouge…
– Hein ? Ah non rien, miaou ! Juste… Juste un truc qu’il faut que je voie avec toi au sujet de ma transformation, tiens. Je n’arrête pas de miauler.
– Pas de problème. Je vais juste d’abord vous montrer ce qu’on cherche.
Il se penche près d’un buisson, pour arracher net la tige d’une fleur aux pétales d’un jaune vif.
– Cette fleur, c’est une pilmide. C’est l’ingrédient de base de tous les onguents utilisés pour faire gonfler une partie du corps. Elle n’est pas bien rare, mais il en faut beaucoup. Donc ramassez-en autant que possible. Warda, tu passes devant et on te rejoint ? Il faut juste que je règle ce détail avec Lilith.
– D’accord, je vous laisse. À tout de suite !
Tandis que je m’enfonce dans cette forêt, je réalise qu’elle est effectivement bien différente de celle par laquelle je suis arrivée. La végétation y est un peu plus dense, et beaucoup plus colorée. Au sol, aux pieds de chaque arbre, de chaque buisson, poussent quelques variétés de fougères ou de fleurs, certaines d’une couleur vive piquante. La plupart sont rouges, mais d’autres sont violettes, bleues, roses, orange… J’en ai même vu une grande aux pétales noires, mais la végétation décrépie tout autour et l’odeur nauséabonde qu’elle dégage ne donne pas envie de s’en approcher.
Tarik n’a pas menti : je retrouve un peu partout la fleur qu’il m’a montrée. Je ne regrette pas d’avoir acheté mon sac, j’en récolte tant que je me demande comment j’aurais fait pour les transporter sans lui.
Alors que je continue ma cueillette dans cette ambiance colorée et reposante, je ne peux m’empêcher de m’imaginer avec des fesses et des hanches plus larges, ce qui titille mon impatience. Étant plutôt petite et avec une poitrine plutôt plate, j’ai toujours utilisé mon fessier comme arme de séduction. Avec des exercices quotidiens, j’ai obtenu un fessier bombé et ferme. Mais pas exceptionnel. M’imaginer gagner dix centimètres de tour de hanches me fait frissonner d’excitation.
J’aurais peut-être fantasmé de la sorte jusqu’à me donner du plaisir dans cette forêt, si pendant que je fouille un buisson à la recherche de jaune, une voix féminine autoritaire ne venait pas de mordonner :
– Tourne-toi.
Je fais volte-face, sursautant de cette voix sortie de nulle part. Je reconnais alors non sans un pincement au ventre la guerrière qui avait perdu aux enchères lors de ma vente. La lance terminée par une épaisse et longue lame que j’avais aperçue dans son dos la veille est à présent fermement tenue dans sa main droite et posée sur son épaule, tandis que sa main gauche est posée sur sa hanche. Elle était déjà assez impressionnante vue de loin, mais me tétanise de près. Elle est grande, dispose d’une longue chevelure blonde arrangée en une natte tombant dans son dos, et me dévisage avec ses yeux bleus. Outre sa lance, elle ne semble porter sur elle qu’un magnifique soutien-gorge métallique laissant supposer une très forte poitrine, et une assez courte jupe de lattes en cuir clouté, laissant apparaître son ventre et ses jambes nues. Même ses pieds étaient exposés.
– On se retrouve petite garce… Tu ne m’échapperas pas cette fois-ci.
Je tente de me rassurer, me souvenant du guerrier : tout ce que semblaient vouloir les joueurs ici, c’était du sexe rapide et intense. Et je ne demandais rien de plus. En revanche, son arme aussi grande qu’elle me donne d’autres raisons que m’inquiéter. Autant utiliser la même stratégie qu’avec les soldats d’hier.
– Ne me faites pas de mal… Je ne suis pas armée… Pitié…
Je ne parviens pas à me retenir de sourire en disant ça, n’ayant que l’envie de me faire donner un ordre saphique en tête. Mais mon expression change du tout au tout lorsqu’elle me bondit dessus pour placer sa lame juste en face de ma gorge.
– Ne pas te faire de mal, je ne vais pas en être capable… Tu m’en as fait beaucoup en te faisant acheter par cet imbécile.
D’une respiration haletante, je tente d’articuler une réponse, incapable de faire sortir de ma bouche autre chose qu’une série de bruitages incompréhensible. Mon regard se pose par reflexe sur son ventre dévoilé. Je ne vois aucun cercle autour de son nombril.
Ça n’est pas une joueuse.