2030 – Cela fait un peu plus de dix ans maintenant que le concept d’Escape Game a débarqué en France sans que son succès ne soit remis en cause. Au contraire, fort des nouvelles technologies qui fleurissent à vue d’il et de l’envie grandissante de la population de renouer des liens sociaux, l’Escape Game est devenu une véritable institution culturelle, présent partout, pour tous.

Il y a deux ans, une toute nouvelle franchise s’est implantée sur le territoire : Xscape Game’z. La particularité de cette entreprise : proposer des Escape Game uniquement réservé aux adultes, mêlant réflexion, casses têtes et plaisirs charnels en tout genre.

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Profitant des trois semaines de liberté qui s’offrent à eux avant de poursuivre chacun de leur côté leur vie active, Thomas, Sarah et Matthieu, trois amis, ont décidé de former une équipe et de partir sur les routes de France pour jouer à un maximum d’escape room de ce genre nouveau.

THOMAS

Thomas, 19 ans, est un féru d’Escape Game, énigmes, chasses au trésor et autres casse-tête en tout genre depuis l’âge de quinze ans.

Il se lance dans l’aventure Xscape Game’z par curiosité de voir se mêler le monde des casse-tête et celui du sexe plus que par excitation des pratiques et des expériences qui s’offriront à lui. Hétérosexuel, célibataire depuis quelques mois, il n’a eu de relations sexuelles qu’avec une seule fille : Mélanie, qui a été sa copine pendant deux ans.

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— Eeeet voilà ! On y est !

Matt coupe le moteur de la voiture et je lève les yeux de mon téléphone pour regarder autour de moi. Il s’est garé à l’extrémité du parking, loin des autres voitures. Le bâtiment qui abrite l’Escape est sur notre gauche.

— Ca paye pas de mine… fis-je remarquer pendant que nous descendons.

— C’est pas plus mal, rétorque Sarah. J’ai pas franchement envie que des gens nous voient rentrer dans un escape porno…

— Relax ! La rassure Matt. On est à deux cents bornes de chez nous ! Y a aucune chance qu’on tombe sûr quelqu’un qui nous connaît.

Sarah fait la moue, visiblement réticente.

— Si tu ne veux plus le faire, c’est encore le moment de dire stop, dis-je en lui posant une main sur l’épaule. On s’est lancé dans ce road-trip pour passer du bon temps tous ensemble, mais si c’est pour faire des choses dont tu n’as pas envie, ce n’est pas la peine.

— Hé, non ! S’exclame Matt en sortant son paquet de cigarettes de sa poche. On a tout planifié, on s’est fait un planning, on a réservé les hôtels, on a tout prévu, c’est trop tard pour faire machine arrière !

Je lui jette un regard noir pour le faire taire. Sarah ne lui en tient pas rigueur.

— Non, vous inquiétez pas les gars, je vous lâche pas. C’est juste que… voilà quoi.

Elle ne termine pas sa phrase mais je comprends très bien ce qu’elle veut dire. En 2030, c’est encore compliqué pour une femme de vivre sa sexualité librement et sans jugement. Elle a accepté de nous suivre parce qu’elle nous fait suffisamment confiance, mais je sais qu’elle aura du mal à se départir de sa peur du regard des autres.

— C’est quoi, déjà, le nom de la room qu’on a réservé ?

— Le réveil d’Eros.

Nous avons planifié notre road-trip dans presque tous les détails, particulièrement dans l’ordre dans lesquels nous allions faire les rooms. On s’est débrouillé pour y aller crescendo, histoire d’avoir le temps de se familiariser avec ce concept certes intéressant mais totalement inconnu. En guise de première expérience, notre choix s’est porté sur cette room classée 2 étoiles sur 5 en termes de difficulté et 1 étoile sur 4 dans ce que la franchise appelait le ’’sexomètre’’. De plus, son fonctionnement était un peu différent des autres. Nous n’allions pas nous retrouver tous les trois dans la salle de jeu, mais nous irions chacun notre tour. Le principal avantage étant de ne pas avoir à se retrouver tout de suite ensemble, nus, dans des situations délicates. On a beau être trois amis très proches, nos liens ne sont jamais allés jusque-là.

