Cette nuit-là, je dois avouer avoir dormi comme un bébé ! Le réveil en revanche fut un peu plus délicat. J’ai l’impression d’avoir une monumentale gueule de bois, de celles qui laissent des trous dans l’emploi du temps et ne distillent que de vagues images de ce qui s’est passé la veille, les maux de tête et la nausée en moins.
Je n’ai pas envie dans l’immédiat de remuer les évènements de la veille, car je sais bien que je me trouverais face à un terrible paradoxe : je me suis laissée aller à un acte immoral, répréhensible, d’une bassesse animale etj’ai adoré ça.
Alors pour ne pas me confronter à mes incohérences je déambule dans la maison telle un zombie, la tête dans le brouillard, effectuant mes taches habituelles de manière robotisée, sans ne penser à quoique ce soit.
Au rez-de-chaussée je passe devant le canapé, le lieu du « crime ». Instinctivement je l’inspecte pour m’assurer que nous n’y avons rien laissé de suspect, et je m’efforce de repousser les images de la veille qui se présentent à mon esprit, un peu par peur d’en être écurée, beaucoup par honte de mon attitude.
La tasse de café que je prends assise dans la cuisine m’aide cependant à retrouver mon esprit d’analyse. Le passé est le passé, il n’existe plus, seul existe ce que je décide de faire à présent. Et ce que je décide est simple : on arrête tout !
Je ne veux pas tergiverser plus et laisser passer le temps sans rien faire, au risque de laisser la situation empirer. Je me saisi de mon téléphone et envoie un message à Jordan :
— On arrête tout, décision ferme et définitive
La réponse ne se fait pas attendre :
— Qu’est-ce qu’il t’arrive maman, une crise de panique ?
— Je ne suis pas ta mère et je ne panique pas. Mais je veux que ça s’arrête, point !
— On va en reparler très vite, t’inquiètes.
Que veut-il dire par « très vite » ? Je sens l’angoisse monter en moi et des larmes se forment en bordure de mes yeux. Tout cela me dépasse, moi qui ai toujours eu une vie des plus rangée, calmeennuyeuse. Je ne suis pas équipée moralement pour faire face à ce mensonge et cette tromperie. Le poids de la culpabilité se dépose sur mes épaules et je ne trouve pas le courage de me ressaisir. Je m’effondre sur la table, en proie au dégout et à la colère.
Je passe le reste de la journée dans le même état d’abattement et d’errance. Il me faut faire un gros effort pour me motiver à aller me laver et m’habiller avant que mon mari et ma fille ne rentre, au risque que mon état de négligence ne les alerte.
Je les accueille donc en fin d’après-midi en me donnant l’air d’être bien dans mes baskets. Le début de soirée dans ce cercle familial restreint me redonne un peu d’allant, mais je redoute que Jordan ne débarque. Après de multiples hésitations j’ose poser la question à ma fille :
— Il fait quoi ton bonhomme ?
— Il s’appelle Jordan ! Il dormira là mais il va rentrer tard, pas besoin de l’attendre.
Mon mari pense être drôle en déclarant : « On a qu’à mettre un panneau à l’entrée : Auberge de jeunesse ». Je ne souris même pas.
Nous passons à table, ma fille monte se coucher. Peu de temps après mon mari également. Pas question de trainer dans les parages, je lui emboite le pas. Au lit il me tourne le dos, je me blottis contre lui, j’ai envie qu’il me protège, qu’il fasse rempart au tentateur et à la culpabilité.
Comme à son habitude en l’absence de rapport sexuel, il s’endort instantanément et moi j’en suis à compter mon dix-huitième troupeau de 50 moutons quand enfin je sens mes paupières s’alourdir et mon mental plonger dans les profondeurs du sommeil.
Quelques secondes à sombrer qui me paraissent des heures quand je vois au travers de mes paupières closes une succession de lueurs. J’ouvre les yeux avec stupeur. Mon esprit remonte à la surface et aussitôt je comprends. Le flash de mon alerte sms. Mon cur s’emballe, je n’ose pas bouger, je suis pétrifiée. Combien de temps je reste là immobile, cinq, dix secondes ? Je ne sais. Le silence aussi angoissant qu’assourdissant est rompu par un ronflement bestial de mon mari. Soulagement, au moins les lueurs ne l’ont pas réveillé.
J’essaie de reprendre le contrôle de ma respiration, et me tourne délicatement pour me saisir du téléphone. Du bout des doigts, avec la délicatesse d’un horloger suisse, pour ne rien heurter. Enfin je le porte à mes yeux. Un grand « Boum » dans ma poitrine. C’est Jordan :
— Descends dans la cuisine, faut qu’on parle
Ce gamin est cinglé ! M’envoyer un sms alors que je suis au lit avec mon mari ! Au-delà du manque de respect c’est la prise de risque qui fait se tordre mes entrailles. Je suis là, les yeux bêtement fixés sur le téléphone à me demander quelle attitude adopter quand un second message arrive :
— Dépêche-toi ou je viens te chercher !
Alors là c’est la panique totale, je déroule en une fraction de seconde un scénario catastrophe dans ma tête. Je ne peux pas prendre le risque qu’il monte dans ma chambre.
