C’est un tendre baiser sur la joue qui me réveille, aussitôt suivi de caresses dans les cheveux.
— Debout mon amour, me susurre Thomas d’une voix douce.
J’ouvre un il, puis le referme. C’est déjà le matin ? Impossible !
J’entends un petit rire, puis Thomas commence à me secouer l’épaule pour me sortir de ma torpeur.
— Debout marmotte, je te rappelle que tu dois aller travailler.
Le travail !
Je me redresse brusquement.
— J’airatéleréveil ? est tout ce que je parviens vaguement à demander, d’une voix encore largement empâtée par la fatigue.
— Non, il est 6h. Mais comme j’étais déjà levé j’ai préféré venir te réveiller. Je pensais que ce serait moins brutal, mais je crois j’ai eu tort.
Il accompagne son explication de son sourire le plus craquant, si bien que je suis gagnée par une soudaine et profonde bouffée d’amour.
— Je t’aime toi, murmuré-je en plongeant dans ses bras.
Je l’embrasse, appréciant le doux contact de ses lèvres au réveil. Sauf que mon haleine ne doit pas être très fraîche.
Effrayée par cette idée, je me retire habilement et me lève en le contournant légèrement. Pendant une seconde il semble un peu décontenancé, mais il comprend manifestement la raison de cette esquive et se contente de sourire.
— Je t’aime ! me lance-t-il encore, tandis que je quitte la pièce.
Je passe rapidement par la case toilette, puis je me dirige d’un pas de zombie vers la salle de bain.
Tandis que je me lave les mains, je prends le temps de me dire que j’ai décidément le meilleur homme du monde.
Notre histoire a en effet toujours sonnée comme une évidence : nous nous sommes rencontrés pendant nos études, alors que lui était en terminale et moi en seconde. J’ai presque immédiatement flashé sur lui, le grand brun plus âgé, à la fois sportif et intello. Mais j’avais d’abord cru qu’il ne me remarquait pas. Sauf qu’il savait simplement mieux jouer à ce jeu que moi, et qu’il avait su maquiller son attirance.
Il m’avait finalement donné quelques cours pour m’aider à réviser le bac, surtout dans les matières où j’étais la plus faible. Mais les matières enseignées au lycée ne sont toutefois pas les seules choses qu’il m’avait apprises…
J’étais vierge lorsque nous nous sommes mis ensemble, et tout ce que je connais de l’amour et du sexe, je lui dois. Cela ne m’a pourtant jamais posé aucun problème, je me sens pleinement épanouie dans mon couple.
Désormais, j’ai 19 ans et lui 21.
Et on file le parfait amour.
Consciente que l’heure tourne, je jette un dernier regard hâtif dans la glace. Ce que je vois ne m’enchante guère, mais je n’ai pas le temps de faire mieux. Mon visage, que je trouve particulièrement pâle, est encadré par des cheveux blonds un tantinet emmêlés.
Je jette également un regard vaguement dégoutté sur ma poitrine, que je trouve trop petite. Thomas a beau répéter qu’il la trouve belle, et qu’il ne l’imagine de toute façon pas autrement, je ne le crois au fond pas vraiment.
Je sais bien que je ne suis pas sympa avec moi-même, car les gens me trouvent en général très jolie. Thomas me fait d’ailleurs souvent remarquer ce qu’il voit lui : une jeune femme splendide, aux formes non pas volumineuses mais harmonieuses, jusqu’à une poitrine qui suffit largement à son bonheur. Il ajoute généralement que j’ai un petit ventre tout plat, surmontant des cuisses fines et élancées, le tout encadrant le plus joli popotin de l’histoire de la féminité !
Tous les reproches que je peux lancer à mon corps ne lui apportent pas le moindre défaut aux yeux de mon copain ! Et c’est finalement le principal, non ?
Je me décide enfin à le rejoindre dans le salon, où je constate qu’il a préparé le petit-déjeuner. Il a du se lever à l’aube pour cela ! Je me jette à son cou pour l’embrasser, puis je m’attable pour dévorer toutes les bonnes choses qui s’offrent à moi.
Le trajet jusqu’au travail n’a toutefois pas l’amabilité de m’apporter autant de réconfort que Thomas. J’affronte successivement deux bouchons avant d’arriver, mais mon copain est parvenu à me mettre d’une telle bonne humeur que je les prends plutôt bien.