On sait très bien que cela fait partie du concept et qu’il faudrait qu’on y passe inévitablement, mais on n’a pas encore abordé concrètement le sujet. D’ailleurs je ne sais pas trop comment ça va se passer. J’imagine qu’on y pensera quand on aura vécu cette première expérience.

— Bonjour ! Je peux vous aider ?

Une femme d’une trentaine d’années au teint hâlé et aux dents extra blanches nous accueille derrière son comptoir, tout sourire.

— Bonjour, je réponds en lui tendant ma montre. On a réservé une room.

— L’équipe des Noobies, à 15h30, confirme la femme en scannant l’écran. J’aurais besoin de votre carte d’identité.

Après une rapide vérification de notre âge, elle nous tend le règlement de l’établissement que nous devons lire et signer. Puis elle nous remet un badge aux couleurs de l’établissement.

— Vous avez choisi Le Réveil d’Eros, continue-t-elle. C’est une room à accès individuel, il faut que je sache quelles sont vos préférences. Homme ou femme ?

— Femme, pour moi.

— Homme pour moi ! Poursuit Matt.

— Homme aussi, s’il vous plaît, chuchote finalement Sarah en regardant le plafond.

— Très bien, merci. Installez-vous, je préviens votre Game Master.

Nous avons à peine le temps de nous asseoir dans l’espace qui fait office de salle d’attente que notre Maître de Jeu vient nous chercher. Tout aussi souriant que sa collègue, vêtu d’un polo blanc, il se présente comme étant Hugo et nous emmène à l’étage. Là, il nous indique les vestiaires où nous devons obligatoirement prendre une douche et revêtir une sorte de peignoir en satin noir par-dessus nos vêtements. Une fois fin prêts tous les trois, il nous réunit dans le vestibule de la room numéro 4, où trois portes nous font face.

— Bien ! Avant de commencer, voici vos pilules préservatives. Prenez-les maintenant, comme ça elles auront le temps de faire effet pendant que je vous briefe.

J’avale ma pilule en même temps que les deux autres. Cela fait maintenant 5 ans que ces pilules ont remplacé tous les autres moyens de contraception et de prévention des maladies sexuellement transmissibles, et leur taux d’efficacité est de 100%.

— Super ! S’exclame Hugo. Nous pouvons nous lancer… dans le Réveil d’Eros !

Il est de plus en plus théâtral, probablement pour nous immerger peu à peu dans l’ambiance qui nous attend. Ca me plaît. J’aime quand le jeu commence avant d’être dans la salle de jeu. Si je laisse de côté la douche et la pilule préservative, je pourrais me croire dans n’importe lequel des Escape Game auxquels j’ai déjà joué.

— Eros… dieu de l’Amour, source de l’érotisme… Il tient entre ses mains tous les secrets des histoires d’amour, des désirs charnels et des plaisirs interdits… Il peut donner… mais il peut aussi reprendre !

Nous l’écoutons tous les trois sans mot dire. Même Matt ne trouve aucune vanne ou réplique cinglante à sortir, ce qui est un exploit en soi.

— Les personnes que vous allez rencontrer dans ces pièces sont toutes les trois victimes d’une malédiction lancée par Eros en personne. Votre mission sera, chacun votre tour, de libérer votre prisonnier de sa malédiction. Si vous y parvenez tous les trois, Eros vous rendra la liberté, à vous et à vos prisonniers. Si vous échouez… la malédiction viendra se nicher au plus profond de vous et vous rejoindrez les rangs des damnés du Dieu de l’Amour…

Il actionne un interrupteur et un chronomètre rouge s’illumine sur le mur, ainsi que trois lumières rouges, une au-dessus de chaque porte.

— Vous avez 90 minutes pour libérer les trois prisonniers. L’accès à votre salle ne sera possible que lorsque le joueur vous précédant aura accompli sa mission. Soyez tous les trois victorieux avant la fin du temps imparti et les portes se déverrouilleront. Si vous échouez, les salles seront plongées dans l’obscurité, signifiant votre échec. Le premier à avoir accès à sa salle… – il regarde rapidement sa montre – est Thomas ! Viendra ensuite Sarah, puis Matt. Tout est OK ?

