Les résultats financiers de l’entreprise sont excellents cette année, notre patron réunit toute sa petite équipe pour nous féliciter et nous proposer une activité qui serait une récompense et formation à la fois, ce sera sur le thème de l’assertivité et de la confiance en soi.

Nous sommes trois employés et nos regards se croisent, car cette proposition paraît très énigmatique. Il fait rentrer une femme dans la pièce qui restera à nous observer pendant la réunion. Le bilan de l’entreprise étant terminé, le boss demande à la personne de nous expliquer ce futur événement.

L’idée est simple, sur une période d’au minimum une demi-journée, elle veut nous faire vivre une expérience qui ferait sauter nos freins psychologiques, en clair, montrer qu’il faut oser dans la vie professionnelle et pour cela, il faut aussi être capable d’oser dans son comportement journalier. Le patron fera le stage avec nous aussi, nous c’est Carole, Christelle et moi.

Cette dame nous explique le processus, après un entretien individuel avec elle d’une vingtaine de minutes et un test écrit sous forme de QCM d’une centaine de questions, elle décèlera ce qui serait le plus adapté pour nous désinhiber. J’avoue ne toujours pas vraiment bien comprendre ce qui va se passer, elle me voit et m’interroge :

Monsieur, Mickaël je crois, vous avez, je pense, une question ?

Oui en clair, qu’est-ce qui va se passer ?

Pendant une demi-journée ou plus, on va vous faire vivre dans le rôle d’une autre personne en vous demandant de vous transformer et comporter comme la personne prédéfinie. Ce rôle, ce sont vos tests qui vont déceler ce qui vous sera le plus utile, cela peut être un fantasme, jouer le rôle d’une personne que vous auriez aimé être ou autre chose.

Ça fait peur.

Non ne craignez rien, nous n’avons que de bons résultats, n’est-ce pas Monsieur IMBERT (notre patron) ?

Oui vous m’avez été vivement conseillé, que de très bons retours d’expériences.

Elle distribue les questionnaires et pendant ce temps, elle commence le premier entretien par notre patron, car il a déjà rempli le test. Je discute avec les filles, elles ne sont pas plus rassurées que moi. Dans les questions, il y a tout et rien, difficiles à comprendre l’intérêt.

La dame revient avec quelques feuilles à signer, nous devons nous engager, après l’entretien, elle nous donnera nos objectifs personnels, nous avons la liberté d’accepter ou de refuser, si nous acceptons, le jour de l’événement nous devrons suivre les consignes sans discussion.

Nous nous regardons tous les trois, Carole signe, Christelle et moi suivons.

Je suis le dernier à passer l’entretien, je suis toujours inquiet, car quand les autres sortent de l’entretien, aucun n’a voulu faire de commentaire, j’ai compris après que c’était un mot d’ordre.

Alors Mickaël, ça va ?

Euh honnêtement non.

Cela ne m’étonne pas, j’ai scanné votre questionnaire et votre appréhension est logique.

Ah.

Vous, pour vous désinhiber, il va falloir aller vraiment jusqu’au bout de la démarche et je crois que cela pourra même vous révéler à vous même, décrivez-vous s’il vous plaît.

Mickaël, 27 ans célibataire, sérieux, appliqué.

Mais encore, votre caractère, votre personnalité.

Calme, plutôt introverti, discret.

Exacte, avez-vous remarqué que vous avez votre contraire chez vos collègues ?

Comment cela ?

Si je prends toutes les caractéristiques que vous m’annoncez, Christelle n’a-t-elle pas tout l’inverse ?

Sans doute en partie.

Est-ce que son comportement vous gène, vous perturbe ou vous trouvez ça bien ?

Jy suis habitué, j’avoue que par moments, je pense qu’elle va un peu loin.

Vous seriez capable dans faire autant en faisant des efforts ?

Je ne pense pas.

Merci, l’entretien est terminé, bonne journée.

Bonne journée.

C’est la fin de journée, nos regards avec les filles se croisent et en disent long, nous sommes perturbés. Le lendemain, Mr IMBERT profite de la pause café pour nous annoncer qu’il a validé la formation, ce sera le mercredi après-midi de la semaine suivante. Il précise que la personne nous recontactera individuellement, car nous ne serons peut-être tous au même endroit.

