1-
Je mappelle Laurence. Mais ça na pas toujours été lé cas. Je suis née deux fois.
Ma première naissance à eu lieu il y a un peu plus de quarante ans. On ma baptisé Laurent. Jai grandi dans un milieu pas très aisé, à la campagne. Malgré tout je ne manquais de rien et mes parents me donnèrent, ainsi quà mes deux frères, une bonne éducation dans une école privée.
Je grandit tranquillement, devint un ado sans histoire, introverti et très timide.
Coté fille, cétait le calme plat. Très plat même. Ma timidité maladive ne maidait pas beaucoup. Mais ça ne mempêchait pas de les regarder avec plus ou moins dinsistance. Et pas seulement les filles de mon âge. Les profs, les commerçantes, les passantes. Avec une prédilection pour les jambes, les chaussures, les dessous et le maquillage.
Jadorais les talons hauts, jadorais les maquillages chargés, jadorais voir les dessous, ou du moins les marques quils laissaient sur les vêtements. Je me souviens même quune fois, je demandais à mon frère sil naimerait pas être maquillé comme cette présentatrice en couverture du magazine télé. Sa réponse fut sans appel : « nimporte quoi ! »
Jétais à tel point fasciné par les femmes et surtout par ce quelles portaient que jen vint à vouloir voir tout ça de plus prés.
Tout naturellement, je me dirigeai vers la garde-robe maternelle. Rien de bien sexy. Pas de porte-jarretelles ou de string, pas de jupe fendu, pas de talons aiguille. Malgré tout, je caressai ses culotte en coton, ses collants, ses jupes et chemisiers. Puis le toucher ne me satisfit plus. Il fallait que jessaye. Je choisis demblée le seul ensemble noir de ma mère, un collant noir aussi puis une jupe et un chemisier blanc. Je pris une paire descarpins à petits talons que je pouvais encore mettre avant que mes pieds grandissent. Puis direction la salle de bains où jappliquai un peu de rouge à lèvres. Je revins dans la chambre pour madmirer. Jétais loin dêtre crédible avec mes poils aux jambes et mon sexe tendu qui déformait la jupe. Mais cette première expérience fut une révélation. Je savais pourquoi jétais si attiré par les femmes : je voulais en être une moi-même.
Sauf que dans mon milieu, cétait même pas la peine dy penser. Les hommes étaient des hommes, et les femmes, des femmes. Les autres combinaisons nétaient pas possibles aux yeux de mes parents. Et je ne parle même pas dhomosexualité.
Je continuais donc de me travestir en cachette, quand la maison étaient vide. Cest-à-dire pas souvent.
Lété de mes seize ans, lamie denfance de ma mère proposa de passer les vacances avec sa famille, du coté de Marseille.
Cette amie denfance, Corinne, ma mère la voyait peu. Il faut dire que Marseille nétait pas la porte à coté quand on habitait au milieu du sud-ouest. Et à lépoque, le TGV nexistait pas. Malgré tout, chaque fois quelle venait, cétait un petit évènement en soi.
Corinne était un petit bout de femme, à peine un mètre soixante. Mais sa gouaille compensait largement sa petitesse. Petite mais très jolie et sexy, même si elle avait lâge de ma mère, elle me faisait passablement fantasmer.
Son mari, Marc travaillait pour une compagnie pétrolière installée sur létang de Berre. Son poste haut placé lui garantissait un revenu confortable. Malgré cela, Corinne travaillait comme infirmière libérale et pouvait géré son temps de travail comme bon lui semblait.
Cest ainsi que je pris le train pour la première fois. Tout seul qui plus est. Jétais un aventurier !
Corinne mattendait à la gare St Charles et memmena dans leur appartement à Plan de Cuques. Un appartement modeste, suffisamment grand pour eux trois.
Corinne et Marc avait une fille, Stéphanie, de quatre ans ma cadette. A douze ans, elle était en plein âge bête et avec sa copine, elles faisaient la paire. Contre moi.
On passa lété entre promenade, visite touristique et surtout baignade dans les criques et les calanques.