Nous le gratifions d’un signe de tête et il quitte la pièce en nous souhaitant bonne chance et en verrouillant la porte derrière lui. De petits haut-parleurs au plafond annoncent : UNE MINUTE AVANT OUVERTURE DE LA PREMIERE SALLE.

— Bon, les gars, dis-je. 90 minutes, ça nous fait une demi-heure chacun. Je sais pas trop ce qui nous attend là-dedans ni ce qu’on va devoir faire, au juste, mais on essaye de tenir le timing pour ne pas pénaliser celui qui passe après nous.

— T’inquiète, mec ! Lance Matt en me donnant une tape sur l’épaule. On va gérer. Ca va être trop bien.

Sarah, elle, me gratifie d’un demi-sourire.

Je prends place devant la porte numéro 1 et guette la lumière rouge au-dessus de moi, prêt à rentrer dès que le chrono sera lancé. Alors que les haut-parleurs entament un compte à rebours à partir de 10, une drôle de sensation me gagne. Un mélange détonnant entre mon excitation habituelle quand je m’apprête à jouer et une sorte d’appréhension bizarre à l’idée de savoir que du sexe, sous une forme que j’ignore totalement, m’attend derrière la porte.

Le compte à rebours arrive à zéro. Une sonnerie retentit et la lumière vire au vert. Je vois du coin de l’il le chronomètre commencer sa course folle. Sans perdre une seconde, j’ouvre la porte et me faufile à l’intérieur. Dès que je la referme, j’entends un cliquetis mécanique, signe que je suis enfermé.

— Que le jeu commence… je murmure pour moi-même. C’est une sorte de phrase porte-bonheur que j’aime dire à chaque fois que je joue. Une manie totalement inutile, je le sais bien, mais qui me met en condition.

La pièce est totalement plongée dans le noir, je n’y vois rien. C’est un grand classique des Escape : déstabiliser les joueurs prêts à partir à la recherche d’indices en les forçant à d’abord trouver un moyen d’allumer la lumière. Concentré, je plaque mes mains contre le mur à côté de moi et le suis à la recherche d’un relief quelconque. J’arpente ce que j’estime être une bonne moitié de la pièce sans rencontrer rien d’autre qu’une immense surface totalement lisse et froide. Puis, arrivé sur le mur opposé, je sens quelque chose effleurer mes doigts.

Je ne comprends pas tout de suite de quoi il s’agit. J’essaye de trouver l’extrémité de ce qui ressemble à un dessin en relief et je le suis doucement.

Je comprends très vite que je me suis trompé : ce n’est pas un dessin, c’est une phrase. Les reliefs représentent des lettres. Minutieusement, je déchiffre chacune d’elles jusqu’à comprendre la phrase : Il suffit de demander pour avoir.

— Je veux de la lumière ! Je m’exclame.

Aussitôt des spots disséminés un peu partout me donnent ce que j’ai demandé et je peux voir mon environnement.

Je suis dans une pièce presque totalement rouge bordeaux, du sol au plafond. Le décor en lui-même, plutôt classique, ressemble à un salon, avec son canapé confortable, sa bibliothèque, une petite table haute avec un ordinateur portable et quelques tableaux au mur. Rien qui ne fait allusion de près ou de loin au sexe…

Il n’y a qu’un seul mur qui détonne avec le reste : celui que j’ai parcouru du bout des doigts quand j’étais dans le noir et qui à l’air d’être fait de plexiglas. Il semble y avoir un espace derrière celui-ci mais il est plongé dans l’obscurité.

— Je veux voir ce qu’il y a de l’autre côté du mur ! Je lance.

Je m’attends à ce qu’il ne se passe rien, un seul indice étant rarement utilisé plusieurs fois dans un Escape, mais d’autres spots s’allument et mon souhait est exaucé.

