Année 1784 – L’initiation d’une jeune aristocrate (3e Partie) – Emma de Fontanges –
Ainsi les deux Marquis tissaient peu à peu la toile dans laquelle ils avaient décidé de capturer la jeune et belle Emma de Fontanges… L’innocente pupille s’abandonnait au bonheur d’un séjour dans le somptueux château du Marquis d’Evans. Au fil des conversations, De Sade se plaisait à distiller quelques remarques qui parfois faisaient rougir la prude jeune femme… et son ami d’Evans se faisait alors l’ardent défenseur de la juvénile pureté de celle-ci. La cousine du Marquis s’amusait de ces joutes oratoires entre les deux Seigneurs, sans se douter que l’enjeu en était la dignité et la virginité de sa protégée…
Mais les jours s’écoulaient et la date du départ approchait. Pour le Marquis d’Evans, il fallait impérativement faire avancer son affaire… Il lui fallut pour cela user de quelque stratagème, car il ne voulait en aucun cas risquer de susciter l’ire de sa très chère cousine. Au fil des jours, aidé par les allusions parfois salaces dont le Marquis de Sade ponctuait délibérément leurs conversations, le Sieur d’Evans s’était imposé en fervent défenseur de la si charmante Emma. Il l’entourait d’une tendre complicité, sans jamais avancer quelque geste excessif. Peu à peu, la jeune femme commença à faire de son hôte un confident… Elle se livrait à Lui avec de moins en moins de retenue, ignorante qu’en se conduisant ainsi, elle offrait à ses oreilles attentives tous les arguments futurs pour provoquer sa chute…
Elle lui révéla ainsi sa passion pour les romans courtois et le "fin’amor". Elle avait même insisté auprès de la cousine du Marquis pour qu’elle l’autorise à apprendre les bases de la langue d’oc, afin de lire dans leur versions originales la fleur de ces récits d’antan.
Le Marquis d’Evans, qui possédait l’une des plus riches bibliothèques du royaume, ne manqua pas de l’inviter à partager quelques lectures…
Ainsi, tandis que De Sade entraînait la digne cousine dans des promenades en forêt et d’interminables parties d’échecs, d’Evans et mademoiselle de Fontanges s’évadaient sur les sentiers mystérieux d’une carte du Tendre qui passait par "les lais de Marie de France", des extraits de "Tristan et Yseult" ou les plus belles pages d’"Erec et Enide"… Il était bien facile pour le Marquis, d’entraîner la naïve jeune femme sur les pentes de ses désirs encore inavoués. Il aimait à se pencher sur sa fine épaule tandis qu’elle lisait d’une voix tremblante les malheurs de la pure et fidèle Enide… Il humait d’une narine frémissante son doux parfum fleuri, laissant aller son imagination quant à la saveur bien plus intime qu’il aspirait à déguster entre les blanches cuisses de la demoiselle.
Parfois, il poussait l’audace jusqu’à guider du bout des doigts la main d’Emma, afin de l’aider à tourner une page… si les premières fois elle ne put retenir un léger mouvement de recul, le lien se tissait imperceptiblement. Au fil des jours, au fil des pages, au fil des mots tendres qui ponctuaient leurs lectures, Le Marquis sentait l’abandon qui la gagnait. Certes elle demeurait fort prude, mais il la sentait troublée, hésitante… le Marquis s’appliquait à se montrer retenu et respectueux…
Et lorsqu’ils rejoignaient De Sade et la cousine, il se comportait encore avec la plus extrême délicatesse, appliquant à la lettre toutes les règles strictes de l’amour courtois. Le Marquis de Sade s’amusait des ruses de son hôte… Il appréciait la subtilité de la démarche de son ami, bien décidé à remporter le défi amical qu’ils s’étaient lancé. Tout en retenue et en délicatesse tout au long du jour, Le Marquis d’Evans laissait la nuit venue s’exprimer cette Nature si profondément ancrée… ce sont les esclaves recluses dans les cachots qui payaient chaque nuit dans leurs chairs la retenue des heures passées de chaque jour.
