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Rose effeuillée – Chapitre 2




Cest incroyable, moi, jeune marié, je suis déjà jaloux. Quelques railleries de jeunes femmes et lattitude familière de Gilles avec ma femme au retour de latelier de loisirs mont transformé en détestable flic. Pire : Rose pousse le culot jusquà me demander doù je sors à une heure tardive ! Mais quand le doute sinsinue, quand le danger sinvite à domicile, un mari doit-il fermer les yeux ?

Je me glisse dans le jardin, pénètre par larrière dans le local technique, massieds derrière la porte vitrée. En écartant prudemment le rideau en toile de Vichy, jai vue sur lensemble de la grande pièce. Gilles et Rose, tournés vers la lumière, me montrent leur dos. Sur un quadrillage en plastique transparent, Rose reporte les points dun modèle, compte les carrés, place une marque, recompte, pointe à nouveau. Gilles contrôle, il la frôle, il lui tient le bras, il guide la main, il pose négligemment une main au creux des reins, il passe de lautre côté de Rose, sa main gauche remplace naturellement la droite sur le dos de Rose.

Linnocente est trop attentive à son tracé pour remarquer le subtil jeu tactile auquel le professeur se livre sur sa peau quil habitue à la chaleur de ses mains. Il tâte le terrain, il effleure à peine, mais il sinstalle de manière permanente, fait de la sensation de présence proche et amicale une norme à labri dun réflexe de défense que susciterait une attaque plus directe. Il se détache, crée un court manque de chaleur humaine mais revient aussitôt, se poste derrière Rose, toujours aussi appliquée, penchée sur la table, et il se penche par-dessus son épaule, passe sa tête à droite de celle de son élève, fait un commentaire assez long, la main gauche sur la hanche femelle sans réaction. Cest un travail long, minutieusement calculé et expérimenté, dacclimatation de la proie à son prédateur.

Rose ne sent-elle plus le poids de ce corps dans son dos ? Fait-elle semblant de ne rien remarquer quand, pour passer les yeux par-dessus lépaule, le malin se colle à elle, des fesses jusquà sa nuque? Souhaite-t-elle au contraire ignorer ce contact pour pouvoir le prolonger comme sil était devenu indispensable à la réalisation de luvre ? Elle pose une question : lhomme se redresse, repart sur la droite et applaudit des deux mains. À lavant du brave homme, résultat rapide de sa manuvre denvoûtement par lencerclement, une bosse marque son pantalon de toile fine de façon bien visible depuis mon observatoire proche. Un peu de décence permettrait de mieux camoufler ses intentions. Mais il ne se sait pas observé et Rose, malgré ma mise en garde, reste sous le charme de ce compagnon dévoué qui lui consacre généreusement un peu de son temps libre pour une remise à niveau essentielle à son épanouissement. Il la convaincue de la nécessité de ce rattrapage : Il peut oser. Que risque-t-il? Tout au plus dêtre rabroué, mais elle est conditionnée et naura pas le courage doffrir une résistance quand il posera la prochaine banderille.

. Rose souriante et fière dun compliment, se relève à son tour, sétire bras au ciel, seins tendus en pointe, parfaite représentation de la féminité épanouie. Ses yeux pétillent du bonheur davoir réussi. Les encouragements du mentor la comblent de joie et, très spontanément, elle jette ses bras autour de son cou et lui applique un baiser sur chaque joue. Cest sa façon toute simple de remercier son bienfaiteur.

Cest bien innocent. Je dois avoir tort de nourrir des soupçons. Ma femme est jeune et ne pense pas à mal. Oui, mais ce Gilles nest peut-être pas aussi naïf. Lui, bien entendu, ne refuse pas ce témoignage denthousiasme. Bien au contraire, ses deux mains se rejoignent dans le dos de Rose et la maintiennent un instant contre son corps, sur sa panse excitée, plus longtemps quil nest nécessaire pour un simple témoignage de reconnaissance. Trop longtemps pour chasser mes interrogations.

Leurs regards se croisent, ils se sourient, présentent limage parfaite dun couple heureux . Enfin ils se séparent, lui avec un éclat de rire sonore et elle avec une satisfaction troublée par la révélation de la proximité répétée de la chaleur de ce corps nouveau et par le contact du membre durci sur le haut de ses cuisses.. Car Gilles a hardiment poussé sa virilité en avant. Elle sait à quoi correspond ce corps dur sous la toile: elle est mariée, cest ma femme. Combien de fois na-t-elle pas ri de lexpression physique de mes envies ? Naïve peut-être, mais pas idiote!

Ils ont mérité une pose. Rose sert une boisson. Face à face, ils se désaltèrent. Ils reprennent leur activité. A deux, ils fixent le modèle sur un carré de soie recouvert dun carbone. Cest un jeu denfant de reproduire sur la soie les points précédemment portés sur le plastique. Mais le professeur surveille le travail de très près, de trop près même à mon goût, il ne manque aucune occasion de frôler, de toucher, de palper, de pétrir de la peau ou du muscle. Il sait affirmer sa présence physique, sa chaleur humaine à cette élève douée et désireuse dobtenir dautres encouragements. Parfois elle recule devant une pression trop appuyée, mais il ne lui viendrait pas à lidée de protester ou de le tenir à distance.

Elle ma dit que cette attitude de familiarité était si naturelle chez Gilles que personne ne sen offusque vraiment. Ce nest donc pas en ce moment privilégié, si particulier, de cours privé quelle irait manifester contre ces attouchements spontanés et si naturels : cette attention particulière de lenseignant bénévole la ravit au contraire, elle doit savoir laccepter tel quil est.

