« Fabrice! il faut absolument que tu viennes , je ne me sens vraiment pas bien !
— Voyons Cécile, tu sais bien que ce n’est pas possible !
Je suis en séminaire, quelque part dans la cambrousse en Normandie.
C’est à peine si le portable passe. D’ailleurs ici dans le resto, ça va, mais dans la ferme, ça ne passe absolument pas.
— Tu ne comprends pas, je ne me sens vraiment pas bien, j’ai des douleurs à la poitrine, un sentiment d’oppression, et j’ai le moral à zéro ! »
Putain, mais qu’elle est chiante !
Après avoir rassuré ma femme, lui avoir dit de prendre un « lexomyl » pour se calmer, je raccroche le téléphone portable.
Mes chefs, un verre à la main, en pleine discussion pognon et business, à côté de moi, me font une drôle de tête.
« Fabrice, ici on lâche la pression, Cécile doit pouvoir se débrouiller toute seule ! me dit mon responsable régional, Jean-Paul.
— Oui mon pote, Jean-Paul à raison, regarde, moi avec « maman » je la laisse se démerder ! On n’est pas des larbins quand même !
Et puis je ne sais pas si tu as vu, mais les serveuses sont plutôt accortes
Et puis ta femme, tu lui fais peut être pas tout ce qu’il faut
La prochaine fois qu’elle vient au bureau, faudra qu’on vérifie ça »
Décidément Marc, un membre de la direction commerciale de la boite est toujours aussi lourd avec les femmes des autres !
Je continue la soirée en essayant de donner le change, mais le coup de téléphone de Cécile m’a quelque peu inquiété.
Ma femme travaille dans la même entreprise que moi. Nous agissons en binôme.
Elle s’occupe de mes prises de rendez-vous et gère les rapports avec la clientèle, organise les dossiers, pendant que moi, je suis sur le terrain, à la rencontre des clients pour leur « arracher des signatures ».
« Arracher » est sans doute le mot juste
En effet, Cécile et moi travaillons pour une entreprise de défiscalisation très en vue sur la place de Paris.
Cette boite s’occupe de gérer le patrimoine de clients un peu naïfs.
Quand « le poisson est ferré », il ne reste plus qu’à lui proposer d’acheter un appartement de l’autre côté de la France, que nous nous chargerons de louer pour lui, et qu’il paiera pendant 15 ans.
Les traites seront honorées grâce aux loyers perçus, et au dispositif de lois de défiscalisation favorisant l’immobilier locatif, qui permettent à l’acheteur de récupérer une prime fiscale qui sera allouée aux règlements des traites.
Sur le papier, c’est beau, c’est intelligent, c’est du grand Art !
En réalité les choses ne se passent pas aussi bien que nous voudrions le faire croire à nos clients et beaucoup se retrouvent dans une merde noire.
Il revient à chaque agent commercial d’accepter ces « demis-vérités » assimilables à de la malhonnêteté intellectuelle, voire de la fraude.
Certains y arrivent très bien et s’en mettent plein les poches, d’autres moins.
La culpabilité les dévore de l’intérieur et soit, ils changent de métier, soit ils se rongent tellement de l’intérieur qu’ils somatisent et déclarent nombre de maladies.
Le problème c’est que, justement Cécile craque littéralement depuis de nombreuses semaines.
D’abord c’est l’estomac qui trinque, de plus en plus de douleurs gastriques, d’aciditéscela encore n’est pas trop grave.
Mais ensuite il y a les lombalgies, les problèmes de douleurs lombaires et dorsales de plus en plus violentes et soutenuesce que l’on appelle « en avoir plein le dos ! »
Et enfin, la peau
La peau, ce reflet de notre âme qui étale sur son derme toutes nos culpabilités et nos défaillances.
Cécile débutait un zona.
Au début ce n’est rien de plus qu’une petite tache brune sur le ventre qui démange et puis ça gagne de plus en plus, ça devient ingérable.
Ma femme présente un zona assez impressionnant comme j’allais le découvrir.