En arrivant, je salue Marthe, la vieille pimbêche de l’accueil, qui me rend en retour un regard glacial. Marthe est une vieille fille aigrie qui voue une haine farouche à tous ceux qui sont plus heureux qu’elle, c’est-à-dire à peu près tout le monde. Le pire, c’est que cette infecte hypocrite est néanmoins capable d’offrir un visage avenant aux clients, jouant son rôle à la perfection.
Lorsque j’arrive dans la partie des bureaux, je me rends compte que tout le monde est déjà arrivé. Logique, c’est moi qui prends le plus tard. Je salue donc mon patron, Mr. Christin, d’un signe de tête accompagné d’un sourire, puis je serre la main du jeune stagiaire… dont je constate que j’ai déjà oublié le nom !
Steven, Kevin, Dylan… un nom à la con…
— Bonjour Madame Essiau, me dit-il en bavant presque.
"Bonjour petit con", songé-je en le voyant lorgner sur mes fesses.
Se savoir désirée est plutôt flatteur en soi, mais je n’aime pas sentir des yeux se poser sur moi. Hormis ceux de Thomas, bien sûr, qui d’ailleurs ne se privent guère.
"Christopher !" ne puis-je m’empêcher de m’exclamer dans ma tête. Il s’appelle Christopher.
Il me semblait bien qu’il avait un nom américain à la mort-moi-le-chibre. C’est d’ailleurs ce qui m’avait immédiatement dérangé chez lui, parce que je devais bien reconnaître qu’il n’y avait pas grand-chose d’autre à lui reprocher. Il était poli, serviable et travailleur, bien qu’un peu gaffeur.
Et ses yeux feraient bien de rester concentrés sur leur travail.
Si j’avais pris le temps de réfléchir à la question, je me serais même sûrement rendu compte qu’il était plutôt mignon, dans son genre.
Chassant mes pensées, je me jette presque au cou d’Alexandre – un autre de mes collègues un peu plus âgé que moi – pour lui faire la bise, puis je procède de même avec Mélanie.
Alexandre a 32 ans, il est marié depuis une dizaine d’année et a déjà deux enfants. Pourtant, on s’entend comme des larrons en foire, partageant la plupart de nos délires comme des gosses. Mélanie, âgée de 26 ans, est la troisième « du groupe » (ce qui fait parfois dire dans le service, avec plus ou moins d’humour ou de mauvaises intentions selon les cas, qu’Alexandre est souvent « bien entouré » au travail).
Après quelques questions bateau sur le week-end passé par les uns et les autres, la santé des enfants et une petite blague idiote d’Alexandre, on se dirige chacun vers notre bureau pour se mettre au travail.
Je m’assieds sans parvenir à retenir un soupir de dépit.
"Qu’y a-t-il de pire qu’un lundi matin ?"
Une pile de courriers est déjà étalée sur mon bureau, et la simple idée de ce que je peux y trouver me donne déjà envie de tourner les talons.
L’entreprise est actuellement en pleine restructuration suite à une absorption par un grand groupe. Bien sûr, il a été garanti qu’aucun poste ne serait supprimé, ce qui n’a effectivement pas été le cas jusqu’ici, mais il se murmure de plus en plus souvent que des doublons devront être supprimés du fait des synergies nouvelles créées par la fusion. Bref, certains sont sur la sellette, puisque nous sommes trop nombreux, mais personne ne sait qui.
Comme beaucoup de mes collègues les plus proches, je ne fais guère attention à cela, essayant surtout de continuer mon travail normalement. Mais certains, les plus fourbes, espionnent, épient, colportent des ragots quand ils ne les créent pas eux-mêmes afin d’instaurer un climat de terreur.
Cette atmosphère de tension permanente n’est pas pour me rassurer, moi qui ai déjà assez de complications dans ma vie privée. Certes, mon couple avec Thomas se porte à merveille, mais je ne peux pas en dire autant de ma famille. Mon père est mort l’an dernier d’un cancer, ce qui a donné lieu à une terrible bataille entre ma mère et la nouvelle femme de mon père pour la répartition de l’héritage. Avec, bien sûr, les déchirures que cela implique entre moi, ma sur et mon frère.
