Ça y est, c’est le jour J. Comme je me doutais, la journée est passée trop lentement. Tuer le temps était devenu presque impossible, j’avais même du mal à me concentrer lorsque Nastia me racontait son séjour à Moscou et les clubs branchés qu’elle y avait fréquentés, j’avais essayé de vider l’esprit en marchant un peu, et je me suis finalement rendu compte que j’avais fait le tour du domaine en seulement une demi-heure, rien à faire, si j’avais pris mon vélo pour faire un aller-retour au village, on m’aurait flashé, arrêté pour excès de vitesse et fait passer un contôle antidopage. Finalement, c’est à dix-huit heures que l’un des majordomes est venu me chercher. Il m’a conduit jusqu’à la seule porte encore en service qui menait à l’aile est, où m’attendaient le Patriarche, ma mère et ma tante. Tous les trois s’étaient mis sur leur trente-et-un, Pat portait un smoking élégant, maman une robe droite qui descendait aux genoux, et tante Hélène une autre plus courte qui lui arrivait à mi-cuisses. Je ne les avais jamais vues comme ça, et sur le coup, j’ai lâché un « waouh » qui a fait sourire tout le monde. Ça m’a un peu gêné parce je ne portais qu’un jean et un t-shirt, mais visiblement, tout avait été prévu. Une gouvernante venait juste d’arriver avec un smoking tout neuf, pendant qu’elle me le tendait, tout le monde s’écria « Joyeux anniversaire, Antoine ! ». Je l’ai pris en les remerciant puis Pat m’a expliqué que « puisque j’étais maintenant un adulte, je me devais d’avoir une tenue élégante pour faire bonne impression ». Il m’a amené ensuite dans un salon qui ressemblait fort à celui où on prenait le thé habituellement et je me suis changé dès que j’y suis entré. Il a également profité de l’occasion pour m’apprendre à nouer un nud papillon. Une fois totalement habillé, il m’a examiné sous toutes les coutures avant de conclure avec un « Parfait, il te sied à merveille » qui m’a beaucoup flatté. Il était désormais temps de commencer cette soirée en mon honneur.
Le repas se déroulait dans une grande et somptueuse salle à manger, comme celles qu’on voit dans les films ou séries anglaises. La pièce était éclairée par des lustres qui diffusaient une lumière claire, mais un peu tamisée qui donnait une atmosphère intime au lieu. Des portraits de gens d’une autre époque surveillaient la grande table où tout le monde m’attendait, chacun d’eux venant me faire la bise et me souhaitant un joyeux anniversaire. J’ai été ensuite conduit par Bérénice à ma place, entre elle et Nikita et pile en face de Svetlana. Une flûte de champagne était déjà installée, n’attendant plus que le speech de Pat sur le fait d’être adulte pour qu’on puisse trinquer à ma santé. C’était la première fois que j’en buvais et à la première gorgée, les bulles me sont montées directement dans le nez, me faisant tousser et recracher un peu de champagne. Entre sourires et tapes dans le dos, Nikita avait sorti un mouchoir de sa pochette pour essuyer ma bouche et en avait profité pour rectifier ma coiffure, me gratifiant du sourire et du regard doux qui faisait son charme. En me rasseyant, j’ai jeté un coup d’il à Svetlana qui était encore debout et j’ai failli tomber à la renverse en voyant sa robe. Elle portait un décolleté qui laissait entrevoir le galbe de ses seins, entre lesquels reposait un pendentif étincelant, et un espace ovale dévoilait son nombril. Je dois avouer que ces derniers temps, j’avais développé un petit faible (chaste) pour elle, après tout, c’est la personne dont je suis le plus proche et dont j’apprécie le plus la compagnie. Mais de la voir habillée de cette manière, ça m’a fait réaliser qu’elle était devenue une femme à part entière. Pat m’a soudain tiré de ma rêverie en tapant dans ses mains pour