Mercredi est arrivé, l’organisme m’a demandé de venir dès 10 heures le matin, car il y a soi-disant "beaucoup de choses" à faire. En arrivant, je croise Christelle qui elle aussi a dû venir plutôt, elle ressort du bâtiment avec une femme d’environ du même âge qu’elle. Christelle semble un peu préoccupée, son accompagnatrice lui attrape la main pour qu’elle avance, Christelle me jette juste un "bon courage ".

C’est la dame déjà rencontrée qui m’accueille, elle précise que normalement ce n’est pas son rôle, mais elle voulait vraiment me convaincre de la démarche sachant qu’elle a décidé d’aller aussi loin que possible avec moi. Elle m’explique les résultats, me dit que si on fait juste un petit déguisement et mise en situation cela ne suffirait pas, car j’ai une certaine résistance aux changements. Un homme entre dans le bureau en me souriant, la dame le freine dans son élan et dit :

Je vous présente votre conj… euh non, je vous présente Gabriel, vous le reverrez plus tard, Gabriel revient d’ici une bonne heure s’il te plaît.

Gabriel repart, une jeune femme passe la tête sur le coin de la porte, la dame lui fait signe de préparer la totale.

Bon Mickaël, ce que je vais vous demander va vous choquer et vous demander beaucoup d’efforts, rassurez-vous, il n’y a aucun risque, quel est votre prénom féminin préféré ?

Euh je ne sais pas, euh Pauline.

Bon, vous n’avez pas oublié que vous avez signé pour vous engager sans restrictions dans cette démarche, et bien aujourd’hui vous allez devenir Pauline.

Hein !!!

Oui vous m’aviez bien entendu Pauline, mon équipe va vous préparer avant midi et vous partirez ce midi et le reste de la journée avec Gabriel qui jouera le rôle de votre conjoint.

Mais je ne suis pas homo !

En êtes-vous certain ? Oui vous avez raison, vous n’êtes sans doute pas homo, on en reparlera plus tard ou demain.

Non, mais demain je travaille, c’était prévu qu’une demi-journée.

J’ai vu avec Monsieur IMBERT, vous et Christelle, je peux vous garder deux jours si nécessaire donc Pauline, suivez mon employée s’il vous plaît.

Je suis littéralement assommé, j’accompagne la jeune femme. J’arrive dans un local qui ressemble à un salon de coiffure ou d’esthéticienne et de plus, il y a une douche. Je dois me mettre nu et allez à la douche, la personne me donne une crème que je dois m’appliquer sur tout le corps sauf la tête. Je m’exécute, ça chauffe, je dois rester quelques minutes comme cela, la fille me dit de me rincer, je vois tous mes poils partir avec l’eau, effectivement ils n’ont pas l’intention de faire les choses à moitié, moi voilà imberbe, le corps lisse après avoir appliqué une lotion apaisante. Je m’assois dans un fauteuil, étrangement il y a un miroir qui est recouvert d’un papier en face de moi, la femme me précise que c’est pour que je ne me découvre qu’à la fin mon apparence et que je subisse un choc psychologique. Elle attaque mes sourcils avec des bandelettes et une pince à épiler, putain ça fait mal.

Quelqu’un frappe à la porte, j’entends une voix d’homme, c’est Gabriel qui demande s’il peut entrer et venir voir Pauline, je passe un peignoir, Gabriel s’approche de moi :

Pauline, ma chérie, que veux-tu manger ce midi, tu n’as pas d’allergie ou des choses que tu refuses de manger ?

Je suis sous le choc, il m’a appelé "ma chérie", je n’arrive pas à sortir un mot. La fille me dit :

Allez Pauline, répondez à votre homme.

Euh non rien de particulier.

Je suis vraiment complètement retourné, ils me parlent comme à une femme, je ne sais pas comment je vais endurer cette journée.

Une autre femme entre avec des habits, des chaussures. Après mes sourcils, ce sont mes cheveux qui sont un peu coupés. J’exécute les ordres sans discuter, j’enfile donc une culotte féminine, la fille me demande de glisser mon sexe à l’entrejambe pour qu’il soit caché. Arrive le soutien-gorge rempli par des petites prothèses mammaires, la fille me règle les bretelles, c’est au tour du collant, puis un caraco, je retourne et la seconde fille me tend une jupe puis un chemisier, ça va, tout est noir, il y aura au moins une chose qui me convient, la couleur. Deux paires de chaussures m’attendent, elle me conseille avec cette tenue des petites bottines, ça va, les talons ne sont pas grands, très hauts, donc facile à s’habituer, paraît-il. Je m’assois de nouveau, le plateau de maquillage s’approche, la femme s’active, la seconde m’attrape les mains pour me vernir les ongles, Gabriel me sourit :

Ne t’inquiète pas, tu vas être toute belle Pauline et je te rassure, car c’est toujours le même souci dans ce genre d’expérience, donc je te rassure, personne ne va te reconnaître, tu verras.

