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Ma sulfureuse tante Charlène – Chapitre 1




En regardant par la fenêtre, j’aperçus le taxi s’arrêter devant la maison. La porte arrière s’ouvrit, puis de longues jambes élancées enjambèrent l’une après l’autre le bas de la portière. Je me cachai derrière le rideau afin d’observer ma tante sortir du taxi. Elle était belle comme toujours. Ses cheveux blonds, mais décolorés à la racine étaient attachés en une queue-de-cheval, tombant jusqu’à ses épaules, tandis qu’une large mèche lui barrait le front. Elle portait une veste noire au-dessus d’un mince pull sans manche gris-clair à col roulé moulant sa poitrine ; sa jupe n’était pas si courte, mais me laissait tout le loisir d’admirer ses jambes élancées. Merde, putain, qu’elle était attirante ma tante ! A mes yeux, ses quarante ans presque n’altéraient en rien sa beauté; ils la bonifiaient.

Juste derrière elle, la mignonne Clémentine bondit du taxi. Tante Charlène l’avait eue à ses trente ans. La petite avait huit ans; le portrait craché de sa mère lorsqu’elle avait son âge à ce qu’on dit. Elles s’approchèrent de la porte, je fis de même. La sonnette retentit, mais pas de précipitation, laissons les attendre quelques secondes avant d’ouvrir.

Bon anniversaire Nathan ! sécria, tout enjouée, la petite Clémentine lorsque j’ouvris la porte.

Hey ! Bon anniversaire neveu !

Bonjour ! Clem, bonjour ! tante Charlène, je suis content de vous voir !

Elle me fit la bise, deux même, pour l’occasion. J’eus le plaisir de sentir son parfum enivrant qui me donnait l’envie de l’enlacer.

Alors Nathan, ça fait quoi d’avoir dix-huit ans ?

Oh, ça ne change pas d’hier, plaisantais-je avec un grand sourire.

Ah ! Tu ne dirais pas la même chose quand tu auras mon âge ! Tiens, dit-elle en me passant un sac en papier, joyeux anniversaire !

Oh, merci tatie !

Je lui fis la bise, deux pour l’occasion. Je découvrais à l’intérieur un parfum pour homme. Je savais déjà qu’il devait sentir bon, car je connaissais bien son bon goût en la matière.

De quoi séduire les filles, me murmura-t-elle mielleusement.

Je voulais une nouvelle fois lui faire la bise, pour ne pas dire l’embrasser, mais je me retins. Encore une chance. Ma mère approcha, je reconnus immédiatement son sourire hypocrite. Quoi ? Etait-elle déjà de mauvaise humeur ? La simple vue de sa sur rendait-elle ma mère morose à ce point ? Néanmoins, elle la salua avec tout le respect dû à sa sur, mais sans plus. Heureusement, elle fut bien plus chaleureuse avec sa petite nièce.

Le reste de ma généalogie arriva peu de temps après avec de petits cadeaux. Grands-parents, cousins, oncle : de quoi fêter dignement mon anniversaire en famille. En tant que maître de cérémonie, si j’ose dire, je m’appliquais à être aux petits soins pour eux, tata Charlène la première, leur servant alcools et apéritifs et discutant avec eux de l’achat d’occasion de ma nouvelle et première voiture dont j’étais fier. L’apéritif se passa dans la joie et la bonne humeur, déballant cadeaux et enveloppes avec bonne humeur.

Ma mère annonça qu’elle allait servir le repas, nous sommes donc passés à table. Bien sûr, j’installai tatie Charlène à côté de moi. Nous rions à nos blagues et discutions avec gaieté pendant que ma mère faisait le service. D’abord, une petite entrée de salade de saumon fumé, j’adore le saumon. Ensuite, le gigot d’agneau arriva avec les pommes duchesse, champignons et autres plats d’accompagnement. Ma mère avait toujours été un cordon bleu et un excellent repas entraînait une bonne ambiance. Malgré cela, je sentais cette petite tension à peine palpable entre ma mère et ma tante assise juste à côté de moi.

En fait, cela avait toujours été ainsi maintenant que j’y pensais. Aussi loin que je me souvenais, ces deux-là semblaient perpétuellement à couteaux tirés, même si elles le masquaient afin de faire bonne figure auprès de la famille et des amis. Ne pas inviter ma tante n’aurait certainement pas dérangé ma mère qui n’aimait pas l’attitude souvent provocante de sa sur, mais la famille reste la famille et je fus très insistant sur la présence de tante Charlène qui était finalement la seule personne aussi agréable à regarder. Elle, si libre, si belle avec un petit air de pin-up, était l’opposée de ma génitrice, également belle à sa manière, mais si stricte, si rigide. Froide, oserais-je ? Car imaginer ma mère tailler une pipe à mon père était inconcevable.

Puis vint le moment du gâteau. Un véritable délice pour les papilles gustatives. Ma mère avait ses défauts, mais c’était une véritable femme au foyer, bien que ce genre ne fût plus à la mode. Je servis une part à tatie Charlène, cette dernière me posa ensuite une question qui allait changer l’atmosphère :

Dis-moi Nathan, comment ça se passe côté fille ?

