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L'âge de jouir – Chapitre 7




Héloïse referma la porte d’un geste calme. Comprenant que personne n’était rentré à cette heure de l’après-midi, elle monta les escaliers d’un pas rapide et gagna sa chambre. Gardant la porte entrouverte pour guetter le moindre signe de vie, la jeune femme ramena en arrière la chaise de son bureau et y posa un souffle aussi bien empli de fatigue que de soulagement. Ses mains lâchèrent les sacs presque à contrecur, les poignées de corde laissant des marques cramoisies sur ses mains blanches. Les yeux errant sur sa bibliothèque, Héloïse massa lentement ses doigts un à un. Son esprit s’égara comme si elle cherchait à la fois à passer à autre chose autant qu’à s’accrocher à ce qu’elle faisait. De fait, une partie de son esprit avait déjà perdu face à l’autre, mais refusait presque de le reconnaître. Comme pour s’en convaincre, elle sortit d’un des sacs une boîte argentée et la tourna mécaniquement dans ses mains, avant de la poser dans un coin du bureau.

Un bâillement soudain l’emporta dans une vague lourde. Une journée à parcourir la ville et des magasins en plein été restait fatigante, même pour une habituée.

Le reste attendrait, elle avait besoin d’une douche.

Une vingtaine de minutes passa ; Héloïse revint vers la chambre dans un peignoir bleu corail, se coiffant en de délicats passages. Amenant les sacs près de son lit, elle en fit l’inventaire.

Malgré une mère issue du monde de la mode, la jeune femme n’avait jamais pris goût à se perdre dans les magasins de vêtements, préférant se perdre dans des librairies, et trouvant son bonheur dans des friperies, sur internet ou chez des chiffonniers vidant des bâtisses. Repérer des robes, des pulls ou des tailleurs à des prix plus bas que ce qu’on trouve ailleurs donnait même un autre aspect proche des quêtes qu’elle retrouvait dans ses livres préférés. On ne venait plus chercher avec une idée en tête, on venait trouver quelque chose qui semblait vous attendre. Elle s’était même surprise un jour à dire que c’était la robe ou le tailleur qui choisissait sa nouvelle maîtresse.

Après ce jour-là, Héloïse fut tentée de dire que le choix s’était étendu bien plus loin.

* * *

Après la découverte d’un nouveau chemisier, d’une jupe longue et de plusieurs tee-shirts, Héloïse avait traversé l’entrepôt des chiffonniers pour tenter de trouver un cadeau pour sa mère. La passion de l’image ne l’avait jamais quittée, et le coin de l’électroménager débordait toujours d’objets étranges, d’appareils d’origines diverses remis en état par des volontaires consciencieux. Peine perdue ce jour-là, aucun des artefacts présents ici ou là ne se démarquait d’une pièce qui trônait déjà sur une étagère de la maison ou reposait dans un placard de sa chambre noire artisanale.

Une vague mimique de résignation avait traversé son visage avant qu’elle ne capte un geste en périphérie.

Sur sa droite, un homme, ayant sans doute remarqué sa frustration, lui avait tendu un Leica ayant sûrement couvert la moitié des conflits de la Guerre Froide, ou des vacances au bord de la mer. Un regard posé et simple d’où ne ressortait même pas un sourire gêné accompagnait son geste. L’homme semblait sorti de nulle part, mais Héloïse sentit qu’elle ne pourrait pas le renvoyer dans le décor. Un peu plus petit qu’elle, il affichait un visage aux traits droits, avec un nez presque aquilin, et des yeux gris qui ne devaient pas sourire pour rien, et des cheveux bruns ramenés en arrière. Il portait une veste et un pantalon en jean, et la main tendue laissait apparaître une montre en argent sombre qui devait vraiment servir à donner l’heure. Héloïse regarda le Leica un instant, puis revint sur les yeux de l’homme qui n’avait pas fait un geste.

« Non merci, s’était-elle excusée, il a l’air en bon état, mais ce n’est pas ce que je cherche.

Soit, avait-il dit, en reposant l’appareil sur l’étagère, j’ai fait trois fois le tour du bâtiment, je peux peut-être vous aider à trouver autre chose ?

Héloïse décela dans son regard un éclat fugitif à la fois proche et volontaire, mais relevant ses mots dans un ton plus personnel. Sa main s’était alors levée brièvement, pointant derrière Héloïse, qui le regarda avant de se retourner.

