En regardant l’heure, je me rendis compte que j’avais été enfermée toute la nuit et une bonne partie de la journée. Fort heureusement, mes maux de ventre s’estompaient peu à peu, me permettant de manger à un rythme léger, et je finis par m’allonger sur le lit où le sommeil me gagna instantanément.
Je fus réveillée le lendemain matin par ma Maîtresse qui ouvrait la porte de ma chambre ; elle était habillée, comme d’habitude, d’un ensemble tailleur chic gris foncé. Je l’accueillis dans ma position habituelle, mon corps étant toujours douloureux à cause les coups reçus la veille.
Aujourd’hui, ma chienne, on va faire les magasins au centre commercial : je veux te faire toute belle pour cet après-midi. J’aurai des invités, et naturellement je ne te dirai pas ce que j’attends de toi, n’est-ce pas ?
Je sais ce que vous attendez de moi, Maîtresse Chloé, et je ferai mon maximum pour être une bonne chienne.
On part dans une heure. Je serai dans la voiture, et tu sais que je n’aime pas attendre! me dit-elle en sortant de la chambre.
Je me dépêchai de prendre une petite douche, de m’habiller d’un jean, dun tee-shirt et de baskets, n’ayant reçu aucune consigne vestimentaire. Il me restait un peu de temps pour avaler un petit déjeuner que je pris avec un grand plaisir. Je rejoignis ma Maîtresse à la voiture dans les délais impartis et nous prîmes la route du centre commercial. Le voyage se passa dans le silence le plus total ; je n’osais pas ouvrir la bouche, ne voulant pas que ça se retourne contre moi.
Une fois arrivées, ne sachant pas de quelle manière je devais m’habiller, nous regardions les vitrines de chaque magasin lorsque tout à coup je reçus un choc terrible qui me fit perdre l’équilibre ; il avait provoqué par une personne visiblement pressée. La douleur des coups reçus la veille augmenta celle de ma chute et, grimaçante, je me relevai aidée par ma Maîtresse.
Tout va bien ? me demanda-t-elle.
Oui, ça va aller, dis-je en scrutant autour de moi pour voir qui aurait pu me bousculer aussi violemment.
Je n’ai pas vu qui a fait ça, mais ça n’a plus aucune importance maintenant. On va aller dans ce magasin ; je connais la patronne et elle me fera sûrement un prix. Viens !
Je vous suis, lui dis-je en grimaçant et en scrutant autour de moi.
Je revis d’ailleurs brièvement la scène dans ma tête, et j’ai cru sentir qu’on m’avait déposé une carte dans l’une des poches arrière de mon jean. Je vérifiai discrètement et me rendis compte qu’en effet on m’avait bel et bien déposé un petit morceau de carton. En temps normal, les pick-pockets font l’inverse, à savoir bousculer leur victime tout en les détroussant pour faire passer leur geste pour une banale bousculade et prendre rapidement de la poudre d’escampette ; mais pas cette fois. Je décidai d’aller voir ma Maîtresse afin de me renseigner sur le type de vêtements dont j’aurai besoin.
Excusez-moi, mais quelle genre de tenue il me faut, Maîtresse Chloé ? lui chuchotai-je.
Prends une robe chinoise là-bas ; essaie-la dans une cabine, et tu m’appelles quand tu es prête, me dit-elle en me désignant le présentoir où les modèles étaient posés.
Oui, Maîtresse Chloé, lui chuchotai-je de nouveau.
Je me dirigeai rapidement vers les robes, en pris une au hasard après avoir vérifié que c’était bien ma taille, et fonçai dans une cabine libre dont je fermai immédiatement le rideau. Après m’être assurée que je n’étais visible de personne, je sortis le carton et j’eus un choc qui me paralysa de la tête aux pieds en lisant son simple contenu :
"RETROUVE-MOI AUX TOILETTES PUBLIQUES À CÔTÉ DU MAGASIN « X ». L.S."
Ma main se plaqua contre ma bouche et mes yeux s’écarquillèrent. Je n’en croyais pas mes yeux ; ça ne pouvait être qu’une erreur, c’était impensable ! "L.S." ? Était-ce "ELLE" ? Et le magasin « X » ? C’est celui dans lequel nous sommes en ce moment. Je cachai la carte dans une poche arrière du jean, sortis de la cabine, et d’un pas rapide me dirigeai vers ma Maîtresse. Mon cur battait à tout rompre dans ma poitrine ; je ne croyais pas ce que je venais de lire.
Maîtresse Chloé, lui chuchotai-je de nouveau, puis-je…
T’es pas encore habillée ? Qu’est-ce que tu fous ?
Je ne me sens pas très bien. Puis-je aller aux toilettes à côté du magasin, s’il vous plaît ?
Qu’y a-t-il ? T’es toute pâle.
S’il vous plaît, Maîtresse… insistai-je, bien décidée à connaître le fin mot de cette histoire.
Excusez-moi, Mademoiselle…dit-elle en interpellant une vendeuse.
Une vendeuse assez jeune, rousse et très mignonne s’avança vers Chloé.
Oui Madame ?
Excusez-moi ; est-ce que cette jeune fille peut utiliser vos toilettes, s’il vous plaît ?