L’autre côté du mur est deux fois plus petit que la pièce dans laquelle je me trouve. Il est entièrement blanc et vide de toute décoration. Au centre, sur un fauteuil qui ressemble à un trône, une jeune femme semble endormie, la tête baissée.

Mon rythme cardiaque s’accélère un peu. Elle est totalement nue, et même si je ne distingue rien de particulièrement intime – ses jambes étant serrées et ses longs cheveux bruns recouvrant ses seins – je suis face au premier signe que cette room n’est pas totalement comme les autres.

Mes yeux s’attardent quelques précieuses secondes sur ce spectacle plutôt agréable, mais je me ressaisis rapidement. Je suis avant tout dans un Escape. Je dois trouver la solution et prendre le moins de temps possible pour passer le relais aux autres. J’imagine que la prochaine étape est de rejoindre la femme dans l’autre pièce. Ou de la faire venir dans la mienne. Quoi qu’il en soit, de me débarrasser de cette barrière de plexiglas qui nous sépare.

— Je veux être dans la même pièce que la femme endormie !

Cette fois, rien ne se passe. Ca aurait été trop simple. Il ne me reste plus qu’à procéder à une fouille systématique de la pièce.

Première étape : l’ordinateur. J’appuie sur le bouton ON/OFF et l’écran s’allume aussitôt, m’indiquant le chronomètre.

7 minutes et 18 secondes se sont déjà écoulées. Le temps passe à une vitesse folle dans les Escape…

Je tente d’appuyer sur d’autres touches, mais je ne réussis qu’à réduire le chronomètre dans un coin de l’écran et afficher une vidéo où une jeune femme qui ressemble furieusement à l’inconnue endormie me regarde de ses yeux flamboyants et commence à se déshabiller en se déhanchant. Encore une fois, la tentation est grande de rester scotché devant le spectacle, mais je me raisonne et m’attaque au canapé. La fouille des coussins ne donne rien, mais en passant ma main dans l’interstice entre le dossier et le siège, je trouve une petite lampe qui émet une lumière bleuâtre. Je décide de la garder dans la poche de mon peignoir et de poursuivre mes investigations sur la bibliothèque.

Je me rends vite compte que la quasi-totalité des livres sont factices, hormis cinq – un sur chaque étagère – que je mets de côté pour les ouvrir. Il s’agit de magazines pornos déguisés en livre classique. Tous offrent des photos très explicites qui me font vite monter le rouge aux joues et font remuer mon entrejambe. Ca devient de plus en plus compliqué de garder l’esprit clair et logique. J’essaye de survoler les pages sans trop m’y attarder, certains qu’ils ont leur rôle à jouer. Je finis par trouver une petite carte transparente coincée entre deux pages. Un des coins est tronqué, et elle ne contient rien d’autre qu’un petit ’’3’’ en son centre. Je répète l’opération avec les autres livres, jusqu’à avoir 5 cartes identiques, contenant chacune un chiffre allant de 1 à 5 inscrits aléatoirement.

Je reste de longues secondes à réfléchir, ne sachant pas trop quoi faire avec ces cartes et la lampe. Un coup d’il à l’écran d’ordinateur m’indique que 12 minutes se sont écoulées. Et accessoirement que la jeune femme en plein strip-tease a des fesses absolument sublimes.

— Bon OK, réfléchis Tom, dis-je tout haut comme j’ai l’habitude de le faire quand je bute sûr quelque chose. Tu as une lumière… Donc il faut que tu éclaires. Mais si tu as besoin d’éclairer quelque chose, c’est que tu es dans le noir…

— Je veux étendre la lumière !

Les spots se réteignent aussitôt. Je balade ma lampe bleue un peu partout dans la pièce jusqu’à ce qu’elle accroche un détail sur le mur de droite, tout à côté du plexiglas. Un petit liseré bleu dessine sur le mur un rectangle dont un des coins est tronqué. Je crie victoire intérieurement. La situation se débloque tout à coup, et j’adore cette sensation. Je classe les petites cartes dans l’ordre croissant et les pose sur le mur en suivant le liseré. Les cartes coïncident parfaitement et restent collées au mur.

— Je veux rallumer la lumière !

