Et la meilleure manière de lui prouver que je comprenais que ce navait été quun moment dégarement, que je ne lui en tiendrais pas rigueur, que je laimais toujours autant fut de reprendre ma place et mon activité de mari amoureux. Elle me reçut en elle avec un pâle sourire, le cur soulagé, sanima progressivement et oublia dans mes bras le chemin forestier, pour me susurrer quelle maimait plus fort quavant, maffirmer que jamais plus elle ne me laisserait seul. Lorgasme mit fin à son discours durant quelques minutes. Elle retrouvait la joie, me couvrait de baisers.

Il fallut recommencer à la rassurer, elle voulut se planter sur moi, me fixer dans les yeux et battre de la croupe, mes mains et mes bras à sa demande serraient contre moi, à létouffer, tout le haut de son corps. Des genoux elle rectifiait la position et frappait nos sexes lun dans lautre avec vigueur. Elle avait retrouvé la cadence et lardeur de ses plus beaux jours. Elle soufflait, suait, passait au rouge vif, sacharnait, increvable, enragée et ne fut heureuse que lorsque jéjaculai en elle. Je maperçus alors que javais oublié de me protéger. Quelques jours plus tard les règles suivantes nous délivrèrent dun doute inutile. Puisque Marie nétait pas enceinte, Aloïs ne pourrait pas prétendre être le père possible. Jen ressentis secrètement un immense soulagement. Et puis nécessité fait lamnésie.

Dix-huit mois se sont écoulés. Jai fait construire notre maison. Cela ma beaucoup occupé en dehors de ma vie professionnelle: trouver au meilleur prix les emprunts, les matériaux, les artisans; creuser les fondations, surveiller lavancement des travaux. Marie de son côté a commencé un emploi à mi-temps au foyer des célibataires. Elle sest aguerrie et reçoit en riant les plaisanteries parfois douteuses des célibataires en manque, excités par la vue dun joli corps de jeune femme. Larticle quinze du règlement intérieur stipule que tout manquement au respect ou toute tentative contraire aux bonnes murs sera un motif de renvoi immédiat: jusquà présent, à part une ou deux mains égarées sur les parties charnues, Marie na pas eu à repousser de gestes déplacés. On la complimente sur son sourire, sur ses seins, sur laspects appétissant de sa croupe. Le plus audacieux a risqué une demande de rendez-vous à lextérieur. Ses histoires croustillantes égaient nos soirées. Après six mois de prise de la pilule, Marie a opté pour la pose dun stérilet, afin de stopper une légère prise de poids.

Aloïs qui sétait fait rare, reparaît régulièrement, il est devenu un ami, ma donné des coups de main pour couler le ciment des allées. Il nous arrive daller ensemble voir un match de foot professionnel. En réalité ce nest pas le foot qui lintéresse. Arrivés en ville, dès la première fois, il ma demandé de faire un tour par certaines rues, ma fait remarquer des silhouettes qui peuplaient les trottoirs.

-Pose-moi là au coin. Quand tu reviendras du match, je tattendrai devant la brasserie.

Je connaissais son goût pour la bière. Quinze jours plus tard, dans la même rue, il moffrit de rencontrer une des ombres de la nuit à ses frais. Cétait une expérience à tenter. Il naimait pas que la bière. Javais tout ce quil me fallait à la maison. Il me déposa au stade et reparut à la fin de la rencontre. Plus tard il prétendit même me faire connaître une amie qui acceptait une partie à trois. Une autre, moyennant une prime supplémentaire de ses habitués voulait bien ne pas utiliser de capote. Pourquoi tenait-il tant à mentraîner sur ses traces dans les draps dune prostituée? De toute façon je me voyais mal jouer au troisième partenaire ou au voyeur.