De l’autre côté du passage, une étagère débordait de bibelots aux couleurs diverses et aux formes des plus variées. Parmi les bougeoirs, les statuettes et les cendriers, un cube ressortait, parcouru de lignes et de motifs dorés et sombres, affichant un reflet trahissant des plaques de verre par-dessus. Les yeux d’Héloïse s’illuminèrent malgré elle, et une phrase lui revint en tête, poussant presque jusqu’à ses lèvres…

« Quel est votre plus grand plaisir ? »

L’homme l’avait contournée pour s’en saisir, le tournant vaguement entre ses mains. La jeune femme n’avait pu réprouver un frisson nerveux en le voyant tenter d’approcher les mécanismes. Les premiers "Hellraiser" étaient certains de ses films d’horreur préférés, et une certaine scène dans une boîte de nuit bondée lui revenait en mémoire en songeant à cet entrepôt rempli de monde…

Un cube pour photos, avait-il dit le plus normalement du monde ; à défaut d’en faire, vous pourrez toujours y mettre d’autres.

Il le lui avait tendu, cette fois avec un discret sourire, ne reconnaissant vraisemblablement pas l’objet, face à une Héloïse dont le sourire était à présent trop enjoué pour être honnête. Même sans vouloir être polie, elle n’aurait pu se détourner d’un tel objet qui trônerait chez elle, sans jamais y mettre une seule photo. Le saisissant, elle le remercia dans un sourire entraînant auquel il s’accorda.

Merci, dit-elle en secouant brièvement la tête, et vous, que cherchez-vous ?

De vieux tableaux, des meubles, pour mettre en valeur une maison de campagne. Il y a déjà tout, mais j’ai l’impression d’habiter chez quelqu’un d’autre.

Home is where the art is.

Pensa-t-elle alors.

Ils ont beaucoup de vieilles choses ici, dit la jeune femme; vous choisissez comment ?

En fait, quelques meubles qu’on devrait trouver dans une vieille maison bretonne ; des commodes rustiques, de lourdes armoires et des tableaux champêtres…C’est pas une vieille maison, mais les meubles modernes partout ne me plaisent pas, surtout dans les grandes pièces. Vous en avez vu ici ou ailleurs ?

Peut-être, mais si vous avez fait trois fois le tour du magasin, je ne peux rien pour vous ici. Vous êtes des environs ?

Plus ou moins, j’ai passé beaucoup de temps entre ici, l’Asie Centrale et l’Europe de l’Est. Je suis revenu il y a trois mois.

Les yeux d’Héloïse s’étrécirent à sa phrase, avant qu’elle ne les saupoudre d’un haussement de sourcils.

Des mots ! se dit-elle, mais qui sait, après tout. Je vais le faire continuer, pour voir jusqu’où il peut aller.

Vous revenez pour de bon ?

Non, quand on a commencé à voyager, on ne peut plus s’arrêter. Mais je ne vais pas repartir après-demain.

Dans ce cas, j’ai deux ou trois adresses pour vous…

Elle énuméra quelques brocanteurs plus ou moins officiels des alentours, évitant soigneusement les fournisseurs de riches touristes ou des amis de son père qui pillaient les vieilles bâtisses des côtes pour tout y remettre deux mois plus tard. L’homme nota avec une dextérité de journaliste (Héloïse se rappellerait plus tard comme d’une dextérité d’étudiant) les différents détails sur un carnet de cuir tanné qui lui rappela de loin le journal d’un autre voyageur, immobile, celui-ci…

Que celui qui a enluminé ceci puisse m’illuminer, susurra-t-elle sans s’en rendre compte.

Qu’est-ce que vous dites ?

Rien, dit-elle en se reprenant; certaines maisons sont bâties avec des pierres tombales où on retrouve des messages anciens. Une amie de ma grand-mère qui vivait dans une rue de st (…) en avait plusieurs sur son perron.

Des maisons hantées ? suggéra l’homme dans un sourire qu’il n’osait pas avancer.

Qui sait, après tout, on est dans une ville assez gothique, avec ses longues rues médiévales entourées de vieilles bâtisses, les hauteurs bordées de grands manoirs…On se baigne entre plusieurs époques, et si certains n’ont pas de fantômes sur la conscience, ils n’ont pas d’excuses, leur état d’esprit est inexcusable…

Je n’ai rien senti dans la mienne, mais je pourrais bien leur laisser les clés de temps en temps.

Ça vaut mieux que de les laisser sous le paillasson, dit-elle, opportune, entre le sourire et le clin d’il.

