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Nouvelle – Chapitre 17




Ils arrivèrent Porte de Saint Ouen et Marc gara sa voiture dans la rue que la jeune femme lui avait indiquée. Ils montèrent les étages et les voilà dans le petit appartement de la jeune nouvelle. Elle lui offrit de s’asseoir dans le canapé tandis qu’elle mettait la bouilloire à chauffer et préparait le thé dans la kitchenette. Marc déposa sa veste sur la chaise du petit bureau et détailla les lieux du regard. Le salon était étroit et les murs blancs recouverts d’affiches et d’images ; beaucoup de reproductions de peintures et de photos d’art. Il y avait aussi pêle-mêle des portraits d’artistes célèbres: Frida kahlo, Nijinski, Dali, Picasso et une immense affiche du « Parc » d’Anjelin Preljocaj. Marc poursuivait son exploration des yeux: il devinait la chambre dans une deuxième pièce où il n’apercevait que la grande penderie aux portes coulissantes blanches. En face de lui, une table basse sur laquelle étaient posés le dernier exemplaire écorné du magazine « Danser » et le livre « Amok » de Stefan Zweig.

Un peu plus loin un minuscule bureau sur lequel était posé un Mac, deux petites enceintes et de nombreux papiers, livres et pochettes multicolores en désordre. La kitchenette était dans la même pièce: il s’agissait plutôt d’un petit coin-cuisine ou la jeune femme venait de prendre dans un placard une boîte de sachets de thé vert « Matcha instantané ». Marc regardait les jambes de la jeune nouvelle qui lui tournait le dos. Leur peau était mate et satinée ; il s’attarda sur la chevelure sombre qui tombait dans le dos et se remémorait le temps lointain où lui-même habitait ce genre de petit logement lorsqu’il étudiait l’architecture.

— Pas beaucoup de place pour que tu puisses danser chez toi. Lui dit-il

— C’est clair ! En fait, quand je ne travaille pas pour une compagnie, je m’entraîne dans un studio de danse pas très loin. Une amie me laisse y venir en dehors des cours donc c’est cool. Chez moi, je ne fais que du gainage et des étirements sur mon petit tapis de gym. Mais au fait, voilà l’enveloppe que j’ai reçue de M. Tu peux l’ouvrir et la lire.

— La phrase imprimée sur l’enveloppe est de Kundera.

— Ah ? Je ne savais pas.

— Oui, je vois que M. A l’intention de conduire les choses. Mais bon, bientôt tu seras à l’abri de ses manigances.

— Grâce à toi. Dit-elle en posant le thé sur la table basse. Elle s’assit sur un pouf aux motifs ethniques.

— Merci pour le thé.

— Laisse un peu refroidir, l’arôme se diffuse mieux je trouve. Alors, t’en penses quoi de cette lettre ?

— Tout à fait son style. Le vernissage était bien ?

— Oui, enfin oui et non. J’y ai rencontré Roland, c’est lui qui expose.

— Roland ? Celui qui vient aux soirées libertines de M ? Je ne savais pas qu’il était sculpteur.

— Forgeron-sculpteur vu qu’il travaille le métal aussi.

Marc se remémora soudain la scène torride où il avait regardé sa jeune amie faire l’amour frénétiquement avec Roland sur scène, à la vue de toute l’assemblée. Il avait adoré la regarder exprimer sans filtre, de tout son corps, le plaisir foudroyant qui l’avait emportée. Il avait souvent repensé à ces images et en éprouvait maintenant un trouble un peu honteux. Il reposa l’enveloppe sur la table pour se redonner de la contenance et porta sa tasse de thé vert à ses lèvres. Il demanda un peu inquiet:

— Et donc, tu avais une autre mission spéciale à ce vernissage ?

— Non, juste de rencontrer Roland. Il est différent de ce à quoi je m’attendais. Il m’a proposé de visiter son atelier de création. Je suis obligée d’y aller pour M. Mais je me demande ce qu’il va se passer encore.

— Ah. Et où sera M.?

— Il m’a dit dans le mail qu’il ne sera pas présent. Donc, du coup, on ne peut faire de photos-dossier, si j’ai bien compris.

— Non, pas cette fois hélas. Mais, si tu veux, je resterai pas loin et tu pourras m’appeler si tu as un souci.

— Merci. Vraiment, merci beaucoup. J’espère que ça ne te pose pas de problème pour ton travail.

— Ne t’en fais pas pour ça: j’ai des horaires flexibles et tardifs régulièrement. Je modifie souvent mon agenda en fonction de mes imprévus et de toute façon, je ne vais pas te laisser seule dans ce bourbier.

— Tu es super vraiment. Mais je me suis toujours demandé pourquoi un homme comme toi, marié et heureux, est entré dans les soirées libertines. Ne me réponds pas si ça te gêne.

— Pas de problème, je peux t’expliquer. Mais c’est une histoire passablement mélodramatique et je ne sais pas si ça va te remonter le moral.

— Vas-y j’aime les histoires de toute façon. Et puis, je ne sais pas grand-chose de toi.