Ce soir là je racontais à Marie à quel genre de tentation notre ami mexposait. Marie en fut choquée. Le mariage dAloïs et de Lucie devait avoir lieu dans moins de six mois. Chaque fois que lorganisation des tournées de lusine le permettait, il parcourait 300 kilomètres aller-retour. Un vendredi il avait confié à Marie en plein travail, que Lucie avait enfin concédé à son fiancé les prérogatives dun mari. Elle avait eu droit au récit détaillé des tribulations dune vierge déflorée par un membre de gros diamètre. Ça nétait jamais que sa deuxième vierge, avait-il délicatement précisé à ma femme avec un clin dil entendu. Marie, pour cause, savait de quoi il parlait. Je sus ainsi le tour de poitrine de la jeune paysanne, la couleur de ses poils, la force de son coup de rein, les refus de souffrir et lenthousiasme qui avait succédé, les promesses dautres rencontres, lapprentissage étonné de la pipe. Elle avait sous le sein gauche une tache de naissance et un grain de beauté curieusement installé sur la lèvre gauche de la vulve. Jeus même une appréciation sur lodeur de son sexe..Marie était indignée dapprendre quAloïs

-Non mais tu te rends compte, il va se marier et il fréquente ces filles. Il devrait savoir ce quil risque, une bonne syphilis au moins.

Elle semportait, javais limpression dêtre considéré comme fautif de lavoir vu, de ne pas avoir dissuadé ce gros idiot, et surtout den parler avec retard.

-Et sil ramassait le sida. Six mois avant son mariage. Mais il est inconscient. Et toi, tu le sais depuis des mois et tu ne men parlais pas. Tu pourrais être plus raisonnable. Des vies sont en danger à cause de ton incurie.

-Je ne vois pas en quoi cela peut te concerner. Il est majeur, la radio, la télé, les journaux, tout le monde nous bourre le crâne, recommande de sortir couvert. A lui de savoir. Pourquoi supposer immédiatement le pire. Cest, si je lai bien compris une vieille habitude, il ma dit quil connaissait certaines filles depuis une dizaine dannées. Il aurait été le premier client dune grande rouquine quil ma montrée, une experte qui maurait appris des choses, un peu décatie la pauvre.

-Il ne manquerait plus que tu ty mettes aussi. Je ne te suffis pas? Si jamais japprends que tu vas voir ailleurs, je te les coupe et je divorce. Tu devrais savoir que la syphilis se transmet même par la bouche.

La tolérance nest pas son principal trait de caractère quand il sagit de moi.

-Tu me sembles drôlement bien renseignée. Le sujet te préoccupe? Je tassure que tu nas rien à craindre de moi. De plus Aloïs est notre ami et non ton amant. Ta vie nest donc pas en danger. Cesse de me culpabiliser. Jai eu la sottise dattendre des félicitations parce que javais résisté à la tentation, et tu me traites comme si jétais linstigateur malfaisant de la conduite de cet estimable futur marié.

-Vraiment, vous les hommes, vous ne faites attention à rien. Las-tu au moins averti quil risquait de contaminereuh, Lucie et ses autres fréquentations?

-Pourquoi? Tu crois quil en a dautres?

Elle réfléchit, ne sait plus et repart un ton plus haut:

-Tu mas bien dit quil allait voir différentes filles. Il multiplie donc les risques pour lui et pour toutes ses relations. Je nen reviens pas. Tu vas lui conseiller de faire une analyse de sang au plus vite. On ne sait jamais.

-Si tu crois que cest nécessaire, charge-toi de la commission. Il naura jamais que ce quil a cherché. Et ses relations également.

