Jade, Lilas, Sophie, Maud, peu importe le prénom que l’on me donne : je suis un personnage, je ne suis pas moi. Et ce soir-là j’avais décidé de jouer.
J’ai 20 ans, je suis rousse. Je fais 1,66 m pour 75 kilos : j’ai des rondeurs un bon 100E, de grosses fesses et je suis tatouée sur les bras, les jambes, le torse, le cou. Je ne suis pas spécialement belle de visage : des yeux marron, des lèvres légèrement pulpeuses, des taches de rousseur et un nez crochu. Mais qui fait attention au visage quand on est une fille facile ? Je ne dirai pas de moi que je suis une nymphomane : j’aime jouer, j’aime séduire. C’est l’acte en lui-même qui n’est pas ma partie préférée. Sûrement parce qu’aucun homme ni aucune femme n’a su me mener à l’orgasme ? Je ne suis pas frigide ; j’aime qu’on me touche, qu’on me lèche, qu’on me doigte, mais jamais au point d’en perdre la raison.
Dans la capitale pour deux semaines, seule chez de la famille, je m’ennuie. Et c’est ce soir-là que mes deux semaines de vacances basculent.
Nous sommes le lundi 13 novembre.
Quoi de mieux pour jouer qu’une application de rencontre ? Faux prénom, vraie photo, fausse description. Je ne suis plus moi : dites bonjour à Jade, soumise de 20 ans cherchant un maître ou une maîtresse. Activation de la géolocalisation ; les profils s’affichent. Je like certains, zappe d’autres. Des matchs apparaissent. Je discute avec plusieurs hommes et femmes pendant deux soirs, et j’applique la même manuvre avec chaque personne :
1. On discute, on se met d’accord sur les limites.
2. Je fais la fille timide et refuse de donner mes réseaux le premier soir.
3. On se fait des mises en scène sexuelles.
4. On se donne rendez-vous.
5. Il va dormir.
6. Je le bloque.
Au bout de deux soirs je tourne en rond, je me lasse ; je supprime tous mes comptes.
J’aurai bien rigolé, et surtout cela m’aura permis de m’exciter fortement.
Je n’ai jamais vraiment fait ce genre de pratique ; quelques fessées et les mains attachées, mais rien de dur, rien de hard. C’est excitant, très attirant : il faudra que je trouve quelqu’un dans mes plans cul pour essayer : ça me fera peut-être jouir ? Je l’espère, je suis fatiguée de simuler.
Le jeudi après-midi je décide de sortir un peu de chez moi. Mon rôle de soumise est déjà bien loin de mes pensées, et encore plus les faux rendez-vous donnés. Je passe la journée dehors à faire les magasins puis je rentre, mes sacs à la main. Dans la rue de mon immeuble je croise plusieurs personnes ; l’une d’elles retient mon attention : son visage me dit quelque chose.
Jade ? C’est toi ?
Merde… Un des types de l’appli. Son profil et nos discussions me reviennent à l’esprit : Romain, 28 ans, plutôt mignon, 1,87 m de muscles. C’est un des premiers garçons avec qui j’ai discuté ; on s’est assez bien entendus, aussi bien pour les limites qui sont la scato, l’uro et la double anale ou vaginale que sur les jeux de rôles, très violents mais extrêmement excitants. Je me rappelle m’être masturbée en lisant ce qu’on s’était dit. On avait d’ailleurs rendez-vous aujourd’hui…
Je ne lui réponds pas et essaye de marcher plus vite ; je ne veux pas lui parler, et je ne peux mentir : mes tatouages révèlent mon identité. Quelle idiote d’avoir mis de vraies photos de moi ! Une main attrape mon poignet ; trop tard.
Mais oui, c’est toi, Jade ! Je t’ai attendue, tu sais, à la gare. J’ai essayé de te parler aussi. Pourquoi m’avoir évité ?
Je… euh je C’était un jeu. Je n’ai jamais vraiment eu l’intention de te rencontrer, Romain.
Tu me vouvoies ! Et n’ose pas m’appeler autrement que « Monsieur » ou « Maître » ! Maintenant tu vas rentrer gentiment à la maison.
Non, je vais rentrer chez moi !