Ben, tu sais tatie, disons que c’est creux pour le moment.

Quoi ? Un si beau jeune homme comme toi ? Je ne te crois pas, ce n’est pas bien de mentir à ta tata.

Hé bien, poursuivis-je timidement, il y a bien des filles; mais aucune avec qui je me marierais, si tu vois ce que je veux dire, déclarais-je avec un sourire en coin.

Elle se mit à rire et ajouta :

Oh oui, je vois bien, me dit-elle, en me donnant un coup de coude amical. Tu as raison; profite de la vie; tu auras bien le temps d’être sage quand tu seras plus vieux.

Ma mère s’énerva en entendant cela :

Ne l’encourage pas avec ce genre de pensée, je te prie, intervint-elle, le visage crispé. Mon fils n’est pas un débauché.

Qui parle de débauche ? rectifia tante Charlène d’un ton apaisant. Mais Nathan est jeune et si beau garçon, qu’il en profite. A cet âge, les filles vont et viennent, tu sais. Souviens-toi à notre époque, nous…

Et alors ? La coupa-t-elle. Toutes les jeunes filles ne sont pas des dépravées dans ton genre, Charlène.

Tss. L’insulte était dure et gratuite. Ma mère avait visiblement un verre dans le nez, car Tante Charlène ne ressemblait en rien à une dépravée. Heureusement, le reste de la famille ne fit pas attention à la remarque de ma mère. Ils discutaient bien trop bruyamment pour l’entendre. Ma mère se tut, et tira la tronche; tante Charlène, elle, roula des yeux et ne répondit pas, bien plus empreinte de sagesse que ma mère sur ce coup-là; ma tante savait qu’il était inutile d’empirer les choses et elle ne voulait certainement pas gâcher la fête d’anniversaire de son neveu.

La suite, heureusement, se passa sans autres incidents. Suite pendant lequel je veillais à ce que le verre de tante Charlène ne vidait jamais. Ce calme était normal, il fallait dire, car ma mère et Charlène ne se sont plus parlé de toute la soirée, alors forcément…

C’est à cet instant précis que je me posais la question : que sétait-il donc passé avec Charlène pour que ma mère ait un tel ressentiment ? Ce genre de pique était quotidien en fait, jusqu’ici, je ne m’en souciais pas, mais à présent, cela m’intriguait. Je mourais d’envie d’en apprendre plus, peut-être par instinct protecteur envers ma belle tatie. Mais pas ici, pas maintenant. Le linge sale se lave difficilement, même en famille.

Plus tard, alors que le soleil venait de se coucher, je jouais encore avec mon adorable nièce dans le jardin. Tante Charlène sortit et interpella Clémentine. La nuit devenait fraîche, elle lui ordonna de rentrer à l’intérieur. La petite Clem râla un peu, mais ne brava pas sa mère. Tante Charlène par contre resta dehors, sous la lampe éclairant la terrasse, et sortit de sa poche un paquet de cigarettes.

Je croyais que tu ne fumais plus, demandais-je.

Une de temps en temps, murmura-t-elle, en allumant une cigarette. Pour me calmer les nerfs. Tu en veux une ? me proposa-t-elle en me tendant le paquet.

Non merci, je ne fume pas.

T’as bien raison.

Ma mère te fait encore du souci ?

Pas vraiment, me dit-elle en tirant une bouffée. Mais sa simple présence me stresse. Je m’attends toujours à recevoir une pique à chaque fois que je la croise.

La petite rancur qu’avait ma mère envers tatie Charlène venait sans doute du caractère unique dans la famille de cette dernière. C’était un peu la rebelle. Alors que ma mère était du genre sage, chaste et avec des principes. Tante Charlène, elle, était tout le contraire. Elle était du genre libre, avait sa sagesse bien à elle, ne respectait que les gens qui le méritaient à ses yeux, et les principes, ben, disons qu’elle en avait quand cela l’arrangeait. Mais un si fort caractère ne pouvait pas justifier des années de haine.

Tu sais, je n’ai jamais su d’où venait sa haine à ton égard.

Ta mère ne t’en a jamais parlé ?

Non, elle n’est jamais très bavarde quand il s’agit de toi, tatie.

Je vois. Elle n’aime pas que ça se sache…Bon, je suppose que tu es en âge de comprendre. Alors, pour tout te dire, ta mère réagit comme ça à cause de mon ancien boulot, du moins en partie.

Et c’était quoi ?

Elle hésita tout en me fixant du regard, comme si elle jugeait si j’étais oui ou non digne de son secret. Elle tira une nouvelle bouffée tout en me fixant du regard.

J’étais strip-teaseuse.

Outch. Cette confession me fit décocher une mimique de surprise. Je ne m’y attendais pas; au point même que je crus qu’elle se foutait de ma gueule.

Sérieux ? clamai-je en haussant involontairement le ton.