Bref, la tension au boulot n’est pas mon principal problème, mais je ne peux pas ignorer la menace qui pèse au-dessus de ma tête. Je me suis déjà toujours sentie inférieure vis-à-vis de Thomas – lui qui a un poste prestigieux dans une banque – alors que je ne suis qu’une simple employée. Si en plus je venais à perdre mon travail, alors ce déséquilibre ne ferait que s’accroitre.
Sans doute est-ce pour cela que je ne lui ai même pas parlé des problèmes rencontrés au travail. Car oui, aussi étrange que cela puisse paraître, je ne lui ai rien dit. Il ne sait même pas que l’absorption a créée toutes ses tensions, ni ce qu’elle fait peser sur moi.
"Peu importe, cette histoire sera bientôt derrière-nous, et je gère."
Laissant de côté ces soucis pour l’instant, j’allume mon ordinateur tout en commençant à m’atteler au courrier. J’ouvre la première enveloppe, qui ne s’avère être qu’une simple relance.
— Tiens Alex ! lancé-je à mon collègue en lui envoyant la lettre. Je crois que c’est pour toi.
Il la rattrape avec adresse et me jette un clin d’il.
— Bien visé ! ricane-t-il. Pas comme celui qui a distribué le courrier !
Je pousse un petit soupir. Oui, c’est le stagiaire qui est chargé du courrier, mais il lui arrive fréquemment de faire des gaffes de ce genre. On lui pardonne volontiers, toutefois, parce qu’il est gentil et agréable.
"Mais il s’appelle Christopher."
Je souris pour moi-même et tape mon mot de passe sur l’ordinateur qui a enfin consenti à s’allumer.
Le temps que Windows se lance à son tour, je reprends mon ouverture de courrier. La lettre suivante s’avère être une réclamation d’un client, mais il n’y a rien d’urgent. Je la glisse sur le côté, dans la pile des « à faire dans la journée », puis je commence déjà d’ouvrir l’enveloppe suivante.
Heureusement, le courrier n’est finalement pas si terrible que j’aurais pu le croire. Hormis deux ou trois cas gênants, il n’y a rien qui doive gâcher ma journée. Reste les mails.
J’ouvre donc ma messagerie, et je constate aussitôt que je suis gâtée là aussi. Dix-sept mails depuis jeudi, pouh…
’C’est la dernière fois que je pose un vendredi, c’est trop galère après le lundi matin !’
Je les scrute un par un : réclamation, demande du chef pour un élément d’un dossier déjà ancien, une autre réclamation, quelques demandes de devis… et autre chose.
Curieuse, je me penche vers mon écran, ce qui m’éblouit quelque peu. J’essuie rapidement mes lunettes et regarde de nouveau le mail en question.
Ce qui m’a surprise, c’est l’intitulé : « à ouvrir quand tu seras seule ». Étrange, surtout que je ne connais pas l’expéditeur. Instinctivement, même si je suppose qu’il ne s’agit que d’une blague, je jette un coup d’il autour de moi. Oui, je suis bien seule. Je l’ouvre donc.
Le texte est court, mais brutal. Il me laisse un instant sans voix, et je dois le lire à deux reprises afin de m’assurer que j’ai bien compris.
"Justine,
Je ne supporte plus notre relation actuelle, il faut absolument qu’on se rencontre en vrai. Je suis désolé de t’imposer un choix aussi brutal, mais sois à midi trente précise sur le banc devant la fontaine du parc Migalon, ou oublie-moi à tout jamais.
JB"
Je sais maintenant très bien qui est l’expéditeur de ce message. Depuis plusieurs années, je corresponds avec un homme sur Internet : le fameux (et mystérieux) JB. Nous nous sommes rencontré par hasard, sur un forum d’adolescent à l’époque, puis nous avons gardé contact. Au fil des années, notre relation est devenue de plus en plus intime, pour ne pas dire quasi adultérine (bien que toujours virtuelle).