Tu m’as menti et tu t’es jouée de moi. Soit tu viens chez moi, soit c’est moi qui viens chez toi !
Je ne sais que faire : une part de moi voudrait partir et ne plus jamais sortir ; mais l’autre, très curieuse et très coquine, a envie de le suivre sans aucune retenue.
J’ai dû avoir un moment d’absence ; je suis maintenant dans un ascenseur, et Romain est en train de retirer sa ceinture.
Que vas qu’allez-vous faire avec ça ?
La peur reprend le dessus. Je ne sais pas pourquoi je suis là, dans un immeuble inconnu, avec un homme inconnu qui tient une ceinture à la main. Je ferme les yeux, prête à recevoir un coup de ceinture… Une brûlure sur la joue, mais pas de ceinture : celle d’une main. L’impact me fait tomber au sol. J’imagine que c’est ce qu’il voulait quand, toujours les yeux fermés, je sens la ceinture se serrer autour de mon cou. Un soupir de soulagement, un pic d’excitation : il ne reste en moi que de la curiosité. La peur a disparu.
« Troisième étage. » annonce une voix de synthèse qui émane d’un haut-parleur invisible.
On sort de l’ascenseur. Sans un mot, il me tire avec ce qui lui sert de laisse. On se dirige vers les escaliers où il me fait monter trois étages, la tête baissée et à quatre pattes, puis nous entrons dans un appartement. D’après ce que je vois, il est assez grand, propre malgré une odeur de tabac froid.
Romain se met accroupi devant moi et me questionne :
Tu seras toute seule encore combien de jours ?
Dix jours, Monsieur.
Quelque chose t’oblige à retourner chez toi ?
Mes chats.
Est-ce que tu te souviens des scénarios que tu m’avais écrits ?
Il me semble, oui. Il y en avait trois.
C’est bien ce qui va se passer. Dans les neuf jours qui font suivre, tu seras là tous les jours.
Mais mes chats ?
Une gifle.
Laisse-moi finir salope ! Ne me coupe pas la parole ! Donc je disais tu seras là. Une fois par jour nous irons voir tes animaux. Le reste du temps tu seras ma chose, mon objet comme c’était prévu. Je vais te citer les règles à suivre. Si tu les comprends, tu commenceras le premier scénario que tu avais écrit. Compris?
Oui Maître.
Pour commencer, tu ne t’adresses à moi que par le vouvoiement, même dans la rue, en m’appelant « Maître » ou « Monsieur ». Jamais par mon prénom, sinon tu seras punie. Autre chose primordiale : les limites établies ne seront pas dépassées, et les mots d’alerte "code rouge" seront employés si tu as l’impression que des limites non prédéfinies sont dépassées. Tu devras être nue tous le temps, sauf si je te dis le contraire. Et tu seras à quatre pattes avec une laisse. Tes orifices sont à moi ; je les utiliserai comme et quand je le désire, autant par moi que par d’autres. Tu feras la cuisine, le ménage et les lessives. Tu me serviras le petit-déjeuner au lit, tous les matins, à 9 h 30. Tu devras déjà être apprêtée. Tu dormiras menottée au pied de mon lit si tu es sage, sinon j’aviserai. Quelqu’un viendra te surveiller et te démenotter tous les matins pendant que je dors. Tu ne dois jamais te plaindre et toujours apprécier ce que je te fais : c’est un honneur d’être près de moi. Tu ne fais rien sans mon autorisation, ni manger, ni boire, ni dormir, et encore moins aller aux toilettes ou prendre une douche. Quand tu mangeras ou boiras, ce sera dans une gamelle, sans les mains. Si je dois m’absenter, tu resteras attachée, debout, dans la salle de bain. Si tu n’obéis pas à une de ces règles ou à un ordre donné, tu seras punie plus ou moins suivant ta faute et mon humeur. Tu es mon objet pour neuf jours. Tu as compris ?
J’ai compris. Je suis excitée ; je sens ma chatte et ma culotte devenir humides. Je suis contente à cet instant, mais le serai-je encore après ça ? Après les scénarios que j’ai moi-même écrits ? Je ne sais pas, mais j’ai compris ; alors je mets la scène en marche, et le jeu débute.
A suivre