Marc prit une gorgée de thé et commença:

— Après mes études, je suis parti travailler à l’étranger. Il y avait plein de projets de construction un peu partout dans le monde. J’étais un jeune architecte aventurier ! J’ai participé à de nombreux programmes, j’ai eu la chance de connaître beaucoup de femmes aussi. Jusqu’au jour de mes 35 ans où j’ai rencontré celle avec qui j’allais vivre ma vie. Mais deux ans après notre rencontre, mon épouse a dû subir une ablation des ovaires et d’une partie de son utérus suite à une grave tumeur. Sa vie a été sauvée mais elle ne s’est plus jamais sentie femme à part entière. Nous avions pour projet d’avoir des enfants et de bâtir un foyer. Tout s’est arrêté d’un coup. Je suis triste de n’avoir jamais été père mais c’est la vie. Nous nous sommes mariés et nous vivons heureux ensemble mais notre relation est surtout cérébrale, intellectuelle et plus du tout physique depuis longtemps. Mais j’aime ma femme ! L’absence de sexe me pesait trop et c’est pour ça que j’en suis arrivé à découvrir le monde des soirées libertines.

Je pouvais enfin me réaliser en tant qu’homme complet. Mon épouse se doute bien de mes activités extra-conjugales mais elle est bien trop brillante pour être jalouse. Je ne lui en ai pas parlé, elle ne me pose jamais de questions. Nous avons trouvé une forme d’équilibre. Nous nous aimons à notre manière. Voilà comment tu m’as rencontré aux soirées raffinées de Monsieur M.

— C’est beau d’être resté avec elle. Tu es un homme bien Marc. Je peux venir dans tes bras encore ?

— Viens ma grande. Tu seras toujours la bienvenue sur mon épaule.

Ils se levèrent et se serrèrent longtemps l’un l’autre. Debout au milieu du salon, ils savouraient ce moment de paix et d’intimité proche. En lui frottant tendrement le dos Marc lui dit:

— Il va malheureusement falloir que je m’en aille. J’ai été heureux de parler avec toi.

— Reste encore un peu s’il te plaît. Ça me rassure quand tu es là.

— Je sais bien mon ange. Mais il est temps de nous dire au revoir.

Il déposa un baiser tendre sur le front de la jeune femme. Elle leva son visage et embrassa sa bouche timidement. Juste un petit baiser du bout des lèvres. Marc la regarda en souriant tout en caressant sa joue. La jeune femme s’excusa:

— Pardon Marc. Je suis désolée.

— Mais tu n’as rien à te faire pardonner. Je trouve que tu es magnifique mon enfant. C’est l’impulsion de ta jeunesse, la fougue de l’innocence de ton âge. C’est très beau à voir pour un homme de mon âge.

Il posa ses mains sur les joues de la jeune femme et lui murmura en l’embrassant à son tour:

— C’est l’âge de tous les possibles, l’âge où le monde est à tes pieds. Et tu es belle comme un fruit délicat.

— Alors cueille-moi, sinon je vais finir par tomber.

Marc regarda sa jeune amie dans les yeux. Il croisait maintenant son regard intense qui implore. Il fut ému par tant de supplication. Alors il la prit par la main et l’emmena dans sa chambre.

Il l’allongea sur le lit et retira les tongs de la jeune nouvelle. Il embrassa ses pieds, ses jambes puis lui retira sa jupe. Elle portait un shorty en lycra noir qui trahissait le désir intime qui s’était emparé de son corps. Marc la redressa assise sur le lit et elle leva les bras en souriant pour l’inviter à poursuivre son effeuillage. Il retira le t-shirt et elle s’allongea de nouveau, les mains posées sur son oreiller. Elle respirait vite alors il la tourna doucement sur le ventre. Il embrassa sa nuque, descendit les mains le long de son dos et fit glisser le shorty jusqu’à le déposer au sol. Elle restait immobile, le visage masqué par ses cheveux noirs, attendant la promesse d’effleurements sensuels. Tout en la regardant, l’homme aux cheveux blancs se déshabilla calmement. Tournée, la jeune nouvelle entendit les vêtements de Marc tomber l’un après l’autre sur le sol. Elle écoutait la respiration de son amant qui se faisait plus forte et enfin, elle sentit ce corps tant désiré s’étendre à côté d’elle.

La jeune femme se tourna pour s’allonger sur son amant. Tandis qu’elle embrassait la peau douce de son torse presque glabre, elle sentit sa verge chaude et raide contre son ventre. Les mouvements de son corps sur son membre semblaient le faire réagir. Marc se contractait en même temps que sa respiration s’interrompait. Elle descendit plus bas embrasser le ventre de son ami en faisant glisser ses seins sur la peau fine de sa verge. Marc souleva son bassin pour accentuer cette douce sensation. Il sentait les petits mamelons durcis de sa jeune maîtresse contre son gland avec délectation. Elle descendit encore un peu jusqu’à couvrir ce phallus de baisers. Elle le serra doucement dans sa main et l’entoura de sa bouche. L’homme aux cheveux blancs ne put s’empêcher de passer sa main sur la nuque de la jeune femme comme pour la remercier de tant d’attentions. Elle caressait de son autre main ses bourses et découvrit une douceur de peau chaude et sensible. L’homme aux cheveux blancs était immobile, les yeux fermés et expirait la bouche ouverte.