J’en doute un peu.

Le maquillage est terminé, les ongles sont faits, dernière pierre à l’édifice comme elles disent, la perruque. En une heure, Mickaël a disparu, Pauline est née. Je peux enfin me lever, Gabriel me tend un manteau et un sac à main, je m’équipe. Pendant ce temps, une des filles a enlevé les papiers des miroirs, je découvre donc Pauline, et à ma surprise, je la trouve pas mal, un petit sourire m’échappe, ils l’ont tous remarqué. Gabriel s’exclame :

"Tu vois ma chérie, tu te plais, c’est un bon début, on va aller se promener toute la journée, mais avant, on va passer saluer la patronne pour qu’elle te voit puis on sort par l’accueil, tu vas croiser une de tes collègues, Carole, je crois, si tu ne fais rien de particulier, tu pourras constater qu’elle ne te reconnaîtra pas.

Nous voici dans le bureau de sa patronne, mon patron est là aussi, il ne se retourne pas, fixé sur des dessins de personnes équipés en " maso" (serait-ce "sa" transformation ?). La patronne :

Vous êtes magnifique Pauline, et si je vous devine bien radieuse.

Je n’ose pas parler, aussi je lui réponds avec un signe de tête.

Gabriel, n’oubliez pas de lui donner la bombe pour la voix, allez maxi sur les aigus.

" Oui Madame, vous savez quoi, Pauline a souri quant elle s’est découverte, bonne nouvelle non ?

Cela ne m’étonne pas, bonne journée.

Nous sortons après que j’ai pris un coup de bombe dans la gorge, effectivement, mes premiers mots sortent beaucoup plus aigus qu’à l’ordinaire. Nous passons par l’accueil, Carole est là à attendre, effectivement elle ne me reconnaît pas.

Gabriel me fait signe de s’accrocher à son bras, c’est donc ainsi que nous partons vers le centre-ville. Un petit vent vient s’engouffrer sous ma jupe, une première sensation que je découvre et qui j’avoue ne me déplaît pas, un sentiment bizarre.

Je ne me rends par compte, mais je suis souriante, Gabriel me le fait remarquer, Pauline est plus souriante et paraît plus épanouie que Mickaël.

Il m’explique que Mr IMBERT a laissé un bon budget pour que chacun puisse vivre son expérience à fond. Gabriel me propose d’aller m’acheter un collier, un bracelet, et une bague pour définitivement perfectionner mon allure féminine. Nous rentrons dans une galerie commerciale et atteignons une bijouterie, naturellement je montre à Gabriel mes préférences, la vendeuse nous rejoint, Gabriel lui précise que c’est sa chérie qui choisit et lui paye. La sélection est faite, Gabriel demande à ce que je porte directement les bijoux, il paye, on sort.

Tu vois ma chérie, elle n’a pas du tout douté de ton genre, t’es rassurée ? Ta collègue n’a rien vu, la vendeuse t’a regardé de près et n’a rien vu, tu peux donc te laisser aller. Si ma patronne t’avait dit la semaine dernière que ton épanouissement passerait par un travestissement, tu l’aurais cru ? Comment te sens tu à ce moment ?

"Étrangement bien, c’est curieux j’ai l’impression d’être le réel moi, je suis perturbée, mais pas par le fait de déambuler en femme, mais plutôt d’avoir l’impression d’en être une, je ne sais pas, je ne sais plus, je crois que cette expérience va être une étape compliquée à gérer."

Ma patronne m’avait prévenu que tu risquais de basculer dans la journée et qu’il y aurait des moments de doutes, c’est normal. Bon vient on va t’acheter une tenue pour ce soir.

Ce soir, mais c’était prévu l’après-midi.

Oui mais suivant ton comportement, il était prévu de basculer sur la soirée aussi et là vu que cela se passe bien, je t’emmène jusqu’au bout de la nuit.