La soirée au resto est plutôt sympa, mais je reste préoccupé par les ennuis de Cécile, avec elle le pire est toujours possible, voire probable pour ne pas dire certain !
Le lendemain, très tôt, je quitte mon séminaire, expliquant à mon responsable régional, que ma femme, qu’il connait très bien, puisqu’il lui confie des missions de recherche en clientèle, me pose un problème.
« Ce n’est rien Fab, tu vas juste rater le quad, j’en avais loué une dizaine, et on se serait vraiment éclatés !
— j’en suis vraiment désolé, J-P, ce sera pour la prochaine fois »
Dans cette boite les rapports sont presque familiaux et on a tous un diminutif ou un surnom
Fonçant sur l’autoroute dans mon coupé sport noir, je rejoints assez vite mon domicile et mes craintes étaient plus que fondées.
Cécile est au lit, en larmes, elle se tord de douleur.
Je tente de la rassurer et lui soulève sa chemise de nuit, découvrant l’étendue du désastre : une tache rouge sombre, qui ressemble à une brulure au deuxième degré lui barre une partie du torse et du ventre. Cela commence au sein gauche déborde sur le flanc, rejoint le dos, et s’étire en travers jusqu’au-dessus de la cuisse droite.
« Mon Dieu, Cécile mais c’est horrible, tu n’avais qu’une petite tache l’avant-veille et la ça te bouffe la moitié du ventre ça te fait du mal ?
— Fabrice, aide-moi, j’ai l’impression d’avoir une pointe chauffée qui me traverse le dos jusque sous le sein gauche. (Elle halète comme si elle allait accoucher, c’est très impressionnant)
— Bon, je t’aide à t’habiller et on file chez le médecin. »
La consultation ne se passe pas comme je l’avais imaginé
Une fois Cécile examinée et rhabillée, le médecin nous regarde droit dans les yeux avec une mine renfrognée. On dirait qu’il a peur de ce qu’il va nous annoncer ! N’en pouvant plus, je prends la parole :
« Bon alors docteur, qu’est-ce qu’elle a ? Ce n’est pas un zona ?
— Oh si ! Et un beau ! Vous auriez dû venir dés que cela a commencéMaintenant c’est trop tard !
— Comment ça trop tard ? (je hurle presque, Cécile recommence une grosse crise de larmes) Mais vous lui avez fait une piqure, elle va guérir !?
— Pour lui donner un antalgique et un corticoïde, mais cela ne suffira pas.
Oh elle souffrira moins pendant une douzaine d’heuresmais après !
— Comment ça après !? Bordel de Dieu ! Vous êtes en train de me dire que cette saloperie va continuer de s’étendre sur le corps de mon épouse !
— Exactement, je ne peux rien faire, NOUS ne pouvons rien faire, le zona est une manifestation psychologique, somatique signe d’un énorme bouleversement intérieurà la rigueur allez consulter un psychiatre, lui, pourra peut-être faire quelque chose. »
Il nous raccompagne à la porte de son cabinet, je suis anéanti, Cécile quant à elle, est liquéfiée, elle pleure doucement et je suis obligé de l’aider à marcher !
« Je suis vraiment désolé M xxx, croyez bien que la médecine fait tout ce qu’elle peut , mais qu’elle a bien du mal à appréhender l’âme humaine, et mon intuition me dit qu’il y a quelque chose de très profond , de très puissant , dans l’esprit de votre femme qui s’exprime et cherche à vous dire quelque chose.
— Comme quoi ?
— Vous avez lu Freud ?
— Évidemment, que vient-il faire dans ce bordel ?
— C’est la clé, un mot en quatre lettres
— Putain !
— C’est parce que je vous connais bien M xxx et que je comprends votre ressentiment, mais sachez que je ne tolère aucune vulgarité chez mes patients.
— Excusez moi docteur.
— Une dernière chose, allez voir ce monsieur, (en me tendant une carte de visite), c’est un guérisseur, et il habite non loin de chez vous
— Un guérisseur ?
