3.

Habituée à se lever tôt, Manon se réveilla la première. De la fenêtre elle pouvait voir le coin de lArc de Triomphe. Elle prit une douche en essayant de faire le moins de bruit possible, fit son lit et rangea ses affaires en attendant que son hôte se réveille.

Julia émargea une heure plus tard et Manon entra dans le salon.

— bonjour Manon. Bien dormi ?

— oui.

— il y a longtemps que tu es réveillée ?

— une heure et demi environ. Mais jai lhabitude de me lever tôt.

— tu prends quoi au petit déjeuner ?

— un chocolat, sil y a.

— ah je nai que tu thé en fait.

— un thé alors.

Elles déjeunèrent ensemble. Julia la bombardait de question sur sa vie, questions auxquelles Manon répondait, nosant pas trop refuser. Car même sortie du lit, juste vêtue dun peignoir en soie, elle dégageait la même aura dautorité.

— je mhabille et je te fais découvrir Paris le jour.

Elles descendirent une partie des Champs à pieds puis prirent le métro jusquau Louvre dont elles ne visitèrent que lextérieur. Puis Notre Dame, le Forum des Halles où elles sarrêtèrent pour déjeuner, Julia réglant laddition, malgré les courtes protestations de Manon.

Elles longèrent les bords de Seine, firent une halte par la place Vendôme où Manon, même si elle cachait sa féminité, ne restait pas insensible à lexposition de bijoux aussi beaux les uns que les autres et aux prix, quand ils étaient affichés, les mettaient hors de portes de son petit salaire.

Elles continuèrent la promenade utilisant le métro dans lequel Manon se sentait oppressée. Alors quelles faisaient une pause-café en milieu daprès-midi, Julia reçut un appel.

— ok, je te la passe.

— Manon ? Bonjour, cest Jean-Charles. Je vais avoir un contretemps. On ne pourra partir que demain matin. Ça ne te pose pas de souci ?

— euh, non, je vais prévenir mon ami.

— Julia soccupera de toi.

— daccord. Merci, répondit Manon, visiblement contrariée et repassant le téléphone à sa propriétaire.

— ne ten fais pas, continua Julia, tout va bien se passer.

— mais non, je ne suis pas comme ça. Mais javoue que cest tentant.

— promis, je la laisserai tranquille.

Manon se demandait si Julia et Jean-Charles parlaient delles. Mais Julia raccrocha avant quelle ait pu avoir de nouveaux indices.

Elles rentrèrent enfin. Manon était épuisée.

— tu veux sortir ce soir ? Ou je commande quelque chose quon mange ici ?

— je je ne sais pas. Comme vous voulez.

— bon daccord.

Elle prit son IPhone et réserva une table pour deux dans un restaurant.

— le problème est que je nai que ça, dit Manon, en montrant sa tenue.

— aucune importance. Le principal est que tu apprécies ton mini week-end à Paris.

— au risque de paraître malpolie, jespère que ce ne sera pas trop cher.

— je comprends ton inquiétude. Mais cest moi qui tinvite.

— ça me gêne.

— moi, ça me fait plaisir. Détends-toi et profite !

Le moment venu, elles reprirent la voiture. Julia avait gardé son jean mais avait remplacé son t-shirt par une blouse transparente, laissant voir un soutien-gorge tout en dentelle, et troqué ses baskets pour des talons hauts. Manon était de plus en plus gênée et se sentait rabaissée.

Elles arrivèrent devant un restaurant plutôt chic, et un voiturier soccupa de garer la Mini.

— tu connais Joël Robuchon ?

— ça me dit quelque chose.

— et bien, on est chez lui. Enfin dans un de ses restaurants.

Le maitre dhôtel les amena à leur table et leur donna la carte.

— tu ne regardes pas les prix et tu te fais plaisir. Cest clair ?

— oui madame, répondit Manon toujours aussi intimidée malgré une journée passée en sa compagnie.

— Julia !