A peine a-t-il terminé sa phrase qu’il me fait un bisou sur la bouche, je suis surprise, il me regarde.

Cela fait partie du processus, comme tu passes les étapes rapidement, il est prévu d’essayer des choses pour voir jusqu’à ou tu peux faire sauter tes verrous.

Il rit en me mettant une main aux fesses, je devrais lui interdire, mais au contraire j’en souris, c’est vraiment le bordel dans ma tête.

Nous attaquons une série de magasins, Gabriel souhaite "un femme sexy", donc j’investis dans une guêpière, des bas, des escarpins et une petite robe noire.

Nous choisissons de repasser par le centre pour déposer nos achats avant d’aller nous restaurer. Nous croisons la patronne qui, après avoir discuté avec Gabriel, souhaite me parler pour juger de la situation.

Alors Pauline, vous vous êtes découverte ?

C’est un peu ça oui, c’est perturbant.

Et le contact physique avec Gabriel, vous vous sentez des tendances homosexuelles ?

Non pas du tout, je me sens.

Non sans que vous vous en soyez rendu réellement compte, vous êtes peut-être plus une femme qu’un homme malgré votre physique et être avec un homme pour vous rentre dans une logique hétérosexuelle.

Bien compliqué tout cela.

Je reste auprès de son bureau pendant qu’elle répond au téléphone, je vois sur une feuille le programme pour la journée de sa société et arrive à lire à l’envers mon prénom et celui de mes collègues. J’écarquille les yeux quand je vois la liste : IMBERT=> soumis, Christelle => homo, Carole => fatale, Mickaël => trans. Elle le remarque :

Mais Pauline est une curieuse, vous n’auriez jamais dû voir cela, c’est confidentiel.

Mais je suis une Pauline surprise qui restera une tombe.

Qu’est-ce qui vous surprend dans la liste ?

Le boss.

Justement c’est souvent le cas chez les dirigeants, cela leur fait du bien des fois de voir comment cela se passe quand ils n’ont pas le contrôle. Et les autres cela ne vous surprend pas ?

Honnêtement, Carole en femme fatale ça doit être drôle, car elle préfère toujours être neutre.

Justement si cela ne tient jamais avec des hommes, c’est peut-être pour une bonne raison…

Effectivement, vu comme cela.

Gabriel me récupère pour enfin aller manger, nous recroisons Carole, waouh comme elle est habillée et maquillée, c’est une vraie "bombe", je ne l’aurai jamais deviné, en plus elle sourit alors qu’en général, on a toujours l’impression qu’elle fait la gueule. Elle nous dit bonjour Monsieur & Madame, elle ne m’a pas reconnu.

Arrivé au resto, j’en profite, pendant que Gabriel s’absente, pour regarder tous les messages sur mon téléphone, je vois que dans notre groupe whatsapp du trio du boulot, Christelle et Carole demandent des nouvelles. Toutes les deux écrivent qu’elles sont contentes de l’expérience qui va sans doute changer leurs vies. Je confirme que ce sera peut-être le cas pour moi aussi et que j’ai, par inadvertance, vu le programme.

Je félicite Carole pour son look, elle comprend que je l’ai croisée, je me suis donc "grillé", je choisis de tout balancer en lui disant que je venais de la croiser à l’accueil du centre. Elle me répond qu’elle n’a croisé que Gabriel, le gars de l’agence avec une femme châtain clair puis ajoute aussitôt une suite à son message, "quoi c’était toi la femme châtain". Christelle pose aussi la question, "tu es en femme ?". J’avoue donc que oui, Carole me dit qu’elle m’a trouvé charmante. Elle m’écrit partir faire "la working girl" sans savoir ce qui lui serait vraiment demandé, elle demande à Christelle ce qui se passe de son côté. Christelle balance tout aussi, elle est dans une ville proche et son "épreuve" est de se promener aimante aux bras… d’une femme afin de se rendre compte que son homosexualité ne doit pas être refoulée, car ce n’est pas une tare.

Gabriel revient au moment où je tire sur mes bretelles de soutien-gorge, depuis ce matin, j’avais presque oublié que j’avais des seins, là ils me pèsent un peu et je m’aperçois qu’ils limitent ma vision du bas de l’assiette, ils sont petits alors je me dis qu’est-ce cela doit être pour les femmes qui ont de gros seins.