Cest pendant ces journées que je pus observer Corinne en maillot de bain. Sa poitrine était retenue par le haut dun bikini rouge, et parfois, je pouvais voir un début de toison pubienne dépasser du bas. Autant dire que ça nallait pas freiner mon imagination.
2-
Je rentrais enfin dans mon sud-ouest natal, la tête pleines dimages et de souvenirs.
Retour au lycée en première et la préparation du bac de français. Je continuais de me travestir en cachette quand je le pouvais. Quelques tentatives de maquillage plus poussées furent catastrophiques, laissant des traces longtemps visible sur le visage. Je ne pouvais plus mettre les chaussures de ma mère. Frustrant.
Lété arriva. Cette fois, cétait Corinne qui vint le passer dans une maison à quelques kilomètres de chez quelle avait louée pour les deux mois. Elle y fut seule avec sa fille en juillet, Marc devant la rejoindre en aout.
Jallais lui rendre visite de temps en temps. Elle profitait de la vie et surtout du compte en banque de son mari. Elle dépensait une fortune en produit de maquillage, de vêtements. Ce qui nétait pas pour me déplaire. Jaimais bien sa façon exagérée de se maquiller et secrètement, je rêvais den faire autant. De temps en temps aussi, je pus observer son corps mature mais bien fait, ses seins plus vraiment fermes et qui obligeaient le port du soutien-gorge, son sexe que jimaginais et dont les quelques poils pubiens visibles me faisaient vibrer.
Lété se passa sans quil ne se passa rien entre nous.
Les cours reprirent.
Terminale. Bac maths-physique que jeus de justesse. Avenir flou, sans vraiment didée sur ce que je voulais faire. En cours dannée, javais passé des tests pour être pilote dans larmée. La Grande Muette portait bien son nom. Pas de retour quant à ma candidature. En désespoir de cause, je morientais vers un deug de maths. Au pire, je finirais prof.
Comme lannée précédente, Corinne reloua la même maison quelle occupa seule avec Stéphanie durant juillet avant larrivée de Marc en aout.
Comme lannée précédente, elle dévalisa les parfumeries et les boutiques de vêtements.
Comme lannée précédente, jallais rendre visite et tenir compagnie à lamie denfance de ma mère.
Mais un jour tout bascula.
Corinne, installée à la table de jardin, changeait le vernis de ses ongles. Dun rose soutenu, il vira au rouge vif. Assis en face delle je la regardai faire, parlant de tout et de rien.
Stéphanie descendit de sa chambre et vint sasseoir à cote de moi. Elle plaça ses mains pour que sa mère lui peigne les ongles. Je continuai de regarder, au fond de moi très jaloux et désireux davoir ma part de vernis. Inconsciemment, javais posé mes mains à plat sur la table de jardin.
Elle termina les mains de Stéphanie qui repartit dans sa chambre et passa une deuxième couche sur ses ongles. Moi, javais gardé toujours la même position, espérant vainement davoir du rouge sur mes ongles.
Alors quelle avait fini le travail de peinture, Corinne plongea le pinceau dans le flacon et au lieu de le fermer, le ressorti, légoutta et appliqua la couleur sur mon petit doigt, puis lannulaire et le majeur. Rechargement en munition, lindex et le pouce de ma main gauche furent coloriés. Quelques instants plus tard la main droite était rouge à son tour. Je tremblais de tout mon corps.
— ça te plait ? me demanda-t-elle, avec un sourire amusé.
— oui, beaucoup, dis-je, la gorge sèche en contemplant mes mains féminisées.
Le sourire disparut et le visage de Corinne devint neutre. Ma réponse et surtout le ton sur lequel je lavait dite lintrigua.
Je sentais quelle cogitait très fort sur mes désirs.
— tu veux que je ten mette sur les pieds, me demanda-t-elle au bout dun moment.
— je ne voudrais pas abuser.
— je suis sure que tu en meurs denvie.
— cest vrai
Elle vint vers moi et me demanda de mettre mes pieds sur le banc. Cinq minutes plus tard mes orteils étaient assortis à mes mains.
Jattendis patiemment que ça sèche pendant quelle faisait de même avec ses petits petons, pointure trente-sept.
3-
— tu aimes te mettre du vernis, me demanda-t-elle soudainement
— cest la première fois.
— te maquiller alors ?