Le samedi matin suivant, Marie est au travail, le facteur dépose une lettre. Je louvre machinalement. Ce sont les résultats dune analyse de sang de Marie. Test négatif. Cest heureux pour elle et pour moi dailleurs. Mais elle ne ma pas parlé de cette recherche de maladies sexuelles. Je referme lenveloppe, la remet dans la boîte à lettres. Je nai rien vu, je ne sais rien. Marie ne men parle pas. Mais ce soir elle me fait la fête, me sort les grands classiques et quelques fantaisies inhabituelles, comme ces tours de table empalée sur mon pieu. Lexercice est nouveau, je dirais épuisant. Elle prétend que nous lavons déjà réalisé. Comme aussi cette promenade en aveugle, à califourchon, son ventre sur ma bouche qui doit la mignoter. Ce baiser perché nappartient pas à mon répertoire quoi quelle en dise. Il me reste une certitude, elle est saine, je peux satisfaire ses fantasmes. Mais depuis midi, une idée sournoise me travaille. Marie ma soupçonné davoir accompagné Aloïs et a voulu vérifier que je ne lui avais pas refilé une maladie honteuse. Je pensais mériter plus de confiance. Enfin, elle ne me soupçonnera plus.

Quinze jours plus tard, je passe au foyer pour emmener Aloïs au match, selon le code établi. Il voit approcher la date de son mariage et demain doit se rendre chez Lucie: il préfère se coucher afin de partir tôt. Je le quitte, il me remercie pour loffre amicale. Allez savoir si cest la perspective du voyage qui lui donne cet air joyeux En route, soudain je me souviens que jai oublié à la maison mon abonnement au stade. Demi-tour. Devant ma maison, la coccinelle de mes cauchemars. Je le croyais au lit. Étrange. Je marrête un peu plus loin, entre sans bruit, arrive en bas de lescalier. Marie et Aloïs parlent à voix haute, qui les entendrait?

-Alors, tu tes décidé à faire ta prise de sang? Jexige de voir les résultats.

-Ne fais pas dhistoires. Regarde, Je nai pas le sida, tu vois. Juste un petit problème. Le médecin ma dit quune piqûre de pénicilline devrait me guérir si ce nest pas trop ancien. Cest fait, je suis piqué. Je devrai refaire des analyses de contrôle. Heureusement que tu mas bien conseillé, jarriverai au mariage tout propre.

-A condition de surveiller ta conduite. Quelle idée daller voir les putes! Pourtant, je te soulageais, Lucie sy était mise et deux femmes ne te suffisaient pas? Eh! Bien maintenant, chez moi, plus rien. Tu as de la chance de ne pas mavoir contaminée, sinon je tétripais. Pense à faire examiner ta future, ou elle pourrait te rendre la monnaie de ta pièce.

-Jai compris je ne suis pas venu pour que tu me fasses la morale. Ton cocu est au match, tu pourrais me faire une petite gâterie vite fait, tu veux bien? Ne traînons pas.

Et moi, je suis là à écouter ces horreurs. Maintenant jai compris lanalyse de sang de Marie, ses reproches pour avoir attendu avant de lavertir, sa joie le soir des résultats. Je sais qui lui a inspiré ces exercices acrobatiques: il est là-haut pressé de recevoir des marques dune « si belle amitié », comme il le répète souvent.

-Non mais, tu es fou. Tu vas te marier, tu me trompes avec des filles de joie et tu oses revenir demander une gâterie. Je viens de te le dire, plus rien!

Est-ce la crainte de la transmission ou la jalousie qui la guide? Elle lui reproche de lavoir trompée. Cest ma femme, furieuse davoir été trompée par son amant, qui refuse de se donner à lui. La vertu a des détours cocasses.

-Allez, Marie, juste un peu avec les mains. Tu me fais cracher et je me sauve.

-Bon, je veux bien te masturber, ce sera tout. Déballe le malade que je soulage ses douleurs. Berk, cest ça, là, ce gros boutons? Pas appétissant, à ne pas toucher! Mais après plus rien aussi longtemps que le docteur ne taura pas délivré un certificat de guérison. Non, arrête de me peloter les seins, tu sais bien que si tu mexcites, je vais risquer pas question, bas les pattes. Comme ça, cest bon, plus serré? Ne fais pas le difficileTu es sûr. Je vois que ça ne tempêche pas de bander. Elle est vraiment grosse.