Qui ne dit mot consent. Lanimal en profite pour multiplier les contacts. À la pause suivante, vers 19 heures, ses applaudissements redoublés lui valent des signes de reconnaissance à la hauteur de ses espérance; lenlacement est plus long, plus serré, le baiser destiné à la joue dérape en coin de lèvres, sajuste, chaste encore, mais cause des ravages, trouble les sens, bouleverse les battements du cur et accélère le pouls. Rose se retire en essuyant ses lèvres, lair étonné et contrarié, mais placide. Lui se détourne pour cacher aux yeux de la naïve apprentie les effets du rapprochement des abdomens sur son pantalon tendu Un ange passe

Enfin ils se remettent face à la table pour létape suivante. Apparemment rien ne sest passé. Rose repart dans le tracé du motif; le maître retrouve son contrôle et reprend la distribution de conseils et dexplications propres à étourdir et à chasser les soupçons. Les échanges de regards longs interrogent, hésitent, affirment, ne savent pas. Les mains baladeuses ont repris leur ballet virevoltant, au hasard des positions, la surface parcourue sest élargie, la fesse nest pas plus épargnée que le creux des reins ou lépaule.

La dernière audace acceptée a été ce bras glissé sous le bras de Rose penchée, pour atteindre un point de louvrage, le glissement a nécessairement touché le sein droit en un long frottement. Dans les minutes suivantes, par symétrie, le sein gauche a pu bénéficier du même traitement de faveur excitant sans que je puisse noter la moindre résistance chez la bénéficiaire. Si elle ne lencourage pas, il faut admettre que les limites de sa tolérance ont fortement reculé. Elle ne demande pas, mais reçoit avec cette indifférence feinte que le donneur peut aisément prendre pour une approbation.

Quand Rose enfin se redresse et se détend, Gilles affiche une telle satisfaction que le visage de Rose sillumine et quelle ne résiste pas à lappel des deux bras grands ouverts du maître. Elle se blottit contre lui, ses deux bras saccrochent derrière la nuque virile et sa bouche reçoit la récompense promise aux meilleures élèves sans doute, un baiser de fiancé ou damant, long, qui entrouvre les lèvres et soumet la bouche à une investigation profonde. Tous ces attouchements, tous les rêves audacieux de succès et de louanges ont fait fondre les dernières frontières de la pudeur. Ce baiser est une capitulation sans conditions, un acte dabandon total, plein de fougue.

Il y a des jours que je nai pas su provoquer un don aussi complet. Gilles nen revient pas, les bras lui en tombent, jusquà la croupe de Rose, sy attardent pour flatter larrondi, en prendre la mesure en y faisant courir des frissons, remontent en chiffonnant la jupe par-dessus la blanche culotte « petit bateau ». La place est conquise avant le début de la bataille. Rose est tétanisée, consentante elle capitule.. Un doigt inquisiteur passe sous la lisière de la culotte, lautre main déballe un sein : il est si spontané et si naturel quelle se prête avec une grâce infinie à ce tripatouillage indécent.

Je sors, cours à ma voiture, démarre, allume mes phares et me présente dans ma cour. Dun coup de klaxon, je confirme mon retour. Je descends de voiture lentement, sonne à la porte. Rose vient ouvrir, à travers la vitre de la porte je constate quelle termine de rajuster son corsage puis lisse de deux mains le bas de sa jupe. Un sourire forcé sur son visage congestionné ne laisserait aucun doute sur ses activités au plus cornu des maris. Je lembrasse sur une joue encore collante de transpiration et me dirige vers Gilles. Il cache ses émotions en restant tourné vers la table comme si quelque chose dessentiel sy produisait. Il me voit tendre la main et est obligé de me faire face pour me saluer. Un homme averti en vaut deux : son érection ne peut échapper à mon regard. Je joue linnocent, je suis jovial et jécoute avec intérêt les compliments quil distribue volubilement à Rose absolument incapable de rougir tant son visage est rubicond.

Je ris avec plaisir, cocu magnifique ou presque à leurs yeux, du bon tour que je viens de leur jouer en interrompant leur délire sexuel aussi près du but. Je plaisante :

Gilles, vous êtes-vous cogné ? Une bosse marque votre pantalon. Ah ! Peut-être souffrez-vous de priapisme ? Et toi, ma chérie, ménage-toi, je vois que louvrage ta fait transpirer et rougir de façon tout à fait inhabituelle, on pourrait croire

Je leur laisse deviner et je crois quils sont très forts au jeu des devinettes à les voir cloués sur place, muets et interdits Apparemment mon retour met fin au cours avant lheure. Je massieds, armé dune Kronenbourg et assiste au va-et-vient du rangement. Ils nosent pas trop se regarder, semblent empruntés quand ils se retrouvent face à face, ne parlent plus mais reprennent leurs couleurs habituelles. Quand enfin Gilles serre la main de Rose pour la saluer et murmure un timide « à mardi », je me félicite davoir joué un aussi bon tour aux deux tourtereaux. Rose, au coucher est extrêmement tendre, son excitation nest pas entièrement tombée.

Peux-tu me dire ce qui vous a échauffés avant mon retour ? Vous aviez lair si excités et si embarrassés que je soupçonne que vous avez chahuté plus que travaillé. Hier soir et avant-hier soir tu mas tourné le dos en rêvant de Gilles et ce soir, après ce que jai deviné lors de mon retour, tu es tellement en feu que tu voudrais me servir les restes que ton Gilles na pas consommés. Je ne suis pas disposé à accommoder ses restes.

Arrête, il ne sest rien passé. Tu es bêtement jaloux !

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