Sa main fouille le tiroir; au milieu des tubes de rouge à lèvres, des crayons liners et des pinceaux de toutes sortes, elle cherche le mascara qui l’aidera à redessiner son regard, qu’elle veut, ce soir, plus envoûtant que jamais. De ce fouillis, elle retire un long tube noir légèrement corseté : Eyes dolls de Lancôme, parfait. C’est celui-ci qu’il lui faut. Penchée au-dessus de la vasque, le visage éclairé par les néons du meuble de la salle de bains, elle étire ses cils à l’aide de la brosse très précise du mascara. Elle a forcé sur le noir pour obscurcir ses yeux, sculpté sa paupière en utilisant un fard gris irisé. Le vert de ses yeux paraît plus intense. Les poudres lumière et blush donnent de l’éclat à sa peau. Un trait de rouge profond marque le contour de sa bouche. Son dernier geste se porte sur le choix du rouge à lèvres. Ce sera un rouge qui tire un peu sur l’orangé et lui donne une couleur acidulée et gourmande.
Il lui reste maintenant à choisir ses vêtements. Elle est encore nue et hésite devant la penderie. Elle a ouvert le pan gauche, celui qui rassemble ses tenues les plus extravagantes. Robe de cocktail asymétrique new-yorkaise, minijupe en cuir bleu clair de chez Jitrois, harnais en latex acheté chez Demonia …y côtoient cuissardes en vinyle rouge et escarpins dont les talons sont d’une hauteur indécente. L’Annapurna sous ses pieds !
Que va-t-elle mettre ? Il lui reste 45 minutes. Le rendez-vous chez W est à 20h. Elle a traîné, comme à son habitude, un peu par stress, un peu par manque de rigueur. Les deux couplés font qu’elle s’achemine vers un retard certain. C’est embêtant, car la « Reine » de la nuit qui s’annonce, cest elle. Que lui a-t-il passé par la tête le jour où elle s’est inscrite à cette soirée ? Non contente d’avoir pris contact pour en savoir davantage sur le concept de ces événements proposés aux libertins, elle a franchi un pas plus grand que celui qu’elle avait imaginé au départ, puisqu’elle en a aussi défini le thème et les règles du jeu. En un mot, c’est pour elle que des hommes vont se déplacer ce soir, dans l’objectif de la baiser sans ménagement. Elle n’a pas envie de renoncer, mais elle sent poindre un peu de fébrilité dans son excitation.
« Bianca veut vivre son premier gang-bang.
Bisexuelle pulpeuse, en couple avec une femme, elle rêve de six bonnes queues pour remplir sa chatte et peut-être aussi son cul pour celui qui saura être le plus convaincant. Maeva, sa compagne, observera la scène sans prendre part au jeu, mais c’est elle qui jugera des performances et choisira celui qu’elle autorisera à sodomiser Bianca. Pas de critère d’âge ni physiques particuliers, mais black ou métisses uniquement. Des mensurations de 22 centimètres x 6 centimètres sont un minimum. »
Telle est l’annonce publiée sur le site gbhard.com. Il est convenu que l’organisateur sélectionne les candidats et que Maeva se rende sur place avant le lancement des festivités afin de vérifier que les postulants sont bien conformes aux attentes formulées. Sa chérie en profitera-t-elle pour goûter aux plaisirs de la chair avant elle ? Rien n’est moins sûr. Contrairement à Bianca, Maeva n’est pas très mec, elle préfère de loin la douceur des femmes et l’antre chaleureux d’une vulve charnue ou le moelleux d’une belle paire de seins la font littéralement craquer. Quant aux généreux attributs de sa belle blonde, ils la comblent totalement…mais elle est partageuse et savoir que sa femme se pâme de concupiscence devant de beaux mâles prodigieusement équipés lui procure une excitation sans commune mesure. Elle est heureuse d’offrir six hommes à Bianca et ne dissimule pas son objectif. Elle veut la voir s’adonner et s’abandonner sans retenue.
Devant le placard, Bianca hésite encore…Elle se décide finalement pour un top en lanières de cuir noir et de grosses chaînes métal qui entourent sa poitrine et dévoilent ses seins généreux sans aucune pudeur. Le cuir forme un collier serré autour de son cou. L’effet est "fétiche" à souhait. Elle complète avec un court jupon de tulle noir transparent qui laisse deviner ses formes, enfile des bottes à talons qui rappellent le style rangers et passe un perfecto. Elle se sent rock et sexe. Cela devrait faire l’affaire. Elle a prévu un bandeau noir dans son sac, car si elle est à peu près sûre d’elle, elle craint tout de même de paniquer à la vue de six gars virils arborant autant de belles bites épaisses. Ce serait pire encore si les mecs ne lui plaisaient pas ou s’ils la dégoûtaient.
Commencer les yeux bandés est le plus sûr moyen de commencer; et une fois partie, envahie par le plaisir, elle sait que rien ne la rebute, tant le désir qui la brûle est incandescent. Et alors, il faut qu’elle aille au bout, au bout de son plaisir, au bout de ses forces, sans réfléchir…
A cette seule idée, des tensions aiguës naissent déjà dans le bas de son ventre entraînant avec elle son clitoris qu’elle sent se dilater lentement et ses lèvres qui gonflent jusqu’à gêner son entrejambe. Elle mouille abondamment alors qu’elle est encore loin du lieu de rendez-vous. Elle a promis à Maeva qu’elle ne se toucherait pas avant que la soirée commence et qu’elle se réservait pour ces six apollons dotés comme des taureaux. Depuis le temps qu’elle en rêve…
Elle se retient malgré l’appel de son sexe. Ses doigts pourraient la soulager. Cette pensée devient obsessionnelle. Et si elle allait uriner ? Le jet chaud giclerait sur ses lèvres, elle regarderait le fil translucide couler vigoureusement, puis, une fois achevé, elle frictionnerait son sexe avec les lingettes humides, et tenterait d’en extirper quelques sensations. Elle a le droit…Il ne lui est pas interdit d’aller aux toilettes, ni de se laver, ni même de se sécher avec le souffle frais du séchoir réglé en position froid…Elle est un peu honteuse d’en arriver à échafauder de tels plans. Incorrigible et impatiente jouisseuse, elle ne changera jamais.
Elle regarde l’heure et préfère raisonnablement appeler un taxi. Maeva l’attend et elle n’est pas la seule.
A suivre.
