Auteur : RosaBonnet
Editeur : Dominique Leroy
Son prince charmant apparut effectivement, au coin dun petit bois, un jour quelle dvalait le sentier en roue libre, la jupe releve haut sur les cuisses.
Il ntait pas seul. Il avait un jumeau.
Valentine aperut soudain deux silhouettes accoles, qui se sparrent pour sauter le foss et se planter de chaque ct du chemin. Il tait trop tard pour faire demi-tour. Sans freiner, elle se laissa rouler jusquau bout du chemin, et crnement, sans baisser les yeux, passa devant deux jeunes garons, dallures totalement identiques, qui la regardrent sloigner sans faire le moindre geste, les yeux carquills sur ses jambes nues.
Le soir, elle questionna discrtement sa mre sur lidentit des deux garons, mais sans rsultat. Le lundi suivant, elle dcida de refaire le mme itinraire, pour voir si les jumeaux seraient encore l. Ctait risqu, mais sa curiosit naturelle tait titille ; elle voulait en avoir le coeur net. Elle se parfuma et mit une robe fleurs trs lgre, qui se soulevait chaque coup de pdale.
Les jumeaux taient l, vtus dune mme salopette bleue sur le torse nu. Elle ralentit en les apercevant. Son coeur cognait trop fort. Ses mains tremblaient tant que le guidon de la bicyclette vibrait, au point limite du dsquilibre. Imperceptiblement, ils se rapprochrent du milieu du chemin, le rtrcissant sans vraiment le barrer. Bravement, elle poursuivit sa route et se faufila entre les deux garons. Lorsque sa robe les effleura au passage, elle eut juste le temps den voir un fermer les yeux et tendre la main vers elle. Elle lvita de justesse. Lautre, les mains dans les poches, navait pas bronch. Retenant son souffle, elle sloigna en pdalant de plus belle. Le soir, dans son lit, elle se repassa le film de laprs-midi, regrettant presque dtre passe sans quaucun des deux ne la retienne, ou ne coure aprs elle. Elle navait pas vraiment eu peur, les garons lui avaient paru inoffensifs. Mais lexcitation du jeu lui donnait des frissons. Sr quelle y retournerait ! Elle y pensa toute la semaine et toutes les nuits, sabrutit de travail tout le dimanche et dormit comme une bche.
Le lundi matin, frache et parfume dans sa robe pois roses, elle reprit le chemin du petit bois. Personne ne ly attendait. Due, elle passa au ralenti, lendroit exact o les garons staient tenus les deux autres fois. Elle descendit de sa bicyclette, la dposa terre, fit quelques pas sur le chemin, dun ct et dautre, alla jeter un coup doeil en bordure de bois. Personne Aucun bruit, aucune prsence perceptible. Dpite, elle remonta en selle, et tourna au coin du bois pour longer le champ de mas vers la rivire.
Cest alors quils apparurent, tels des sylphes bondissant en plein milieu du sentier, juste devant sa roue. Surprise, elle donna un coup de guidon qui la dsquilibra, et elle tomba. Dans sa chute, elle sentit sa robe se dchirer sur la selle, puis une vive brlure au coude et au genou. Elle se retrouva aux pieds des deux inconnus, sans dfense, mais sans frayeur. Pour se donner une contenance, elle se redressa, chercha un mouchoir dans sa poche et commena essuyer le sang, qui perlait sur son genou. Sans un mot, les deux lutins en salopette la relevrent et la portrent sur lherbe. Elle ne se dbattit pas.
Vous avez aim cet extrait ?
Lisez la suite en tlchargeant l’eBook
« Valentine ou Les Elfes du petit bois » (44 pages)