Je regrette, Madame, mais elles sont réservées au personnel. En revanche, vous avez des toilettes publiques juste à côté de ce magasin.
Merci, Mademoiselle, dit-elle, visiblement déçue.
Je poussai un discret soupir de soulagement, et la vendeuse s’éloigna.
Bon, très bien, vas-y. Mais comme d’habitude, je reste à l’entrée du couloir : comme ça, en cas de pépin, tu n’as qu’à m’appeler,
Merci, Maîtresse Chloé.
Nous sortîmes du magasin et empruntâmes le court chemin qui nous séparait des toilettes. Choé, comme convenu, resta à l’entrée du couloir. Moi, après avoir traversé le court couloir, je poussai la lourde porte et constatai qu’étrangement, les toilettes des filles étaient vides. Penchée au-dessus du lavabo, je commençais à me rafraîchir le visage avec leau d’un robinet, pensant qu’il devait s’agir d’une mauvaise blague, lorsqu’une douce voix familière se fit entendre derrière moi :
Ravie de te revoir, "Papillon de nuit". Tu as bien eu mon message, on dirait.
Le visage trempé, toujours penchée au-dessus du lavabo, j’écarquillai les yeux en restant figée sur place. « Ève » ? pensai-je. Je fis lentement volte-face, et je sentis mon cur faire un bond dans ma poitrine, comme sil avait été libéré de tous mes maux en la voyant. Elle se trouvait devant moi, brune, cheveux mi-longs et fins, silhouette fine, élancée, un peu plus de la trentaine, yeux de biche, souriante…
Sourire communicatif car je me jetai dans ses bras en larmes pour une accolade des plus amicales. Jamais je n’avais eu autant de plaisir à revoir une personne qui m’est chère. "L.S." sont les initiales de ma meilleure amie et mentor, qui a pour nom de code "Louve Silencieuse" ; elle a pour doux prénom Ève et elle est reconnue comme l’une des plus talentueuses voleuses du monde.
Dieu merci, je te contacte enfin… Et en plus, t’as l’air en forme !
Comment m’as tu retrouvée ? lui demandai-je, le sourire jusqu’aux oreilles, débordante de joie et les larmes aux yeux.
C’est une très longue histoire, ma belle, et on en parlera une fois qu’on sera rentrées, si tu veux bien. Écoute, j’aurais dû t’accompagner, enchaîna-t-elle à une vitesse folle. J’ai été idiote de te laisser aller dans cette baraque toute seule : ton informateur t’a refilé des infos bidons, mais je me suis occupée de lui, et il…
Attends, écoute-moi, la coupai-je. J’ai trop peu de temps !
Comment ça ? De quoi tu parles ?
Je savais que le temps me manquait, mais je lui racontai le plus brièvement possible toutes mes aventures en surveillant la porte du coin de l’il. Tout ce que j’avais fait. J’ai cru qu’elle allait se mettre à hurler lorsque je lui ai montré les marques de coups ainsi que mon tatouage, mais elle retrouva rapidement son calme légendaire et prit mes mains.
Est-ce que tu veux revenir avec moi ? Je te promets qu’on travaillera à nouveau toutes les deux et que nos entraînement seront plus intensifs. Pour ton contrat, fais-moi confiance : je le retrouverais. Dis-moi juste où je devrai chercher.
Cette offre me tentait grandement, et j’avais toujours été fière d’être son élève. Seulement, maintenant, tout était différent : jétais une soumise… Non, je ne voulais plus l’être, plus après ce que j’avais subi. Je voulais partir et reprendre ma vie d’avant, et elle seule pouvait m’aider.
Dans son bureau, mais je l’ai vue le foutre dans un coffre. Pardonne-moi, Ève, je me suis effondrée tout de suite ; je ne savais pas quoi faire, j’ai jamais eu à subir la moindre torture, j’ai été prise bêtement et…
Calme-toi ! Tu as simplement respecté la règle numéro 4 ; je ne t’en veux pas du tout, me rassura-t-elle.
La règle numéro 4 stipulait qu’en cas de capture, il fallait s’adapter à n’importe quelle situation pour rester en vie.
Je dois partir, sinon elle va se douter de quelque chose, lui dis je, un peu triste.
Vas-y. Je viendrai te chercher rapidement ; et quand ce sera fini, on rira de cette histoire devant un grand plateau de sushis, c’est promis ! me dit elle en souriant. Mais en attendant, continue tes activités, OK ? Dans 48 heures grand max, c’est fini, je te le promets !
Entendu ! dis-je en tendant mon pouce vers le haut.
Après une accolade, je sortis des toilettes. Juste à temps, car Chloé empruntait le chemin pour me rejoindre d’un pas rapide.
Quand même, tu en as mis du temps !
Pardon, Maîtresse Chloé, dis-je en baissant les yeux. Je ne me sentais pas bien, mais ça va bien mieux maintenant.
Allons-y, il faut qu’on se dépêche !
Oh oui, tout allait beaucoup mieux, c’était indéniable. Je me sentais euphorique pour la première fois depuis longtemps. Nous prîmes une robe chinoise rouge classique qui laissait les cuisses dénudées et nous sommes rentrées à la maison où je commençai à me préparer pour les futurs invités.
Une suite ?
