— Votre altesse, mes respects, me dit le comte. Je m’appelle Andrei et voici mon épouse Vera.
— Je moi de même, dis-je en bégayant. Excusez ma surprise, je ne m’attendais pas à sil vous plaît, appelez-moi simplement Christine. « Altesse », je ne m’y fais pas.
— Christine n’arrive pas à se faire à son statut de déesse, rajoute Antinea narquoisement.
— Je comprends cela Christine. Nous vous connaissons de réputation. Mais venez à l’intérieur. Ce soleil brille vraiment très fort, et nous y sommes tellement sensibles
— Sensibles ? Vous voulez dire que vous risquez de vous consumer comme dans les films ?
Vera se met à rire pendant quAndreï affiche un sourire amusé.
— Non mademoiselle, répond-elle. Mais notre espèce ne possède pas de mélanocytes comme les humains et nous prenons des coups de soleil très vite. Autant éviter.
Pendant que nous nous dirigeons vers l’intérieur du bâtiment, je regarde avec plus d’attention le comte et la comtesse. Tous deux sont des vampires, mais ce qui m’étonne, c’est que je ne décèle chez eux aucune trace d’énergie humaine, celle qui reste sous-jacente chez Antinea et moi, comme je vous l’expliquai plus tôt. Ils ne sont pas humains. Ils sont « autre chose ».
Tous deux sont très « classe » dans leur tenue. Lui en pantalon en flanelle et chemise gris clair à manches longues et cravate. Elle, vêtue d’une robe blanche très légère, bourrée de dentelles, un peu de style victorien, portant un chapeau blanc à larges bords et une ombrelle. Un peu ringard dirais-je en d’autres circonstances, mais ici, Antinea avec son short, moi avec ma mini-jupe, et nos tee-shirts c’est nous qui faisons tache.
Un grand salon. Des fauteuils confortables dans lesquels on nous invite à prendre place.
— Eh bien mademoiselle, reprend le comte. Que puis-je pour vous ? Notre amie Athéna me disait que vous veniez seulement de découvrir notre existence ?
— Oui Monsieur le Comte, et je
— Andrei
— Excusez-moi ; et je voudrai savoir. Antinea, enfin Athéna me disait que vous existiez déjà dans l’antiquité ? Pardonnez mon ignorance, j’ai toujours cru que vous étiez des personnages imaginaires.
— Connaissez-vous l’histoire de Tantale ? Me demande soudain Andrei.
— Euh oui. On dit qu’il a été condamné à une soif et une faim permanente pour avoir fait manger de la chair humaine lors d’un banquet offert aux dieux de l’Olympe.
— C’est à peu près çà.
Je suis troublée. Je ne m’attendais pas à ce que la conversation dévie ainsi. Mais il y a une autre raison. Vera s’est positionnée derrière le fauteuil d’Antinea et lui masse doucement les épaules en glissant ses doigts sous le tissu. Et Antinea, tout sourire semble prendre plaisir à ce massage. Les deux femmes se connaissent bien, c’est clair. Je ressens des débuts de frémissement dans la pointe de mes seins, et je dois faire un effort pour ne pas trahir mon trouble.
— Tantale était un mortel qui comme d’autres servait les dieux de l’Olympe à table, leur préparait les repas. En fait ils accomplissaient toutes les basses besognes que les dieux n’auraient jamais faites eux même. Contrairement à la légende, les dieux n’avaient pour leurs serviteurs que mépris ou au mieux indifférence et ces derniers souffraient de ce qui était, il faut bien le dire, un esclavage
Du coin de l’il, je surveille Antinea et Vera. Cette dernière s’est agenouillée auprès du fauteuil dAntinea et a glissé sa main sous son tee-shirt. Et Antinea se laisse faire, me regardant avec un sourire narquois quand elle n’embrasse pas avec délice la comtesse. Oh la vache ! Et merde, je commence à mouiller copieusement !
— Un jour, l’un des serviteurs « craqua ». Il insulta un des dieux présents, l’histoire ne dit pas lequel, et les accusa de les traiter comme des chiens, de leur prendre leur corps et leur âme. Le dieu entra dans une violente colère et rétorqua qu’il n’était justement que de la viande à donner aux chiens et comment dire ? Dans sa colère, il démembra l’homme, il le déchiqueta et laissa ses restes ensanglantés dans la cuisine où Tantale et les autres préparaient le repas. Puis il s’en fut en riant.
Vera déboutonne le short dAntinea et laisse glisser sa main vers son intimité. Et moi qui fais des efforts désespérés pour résister à la tentation de les rejoindre car le comte l’air de rien continue sons récit. Oh putain
— Ce qui se passa ensuite est conforme à la légende. Fou de colère, Tantale décida de se venger. Il ramassa les restes du malheureux, les mit à cuire et servit le corps ainsi préparé à la table des dieux. Sauf que contrairement à la légende, Déméter ne fut pas la seule à engloutir une partie du corps du malheureux, mais presque tous
J’interroge Antinea du regard. Je n’arrive pas à croire que ma chérie, mon amour ait pu Elle voit mon interrogation muette, mais temporise quelques secondes, en proie à un plaisir intense. La main de Vera a disparu dans sa culotte et c’est clair, elle sait comment donner du plaisir à ses partenaires ! Antinea soupire, sa respiration devient haletante, ses yeux se révulsent Mon clito devient dur comme du bois, ma chatte frémit. Putain, j’en peux plus !