-Tu le reconnais. Tu nen veux pas, juste pour télargir. Embrasse la pointe, donne un coup de langue pour mouiller le gland et je te la fourre.

-Mais tes fou, tu voudrais que je sois malade? Tiens je crache dessus. Ça va mieux? Allez encore un peu de salive pour que ça glisse. Ça me fait rire de cracher sur le morceau. Laisse ta main hors de ma culotte. Et puis tiens, achève-toi tout seul si ça tamuse.

Le bon ami de la famille grogne insatisfait.

-Non je ne tessuie plus avec la bouche. Maintenant dépêche-toi de filer, mon chéri ne va plus tarder. Ah! Encore une chose. Écoute bien. Désormais, je ne veux plus te voir. Il paraît que tu voulais pourrir mon mari avec tes nanas. Tu as encore une fois essayé de bousiller mon ménage. Ce nest pas parce que jai eu pitié de toi que je taime: ça narrivera plus. Jaurai au moins vu un mec qui se branle devant moi, Le spectacle était drôle, non? Mais un imbécile qui attrape une syphilis de nos jours ne vaut pas la peine quon ait pitié de lui.

Cest dire si elle avait eu peur du mal de Venise. Qui aurait eu pitié ?

-Si par malheur Pierre venait à tinviter, trouve une bonne excuse pour ne pas venir. Et si tu venais à lui donner trop d explications, pense que jaurais des choses à raconter à Lucie et à sa famille. Oublie-moi. Allez adieu et sois heureux dans ta ferme.

Compte sur moi pour le cuisiner. Il se vengera et je saurai tout ce que tu me caches, chère épouse. Applique-toi ce que tu lui reproches. Tu as un mari, mais tu vas voir ailleurs. Par pitié ou philanthropie. La belle excuse qui donne bonne conscience. Le mari serait mutilé pour une faute, lamant reçoit un congé pour des années derrance. Mieux vaut être lamant que lépoux. Jai fait le mauvais choix. Jai à peine le temps de me cacher dans la chaufferie. La coccinelle démarre. Je me glisse jusquà ma voiture. Jécoute les résultats des matches à la radio. Je rentre.

-Ah! Te voilà, où as-tu traîné? Vous avez perdu, cest certain, il suffit de voir ta tête. Mais tu nes pas bien, tu as conduit dans cet état? Ne me dis pas que

Comment établirait-elle un lien entre ma tête et son infidélité? Elle dissimule si bien ses actes et ses sentiments. Pourquoi lui révéler que je sais, puisque même prise sur le fait, elle continuerait à affirmer quelle naime que moi.

-Non, on a gagné et je ne suis pas allé où tu penses. Je ne mappelle pas Aloïs, je ne trempe pas mon biscuit dans tous les trous, moi. Je ne me fais pas astiquer par nimporte quelle main charitable ou vénale, moi. Peut-être que je devrais, ça me procurerait du prestige à tes yeux.

-Donne-moi ton front, je parie que tu as de la fièvre. Cest-ce qui te fait divaguer.

-Oui, je suis malade. Tes mains, elles sentent, cest bizarre?

Elle porte ses mains à la figure pour vérifier et pour cacher la rougeur de ses joues

-Jai pelé un oignon. Il était pourri, oui, ça sent mauvais, tu as raison.

Un oignon pourri qui sent mauvais; la métaphore me surprend: cest limpression finale laissée par lattribut éjaculateur de ce malheureux séducteur, chassé, condamné à lexil.

-Viens avec moi sous la douche. Et ensuite tu verras que je vaux bien les tapineuses. Tu maimes?

-Mais oui, autant que tu maimes, ma chérie. Et même un peu plus.

-Ce nest pas possible, mon amour.

Pourquoi me punirais-je dun égarement auquel elle vient de mettre un terme?

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