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L'histoire de Muriel – Chapitre 28




Elle reste un moment interdite, semble vouloir dire quelque chose mais se retient.

— Je vais aller aux toilettes avant la fin de la pause, lui dis-je.

— Je t’accompagne. Je dois y aller aussi.

Sa main effleure la mienne pendant que nous nous dirigeons vers les lieux d’aisance. Nous sommes à peine entrées que Catherine me prend la main.

— Muriel, je voulais te dire…

J’attends la suite en lui souriant doucement.

— Tu vas me traiter de folle, Muriel, mais je crois que je t’aime.

— Je sais très bien que tu n’es pas folle et je te remercie de me dire cela. Dans ma situation, cela m’apporte beaucoup plus que tu ne le penses. Quant à moi, je ne dirais pas que je t’aime, mais j’ai vraiment envie de toi !

Elle semble un peu déconcertée par ma réponse.

— Tu sais, Muriel, en fait je ne sais plus vraiment où j’en suis. Depuis quelques temps, je sortais avec un gars de mon quartier et il m’a plaquée ce week-end. J’étais à deux doigts de pleurer ce matin quand tu es arrivée. Mais le récit de ton malheur m’a fait prendre conscience que ma mésaventure, c’était bien peu de chose en fait.

— Tu sortais avec un garçon ? Toi ?

— Cela t’étonne ? Je ne suis pas assez séduisante ?

— Si. Mais pour moi, tu étais le prototype de la jeune fille sérieuse.

Catherine éclate de rire.

— Oh non, je ne suis pas une fille sérieuse, tu sais.

Déjà la sonnerie indique que la pause est bientôt terminée. Nous faisons rapidement nos besoins avant de retourner en cours.

La première heure est consacrée au cours d’anglais. Catherine et moi échangeons souvent des regards complices. Un moment Catherine touche même ma jambe avec sa chaussure. Décidément, elle n’est vraiment pas sérieuse !

L’heure suivante est consacrée au sport et notamment au grimper à la corde. Pas vraiment mon truc. Je n’ai jamais réussi à décoller de plus d’un mètre. Pourtant aujourd’hui, je me surprend à aller jusqu’en haut ! Il y a vraiment quelque chose de changé en moi.

Pendant que les autres filles tentent leur chance à la corde, j’en profite pour me mettre à l’écart avec Catherine afin de reprendre notre conversation.

— Dis-moi, Catherine, ton petit copain, tu avais couché avec ?

Catherine rougit jusqu’aux oreilles. Je devine la réponse.

— Comment as-tu trouvé ? Cela t’a plu ?

— Je m’attendais à beaucoup mieux. Il m’a fait mal la première fois et cela allait mieux ensuite. Et toi ?

— Moi ?

— Oui, tu as déjà couché avec quelqu’un ? Tu es dépucelée ?

— Heu, j’ai toujours mon pucelage.

Sylvie et Nathalie surviennent brusquement.

— Dites-donc vous deux, vous conspirez ? Demande Sylvie

— Arrête pauvre cloche, intervient Nathalie, je pense qu’elles parlent de l’accident.

— Oh désolée ! Que je suis sotte !

Catherine et moi éclatons de rire.

— En fait, Catherine et moi parlions des garçons !

— C’est vrai ? et qu’est-ce que vous disiez ?

— Nous parlions de pucelage, intervient Catherine en rougissant à nouveau.

— Vous l’avez encore ? Interroge Sylvie

— Moi oui, je réponds.

— Moi non, répond Catherine.

— Et bien moi, je l’ai perdu cette année ! Enchérit Nathalie

— Et moi, je l’ai encore ! Conclut Sylvie. C’est comment l’amour en fait ? J’en ai un peu peur et cela me dégoûte un peu !

— Oh, oh ! Je crois que l’on remarque nos discussions. Il vaudrait mieux revenir vers le prof !

— Tu as vu comme il est musclé ? Je pense qu’il est génial au lit !

— Arrête un peu avec çà.

Nous arrêtons en effet là nos discussion de petites filles, pas si modèles que çà, et nous approchons du groupe pour les derniers exercices.

À la fin de l’heure de sport, nous nous précipitons vers le réfectoire et nous prenons nos places habituelles en bout de table. En chuchotant, nous essayons de reprendre notre conversation.

— Alors c’est comment ? Redemande Sylvie

— C’est pas mal mais sans plus. J’ai vraiment eu mal la première fois et cela m’a un peu refroidie, déclare Nathalie.

— La même chose pour moi, confirme Catherine.

— Cela n’est pas très encourageant, conclut Sylvie, Et toi Muriel ?

— Attends, elle doit avoir d’autres choses en tête en ce moment.

Et bien non justement, je n’ai la tête qu’à cela ! Mais je n’ose pas le dire.

— Cela ne doit pas être très ragoutant quand même cette chose ? Demande Sylvie.

— Non mais c’est mignon quand c’est petit et c’est impressionnant sinon, explique Nathalie

— Mouais, je demande à voir !

— Et bien tu verras, Sylvie, quand tu passeras à la casserole !

— Ne sois pas vulgaire, Catherine !

Je me rappelle que j’ai rendez-vous avec la proviseure. Je me lève alors de table.

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