Elle tapota sur sa cigarette. « Ouaip », me confirma-t-elle avec un hochement de tête. Effectivement, elle en avait bien le physique, dirais-je. A cette révélation, mon détecteur d’excitation entre mes jambes se mit à palpiter. Ma tête n’était plus qu’une succession d’images obscènes de tatie Charlène se mettant langoureusement à nue devant de gros porcs inconnus. Déjà que je la trouvais bandante, mais là, mon désir pour elle venait d’exploser ! Merde, strip-teaseuse, la vache.

C’est pour cela, reprit-elle, que ta mère me déteste. Elle si…chaste, si sage; toujours à veiller à garder une bonne réputation…Elle ne pouvait tout simplement pas concevoir que sa propre sur se livrait à une telle « débauche » comme elle se plaît à me le rappeler… Salope, grommela-t-elle avec un sourire sarcastique, elle n’a jamais cherché à me comprendre.

Donc…tu te déshabillais pour du fric ?

Oooh ouais, fit-elle avec une certaine fierté.

Tu disais ancien, tu as arrêté ?

Oui, je suis Barmaid à présent, je gère le bar pour un autre établissement…A la fois privilège et déchéance due à la vieillesse. Mais je n’ai pas à me plaindre.

Elle se mit à rire. Je n’arrivais pas à comprendre si elle était triste de ne plus être strip-teaseuse ou si c’était son âge qui la rendait mélancolique. En fait, une myriade de questions se bousculait dans ma tête et je mourais d’envie d’en savoir plus; bien plus. Je voulais les moindres détails de sa vie, mais c’était délicat.

Oh ! Tu as vu l’heure, s’exclama-t-elle en regardant sa montre. Il est tard, je dois appeler un taxi.

Certainement pas, lui répondis-je net, ce qui la surprit. J’ai une voiture à présent, il est temps de te montrer mes talents de conducteur !

C’est très gentil de ta part, Nathan, mais il est tard, inutile de…

Taratata, je m’en voudrais de te faire payer un taxi. Inutile de protester, je te raccompagne. Ou peut-être as-tu peur de ma conduite ?

Oh oh, j’avoue une certaine appréhension, plaisanta-t-elle, je ne voudrais pas finir ma vie cette nuit.

C’était décidé ! Ma mère protesta, arguant que mon inexpérience de nuit me faisait prendre des risques inutiles; mais je n’avais que faire de ses mises en garde de vieille radoteuse. Surtout, pensais-je, c’était là une belle occasion d’être seul à seul avec Charlène et d’en savoir plus sur son ancienne et honorable profession.

J’apportais la veste de tante Charlène et la lui passai comme le ferait un gentleman…ou un mari. Elle me gratifia d’un sourire, sans doute était-elle soulagée par sa confession. Moi, je me sentais plutôt comme son homme, protecteur et viril. La voiture par contre n’avait rien de cela. Ah ben oui ! je n’étais pas riche moi, mes économies avaient méchamment chuté d’un seul coup, mais je me sentais fier de ma Peugeot 208 d’occasion. Une affaire en or que j’exposais ainsi à tante Charlène. « Viens chérie, rentrons à la maison pour baiser. » C’est ce que je mourais d’envie de lui dire, mais je n’en fis rien. Encore heureux.

De nuit, la route était calme, les lumières des lampadaires s’enchaînaient, mais je ne croisais pratiquement aucune voiture. A l’arrière, la petite Clem commençait doucement à s’endormir tandis que ma tante restait silencieuse, mis à part quelques blagues du genre « Tu vas me faire le coup de la panne »…Je voulais lui parler de ses strip-teases, mais je n’arrivais pas à trouver ni le moment ni la manière pour aborder le sujet. Et puis, discuter d’un tel sujet avec la petite à l’arrière n’était pas approprié.

Nous arrivions chez elle après vingt petites minutes de route. Tante Charlène habitait un petit appartement au deuxième étage d’un vieil immeuble en pierres de trois étages. Je l’aidais en portant Clémentine dans les escaliers, l’ascenseur étant en réparation. Ce n’était pas le plus grand des appartements ni le plus luxueux; mais suffisant pour bien s’occuper de sa fille. L’intérieur avait un caché loft que j’aimais bien, les murs de pierre et le vieux plancher se mariaient bien avec un mobilier plus moderne. Un genre de garçonnière pour femme.

Pendant qu’elle s’occupait de coucher sa fille, je cherchais dans la cuisine de quoi « continuer » la fête en tête à tête. Tante Charlène aimait le vin et je savais très bien où se trouvait sa réserve. Je pris une bouteille déjà entamée, ainsi que deux verres, et les présentai à ma tante lorsqu’elle revint.

Un dernier pour la route ? lui proposai-je gaiement.

Est-ce bien prudent pour un jeune conducteur ? rigola-t-elle.

Oh ! Allez, je ne sais pas si tu as remarqué, mais je n’ai pratiquement pas bu de la soirée.

Tout le contraire de moi; mais d’accord, je suis partante pour un dernier verre; mais juste un, mon filou.

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