— Je je n’étais pas nééééeee dit-elle entre deux soupirs.
— Lorsque Zeus s’aperçut de la chose, reprend le comte, il entra dans une terrible colère, la plus terrible peut-être de son existence. Car il fit ce que normalement il ne pouvait pas faire : il modifia l’essence même de Tantale, ce qu’aujourd’hui on appelle l’ADN.
— Mais comment est-ce possible ? Seul Ouranos en est capable ?
— Christine, on m’a raconté que lorsque vous étiez au second cercle, vous avez sauvé la vie dAntinea en la guérissant, ce que vous n’étiez pas théoriquement en mesure de faire. Mais votre immense peur ce jour-là vous a amené aux portes du troisième cercle. Pour Zeus ce jour-là, ce fut pareil. Il était déjà très puissant, pratiquement du cinquième cercle. Et sa colère lui a permis de lancer cette malédiction à Tantale.
— Malédiction ? Vous voulez parler de cette faim et de cette soif perpétuelle ?
— Oui, mais c’est plus compliqué que çà Il le dota de ces crocs qui sont notre principale caractéristique, il le rendit presque immortel dans la mesure où il ne vieillirait plus et guérirait rapidement de ses blessures, et décréta que désormais, seuls le sang et la chair humaine pourraient le rassasier Et cela n’étant valable que pour un seul jour. Il fit de lui le premier « vampire ». Tous les jours, si Tantale ne voulait pas souffrir d’une faim atroce, il lui faudrait passer à l’acte. Aucun autre aliment ou boisson ne pourrait le rassasier ou étancher sa soif. Et pour faire bonne mesure, il lança une malédiction semblable à sa femme et ses enfants. Pour ces derniers toutefois, la malédiction fut allégée, la soif de sang n’apparaissant qu’au bout de sept jours et le sang animal pouvant combler temporairement leur faim et leur soif.
Nous sommes brièvement interrompus par un feulement sorti de la gorge dAntinea, en proie à une violente jouissance. L’effet est tellement soudain que je suis à mon tour balayée par une onde de chaleur qui me parcourt de la tête aux pieds. Le comte s’est interrompu, il attend que je reprenne mes esprits, ce que je fais avec difficulté en faisant comme si rien ne s’était passé.
— Sa famille aussi ? Pourquoi ? Et comment s’est terminée l’histoire ?
— C’était la coutume à l’époque, dit le comte en haussant les épaules. Frapper sa famille était une façon supplémentaire de le punir. Quant à Tantale, son histoire a fini tragiquement. La légende est muette sur ce plan. Pendant des jours, il résista à une faim dévorante jusqu’à ce qu’il succombe à la tentation. Il tua un homme, puis un autre, puis d’autres Au bout de plusieurs mois, il ne put supporter cette malédiction qui faisait de lui un meurtrier. Il supplia son fils de lui trancher la tête, mais ce dernier n’eut pas le courage de tuer son père. Alors il songea à se jeter dans un brasier, mais finalement, il s’empala sur un pieu de bois, directement dans le cur.
— La légende du pieu de bois qui tue les vampires, dis-je. La légende vient de là ? Et et sa famille.
— Ils ont survécu. C’était moins dur pour eux. Ils ont eu des enfants porteurs eux aussi de la malédiction et ceci de siècle en siècle jusqu’à nous. Christine, les vampires sont ses enfants, nous sommes les enfants de Tantale.
Je reste silencieuse quelques secondes le temps de digérer cette incroyable révélation. Dans son fauteuil, Antinea émet un long soupir d’aise tout en me regardant d’un il narquois. Elle est ravie de la petite blague qu’elle vient de me faire. Je lui lance un regard lourd de menaces.
— Monsieur le comte, dis-je soudain, pourriez-vous nous indiquer une salle de bain ? J’ai besoin de me rafraîchir.
— Je comprends cela, répond le comte avec un petit sourire. Nous allons mettre une chambre à votre disposition. On va vous y conduire.
— Merci.
J’attrape Antinea par la main. Et elle se marre ! Un domestique nous invite à le suivre et j’entraîne ma chérie à ma suite. Une fois dans la chambre, je claque la porte et précipite Antinea sur le lit. Elle se laisse faire en riant. J’ai fait voler mon tee-shirt, et je lui saute dessus, relève ma courte jupe. D’un geste sec, je déchire son haut, explose son short et la plaque sur le lit en lui bloquant bras et jambes.
— Toi ma cocotte, tu vas me payer ce coup-là ! Lèche !
Épisode à suivre