Lorsque les poulies libérèrent enfin ma chérie, le pont se vida rapidement de ses occupants. Je me retrouvai seule avec Mme Kadar et les embruns de l’océan Indien.
Tu meurs d’envie de prendre sa place, n’est-ce pas, vilaine fille ?
Merci de mettre fin à ma surexcitation ! Quand je suis à l’acmé de mon désir, même le fouet ne suffirait pas à me rassasier.
Malheureusement, le prince n’apprécierait pas que sa naïade se présente devant lui couverte de marques disgracieuses. Dans le même ordre d’idée, la tentative de viol dont tu as été victime ne fait absolument pas partie de ses plans. Je me sens coupable de ce qui t’es arrivé. Tu es très aguichante, tu sais ! Tu ne pouvais quinspirer des idées de viol en déambulant comme cela, à moitié nue jour et nuit. Les plus bas instincts se réveillent toujours en face dune ravissante fille ; les hommes, et même certaines femmes, ont les nerfs à vif depuis deux jours à cause de lattitude incitative que nous timposons : il était inévitable que tu sois profanée tôt ou tard. Je vais te détacher. Sois très obéissante, et tout se passera bien.
Mme Kadar soccupa de me reconduire dans ma prison dorée. Sa douceur et ses propos apaisants me remontèrent le moral et me rendirent mon amour-propre mis à mal par la barbarie des Arabes.
Je vais te placer un cathéter pour éviter de te piquer plusieurs fois. Je te sens apaisée. Le moment me semble propice pour analyser ton taux de lubyvérine et d’ocytocine. Parle-moi de toi, de ton Pascal et des folies que vous avez faites ensemble.
J’ai rencontré Pascal alors que j’étudiais le Droit à l’Université. Il avait vingt-sept ans, moi dix de moins. J’avais lu quelques essais littéraires de cet homme qui avait la réputation de traiter les femmes comme de purs objets sexuels. Il était venu en tant que conférencier nous parler de son métier de journaliste et de grand reporter. Ce tribun m’a immédiatement séduite par son charisme et son autoritarisme. L’auditoire était archicomble. Depuis deux jours, les deux copines de cours qui m’accompagnaient suivaient son cycle de conférences. Elles semblaient connaître le « phénomène Pascal » sur le bout des doigts. Elles m’apprirent qu’à l’heure des autographes, ce macho avait pour habitude de s’accaparer la plus jolie fille de l’assemblée. Sans se faire d’illusions, nous pariâmes une soirée restaurant pour celle d’entre nous qu’il choisirait.
Nous étions au cur de l’hiver. J’avais revêtu un legging sous une minijupe archi-moulante, un sweat et une doudoune bien chaude que j’avais rangée au vestiaire. Nous étions tout au bout de la queue qui attendait sa signature sur les bouquins qu’il mettait en vente à l’entrée. Depuis un moment, il me dévisageait à la moindre occasion. Mes yeux verts, à n’en pas douter. Quand vint mon tour, il ne restait que mes deux amies derrière moi. En m’abaissant pour lui demander un autographe, ses yeux plongèrent dans mon décolleté et sa main sur les boutons de mon sweatshirt. Le grand reporter était aussi un grand explorateur. Il n’était pas du genre à tourner autour du pot : " Vos seins sont si bronzés, Mademoiselle, que je vous soupçonne de bronzer nue."
Je venais de gagner un restaurant, mais j’ignorais que j’allais empocher la montre en or. De rage, ma stupide copine abaissa brutalement mon legging jusqu’à mes genoux, emportant par ce geste mon string de dentelle.
"Non, ne vous rhabillez surtout pas : vous avez de trop jolies jambes pour les cacher !"
Je ne comprends toujours pas où j’ai trouvé le courage pour me débarrasser et du string, et de mes bas devant ce macho. Il me baratina si bien que j’ai accepté qu’il me raccompagne jusqu’à la porte de ma chambre d’étudiante. Nous avons échangé nos mails et il m’a offert une année d’inscription gratuite sur un site dont je n’avais jamais entendu parler. Je ne savais pas encore, à l’époque, qu’il était membre actif de Torquemada, un club SM particulièrement hard.