Je rougis aussitôt.
— tu tes déjà déguisée en fille ?
Je virai au cramoisi.
Corinne najouta rien. Elle avait compris mes penchants pour le travestissement.
Elle chaussa ses sandales à talons compensés et disparut dans la maison. Elle revint quelques instant plus tard avec son vanity, une bassine et un rasoir.
— tu veux que je te maquille ?
Je me remis à trembler, aussi excité par la proposition que paniqué en pensant à la réaction de ma mère lorsquelle viendrait me chercher à cinq heures.
— tu en as envie oui ou non ? je suis sure que oui.
— oui, jen ai envie. Mais jai peur.
— peur de quoi ?
— de la réaction de maman.
— quest-ce que tu veux quelle dise. Cest juste un jeu.
Sauf que pour moi, ce nétait pas « juste un jeu ». Cétait la porte ouverte à mes désirs, et je ne voulais pas lavouer, mais javais peur surtout de ne pas vouloir revenir en arrière.
— jai peur dy prendre gout, avoué-je
Corinne sourit.
— on y va ? me lança-t-elle
— oui, répondis-je les yeux brillants dexcitation
Elle commença par raser mon visage. Elle attendit un peu que le feu du rasoir passa et en profita pour appliquer la deuxième couche de vernis sur mes mains. Puis elle revint sur mon visage : fond de teint, fard à paupières, mascara, rouge à lèvre. Vu tout ce quelle avait sorti de son vanity, je craignis le pire quant au résultat.
— et voila me dit-elle en pulvérisant une touche de parfum.
Elle avait prit soin de ne pas tourner vers moi le vanity dont le couvercle disposait dun miroir.
— suis moi.
Elle me prit par la main et memmena dans sa chambre. Un instant, jimaginais quon allait faire lamour. Un instant.
— ferme les yeux, me dit-elle alors que jallais franchir le seuil.
Elle me prit par lépaule et me guida dans la pièce .
— tu peux ouvrir.
Jétais soufflé. Le maquillage était certes chargé, mais très joli, très féminin. Je ne faisais ni pute, ni voiture volée.
Mon sexe prit de lampleur dans mon short. Corinne le remarqua mais ne fit pas le moindre commentaire.
— maintenant quon est là, autant continuer.
Je ne comprenait pas. Elle ouvrit larmoire, fouilla dans les tiroirs et les étagères, et étala son butin sur le lit.
— tu mets les affaires de ta mère ? me demande-t-elle
— oui, répondis-je honteux.
— essaye ça, dit-elle me tendant un culotte blanche.
— ici ?
— oui. Bon, je ne regarde pas.
Je me déshabillai, fébrile. Passai la culotte qui serrait un peu. Mon sexe toujours tendu manquait de dépasser.
— tends tes bras.
Elle glissa un soutien gorge quelle agrafa dans mon dos puis me tendit une jupe longue et légère.
Comme la culotte, elle me serrait aussi à la taille. Enfin, elle mit des mouchoirs dans le soutien gorge et me passa délicatement un t-shirt très décolleté qui me boudinait.
— beaucoup mieux
Je me tournai à nouveau vers le miroir. Il renvoya limage dune jeune femme en jupe longue et très maquillée. Les pieds nus aux ongles vernis parachevaient le tableau
— comment tu te trouves ?
— très belle. Jaimerai rester comme ça tout le temps.
— Stéphanie, viens voir !
La jeune fille approcha et en me voyant éclata de rire. Mais elle sarrêta aussitôt devant le regard de sa mère.
— va ouvrir les volets plutôt.
Une lumière violente entra dans la chambre donnant un nouvel éclairage à mon apparence. Jétais vraiment belle, très féminine malgré les poils qui dépassaient de mon t-shirt. Mon sexe toujours tendu était caressé à son sommet par le fin tissu de la jupe et je devais faire des efforts surhumains pour ne pas jouir.
— pourquoi je ne peux pas me maquiller moi, râla Stéphanie.
— promis, demain, je te ferai la même chose. Tu peux retourner dans ta chambre.
Corinne ferma la porte derrière elle.
— si tu veux te soulager, dit-elle en me tendant un mouchoir.