— Oui il fait, parait-il, des miracles. Au-revoir et courage. »
Le lendemain, abasourdi par ce que nous allons faire, je conduis Cécile chez ce « rebouteux » autant pour mon esprit cartésien et c’est un médecin qui nous y envoie !
L’homme, âgé d’une soixantaine d’années, sportif, carré, inspire confiance.
Il est agriculteur dans la vie, mais pas du tout l’image d’Epinal du bouseux aux joues couperosées par l’alcool.
Nous sommes dans son « cabinet » de consultation, il y a une bibliothèque assez conséquente.
Ma femme est debout devant lui, il s’approche d’elle et lui prend les deux mains, il ferme les yeuxpuis les relâche.
Il s’adresse à moi :
« M xxx , je vais devoir demander à votre femme qu’elle se dénude la poitrine et je serai obligé de passer mes mains sur la zone léséeje vous dis cela pour qu’il n’y ait pas de quiproquos
— Je comprends, allez y »
Cécile, comme groggy par la douleur et les antalgiques, elle est bourrée de codéine ou d’ibuprofène depuis la consultation médicale, obéit sans dire un mot.
Je retiens mon souffle, je vais voir ma femme se déshabiller, du moins en partie, devant un inconnuj’ai presque la pensée perverse de me dire qu’il est dommage que le zona n’ait pas atteint la zone pubère
Je regarde la scène, stupéfaitet de plus en plus excité !
Cécile remonte lentement son pull chaussette bordeaux qui moule tellement bien ses petits seins et sa taille fine, elle prend son temps comme si elle faisait un strip-tease, je comprends que c’est l’effet des médicaments, son regard est vide
Seulement le gars, ce magnétiseur, comprendra-t il lui que c’est un geste de faiblesse et non pas une tentative pour l’aguicher ?
En tout cas même s’il reste impassible en regardant ma femme se dévêtir, je remarque une petite lueur dans son regard
Sa femme qui classait des dossiers sur son bureau s’est levée et s’est rapprochée de la scène pour mieux voir.
Elle semble regarder avec, comment direc’est extrêmement subtil, un désir naissant, une curiosité, l’envie de découvrir ce corps féminin qui ne ressemble pas au sien ?
Elle, doit avoir un début de cinquantaine, grande, forte poitrine, brune, cheveux mi longs, visage dur et autoritaireelle est relativement attirante, mais je perçois chez elle comme un air de supériorité et de domination !
Cécile a réussi à passer le pull moulant au dessus de sa tête, pour laisser apparaitre une nuisette noire en satin, relativement innocente pour garder un semblant de pudeurje reconnais bien là ma femme.
Elle le garde dans sa main, ne sachant qu’en faire ; la femme du magnétiseur s’approche et le lui prend.
Cécile, très gênée demande si elle doit aussi l’enlever, le guérisseur lui répond qu’elle peut uniquement enlever le soutien-gorge et que lui, soulèvera le vêtement
Alors elle farfouille sous la nuisette et parvient à extirper un soutien-gorge gris.
Là aussi la femme le lui prend.
L’homme s’approche alors de mon épouse et commence à soulever la nuisette délicatement de la main droite, puis ayant découvert le sein gauche dans sa globalité, il demande à Cécile de retenir le pan de vêtement, pendant qu’il va s’occuper de « magnétiser » la zone de peau lésée et rougie
Alors que ma femme retient la nuisette, découvrant quasiment les deux seins, l’homme commence à passer sa main droite sur la tache du zona, tandis que la gauche trace le même chemin à 10 centimètres à gauche.
Bientôt les deux mains parviennent au sein gauche, et tandis que la droite prend délicatement le sein de mon épouse en coupelle, la gauche l’entoure sur le haut.
J’ai l’impression perfide qu’il entoure le sein en le comprimant un peu et j’imagine qu’il va alors approcher son visage pour prendre le téton en bouche.
Cécile retient comme un gémissement, sa poitrine se soulève, renforçant la pression du sein sur les mains, sa respiration devient plus lourde, plus saccadée.
Le temps parait s’arrêter : moi, je ne peux détourner le regard de cette scène d’un érotisme fantastique, le gars lui est absorbé par son acte de guérison, il ferme les yeux, Cécile semble gênée, mais au bord de l’orgasme et la femme fixe mon épouse avec un regard très lourd de sens.