Nous avons échangé des mails platoniquement jusqu’à la fin de l’année scolaire. Chaque jour, il m’imposait de me découvrir un peu plus et de me prendre en photo avant d’aller suivre mes cours. J’adorais m’exhiber. Mes amies me reprochaient souvent de les exciter ; je me délectais de leurs réactions quand je parvenais innocemment à exhiber mes cuisses ou un sein. Cétait mon meilleur aphrodisiaque en attendant de retrouver mon amour.
Pascal a rapidement compris cette facette de ma personnalité.
Sa plus belle victoire, il la tenait quand il me mettait en situation scabreuse : il adorait mimposer des déshabillés osés dans des lieux publics ; rien ne lexcitait plus que les soirées de gala au journal avec ses collègues.
Le jour de ma délibération de fin d’année, il me promit de venir me chercher pour dîner avec quelques collègues. Il mobligea à porter une jupe trop courte, à même la peau. Pour accentuer mon malaise, il insista pour que je porte un minuscule top qui contenait à peine mes seins. À mon grand effarement, ses collègues collectionnaient mes photos les plus osées depuis plusieurs mois. En entrant dans le restaurant le plus étoilé de la capitale, je ne fus pas autrement surprise de retrouver à ma table une dizaine de ses collaborateurs qui se déclarèrent mes admirateurs inconditionnels .
À table, il me fit consciencieusement mouiller toute la soirée par des caresses ciblées. Mes jambes serrées contenaient à grand-peine la déferlante illusoire tant convoitée. Lorsquil mestima suffisamment attisée, il me vola mon string et invita discrètement mon voisin de gauche et celui qui me faisait face à mettre la main. L’alcool aidant, ma docilité à accepter leurs surenchères malsaines ne connaissait plus de limites. Une dame éméchée renversa sciemment un grand verre de vin rouge sur mon top. Pour s’excuser, elle s’empara de mon deux-pièces pour aller le rincer aux toilettes. Dès que je fus nue, Pascal me tapa sèchement les fesses pour avoir souillé ma robe et proposa à ses collègues de constater par eux-mêmes mon manque de retenue.
Les agapes se terminèrent par une palpation exhaustive et collective de mes rotondités ; un photographe immortalisa toute la scène et la posta sur le site de Torquemada. C’est en me rappelant que je possédais un accès gratuit au site que je découvris que mon corps catalysait tous les appétits sadiques des huit cents membres de la confrérie.
Mon innocence sévapora définitivement ce jour-là avec mes dix huit-ans. Par contre, j’ai acquis la certitude que mon corps pouvait faire chavirer les plus honorables bourgeois ; Pascal n’eut de cesse de m’engluer dans ce monde d’adultes débauchés. Je me sentais coupable de me laisser mener par le bout du nez par ma libido masochiste que j’affichais un peu plus à chaque occasion.
Ton enthousiasme déroutant traduit une volonté inébranlable de te laver de tes propensions graveleuses. C’est le médecin et non la femme qui te parle, ma beauté.
Madame Kadar, vous êtes ma seule amie sur ce navire depuis que Nadia est séquestrée. Je vais vous faire une délicate confidence : je navais jamais autant joui depuis lempalement public sur lIle de Socotra ; la souffrance mest devenue une indispensable compagne pour jouir parfaitement.
Je me fais peur parfois. Je rêve dun puissant tourbillon qui mimposerait toujours plus de douleurs pour me mener au nirvana.
Pascal a fait de moi une obsédée qui ne sassouvit pleinement que dans lexhibition éhontée de ses charmes. Mais je me sens profondément coupable de mes penchants doloristes.
Depuis une semaine, ma déchéance sest notablement accélérée ; cest pourquoi jaccepte mon sort avec abnégation, comme une sorte expiation de mes péchés passés.
Je comprends mieux ta quête. Si cest ainsi, tu seras comblée au-delà de tes espérances, ma chérie ! Le prince Nabil ta mitonné une session de supplices extravagants qui purifieraient la plus infâme des pécheresses. Tu nauras quà imaginer que la finalité de ton martyre sera de faire pardonner tes désirs inconscients de destruction, et tu chemineras magnifiquement dans lorgasme.
Nous allons passer ensemble en salle de soins ; en suivant ta biologie par des contrôles sanguins répétés, j’apporterai peut-être une explication scientifique à ces réactions sexuelles démesurées à la douleur qui t’obsèdent.