…
En effet dès la nuitée venue, chaînes, fouet, sévices divers et variés… rien ne leur était épargné… Le Marquis ne s’embarrassait pas de préliminaires… Il se faisait livrer dans sa salle en sous-sol une esclave et sans attendre la faisait se pencher afin de l’enculer sans ménagement… debout, les cuisses largement écartées, il la fourrait aussi brutalement qu’il le pouvait, lui assénant de violents coups de reins, jusqu’à la posséder au plus profond, longuement… Partageant ce violent désir de son si cher ami, Le Marquis de Sade prenait souvent part à ces jeux…
Un soir, par jeu, ils intimèrent à l’une des lavandières du Château de leur apporter une robe qu’Emma de Fontanges avait donnée à laver. Puis, après avoir fait défiler l’ensemble des esclaves intégralement nus devant eux, ils portèrent finalement leur choix sur un jeune homme récemment "livré" Au Marquis… le teint pâle, le corps d’une grande minceur, la taille fine… l’esclave avait un visage d’une délicatesse toute féminine qui n’était pas sans rappeler, grossièrement, la pupille tant appréciée par les deux Seigneurs. Enfin, sa chevelure fine et blonde n’avait pas été coupée, son physique ayant laissé penser aux geôliers que leur Maître envisagerait peut-être d’user de ce nouveau sujet. L’esclave fut rapidement revêtu de la robe et chaussé d’une paire d’escarpins en satin de soie, avec un talon bobine qui le forçait à se tenir bien droit et à se cambrer, mettant ainsi en valeur sa petite croupe ferme… Un loup de dentelle blanche fut posé sur son visage, laissant ainsi planer une sorte de flou sur les imperfections de son visage et lui accordant une aura de mystère.
L’esclave encore peu expérimenté, ne comprenait pas vraiment à quoi il était destiné… Il ne tarda cependant pas à commencer à comprendre… Ayant revêtu sa tenue, il fut entraîné sans ménagement par deux gardes jusqu’à une grande salle aménagée en salon, située tout au fond de la crypte, où patientaient les Deux Marquis en savourant une coupe de champagne… jeté à leurs pieds, le jeune homme n’eut pas le temps de se redresser… déjà, Donatien de Sade avait posé la talon de sa botte sur sa nuque, le forçant à demeurer au sol :
— "Voyez Cher Ami !, lance-t-il au Seigneur d’Evans, voyez ce que sera bientôt l’impudente donzelle… rien moins qu’une larve, rampant sur les dalles de Votre château… Car je n’en doute pas mon Ami très Cher, bientôt la discrète pupille sera devenue gueuse servile, dévouée à combler Vos plus perverses exigences !"
Le Marquis d’Evans termine sa coupe, lentement… puis Il se lève et se rapproche de la scène :
— "Mon Cher Donatien ! Votre certitude me sied ! Certes, elle viendra jusqu’à moi en rampant… elle me suppliera de faire d’elle la plus dépravée des catins ! Mais mon plan pour elle est plus subtil que cela"
Du bout de sa chaussure, Le Marquis d’Evans relève le bas de la robe de l’esclave qui gigote sur le sol, sous la botte de Sade… :
— "Oui Cher Donatien… Je veux bien plus pour elle… je veux souiller sa si belle pureté… J’en veux faire une Janus au féminin… une créature à double face, pure d’un côté, putain de l’autre… Je veux, d’elle faire mon chef d’oeuvre … L’incarnation même d’un idéal féminin que Vous êtes l’un des rares à savoir apprécier si pleinement… J’apprécie grandement ses mines de vierge effarouchée, l’attitude humble d’une pupille dévouée, sa naturelle discrétion… et je veux préserver tout cela aux yeux du monde, de la société, de ma cousine… mais je veux aussi que, sur un simple claquement de doigts de ma part, elle se métamorphose en ribaude, prête à vendre son corps et à se livrer aux plus avilissantes des débauches ! Vierge et putain, l’une et l’autre dans le même corps, au gré de Mon Pouvoir et de Mes Fantaisies" !
— "Quel beau discours Mon Cher Charles-Edouard !" s’enthousiasme Le Marquis de Sade qui lève sa botte… se penche… saisit la chevelure blonde de l’esclave et le force à se redresser…
— "Et dans l’attente d’un si alléchant programme, si nous passions nos envies sur le corps tiède de ce délicieux esclave ?"