Abandonné à sa jeune maîtresse, il savourait chaque caresse de sa langue, chaque glissé de ses doigts, chaque frôlement de ses longs cheveux noirs sur son aine.

Il se redressa pour l’embrasser fougueusement et, prenant ses fesses rebondies en main, il embrassa son ventre et l’amena à s’installer sur lui. Elle descendit lentement pour s’emplir de ce phallus tendu de désir. La jeune nouvelle goûta pleinement au délice de cette verge pour la première fois en elle. Ses jambes encerclaient les hanches de son homme et les deux amants se regardaient maintenant intensément dans les yeux. Elle posa ses bras autour du cou de Marc tandis qu’il l’enlaça. Ils restèrent un moment ainsi, en lotus, à se sourire et à se dévisager tendrement.

— J’ai envie de toi… Depuis si longtemps. Dit la jeune femme. Marc répondit par un sourire.

Alors, elle commença à basculer son bassin d’avant en arrière et elle sentit la verge de Marc se contracter en elle. Son amant la serra contre son torse en lui embrassant le cou. Cette union était divine, fusionnelle et l’homme aux cheveux blancs lui murmura à l’oreille: « yab-yum, ma belle».

— Hein ? Demanda la jeune femme dans un souffle.

— C’est du tibétain et c’est ce que nous faisons.

— Ça veut dire l’amour ?

— Pas exactement, mais c’était aussi pour me permettre de me calmer. Si tu continues à bouger comme ça, je vais très bientôt jouir. Dit-il dans un sourire.

— J’y suis déjà presque moi aussi.

Alors Marc posa une main entre les seins de la jeune femme pour l’amener à s’étendre doucement sur le dos. Tout en restant en elle, il vint s’allonger sur le corps brûlant de sa maîtresse. Il plaça ses mains derrière la tête de la jeune femme et commença d’enivrants va-et-vient. Elle releva son bassin en entourant de ses jambes les hanches de son pygmalion. Marc la pénétra davantage et continua ses assauts profonds sans accélérer. Elle agrippa de ses mains la peau douce de son amant pour le serrer encore plus fort contre elle. Ses doigts se crispèrent à la première contraction de son ventre et elle sentit monter en elle une vague puissante. Sa tête brûlait, ses joues s’enflammèrent et son âme se consuma. Une deuxième déferlante vint embraser tout son corps et se changea en spasmes de plus en plus rapprochés. Ses muscles se crispèrent autour de la verge de Marc en une divine sensation. Alors, la jeune femme, submergée par le plaisir, s’abandonna et ne put retenir un long gémissement aigu. Tout son corps s’arc-bouta brusquement et elle ressentit enfin un orgasme intense, presque mystique.

Marc la suivit de très près. Le gémissement d’extase de sa jeune amante lui fit perdre tout contrôle et il s’abandonna à son tour à un immense plaisir longtemps contenu en lui. Son corps se crispa et sa verge se tendit en une ultime décharge lui arrachant une longue expiration de jouissance.

Ils restèrent longuement l’un contre l’autre, laissant leurs souffles s’apaiser peu à peu. Sans parler, juste en savourant la plénitude du moment. Leurs corps relâchés flottaient, légers, dans un océan de bonheur. Au bout d’un long moment, tout sourire, elle lembrassa et se leva. Tandis qu’elle se dirigeait vers sa salle de bain, Marc la regarda marcher nue au milieu du petit appartement. Il suivait des yeux le balancement de ses bras et de ses fesses. En cet instant, il se disait qu’il avait serré ce jeune corps contre sa peau et qu’il était le plus chanceux des hommes.

Marc entendit l’eau du lavabo couler dans la salle de bain et devina que sa jeune amie se rafraîchissait un peu. Il en profita pour se rhabiller et pour remettre ses cheveux blancs en ordre. Il contemplait les vêtements de sa maîtresse jonchant le sol lorsqu’elle réapparut enroulée dans un grand drap de bain violet. Elle lui dit:

— Tu dois partir déjà?

— Hélas. Il faut vraiment que j’y aille ma belle.

— C’est vrai qu’il est tard, je comprends. J’espère que tu n’auras pas d’ennuis.

— Non ne t’inquiète pas. Tout va très bien pour moi. Dit-il en lui souriant.

— OK… je voulais te dire que j’ai adoré. Vraiment, intensément.

— Plaisir partagé mon ange. J’avais presque oublié comme cela pouvait être aussi bon. Appelle-moi quand tu veux, je serai toujours là pour toi.

Il la serra fort dans ses bras, l’embrassa une dernière fois et s’en alla. La jeune femme s’assit sur son lit en contemplant les draps défaits par la passion. Elle éprouvait de la confiance en elle et de la force. Elle se sentait maintenant prête à s’aventurer dans la forge brûlante de Roland.

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