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Elle et Elle – Chapitre 9




Lorsque nous nous réveillâmes de cette sieste amoureuse, deux heures devaient s’être écoulées : nos corps nus étaient baignés dans la clarté orangée du coucher de soleil. En-dessous de nous, les draps étaient moites de nos transpirations, de nos salives, de nos fluides, des échos de nos soupirs qui résonnaient encore dans l’air de la pièce.

Avec Laetitia, on se regarda très très longtemps sans dire un mot. On se dévora des yeux, souriant comme des gamines toutes proches du rire de joie. Je n’arrivais pas à arrêter de la contempler. J’étais amoureuse.

On joua avec nos cheveux, on se donna de petits bisous mignons, on promena nos mains sur nos corps en sueur.

« Sinon, tu avais autre chose de prévu pour le weekend ? » lui demandai-je.

Ça la fit rire et je ris avec elle, complice, éblouie. Faire l’amour avec elle, c’était la seule chose dont j’avais envie, mon seul besoin, mon seul projet. Ou plutôt non. J’avais deux projets. Le premier : la baiser, la baiser, la baiser, me faire baiser par elle, et encore et encore et encore, parce qu’il était improbable qu’un jour je parvienne à m’en rassasier. Second projet : l’aimer, la chérir, vivre dans la clarté de son sourire, lui tenir la main, me marrer avec elle, l’aimer encore, l’aimer, l’aimer, l’aimer. Laetitia. Notons que les deux idées n’étaient pas incompatibles.

Mais nos corps n’étaient pas faits que d’amour : j’avais très faim et très soif, et elle aussi. Nous nous mîmes d’accord sur une trêve, promettant de nous remettre à baiser dès que possible.

« Et pour commencer, je crois que j’ai besoin d’une petite douche » dis-je.

On se sépara après un interminable bisou, et je pris la direction de la salle de bain pendant que ma petite amie changeait les draps.

Tournant le mitigeur, je réglai la température avant de plonger sous le jet d’eau chaude. J’avais des étoiles plein la tête, comme si tout ce qui venait de se passer était irréel. Pourtant, tout était vrai : alors que mon mari m’avait jeté de chez nous, je m’étais réfugiée chez ma meilleure amie, et elle et moi avions couché ensemble, découvrant avec stupéfaction le désir inouï et l’amour naissant qui nous unissait.

Je repensai à ce que je l’avais laissé me faire, à ce que je lui avais fait, rougissant de mon audace. C’était comme si Laetitia m’avait donné accès à une partie de moi que je ne connaissais pas, un aspect de ma personnalité plus libéré, plus salace, plus gourmand de sexualité et d’homosexualité que je ne l’avais jamais suspecté. Surtout, j’étais enivrée de plaisir et très, très heureuse. C’est con la vie, quand même, quand on y pense.

Mais quelque chose interrompit mes rêveries, sans que je ne voie rien venir. La cabine de douche s’ouvrit, dans mon dos : Laetitia venait de me rejoindre. Je crois que c’était ce que j’avais espéré.

« Ne te retourne pas » ordonna-t-elle.

Elle avait dit ça d’une voix autoritaire, comme s’il n’était pas question que je discute de ses instructions. A ma grande surprise, l’entendre s’adresser à moi de cette façon m’excita énormément. Je me montrai obéissante et continuai à fixer la paroi de la douche, sentant mon amante approcher dans mon dos, prête à tout ce qu’elle avait envie de me faire.

Laetitia me poussa contre le mur, sans brusquerie mais fermement, jusqu’à ce que mon visage, mes mains, mes seins et mon ventre s’y appuient. Elle referma la cabine de douche derrière elle et, sans attendre une seconde, glissa sa main entre mes fesses.

« Tu es à moi, bébé » dit-elle. « J’ai envie que tu sois très soumise pour moi, d’accord ? »

Oh oui, j’étais d’accord. En fait, je crois que, sans m’en douter, j’avais attendu toute ma vie qu’un de mes partenaires sexuels s’adresse à moi de cette manière. Oh, je n’allais pas verser dans le sado-maso à plein temps, et l’amusement que je percevais dans la voix de ma copine trahissait le fait que pour elle aussi, il ne s’agissait que d’un jeu parmi d’autres, mais l’idée de m’offrir à elle sans discuter, d’être docile, obéissante, me bouleversait infiniment plus que je ne l’aurais soupçonné

Laetitia fit claquer sa main sur mon cul, comme si j’étais sa propriété. L’autre main chemina entre mes cuisses et trouva l’entrée mouillée de mon sexe, et lorsque je sentis ses doigts entrer en moi je fus agitée d’un incontrôlable tremblement. Elle colla tous son corps contre le mien et je sentis son souffle dans ma nuque, toute proche. Avec une férocité tendre, elle mordit le creux de mon épaule :

« Laure, tu n’imagines absolument pas le nombre de façons de te faire jouir que j’ai en tête. »

Peut-être que non, mais je ne demandais pas mieux que de le découvrir. D’ailleurs, des idées, je n’en manquais pas moi non plus, dans ce registre. Pour la toute première fois depuis le début de cette folle journée, je me projetai dans l’avenir, dans notre avenir, prenant soudain conscience que ce qui se passait entre nous, ce n’était pas seulement un délicieux présent, mais c’était surtout quelque chose que nous allions savourer, découvrir, construire ensemble tous les jours pour le restant de notre vie peut-être. L’imagination d’une fille amoureuse, c’est quand même quelque chose d’assez vertigineux, parfois alors deux, vous imaginez.

« Ooooh putain » dis-je, alors que je la sentis me pénétrer avec trois doigts en même temps, sans prévenir et sans ménagement. Pour faciliter l’insertion, je me serrai contre la paroi de la douche, sous le jet d’eau chaude, me cambrant pour lui présenter mes fesses, les jambes bien écartées l’une de l’autre. Comme je me sentais délurée de m’offrir à elle de cette manière, c’était génial

Elle en profita, la chipie, accélérant le rythme immédiatement, faisant pistonner ses doigts dans mon con comme s’il s’agissait d’un pénis, mais en même temps très différent, plus compliqué, plus affolant. Mais ce qui comptait, c’était que Laetitia me baisait, elle m’avait à sa merci, elle faisait de moi ce qu’elle voulait.

A nouveau, je sentis une chaleur enivrée gagner mon ventre et prendre possession de tout le reste de mon corps. Un crépitement de surprise et de douceur, né en Laetitia, qui se propageait dans mes entrailles et dans tout ce qui en moi était réceptif à la beauté de la vie, m’ensorcelant, faisant de moi le réceptacle consentant d’un désir inouï, pendant que ma conscience fondait délicieusement, corrodée par l’acide extraordinaire du plaisir.

« Je suis à toi, Laetitia Tu me rends folle »

Une nouvelle claque sur les fesses, suivie par un rire mutin :

« Petite cochonne » me dit-elle avec affection. « Fille de mauvaise vie. Je t’interdis de bouger, je veux que tu restes debout, même si tu perds tout contrôle. »

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