Je serai à l’écoute, peut-être pourrait-on en reparler un jour ?

Une partie d’elle-même l’avait attendue depuis les premiers mots, autant par curiosité que par envie véritable…Il avait beau être plus vieux qu’elle, Héloïse le trouvait plus intéressant que les hommes qui l’avaient abordée jusque-là (dont certains plus vieux que lui); n’étant ni insistant ni grossier, et ne se forçant pas à suivre le même sujet. Elle lui avait donné une chance…

Bien sûr, si vous ne repartez pas dans la semaine ou dans le mois, en vous laissant chercher des meubles entre-temps.

A ses mots, il avait saisi une boîte grise vide à portée de main sur un des rayons. Son stylo en avait survolé le couvercle pour y tracer des chiffres qu’elle n’avait pas discernés, mais il la lui avait tendue en lui conseillant d’y mettre le cube. Héloïse s’était exécutée et ils s’étaient quittés peu après…

* * *

La scène se répétait en boucle dans sa tête encore embrumée par la nuée de la douche ; sans être la première fois qu’on l’abordait, c’était peut-être la première fois qu’elle laissait l’autre sur une opportunité, et elle se demandait encore pourquoi elle en était arrivée là, avec un homme qu’elle connaissait à peine et quelques paroles somme toute inspirées, mais déjà échangées avec d’autres. Peut-être était-ce juste à cause du cube…

Peut-être à cause de l’été…

Peut-être à cause de Patrick…

Une pensée venue du plus profond d’elle-même la chargea de lourdes menaces à cette simple possibilité. D’autres hommes, et même quelques femmes l’avaient approchée avec plus de conversation, sans qu’elle ne donne suite, par manque d’intérêt ou de points communs, ou simplement, car elle pensait que cela n’en valait pas la peine à cette époque. Elle avait tellement à faire, mais aujourd’hui c’était différent ; la vie avait pris un nouveau tournant, elle voyait comme un autre monde loin d’elle, derrière une limite abstraite qui s’était dissipée au fur et à mesure qu’elle se touche toute seule, pour s’effacer totalement lorsqu’elle avait fait l’amour avec Patrick. Aujourd’hui, elle sentait ce monde à sa portée, et s’en sentait même très proche, de par sa vision du sexe et de son corps, qui l’avait toujours rendue fière sans jamais l’embarrasser.

Quoi qu’il se passe par la suite, la rencontre avait instillé en elle une forme de vertige agréable, de ceux qui viennent à la perspective d’un moment aussi simple que mémorable…L’homme, dont elle réalisa bien vite qu’elle ne connaissait pas son nom, n’était pas dans ses critères de beauté, mais il avait l’image du commun et de l’inconnu, ce qui venait quand vous sortez de votre zone de confort, quand vous regardez à côté du chemin. Il était un premier pas pour connaître les autres, et ne pas rester dans les sphères connues.

Sa main s’égara sur le pli inférieur de son peignoir et l’écarta ; ses plus longs doigts frôlèrent le bord de son bouton de rose, et un sourire instinctif, presque gourmand se dessina sur son visage. Elle descendit sur les contours de son sexe, pressant graduellement sa peau lisse et s’adossant à la tête du lit, les yeux dans le vague s’emplissant des bras de Patrick et des mots de l’inconnu. La chaleur remonta doucement dans ses veines.

L’autre main saisit un sein dur et haletant sous le tissu du peignoir. Le souffle d’Héloïse s’éleva dans une mélopée discrète. Elle ferma les yeux quand les doigts dépassèrent les rebords, ressortant et revenant dans un rythme serré…Elle leva ses cuisses en les écartant et s’affaissa sur les oreillers; sa bouche battît dans un souffle brumeux et ses doigts se précipitèrent. Encore et encore, elle se voulait tout de suite, avant qu’une voiture ne vienne, avant qu’on ouvre la porte, avant que le téléphone sonne…Elle se voulait, et elle se trouva bientôt…

Héloïse resta longuement sur le lit, les yeux perdus dans les étoiles comme un sourire traçait une fine vague entre ses lèvres. Quelle bonne mise en bouche ! Elle se leva d’un coup sans remettre son peignoir et saisit son téléphone posant sur le bureau. Un message partit bientôt vers son amant, et, en espérant une rapide réponse, elle se tourna vers la boîte argentée. Le numéro se déroula devant elle, puis intégra son téléphone.

Elle ouvrit son placard pour y trouver une autre jupe et un chemisier, quand le téléphone sonna…

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