Bien entendu, je n’ai jamais voulu tromper Thomas. D’ailleurs, je n’ai jamais cherché à le rencontrer, bien qu’il me l’ait plusieurs fois demandé. Pour moi, cette relation était une sorte d’échappatoire « sans frais », une manière de me changer les idées sans rien faire de mal. Enfin je crois…
Le problème, c’est que j’ai besoin de cette relation. J’en prends conscience soudainement, maintenant que je suis au pied du mur : s’il devait disparaître de ma vie, ce serait pour moi une terrible fêlure. Pas comme si Thomas me quittait, mais quand même. Or là, je n’ai aucune idée de pourquoi il souhaite me voir. Ou plutôt si, j’en ai une idée trop précise…
De toute façon, je n’ai qu’une seule façon d’être fixée, je le sais : me rendre à midi dans le parc Migalon.
Je suis donc présente, un peu avant l’heure, mais je ne vois personne sur le banc, ni aux alentours. Curieuse, je m’approche en me disant qu’il ne devrait pas tarder, ce qui me permettra enfin de mettre les choses au clair.
En arrivant devant le banc, je vois une grande enveloppe en kraft sur laquelle est écrit mon nom. Je m’assieds et l’ouvre.
"Allons bon, il s’amuse bien !"
A l’intérieur, une simple feuille en papier, avec un texte tapé à l’ordinateur.
Ma chérie,
J’aime beaucoup le nouveau fond d’écran de ton ordinateur de bureau, je me doutais que tu aimais les chats. Eh oui, je suis un de tes collègues ! Ça fait quelques mois maintenant que je me suis rendu compte que ma sympathique collègue n’était autre que… ma sympathique correspondante !
Si tu ne veux pas que je disparaisse, et si tu veux connaître enfin mon identité, je n’aurais que deux choses à te demander :
La première, c’est de retirer ta culotte, là, tout de suite, sur ce banc, et de la mettre dans l’enveloppe. Je saurais si tu ne l’as pas fait selon les termes.
Tu connaîtras la seconde requête en temps utile.
Je t’embrasse.
Je suis à deux doigts d’éclater de rire en terminant la lettre. Mais sur quelle espèce de maniaque je suis tombée ? JB espère-t-il sincèrement que je vais rentrer dans son jeu pervers ?
Je me lève d’un bond, prête à repartir, mais je suis soudain gagnée d’un doute : et s’il décidait de parler de notre « relation » à Thomas ? Il n’a proféré aucune menace, et de toute façon je n’ai pas vraiment trahi mon copain, mais cette idée me met tout de même mal à l’aise…
Je balaye le parc du regard, cherchant à identifier l’auteur de ce petit jeu. Mais j’ai beau regarder partout, aucune tête ne m’est familière. Il n’y a aucun de mes collègues de travail en tout cas.
Inconsciemment, je jette un nouveau regard autour de moi. Combien y a-t-il de personnes dans ce parc ? Une maman qui joue avec ses deux enfants à environ cinquante mètres, un couple de petits vieux sur un banc plus proche, et quelques badauds ici ou là.
Finalement, ai-je beaucoup de chances d’être aperçue si j’obéis ? Je suis en robe – car Thomas m’a fait remarquer ce matin qu’il m’aimait beaucoup en robe – il me suffit donc de faire descendre ma culotte, en essayant de rester discrète. Le tour sera joué avant que quiconque ne se soit douté de quoi que ce soit.
La tête me tourne, je suis obligée de me rassoir.
Comment j’ai pu en arriver là ? Comment je me suis retrouvée sur ce banc, à me demander si je devais retirer ma culotte en public ? Quand j’ai lu cette lettre, j’ai immédiatement été dégoutée. Maintenant je suis gênée, mais aussi… excitée.
Notre relation a toujours été tendancieuse avec JB. Bien qu’elle soit restée virtuelle, nous avons souvent distillés des allusions plus ou moins directes, ce qui fait que j’ai souvent été excitée en pensant à lui. Ce nouveau pas dans nos relations ne pourrait-il pas finalement être le zeste de folie dont je commence à ressentir le manque dans mon couple ?
Une autre pensée m’assaille alors : la seconde requête. Que va-t-il exiger de moi ensuite ? Et si c’était plus que je ne peux me le permettre ? Que ferais-je ?
Sous le coup de l’émotion, une larme commence à couler le long de ma joue. Je bouillonne de rage, de honte et d’excitation mêlées. J’en veux à JB de m’imposer ces sentiments si contradictoires. Ce qu’il me fait faire est humiliant, et je ne veux pas lui donner d’espoir ni faire quoi que ce soit qui pourrait faire du mal à Thomas ou porter préjudice à notre couple.