Les spots et l’écran d’ordinateur se rallument. Dans l’autre pièce, l’inconnue ne bouge toujours pas. Je recule de quelques pas pour examiner le mur de plexiglas et mon intuition se confirme en une fraction de seconde.

Il s’agit d’un mur tactile. De petits reflets bleus se distinguent à 5 endroits différents. Les mêmes endroits que ceux où les chiffres sont inscrits sur les cartes. Je vérifie l’ordre et appuie sur la zone bleue correspondant au chiffre 1. Un gémissement féminin résonne aussitôt dans la pièce. Ce genre de petit frémissement qu’une femme laisse échapper par mégarde, quand la température commence à monter et qu’elle est presque surprise par cette première vague de plaisir, annonciatrice de beaucoup d’autres. Cela me fait penser à ceux de Mélanie… Les fourmillements dans mon bas ventre gagnent en vigueur.

J’appuie sur les autres zones bleues dans l’ordre indiqué et à chaque fois un nouveau gémissement se fait entendre, plus fort et plus intense que le précédent. En appuyant sur la zone numéro 5, c’est un véritable cri de plaisir qui envahit la pièce et une porte dissimulée dans le plexiglas s’entrouvre au niveau de la jonction avec le mur voisin. De l’autre côté, l’inconnue lève enfin la tête et m’adresse un sourire radieux.

Je me précipite sans trop réfléchir dans l’autre pièce pour la rejoindre. Ce n’est que lorsque je me retrouve à moins d’un mètre d’elle que je me fige. Maintenant qu’elle a redressé la tête, ses cheveux ne cachent plus ses seins. Deux magnifiques seins ronds et fermes, d’un blanc laiteux. Parfaits. Un petit grain de beauté trône fièrement à quelques centimètres de celui de l’autre, ce qui ajoute un charme fou.

— Eum… je… Bonjour.

— Bonjour, me répond-elle sans se départir de son sourire.

Je m’efforce de lever les yeux, mais mon regard ne cesse de glisser sur sa poitrine. Elle ne semble pas en tenir rigueur.

— Est-ce que c’est bon ? Je vous ai libéré ?

— Non. Je suis prisonnière de la malédiction d’Eros.

Elle parle d’une façon un peu mécanique, mais je n’arrive pas à savoir si cela fait partie du scénario ou pas.

— OK alors… suivez-moi.

Je lui attrape la main – une main chaude à la peau d’une douceur incroyable – et l’entraîne dans la pièce principale.

— Et maintenant ?

— Je suis toujours prisonnière de la malédiction d’Eros.

— D’accord, je dois faire quoi pour vous libérer ?

— Eros ne me donne pas le droit de le dire.

— Est-ce que je dois vous faire sortir de la pièce ?

— Eros ne me donne pas le droit de le dire.

Je peste en silence, bien conscient qu’elle ne pouvait pas me donner la solution. L’écran de l’ordinateur, qui a cessé d’afficher le strip-tease, m’indique que 19 minutes se sont écoulées. Je dois faire vite, mais je n’arrive pas à réfléchir correctement. Une petite voix à l’intérieur de moi me chuchote que j’arrive dans la partie qui donne toute sa particularité à cette Escape. J’ai résolu toute la partie réflexion, c’est maintenant en toute logique le moment de la partie sexe.

Oui, mais quoi faire ? Je ne vais quand même pas allonger l’inconnu et lui faire l’amour sans préambule. OK, cela ne me dérangerait pas outre mesure – dire le contraire serait mentir au vu de l’érection qui ne quitte plus mon boxer – mais ça me parait quand même un peu brutal. J’ai beau être excité, je ne suis pas certain d’en être capable…

Je me mets à faire les cent pas dans la pièce, à la recherche d’indices, d’indications, n’importe quoi. L’inconnue elle, reste immobile, silencieuse. Une idée me vient.

— Est-ce que… je peux vous toucher ?

Elle hoche simplement la tête en souriant et ouvre les bras pour me laisser le loisir de l’examiner comme bon me semble.