Puis elle sortit de la chambre.
Je relevai ma jupe rapidement, dégageai mon sexe et éjacula aussitôt. Je messuya consciencieusement et attendit un peu pour remettre mon sexe mou dans sa culotte.
4-
Je fermai les volets pour garder le peu de fraîcheur et je quittai la chambre non sans mettre longuement regardé dans le miroir. Toujours pieds nus, je rejoignis Corinne qui était en grande conversation avec ma mère.
— cest bon, tu peux rester ce soir, dit-elle après avoir raccroché.
— super, dis-je toute excitée à lidée de passer la soirée en femme et peut-être plus si affinité.
Il nen fut rien bien sur.
— il manque une chose, me dit-elle. Il te faut un prénom de fille.
— jaime bien Hélène, osé-je dire.
— pas très moderne. Mais il te va bien. Va pour Hélène alors.
Jaidai Corinne à préparer la chambre mitoyenne de la sienne. Elle ne donnait du Hélène par ci, du Hélène par là. Stéphanie avait plus de mal mais après sêtre faite réprimandée, elle fit des efforts pour me considérer comme une fille, non sans manquer de se moquer dès quelle le pouvait.
Nous fîmes trois parties de scrabble puis nous montâmes nous coucher.
Elle me démaquilla et me laissa en culotte pour passer la nuit. De toute façon, il faisait trop chaud pour dormir autrement.
Rapidement, je maperçu que les cloisons étaient très mal isolée phoniquement et que les craquements des vieux lits sentendait très bien. Trop bien même.
Jeux beaucoup de mal à mendormir, pensant à ce qui marrivait. Je rêvais toute éveillée.
Corinne se réveilla tôt. Presque sept heures. Les craquements de la vieille maison me sortirent du lit. Jenfilai la tenue de la veille, après avoir batailler avec le soutien-gorge, et descendit dans la salle pour préparer le petit déjeuner. Une fois douchée, Corinne descendit à son tour. Nous déjeunâmes tous les deux, Stéphanie étant une adepte de la grasse matinée, quelles que soient les conditions.
— prête pour vivre ta deuxième journée en fille ? me demanda-t-elle.
— oh oui. Tu me maquilleras ?
— bien sur.
Corinne me prêta une nouvelle culotte. Noire cette fois et un peu transparente. Je me douchai puis elle me refit le même maquillage que la veille.
— je vais en ville, me dit-elle en rangeant son vanity. Je te laisse avec Steph.
— euh, ok, dis-je un peu surprise.
Elle partit rapidement pour ne pas rater le bus.
Ne sachant pas trop quoi faire, je me décidai à jeter un coup dil dans son armoire, en espérant de ne pas être surprise par Stéphanie.
Jy découvris des trésors, surtout en lingerie. Je regrettai de ne pas pourvoir essayer ses vêtements, tout comme ses chaussures dont la plupart étaient à talons hauts.
Je redescendis au rez-de chaussée, pris plusieurs revues féminines et minstallai sur un transat.
— bonjour Hélène, me dit Stéphanie avec un sourire moqueur.
— il est quelle heure ?
— onze heure et demi. Maman nest pas là ?
— non elle est allée en ville.
— elle rentre quand ?
— je ne sais pas. Bientôt.
Je me levai et décidai de préparer quelque chose pour manger. Une salade de riz restait dans mes cordes.
Corinne arriva vers treize heures, les bras chargés de sacs.
— oh, bonne idée davoir préparer à manger.
— merci, dis-je.
— quest-ce que tu as fait ce matin ?
— rien. Jai lu tes revues.
— tu as vu des choses intéressantes ?
— euh, oui, je crois
— et quoi donc ?
Je décrivis les articles sur lesquels je métais arrêtée. La mode, les chaussures, le maquillage.
5-
— viens avec moi, me dit Corinne après avoir bu son café.
Elle attrapa les sacs et monta à létage.
Je la suivis comme un petit chien, dabord dans sa chambre où elle déposa tous ses achats, puis dans la salle de bains.
— déshabille-toi et monte dans la baignoire. jai déjà vu des garçons tout nus, ajouta-t-elle en voyant ma gêne.