annoncer l’entrée. Plusieurs domestiques avec des plateaux roulants nous ont servi des huîtres et c’était aussi un début pour moi. Bérénice m’a expliqué comment les manger et pendant que j’en assaisonnais une de citron, Svetlana me fixait du regard en avalant une des siennes puis en se léchant les lèvres de manière exagérément provocante. Elle avait l’air de s’amuser à me mettre mal à l’aise et personne d’autre que moi ne le remarquait, je savais qu’elle adorait taquiner les gens et moi plus que les autres, mais cette fois, le contexte était différent, tout comme l’effet que cela produisait… Au plat, elle a sorti le grand jeu, en plus des regards et des clins d’il, j’ai senti quelque chose sur ma jambe. Son pied, que je devinais nu, me caressait par-dessus le tissu fin de mon pantalon. Probablement à cause du vin servi avec le canard aux cerises et la chaleur de la pièce, je commençais à rougir et même à avoir une érection. Je priais pour que personne ne remarque le changement de couleur de mon visage, mais Bérénice s’en est aperçue et m’a demandé si tout allait bien. Un peu embarrassé et ne voulant pas admettre qu’une amie d’enfance s’amusait à me faire bander en plein milieu d’un repas auquel assistait ma famille et la sienne, j’ai préféré dire que c’était l’alcool, ce qui a l’a fait rire, étrangement.
Enfin, le dessert était arrivé. Une coupe de glace au chocolat maison avec un assortiment de fruits confits. Si vous ne le savez pas, une cuillère à glace possède un manche très long qui permet de fouiller la coupe jusqu’au fond, sans se mettre de la glace sur les doigts. Celle de Svetlana, lorsqu’elle récupérait de manière suggestive sa glace glissait au tiers dans sa bouche. J’avais beau essayer de regarder ailleurs et de participer aux conversations, mais chaque fois que je me détournais d’elle, sa jambe me rappelait à l’ordre et personne ne semblait voir son petit jeu. J’étais au supplice, je ne savais pas quoi faire, crier à l’aide ou fermer les yeux et faire semblant de rien ? Puis, le coup de grâce : alors que je tentais de me concentrer pour apprécier mon dessert, Svetlana poussa un petit cri en s’exclamant « Oh ! Zut, je suis vraiment maladroite. Une de mes fraises est tombée. Antoine, tu peux la ramasser s’il te plaît ? Elle a dû rouler vers toi ». J’étais piégé, je savais que c’était une manuvre, mais si je ne faisais rien, on allait me regarder de travers. Je suis descendu lentement avec appréhension sous la table pour chercher la fraise confite (s’il y en avait bien une). En rampant sur le tapis, je me rapprochais fatalement de ses jambes, et c’est là que j’ai retrouvé le fruit. Sentant probablement que je l’avais récupéré, elle décroisa soudainement les jambes façon Basic Instinct et comme dans le film, elle ne portait rien en dessous. J’avais là, devant moi, le sexe de ma meilleure amie, parfaitement glabre (probablement par épilation). Je ny croyais pas. Il faisait un peu sombre, mais je le voyais clairement et surtout, je sentais des effluves de vanille qui s’en dégageait. Je ne savais absolument pas quoi faire, est-ce qu’elle s’attendait à ce que je fasse quelque chose ? Est-ce que c’était encore pour taquiner ? Non, pour une blague, ça aurait été trop loin, surtout en présence de nos parents respectifs. Les questions se bousculaient dans ma tête et mes yeux eux ne décrochaient pas de l’entrejambe de Svetlana. Me sauvant de cette situation, Nikita m’a interpellé en me demandant comiquement si je m’étais perdu sous la table. Je suis remonté vite fait et ai tendu la fraise à Svetlana, ce à quoi elle m’a répondu « Tu peux la manger, je ne suis pas fan de fraises confites ». Un peu hésitant, j’ai fini par mettre le fruit en bouche. Il avait un goût bizarre…