Gabriel m’a vu échanger par téléphone et me précise que normalement nous devions faire la coupure avec notre quotidien afin de rester immergés dans notre expérience. Les messages continuent d’arriver. Je ne peux m’empêcher de lire. Christelle a hâte de rentrer chez elle pour enfin accepter les avances de sa coloc et aller ensemble en amoureuses boire un verre. Carole s’éclate aussi. Les deux souhaiteraient me voir ce soir, ce n’est pas possible, Gabriel ayant réservé pour une soirée en tête à tête.

Le repas se passe bien, personne ne remarque le subterfuge, je passe aux toilettes pour une légère retouche de maquillage, c’était mes débuts, Gabriel me dit que c’est parfait.

L’après-midi, nous le passons entre les transports en commun, les magasins, le cinéma. J’oublie totalement le côté expérience, je suis à l’aise, épanouie, c’est impressionnant, j’en suis même à réussir à courir en jupe et talon pour attraper le métro.

Nous repassons à l’agence pour récupérer mon sac de vêtements du matin plus ceux du shopping. Je croise mon patron qui visiblement a fini son expérience, il n’a pas une belle tête, son cou est tout rouge, c’est curieux, bon l’essentiel pour moi est qu’il ne me reconnaît pas. Entre deux portes, la patronne de Gabriel me dit être contente de mon évolution et m’avertit qu’elle viendrait au boulot la semaine prochaine pour faire un bilan et rajoute :

C’est peut-être Pauline que je verrai, hein ?

Peut-être pas quand même.

Nous partons chez moi déposer mes fringues, Gabriel me dit qu’il sent que mon intérieur va sans doute changer dans les semaines à venir afin de coller un peu plus à mon évolution.

J’ouvre les sacs, l’agence a rajouté du démaquillant, du coton, une palette de maquillage, des crèmes, une brosse pour coiffer ma perruque. Gabriel m’annonce que nous allons au cabaret ce soir alors je peux me changer dès maintenant.

Sans traîner, je file à la salle de bain, j’enlève tout et m’équipe de mes achats, guêpière, bas culotte dentelle et la petite robe noire.

Ressorti de la salle de bain, Gabriel me siffle en faisant une caricature de bouffon "oh elle est bonne la Pauline". Je chausse les escarpins, bon là c’est talons aiguilles sur environ six centimètres donc pas plus hauts que les talons des bottines, mais évidemment beaucoup plus fins, je fais des aller-retour dans les différentes pièces pour m’entraîner.

Nous arrivons au cabaret qui est spécialisé dans un spectacle de travestis. C’est nouveau pour moi, mais je trouve cela sympa. Avant de partir, Gabriel m’a fait une petite blague, la fin du show se terminant par du karaoké, il m’a inscrite, je me retrouve donc sur la scène à chanter "ah si j’étais un homme" de Diane TELL.

Coup de chaud, mais challenge réussi, j’ai vu que Gabriel me filmait pendant ma prestation. En retournant à ma place, je sens mon téléphone vibrer, je regarde, c’est la patronne de Gabriel qui vient de me voir en vidéo, elle me félicite en disant que j’avais atteint tous les objectifs espérés et peut être plus, mais que c’est à moi de voir ce que je devais faire maintenant.

Gabriel me raccompagne chez moi, me fait la bise et me laisse son 06 en me disant qu’il avait vraiment apprécié notre journée et qu’il aimerait bien que l’on se revoie si je le souhaitais.

Seule, je me déshabille et me démaquille, je file au lit, il y a du boulot demain. Je suis à la fois fatiguée, mais aussi toute dérangée, voire excitée par cette journée, je mets du temps à m’endormir.

Le réveil sonne, petite douche et petit-déjeuner rapide quand je m’aperçois qu’il me reste le vernis sur mes ongles, bien sûr je trouve du dissolvant dans les affaires d’hier, ça y est plus de traces du Pauline si ce n’est les sourcils épilés.

Christelle et Carole sont déjà arrivées au boulot, elles m’attendent avec impatience et me dévisagent quand je m’approche.

Carole a gardé son nouveau look, je la félicite. Christelle m’interpelle :

Eh bien on attendait une femme châtain, on est déçue, elle s’appelle comment la dame châtain.

Elle s’appelait Pauline la dame.