Je me rapproche d’elle. Elle sent terriblement bon. Sa peau semble être faite en velours tant elle est parfaite. Pas un seul défaut ne vient gâcher le spectacle saisissant de ses courbes. Après quelques hésitations, je pose mes mains sur ses bras et les envoie à la recherche d’indices. J’ai terriblement chaud. J’essaye de rester concentré, mais des images furtives me traversent l’esprit, comme des flashs. Elle rapproche sa bouche de la mienne pour l’embrasser, ses mains s’aventurent sous mon pull et descendent sous l’élastique de mon boxer. Elle s’agenouille…

— OK ! OK ! Je lâche en m’éloignant, conscient que je suis en train de me laisser aller. Il n’y a vraiment rien que vous ne puissiez me dire pour m’aider.

— Vraiment rien.

C’est à ce moment que je remarque quelque chose. Ce que j’avais pris pour un grain de beauté tout à l’heure n’y ressemble plus vraiment maintenant que le regarde avec attention. Je me rapproche à nouveau à pose doucement mon doigt dessus. Bingo !

Ca a la texture de la mousse. Ce n’est pas un grain de beauté, c’est un micro. Comme tout à l’heure, tout s’imbrique en une fraction de seconde. Elle est prisonnière et je dois la ’’libérer’’. Elle porte un micro. Les touches de la paroi de plexiglas diffusaient des gémissements…

Je dois la faire gémir.

— Est-ce que vous pouvez gémir pour moi ?

— Je ne peux pas gémir sur commande, répond-elle.

24 minutes. Plus que 6 minutes si je veux respecter le timing.

— Oui mais là, regardez ! Sur le mur c’est écrit ’’Il suffit de demander pour avoir.’’

— Alors si je demande, j’aurai, réplique-t-elle plus comme une affirmation que comme une question.

— Très bien, alors demandez-moi.

Son comportement change en un battement de cils. Elle devient tout à coup plus…’’humaine’’. Elle me sourit et part s’asseoir sur le canapé. Puis elle plante son regard dans le mien et écarte doucement les jambes.

— Bouffe-moi la chatte…

Je suis tellement surpris que je n’arrive à articuler qu’une suite de borborygmes sans queue ni tête.

— Que je euh… oui, que…

Elle rit et écarte encore un peu plus les jambes m’offrant une vue imprenable sur sa fente rose et imberbe, aux lèvres toutes lisses. Magnifique…

Je bande tellement que mon sexe en devient douloureux. Je me tourne dos à elle pour le coincer dans l’élastique de mon boxer.

— Bon aller Tom, je pense. Si tu t’es embarqué dans ce genre de délire, c’est justement pour découvrir des situations comme celles-là. Tu as une femme sublime qui t’attend, complètement offerte à toi et qui te demande de lui faire un cunni… Profite du moment. Fonce !

Quand je fais volte-face, tout a disparu. Le décor de la room, le chronomètre qui continue de défiler, Matt et Sarah qui attendent de l’autre côté de la porte de se lancer dans le jeu… Il n’y a plus que moi et ce bijou de chair qui me réclame. Je m’agenouille devant elle. Pose mes mains sur ses cuisses qui frissonnent à leur contact. Les sensations sont un milliard de fois plus incroyable que dans tous les pornos en réalité augmentée que j’ai pu regarder dans ma vie.

Mon doigt effleure ses lèvres, remonte sur son clitoris. Je dépose doucement un baiser. C’est chaud…

Je lance finalement ma langue à l’assaut. Je la fais voyager, rouler, tourner, descendre. Remonter et jouer sur son petit bouton.

Quelques secondes suffisent pour que je sois pris d’un désir fou. Un désir de lui donner ce qu’elle m’a demandé, de lui offrir plus de plaisir qu’elle n’en a jamais reçu. Mon doigt vient s’ajouter à la partie. Entre deux coups de langue, il s’enfonce doucement d’abord, caresse et rerentre de plus belle, plus loin, plus longtemps.

Complètement transporté, c’est à peine si j’entends le gémissement s’échapper au-dessus de moi. Quant au chronomètre sur l’écran d’ordinateur qui se bloque sur 31 minutes et 22 secondes, je l’ignore complètement…

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