— "Excellente idée !" et une gifle claque sur le visage, en partie dissimulé par le masque de dentelle…
…
Et la nuit dura des heures ! Rapidement, l’esclave fut dépouillé de la robe empruntée à la douce Emma de Fontanges. Nu, il fut d’abord cinglé à grands coups de cravaches… les deux Seigneurs s’en donnaient à coeur joie, jouant à se renvoyer l’esclave comme s’il était la balle d’une partie de paume… le corps fin de l’esclave était désormais marqué… mais Les Deux Seigneurs en voulaient bien plus… promptement, l’esclave fut renversé sur un fauteuil, la croupe largement offerte… Chacun à son tour, Les Marquis allaient le foutre à tour de rôle, maintes et maintes fois, forçant ensuite ses fines lèvres afin d’aller nettoyer leurs vits au plus profond de la gorge soumise… Ils remarquèrent non sans plaisir que cet esclave prenait lui aussi plaisir à être ainsi humilié. Enfin, délassés et ayant déversé toute leur énergie, Les deux Marquis regagnèrent leurs chambres, laissant l’esclave épuisé, brisé, enchaîné, non sans avoir pris le temps d’uriner à longs jets sur son corps affaissé… Lesclave remercia les 2 Nobles de lavoir ainsi souillé, mais ce nétait pas un remerciement exprimé par obligation, à lévidence cette reconnaissance était sincère. Lesclave était heureux de sa condition et dappartenir à la noble famille des Evans
…
Le lendemain matin, lorsqu’Emma de Fontanges rejoint la table du petit-déjeuner, elle ne remarque pas les regards entendus échangés par les deux Marquis. La jeune femme a revêtu la robe déposée au petit matin devant la porte de sa chambre, lavée, empesée et parfumée… Celle, bien sur, que portait le jeune esclave mâle au début de la nuit… Dans l’ignorance de la symbolique toute particulière de cette tenue matinale Emma salue avec grâce et s’installe. Le Marquis d’Evans s’enquière de ses souhaits pour la journée, car le lendemain, la jeune femme et la cousine du Marquis reprennent la route pour rejoindre les domaines de cette dernière.
Le Marquis de Sade, immédiatement, rappelle à la cousine qu’elle lui a promis une revanche au trictrac… La cousine succombe rapidement, car elle ne sait résister à une invitation au jeu… Occasion idéale pour Le Marquis d’Evans qui entraîne Emma de Fontanges dans une longue et romantique promenade dans les bois environnant Son Domaine. Il n’est plus temps de temporiser ! Tandis qu’ils devisent sous les frondaisons tout près d’un petit étang, Le Marquis d’Evans saisit tendrement la main de la demoiselle de Fontanges. Il plonge ses yeux dans ceux de la donzelle… :
— "Emma… Je ne puis vous laisser repartir sans vous exprimer ce que je cache au fond de mon cur depuis des semaines ! (La jeune fille pâlit) Votre présence en ces vieux murs, c’est la vie qui renaît, le soleil qui illumine nos jours, sentez vous ce regain vital qui gagne mes domaines ? (Emma recule d’un pas, Le Marquis ne la lâche pas… il la fixe) Emma… je sais combien vous êtes attachée à ma cousine, combien elle vous est attachée… Mais je ne puis vous cacher plus longtemps les doux transports que vous m’inspirez…"
— "Aah Monsieur ! S’il vous plait, … non !! Ne parlez pas ainsi ! " supplie la jeune femme
— "Mais, Emma… Pourquoi devrais-je taire ce qui m’anime, ce qui a foudroyé mon cur de si tendre façon !?"
— "Cessez, Monsieur, je vous en prie !"
Le Marquis relâche la main d’Emma de Fontanges qui s’enfuit telle une pucelle effarouchée, dans un froufroutement de soie et d’étoffes… Le Marquis d’Evans reste immobile, souriant, la regarde s’éloigner… Emma, rapidement, a gagné sa chambre, dissimulant à tous l’émotion qui l’étreint… Et le soir même, elle prétexte une migraine pour ne pas rejoindre les invités du dîner de fête donné par Le Marquis en l’honneur de sa cousine… jusqu’à l’heure du départ, elle a évité tout contact et effectue la plus raide des révérences au moment de prendre congé, tandis qu’elle se montre beaucoup moins distante avec le Marquis de Sade… Puis les yeux baissés, elle soutient la cousine afin de gagner le carrosse et s’engouffre sans un regard en arrière. Tandis que la carrosse s’éloigne avec fracas, soulevant un épais nuage de poussière, les deux Marquis agitent la main… et échangent un regard complice…
— "Alors, vous lui avez déclaré votre flamme ?" interroge le Marquis de Sade, un sourire sardonique sur les lèvres…. Le Marquis d’Evans sourit également…
— "Bien sur… c’était une étape nécessaire (rétorque-t-il) Et dès aujourd’hui, une longue lettre va lui parvenir, car la malleposte devance le carrosse. Elle aura mon long courrier dès ce soir, il est d’ailleurs écrit depuis quelques jours"
— "Comment a-t-elle réagi ?"
— "Comme prévu mon cher, comme prévu ! hé ! hé ! hé ! (répond-t-il avec un sourire calculateur empli de satisfaction) Avec désarroi et crainte… Elle s’est enfuie ! J’ai adoré la voir fouler les herbes folles en tentant de préserver sa robe, tandis qu’elle fuyait vers le Château… et me dire que bientôt, elle reviendra vers moi, mais en rampant et dépouillée de tout artifice vestimentaire ! Je crois que les choses sont fort bien engagées… J’ai hâte de vivre la suite…"
Et tous deux éclatent de rire…
(A suivre)