Et pourtant il n’y là rien d’extraordinaire, mais je sens qu’il se passe quelque chose, il y a une intensité dans l’air, équivoque.
Je bande comme un taureau, encore un peu et je vais jouir dans mon boxer !
Après avoir passé ses mains sur toute la zone rougie, tandis que Cécile semble au supplice, j’ai vraiment l’impression qu’elle retient sa jouissancema femme si peu encline au plaisir d’habitude, serait le jouet d’un plaisir trouble et malsain ?
Je repense aux paroles du médecin, hier :
« La clé est un mot en quatre lettres » le sexe ! Il ne faut pas être grand clerc pour comprendre
Mais alors, Cécile développerait un zona parce que son subconscient voudrait une appétence sexuelle plus importante ? Et coincée comme elle l’est, elle n’arriverait pas à soulager sa libido naissante ou ses fantasmes
Alors le corps se vengerait en la martyrisant il est vrai que la zone des seins et du ventre, juste au dessus du pubisça signifie bien quelque chose !
Et alors ce type, avec ses soins, la situation trouble induite, conduirait ma femme à la libération de l’orgasme ?
Merde si c’est ça, j’ai raté un épisode et ce type part en « pole position »
Quoiqu’il en soit, le soin est terminé, ma femme se rhabille, soulagée et se levant, marmonne un merci rapide et rejoint la voiture.
Je reste pour régler le guérisseur, il est dans son fauteuil, épuisé, je le remercie et lui dit que c’était très impressionnant :
« Malheureusement pour votre femme, cela ne suffira pas, il y a derrière le mal, une énergie fantastique
— Vous pensez qu’elle devra revenir ?
— Je le crains, vous avez vu que je ne fais pas ça pour l’argent, mais bien pour aider les gens, vous donnez ce que vous voulez
— Je l’avais compris, mais vous m’inquiétez
— Parlez avec votre femme, ayez un dialogue constructif, sain, demandez lui ses véritables désirsje pense qu’elle ne vous dit pas tout.
Tout n’est pas harmonieux dans vos rapports ? N’est-ce pas ?
— Vous lisez dans mes pensées
— Retournez chez vous, prenez soin d’elle et si le mal s’étend, n’hésitez pas à me contacter »
Dans le trajet de retour en voiture, la tension est palpable.
Cécile ne décroche pas un mot et évite mon regard, j’essaie de lui parler :
« Ça va ?
— M’ouais
— Tu n’es pas bavarde
—
— Dis-moi, tu as eu un orgasme ?
— Ne me reparle plus jamais de ça ! Tu as compris Fabrice ! »
Son regard est mauvais, le ton de sa voix crisse comme un trait de craie sur une ardoise La façon et l’intonation qu’elle a employées pour prononcer mon prénom me laissent une impression de fiel dans la bouche.
Bon sang mais que lui arrive t-il ?
Arrivés chez nous, elle se couche sans manger en prenant son antalgique.
Je me passe un bon Louis De Funès, histoire de me détendre, avec une bonne ration de tabac à rouler et un bon cognac.
Vers 23h00, j’entends comme un cri de bête qu’on égorge !
Je me précipite vers notre chambre, Cécile hurle comme si on la torturait.
Pénétrant dans la chambre, dans le clair obscur, je la vois nue à genou sur le lit, ses mains crispées sur sa tête. Elle crie à pleins poumons, elle semble souffrir énormément.
J’allume la petite lampe de chevetet la regarde, elle me dit en suffoquant et sanglotant :
« Je t’en supplie, aiiiiidddee moiiiii ! J’aiii trop maaaal ! »
Horrifié je regarde son corps torturé.
Le zona s’est étendu du haut des cuisses jusqu’à son cou.
Ventre, pubis, poitrine, seins, tous les attributs de la féminité de cette femme splendide, sont attaqués, dévorés par cette lèpre rouge, purulente !
On dirait qu’elle a été brulée vive.