Jobéis timidement et très embarrassé. Elle vida le contenu de plusieurs tubes dans un bol quelle était allé cherché et me badigeonna de la tête aux pieds, sans oublier mes parties intimes et lintérieur de mes fesses, dune crème blanchâtre à lodeur acre. Elle mordonna de ne pas bouger et je restai ainsi pendant une dizaine de minutes, les bras écartés.
Elle mit fin à mon supplice en raclant la crème dépilatoire avec une spatule. Pour la première fois, une femme toucha mon sexe, qui se mit à grossir. Une fois rincé, je constatai que mon corps était aussi doux que la peau dun bébé. Mon sexe quant à lui, nétait plus perdu dans une forêt de poils noir et se dressait maintenant au dessus dune plaine toute lisse
— remets ta culotte, me dit-elle en me la tendant.
On revint dans la chambre et vida les sacs sur le lit.
— séquence essayage. Jespère que ça va aller.
Je commençai par une jupe courte en jean. Coté tour de taille, cétait parfait. Coté longueur, elle marrivait à mi-cuisses.
— assieds-toi, pour voir.
— serres les genoux, on voit ta culotte, me dit-elle en riant. Tu dois faire attention à ce genre de détail maintenant.
Corinne mavait acheté trois jupes : celle en jean, une jupe longue au tissu imprimé de fleurs identique à celle quelle mavait prêtée, et une jupe droite noire qui marrivait au genou, plus habillée, idéale pour une sortie. Coté haut, jeu droit à un débardeur à fines bretelles pour la jupe longue, un t-shirt rose pour la mini jupe en jean et une chemisier blanc pour la jupe tailleur.
Elle avait aussi acheté plusieurs culottes noires et blanches ainsi que deux soutien-gorge assortis. Enfin, il y avait une paire de tongs en cuirs et décorées de verroteries et une paire de sandales à talons compensés noires.
— merci Corinne pour tout ça. Mais je ne pourrai jamais les mettre puisque je vais repartir ce soir.
— tu ne veux pas rester ?
— jaimerai bien mais maman ne va jamais vouloir. Déjà que si elle me voit en fille, ça va être le drame.
Corinne najouta rien. Elle me tendit enfin un maillot de bains deux pièces.
— tu veux que je mette ça ?
— ben oui. Je vais faire bronzette.
Elle ouvrit larmoire et fouilla un moment dans ses étagères.
— mes dessous te plaisent ? me demande-t-elle
Je rougis aussitôt en baissant la tête, coupable.
— je me doutais bien que tu allais fouiller dans mes affaires. Et jaurais été déçue si tu ne lavais pas fait. Bon, prends toutes tes affaires et va dans ta chambre te changer.
Je bataillai une nouvelle fois avec lattache du soutien-gorge puis je retrouvai Corinne qui mattendait sur le palier. Elle avait mis son maillot rouge que jaimais tant.
On sinstalla dans les transats. Stéphanie écoutait de la musique dans sa chambre.
Puis ce fut le drame.
Ayant garé la voiture derrière la maison, personne navait entendu ma mère arriver. Au début, elle ne me reconnut pas. Mais lorsquelle se rendit compte que son fils était déguisée en fille, elle entra dans une colère noire où les mots fleuris tels que tantouze (son préféré), tapette ou pédé volèrent tout azimut.
— à quoi tu joues ? demanda-t-elle à son amie. Tu veux en faire une tantouze ?
— il y a longtemps que cen est une.
— jamais de la vie, on ne la pas éduqué comme ça.
— non, mais nempêche que cest pas la première fois quil shabille en fille. Ça fait longtemps quil pique tes affaires.
— enlève moi toute cette saloperie, me dit ma mère, on sen va.
— non ! osé-je dire.
La gifle fut violente, douloureuse. Je me mis à pleurer en silence.
— ça suffit, cria Corinne. Laurent reste avec moi pour le moment. On en reparlera plus tard.
Ma mère tourna les talons en fulminant. Cette fois, on entendit le démarrage en trombe qui laboura le chemin de gravier. Et encore plus le klaxon de la voiture à qui elle coupa la priorité.
Je ne le savais pas encore, mais ce fut la dernière fois que je vis ma mère. Et ma famille.