Chapitre 2

Le retour à la vie normale avait été difficile. Après une semaine loin de Cyril, sans contact avec lui, Yaël bouillait d’impatience. On était vendredi, mais il était impossible pour le garçon de voir son maître ce soir car il devait manger avec des amis, et la soirée risquait de s’éterniser. Cyril le savait, et ils avaient convenus de se recontacter le lendemain pour fixer un rendez-vous. Yaël savait qu’il aurait dû se réjouir de revoir ses amis, mais en vérité il était extrêmement frustré. Depuis cette première expérience de petboy, rien d’autre ne semblait pouvoir le satisfaire sexuellement. Il avait bien essayé de se masturber quelques fois pendant cette semaine, mais cela avait eu un goût de trop peu. Soit il regardait des vidéos "classiques", et alors c’est à peine si elles l’excitaient, soit il regardait des vidéos de maitres avec leurs pets et alors il était presque jaloux de ne pouvoir être dans la même situation. Il mourait d’envie de retrouver la pièce du fond de chez Cyril, de porter son collier et d’attendre les ordres de son maitre.

Quand le garçon arriva chez Nathan, qui organisait le repas, il se sentit un peu coupable d’avoir tant rechigné à venir. Il était content de revoir tout le monde, de pouvoir s’asseoir dans le canapé autour d’une bière et discuter de tout et de rien. Pendant les deux premières heures de la soirée, et pour la première fois de la semaine, il réussit à se sortir Cyril de l’esprit.

Ils étaient passés à table et Yaël attaquait avec entrain la portion de gratin dauphinois dans son assiette quand ses yeux se posèrent sur le poignet de Juliette, assise en face de lui. Il retint sa respiration et eut du mal à avaler sa bouchée. Elle portait un bracelet épais en cuir, fermé par une boucle en métal. Il ne l’avait pas remarqué auparavant, dieu merci, mais maintenant qu’il l’avait vu il lui était impossible de ne pas l’associer au collier que lui avait passé Yaël le weekend précédent. Il essaya de penser à autre chose mais il avait un peu bu, il ne maitrisait plus complètement ses pensées et il sentit aussitôt une pointe d’excitation lui chatouiller le bas-ventre. Espérant que personne ne remarquerait rien, il sortit son téléphone de sa poche et commença à rédiger un message sur ses genoux, sous la table. Encore une fois, quelque part au fond de son cerveau embrumé, une petite voix lui souffla d’être raisonnable, mais il ne l’écouta pas et appuya sur "envoyer".

<Je commence à regretter d’avoir accepté cette soirée Une semaine c’est beaucoup trop long.>

Il se mordit les lèvres et remit le téléphone dans son jean, recommença à manger. Cyril avait sans doute autre chose à faire ce soir-là, c’était idiot de lui avoir écrit, s’il ne répondait pas il aurait l’air ridicule Mais il n’eut qu’à attendre quelques minutes avant de sentir son portable vibrer contre sa cuisse.

<Drôle que tu m’écrives. Justement je repensais à notre soirée de la semaine dernière. Qu’est-ce qui se passe ?>

Yaël hésita, jeta un coup d’il à son voisin de table pour vérifier qu’il ne pouvait pas voir l’écran de son téléphone. Ecrivit :

<J’ai envie que tu me mettes mon collier.>

Un temps plus long, cette fois, avant la réponse. Est-ce qu’il l’avait dérangé au milieu d’autre chose ? Mais non, il avait dit qu’il était en train de repenser à cette soirée, lui aussi. Yaël avait du mal à faire semblant de suivre la conversation en cours. Enfin, une vibration.

<Lire des choses pareilles, ça me donne envie de venir te chercher sur le champ et de te ramener en laisse jusqu’à ta cage>

Cette fois-ci, soyons honnêtes, Yaël sentit clairement une érection se former dans son jean. C’était tentant. Est-ce qu’il était sérieux ? Autant le savoir tout de suite.

<De toute façon, c’est au maitre de décider ces choses-là, non ? Moi je suis prêt pour une promenade.>

Quelques secondes d’attente seulement, puis deux petits mots.

<J’arrive.>

*

Ses amis avaient été surpris qu’il parte aussi tôt, mais Yaël n’avait pas essayé d’inventer une fausse excuse et avait préféré se contenter de leur dire qu’il devait y aller. Quand il était sorti dans la rue, Cyril l’attendait dans sa voiture juste devant la porte, et le garçon sourit. Il se retourna tout de même brièvement, espérant qu’aucun de ses amis ne le verraient monter dans la voiture il ne leur avait pas parlé de Cyril et n’avait aucune intention de le faire pour le moment.

Il ouvrit la portière et se glissa sur le siège passager. Cyril le regarda en souriant, il y eut quelques secondes maladroites où aucun des deux ne savait quoi faire, et puis l’homme démarra le moteur de la voiture et alla se garer quelques mètres plus loin, dans un trou d’obscurité entre deux lampadaires. Yaël ne pouvait voir précisément ce qu’il faisait, mais il comprit assez vite quand l’homme saisit un sac à l’arrière de la voiture que la manuvre n’était pas tout à fait innocente.

— Tu veux le mettre maintenant ou tu préfères attendre ? lui demanda Cyril.

Dans sa main, le garçon devina les contours du lourd collier de cuir. Il déglutit difficilement.

 

— Maintenant, s’il-te-plait.

Comme la première fois, le contact du cuir sur sa peau le fit frissonner. Il sentit avec délice le collier se resserrer autour de son cou tandis que Cyril en faisant coulisser les sangles. L’homme le regarda ensuite pendant quelques secondes. Dans le noir, impossible de savoir où se posaient ses yeux. Yaël hésitait à dire quelque chose quand Cyril se détourna enfin et redémarra la voiture.

— Allons à la maison, hein ?

Déjà rendu muet par la situation, Yaël se contenta de hocher la tête.

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