L’instinct de survie et le cerveau reptilien font des miracles. Malgré les kilos accumulés ces dernières années, je parviens à me « faxer » littéralement hors des draps et me diriger vers la porte. Un dernier coup d’il à mon homme, puis un autre à la porte de la chambre de ma fille, et je descends l’escalier telle une ballerine sur pointe, le visage marqué par la peur et la colère en plus.
En bas tout est sombre, l’atmosphère est pesante. Seules les ombres des meubles se détachent, éclairés par les faibles lueurs des appareils électriques branchés. Je ne vois pas Jordan, j’avance vers la cuisine. Même chose, il est fait très noir et mes yeux peinent à s’habituer. Au moment où je commence à distinguer une masse de forme humaine sa voix rompt le silence oppressant.
— Alors, qu’est-ce qu’il t’arrive ?
— Je veux que ça cesse. Ce qui est fait est fait et cela doit cesser.
— Ce n’est pas si simple
Je l’interromps en montant le ton
— Oh oui ça l’est ! C’est terminé point barre !
— Tu te souviens comment tout a commencé, ici même ? Tu te souviens comment je te dévorais des yeux, comment ton corps s’est raidi quand je t’ai approché ? Ne me dis pas que tu n’as pas aimé
— Arrête ça tout de suite !
— Et si tu es descendue ce soir dans cette cuisine, c’est parce que tu savais que j’étais là à t’attendre et te désirer alors que tu t’ennuyais dans ton lit à coté de ton mari qui roupille
— Tu te trompes ! Je suis descendue pour tout
J’interromps ma phrase car il s’approche de moi, je recule jusqu’à ce que mon dos heurte le mur. Il est à présent à quelques centimètres.
— Je t’en prie Jordan
Pour seule réponse je vois sa tête avancer vers moi, légèrement inclinée, et soudain sa bouche entrouverte entre en contact avec ma nuque. Son baiser est chaud, suave, intense. Un frisson me gagne, je ne distingue plus rien de ce qui est bien ou mal. Je le laisse prendre possession de mon corps et par-dessus tout de mon âme, que j’ai complètement vendue au diable
Sa main s’empare de mon poignet et le dirige avec fermeté vers le sol. Incapable de résister, je me laisse entrainer, posant un genou à terre, puis le second. Sa main qui a relâché mon poignet s’agrippe à ma chevelure et immobilise ma tête. Je devine à présent ce qu’il attend de moi et malgré mon désarroi et le peu d’entrain que j’ai pour ce type de pratique, je me surprends à désirer qu’il me présente son membre au plus vite.
Pas nécessaire d’attendre très longtemps ! En quelques secondes il a défait son pantalon, baissé son boxer et sorti son sexe avec habileté. Je vois sa forme ombragée se rapprocher de mon visage, droite, fière, érigée avec fermeté. Puis sa main l’incline quasiment à l’horizontale et avec vigueur il l’a dirige vers ma bouche, obligeant mes lèvres à s’ouvrir largement pour la faire entrer. Et pas qu’un peu. Il enfonce son dard épais jusqu’à l’entrée de ma gorge, son pubis s’écrasant sur mon nez. Un haut le cur, mon estomac se tort. Il se retire avec une extrême lenteur, ressort de ma bouche, caresse mes lèvres de son gland boursouflé, et il recommence dans un râle profond. A nouveau ma gorge, à nouveau son pubis qui écrase ma face, à nouveau il se retire lentement.
Mais il ne sort pas cette fois, il reste au bord de mes lèvres. Sa main relâche ma chevelure, je me sens moins prisonnière, sentiment de courte durée. Il appose à présent ses deux mains derrière ma tête, me tenant fermement par l’arrière du crâne. Et tout à coup dans une fureur animale il enchaine les va et vient dans ma bouche, il martèle ma cavité de toute sa fougue juvénile, de tout son gros membre d’homme viril. Dix, vingt, trente fois sa queue parcourt la distance entre le fond de ma bouche et mes lèvres à la vitesse qu’imprime ses hanches et son bassin, une vitesse folle, échevelée. Je ne respire quasiment plus, ma salive sort par jets par les minces interstices laissés entrouverts entre mes lèvres et son gros manche.
Il lâche ma tête et prend appui sur le mur derrière moi. Sans soutien mon crâne heurte à deux ou trois reprises le mur, tant il baise ma bouche avec force.
Tout à coup, sans un bruit, sans indices préalables, une salve épaisse, gluante et brulante envahi ma bouche. Il continu ses allers-retours et je reçois encore trois ou quatre giclées que je ne peux qu’avaler péniblement. Il s’arrête enfin et se retire, le sexe encore raide.
J’avale la semence encore présente sur ma langue et mon palet. Mon cerveau est débranché, absent, incapable de raisonner. Il me semble avoir embrassé sa queue luisante et mouillée quand elle est sortie. Je suis en revanche sure d’avoir blotti ma bouche et mon menton contre ses couilles chaudes, vides et sans doute douloureuse d’avoir étaient ainsi balancées.
Je m’en souviens parfaitement car c’est dans cette position que j’étais lorsqu’il s’est penché vers moi et a dit « tu vois que ce n’est pas fini » me sortant de mon état second. Puis il a disparu vers l’étage. Je n’ai qu’un vague souvenir du reste de la nuit, des turpitudes qui m’ont traversé, des sentiments divers et souvent contradictoires.
En revanche, cette rencontre nocturne allait tourner une page de ma vie de ma femme et en ouvrir une autre au combien plus épique.
A suivre