Pourquoi mettre ta phrase au passé, on aimerait bien la voir cette Pauline.

Notre patron nous rejoint, il félicite Carole pour son look, me dit que j’ai un peu changé aussi, il précise que nous n’avons aucune obligation d’échanger sur nos expériences, mais qu’il ne l’interdit pas non plus, en clair il aimerait savoir. Cela m’amuse, car il a un col roulé et ce n’est pas la saison, c’est sans doute pour cacher les rougeurs, Gabriel m’a dit que c’était ceux qui avait passé la journée en soumis avec un collier pour être promené à la laisse.

Carole raconte sa journée, son relookage et ses cours de communication. A son tour, Christelle annonce le cheminement de quelques heures qui lui a permis de s’accepter telle qu’elle est et enfin de combler les envies de sa colocataire, le patron s’assoie de surprise, Christelle lui conseille de rester assis pour entendre mon expérience, là il est abasourdi presque K. O. Carole lui demande s’il accepterait d’avoir trois femmes à son service, car elles aimeraient rencontrer Pauline, il répond un "mouai" sans conviction.

Il me regarde et me dit :

Essayez demain, je ne suis pas là.

Yes, allez Mickaël, ose, c’était le but de l’expérience.

Le patron acquiesce :

Eh oui c’était le but, mais peut-être pas avec cette conclusion.

La journée de travail fut souvent entrecoupée de discussion sur nos expériences. Christelle propose à Carole et moi, pour fêter cela, d’aller chez elle le soir prendre l’apéritif afin qu’elle nous présente sa femme.

L’apéro étant à 20h00, je repasse par chez moi, après hésitation, je décide de me changer et d’aller chez Christelle en Pauline. C’est en version rapide que je me mets du vernis aux ongles, puis me maquille, je reprends ma robe de la soirée. Carole, qui a proposé de passer me prendre, car elle vient en voiture, sonne à la porte, je lui ouvre, j’étais tout juste prête. Elle est surprise et machinalement m’a fait la bise alors que l’on c’est déjà vu. Elle me félicite, je lui retourne le compliment, elle est magnifique. Elle me conseille de faire une retouche maquillage, elle m’aide. C’est entre copines que nous rejoignons la voiture, il pleut, il nous faut donc accélérer, Carole est épatée de mon aise à courir en escarpins et robe.

Christelle et sa femme nous attendent sur le palier, elles sont aussi surprises de me voir ainsi et me remercient de l’avoir fait. Christelle profite de notre présence pour offrir une bague à sa chérie, ce fut un moment émouvant, elles finissent par s’embrasser goulûment, je vois que Carole détourne son regard de cette scène. Soirée terminée, Carole de nouveau me véhicule, j’ai promis que ce serait Pauline qui viendrait au boulot le lendemain.

Un bip résonne sans cesse, allez debout, quand ma main éteint mon réveil, je vois mes ongles vernis qui me rappelle ma promesse. Donc dans l’ordre, douche, culotte, soutif et prothèses, caraco, collant, jupe, chemiser, maquillage, perruque, petit-déjeuner, lavage de dents, rouge à lèvres, bijoux, manteau, sac à main et hop je quitte mon appartement. Il y a une petite pluie fine et un léger vent, je sens l’humidité et le froid sur mes jambes, heureusement je plonge dans le métro.

Une nouvelle fois, les filles sont arrivées au bureau avant moi, dès qu’elles entendent la porte, elles viennent voir si j’ai tenu ma promesse, elles m’embrassent et me félicitent. Le patron, contrairement à ce qui était prévu, est là et me dit :

Comment veux-tu que je t’appelle ? Pauline, c’est cela ?

Comme vous voulez, Pauline c’est bien.

Entendu Pauline.

Ce fut une journée fantastique ma première journée bureau en Pauline, je n’arrêtais pas de bouger, me mouvoir en jupe et bottines à talon me donnait presque une excitation, seuls mes seins me perturbaient pour voir les touches de mon clavier d’ordinateur, je m’y habituerai si je renouvelle l’expérience.

Tellement confiante en moi en femme qu’en quittant le boulot j’ai filé directement au centre commercial faire les courses pour le week-end, je suis repassé par le magasin ou l’on avait fait des emplettes avec Gabriel et j’ai craqué pour une nouvelle jupe et un petit pull, merde effectivement ma part féminine prend vraiment le dessus.

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