Pourtant, il ne m’oblige à rien et je reste là bêtement, à envisager de lui obéir…
J’ai envie de m’enfuir en courant, de tout dire à Thomas puis de me réfugier dans ses bras. Comme il me manque à cet instant ! Mais je ne peux pas, je sais que la fuite est au-dessus de mes moyens. Alors je jette, presque sans m’en rendre compte, un nouveau regard autour de moi…
Soudain, ma résolution est prise : enlever ma culotte, ce n’est quand même pas très compliqué. Je ne vais pas risquer de foutre en l’air mon couple pour si peu !
Doucement, sans cesser de jeter des coups d’il aux alentours, je glisse une main sous ma robe.
"Vas-y Justine, personne ne te regarde."
J’atteins ma culotte, mais je retire ma main aussi sec.
"De quoi j’ai l’air, la main sous ma robe ?"
La honte me submerge, et il me faut bien une minute pour me remettre de cette tentative avortée. A chaque fois qu’une personne tourne la tête dans ma direction, j’ai l’impression qu’elle est au courant, qu’elle sait ce que j’essaye de faire.
Mais l’heure tourne et l’enjeu (l’excitation ?) est trop important, aussi je préfère glisser de nouveau ma main sous ma robe…
Lorsque j’atteins ma culotte, cette fois je parviens à ne pas m’arrêter, alors que j’en meurs pourtant d’envie. Je sais que le mieux à faire serait d’aller vite, de ne pas me poser de questions.
"Si je me dépêchais, ce ne serait l’affaire que de quelques secondes…"
Mais je ne peux pas. Paralysée par la gêne, je ne progresse que centimètre par centimètre, avec des gestes lents, calculés. Je commence à faire descendre le vêtement, mais comme je suis assise c’est loin d’être simple. Je me dandine, me contorsionne d’un côté, de l’autre…
"La petite vieille m’a regardée !"
Vite, je retire ma main et rougis jusqu’aux oreilles. Je baisse la tête, terrassée par la honte. J’observe du coin de l’il, mais apparemment la mamie ne s’est rendu compte de rien.
"Ouf !"
Je reprends alors mon « travail » là où je l’avais laissé. A force d’efforts, je parviens finalement à faire glisser ma culotte jusqu’à mi-cuisses. Je n’ai donc plus qu’à la faire descendre d’un coup sec et à dégager mes jambes pour terminer ma « mission ».
"Mais si on me voyait ? Je ne pourrai plus m’arrêter en cours de route une fois que ma culotte sera devenue visible."
Je prends alors une grande inspiration, ferme les yeux… et me lance !
J’attrape de nouveau le fin vêtement, le fais descendre avec hâte, puis retire mes jambes une à une. Ça y est, je la tiens entre mes mains !
Je me rends compte que j’exulte, que je suis heureuse de cette victoire. Mais est-ce une victoire ? Je ne viens au fond que de répondre au désir de JB, pas au mien ! Encore que…
Terrassée par la honte et par mon lâche soulagement, je réalise alors que je n’ai pas regardé autour de moi, cette fois-ci, pour m’assurer que personne ne me regardait !
Paniquée, je balaye les alentours du regard, mais personne n’a les yeux rivés sur moi.
Quoique, la jeune maman un peu plus loin ne me regarde-t-elle pas avec une certaine insistance mêlée de dégoût ? Ou est-ce moi qui suis paranoïaque ?
Peu importe, il faut vite mettre fin au cauchemar (mais alors, pourquoi suis-je toute mouillée ?). Je glisse ma culotte dans l’enveloppe, que je laisse sur le banc, et me lève d’un bond pour regagner le bureau. Je n’ai pas mangé mais cela n’a aucune importance, je n’ai plus très faim de toute façon.
C’est presque en courant que j’arrive au bureau. Je suis seule, tout le monde est partit manger, mais je m’en moque. Je veux me remettre à travailler, arrêter de penser.
Soudain, quelque chose attire mon regard. Je viens de recevoir un nouveau mail.
Le « jeu » n’est pas encore terminé…