— excusez-moi, mais je nai pas lhabitude de tutoyer aussi vite.

— daccord.

Malgré tout, Manon piocha dans les plats les moins chers et surtout ceux qui lui parlaient.

— ça te plait ? demanda Julia au milieu du repas

— oui, beaucoup. Il faudrait être difficile pour dire le contraire. Merci

Elles attendaient le café. Manon avait posé sa main sur la table. Julia posa la sienne par-dessus.

— tes mains sont bien entretenues, dit-elle.

— jy fais attention. Car avec les ménages, elles sabiment vite.

— cest bien. Tu ne te maquilles jamais ?

— rarement. Le week-end parfois, quand je sors avec mon ami. Je navais pas prévu de sortir ce soir, et je ne lai pas pris.

— dommage, dit Julia qui tenait toujours la main de Manon.

— est-ce que Jean-Charles tas parlé un peu de moi ?

— non, il ne ma rien dit. Pourquoi ?

— pour rien.

Réponse qui intrigua et inquiéta Manon. Est-ce que cette soirée en apparence offerte, cachait un loup ?

Le serveur arriva et Julia retira sa main, quelle remit une fois quil eut le dos tourné.

Manon tressaillit à ce deuxième contact.

Elles rentrèrent lappartement.

Julia se déchaussa et saffala dans le canapé. Manon sassit à son tour, à lautre bout.

— un thé ?

— oui, dit Manon, plus par politesse que par réelle envie.

Julia posa le plateau et se rapprocha de Manon. Elle attendit que le thé infuse et remplit les tasses.

— tu es très jolie, lâcha Julia tout de go.

— merci, dit Manon rougissant. Mais ce nest rien à côté de vous.

— ne te dévalue pas. Sois fière de ce que tu es. Surtout doù tu viens. Tu as la tête sur les épaules, tu es sérieuse. Certes, tu as été une enfant adoptée, mais je trouve que tu ten es bien sortie. Très bien même.

— merci.

— tu me plais beaucoup.

Manon ne répondit pas, de plus en plus gênée par la tournure de la conversation, conversation qui lui rappelait celle quelle avait eue avec Isabelle quand elle lui avait proposé de coucher avec elle.

— si Jean-Charles ne tas pas parlé de moi, alors il ne tas pas dit que je suis lesbienne.

Manon se figea.

— tu nas jamais fait avec une femme ?

— non. Et ça ne me tente pas. Désolée de vous décevoir.

— ne le sois pas. Je te comprends.

— jai déjà quelquun dans ma vie.

— oui, je sais. Mais lun nempêcha pas lautre.

— je nai pas envie de le tromper.

— ah, la fidélité ! sesclaffa Julia. La plus grosse connerie de lhumanité. Si on laissait les hommes ou les femmes allez voir ailleurs, ça éviterai pas mal de choses. Tu ne sais pas ce que tu perds !

— mais jai été éduquée comme ça. Et je suis très bien avec mon copain.

— ok, ok, ok.

Julia sécarta et Manon se détendit un peu.

Elle finit sa tasse de thé et annonça quelle allait dormir, invoquant la fatigue de la journée.

Julia sourit et lui souhaita bonne nuit.

Pour une fois, elle avait trouvé une candidate qui lui avait résisté. Gentiment, poliment, mais elle avait dit non, dun ton sans appel. Beaucoup de ses conquêtes avaient aussi tenté de dire non, mais Julia sentait toujours quand elle pouvait pousser ses avances ou pas. En en général, toutes succombaient au moins à la curiosité dessayer une fois les amours saphiques. Mais Manon, nétait pas pareille. Timide, réservée, discrète, elle avait dit non dune petite voix. Mais son corps criait pour elle.

Julia nentendait pas capituler si vite. Elle voulait Manon dans son lit, et elle laurait. Et si ce nétait pas aujourdhui, ce serait plus tard. Mais pour cela, Jean-Charles allait devoir laider.

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