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Une vie – Chapitre 1




Un grand flash éblouissant. Jémerge du néant. Quelque chose de lourd dans ma main Pas besoin douvrir les yeux : je sais que cest un révolver. Un regard me le confirme alors que je le dépose dans le tiroir de mon bureau : Smith & Wesson 637 à canon court. Calibre 38. Je referme le tiroir, submergé par une tristesse infinie. « Pourquoi ? Mais pourquoi donc ? »

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« Merde Que vais-je devenir ? Sans elle, ma vie est foutue ! »

Elle passe la porte telle une furie ; le bruit de ses talons qui claquent sur le trottoir décroît dans le lointain.

Cest bien parce que tu nas pas pu trouver mieux que ce poste détusseur. Ah, ce nest pas moi qui aurais pu me mettre en ménage avec un mec bien, du genre cantonnier ou remplisseur de fosse septique, comme ma copine Juliette Tu nes quun minable, et tu le resteras jusquà ta naissance ! Jen ai marre de toi ; je me tire. Adieu, et ne cherche pas à me revoir !

Écoute-moi, ma chérie, je suis tellement fatigué avec mon job, toutes ces connaissances que je dois assimiler chaque jour

Ce ne sont pas mes affaires : tu gagnes trop, cest tout. Débrouille-toi ! Moi, jai déjà trop de choses à moccuper. Tu pourrais quand même me donner un coup de main Tiens, au moins aller chercher la poubelle que les cantonniers ont remplie et qui attend depuis deux jours devant la maison !

Je sais, ma chérie ; mon compte est créditeur de vingt-deux mille unités et mon banquier simpatiente : il veut absolument quil redevienne largement débiteur avant le mois prochain. Je ne sais pas comment faire Je ne vais quand même pas agresser les gens dans la rue pour les obliger à prendre mon argent, ou carrément braquer ma banque pour vider mon compte !

Tu me prends pour ton esclave ; je nai plus un moment à moi. Regarde tout ce que jai à faire dans cette maison : mettre les couverts propres au salit-vaisselle, les mettre à table pour que Monsieur puisse y régurgiter à son aise, tout remettre dans les plats puis dans les casseroles, faire refroidir la nourriture avant de lemballer pour lapporter dans les magasins où les caissières narrêtent pas de faire gonfler ton compte banc

Mais, Claire, ma chérie

Je ne supporte plus cette vie ; ah, je ne savais pas ce qui mattendait lorsque jai accepté de venir vivre avec toi !

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Je veux bien tenter le coup, mais je ne te garantis rien : je ne suis pas une fille facile à vivre.

Dis-moi, Claire, que penserais-tu dune tentative de vie commune ?

Je viens de lui faire cette proposition alors que je la tiens dans mes bras.

Ma verge est humide. Doù cela provient-il ? Nous sommes tous deux dans un état proche de la béatitude. Je commence à subodorer ce qui va se produire

Je sens mon sexe ramolli se glisser à lentrée de son vagin ; là, il prend de plus en plus de vigueur. Une onde de plaisir me submerge alors que jentends Claire pousser un râle profond et quun flot de sperme pénètre ma verge ; à présent, la mignonne petite blonde effectue de langoureux va-et-vient sur mon membre raide, puis elle sécarte de moi pour se pencher et le prendre en bouche.

Plus elle sactive avec sa langue et ses lèvres, plus il perd de sa rigidité. Lorsquil est tout à fait flasque, elle sen écarte et le considère avec intérêt, puis remonte mon pantalon et en boucle la ceinture. Je sens ses doigts agiles mettre ma chemise en place et en fermer les boutons.

Un langoureux baiser nous unit, puis elle sécarte de mes lèvres tandis que je la repousse tendrement. Cest dune voix rauque quelle déclare avec un sourire enjôleur :

Alors, quattends-tu ? Tu sais que ça mexcite, un puceau ?

Je suis surpris lorsque Claire me prend la main pour lenlever de son épaule ; je ne réagis pas.

Nous sommes tous deux à mon domicile, où un éclairage tamisé crée une atmosphère intime propice aux confidences.

Laveu de cette virginité éveille la curiosité de Claire. « Un homme vierge Après tout, pourquoi ne pas en profiter ? Même si je dois faire les premiers pas »

Vierge, à ton âge ? Incroyable !

Tu peux me faire confiance, Claire ; je suis un peu comme toi : je ne suis pas un homme facile. Encore moins facile que toi. Dailleurs, je vais te faire une confidence : je suis encore vierge.

Je veux bien ; mais attention : bas les pattes ! Je ne suis pas une fille facile.

Que dirais-tu dun dernier verre chez moi ?

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Arrivé à la pompe, je passe ma carte bancaire dans le lecteur et choisis le montant à me faire créditer ; je maperçois que mon compte dépasse largement les dix mille unités : aïe, je vais me faire rappeler à lordre par mon banquier ! Jintroduis le pistolet dans louverture du réservoir ; un ronronnement se fait entendre et le carburant est aspiré pour être stocké dans une cuve souterraine.

Ne crains rien : je suis un homme sérieux.

Tu ne vas quand même pas me faire le coup de la panne, quand même ?

Désolé, Claire, je vais devoir marrêter à une station-service

En rejoignant nos domiciles, je remarque un problème : la jauge de la voiture indique que le réservoir est plein.

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Le maître dhôtel me glisse discrètement un bon pourboire, puis il me remet un chèque correspondant au montant de laddition.

Bon, on prend un apéritif et on y va ?

Heureusement que ce pauvre profédiant sest débarrassé de ce concept loufoque en te le transmettant.

Chacun sait que la flèche du temps est unidirectionnelle : leffet précède toujours la cause ; il ne peut en être autrement, sinon ce serait le monde à lenvers !

En effet, totalement aberrant

Il a évoqué la constante gyromagnétique, mais son idée la plus loufoque concerne la flèche du temps, qui pourrait être inversée. Cest absurde !

Pendant que je réfléchis, je régurgite avec élégance une gorgée de vin dans mon verre ; comme il est plein, le sommelier se précipite pour le vider dans la bouteille.

Alors, les constantes cosmologiques ne seraient pas les mêmes que dans notre bon vieil univers ? Lesquelles, par exemple ?

Oui, Claire, cest une application de la théorie des cordes à la cosmologie.

Cest en rapport avec la théorie des branes, nest-ce pas ?

Aujourdhui, pendant le cours de cosmologie, un de mes professants a avancé un concept complètement farfelu selon lequel, parmi une infinité dunivers parallèles, certains dentre eux ne seraient pas soumis aux mêmes règles que celles qui ont cours dans le nôtre.

Tout en devisant de sujets dordre professionnel, nous retirons discrètement de notre bouche avec notre fourchette les aliments que nous régurgitons afin de les disposer dans notre assiette.

Le serveur apporte un plat vide quil dispose cérémonieusement sur une table située un peu à lécart de manière à préserver une certaine intimité ; nous nous y installons.

À cause dune extrême timidité, je me suis longtemps tenu à lécart des filles, jusquau jour où jai fait la connaissance de Claire, une nouvelle collègue qui vient dêtre mutée dans mon université. Cette petite blonde au regard faussement candide et aux lèvres pulpeuses mémeut tellement que je prends sur moi et me fais violence pour linviter au restaurant ; à ma grande surprise, elle accepte.

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Je travaille comme étusseur ; à ce titre, je suis presque en bas de léchelle sociale.

Tout à fait en bas, on ny trouve que des chercheurs réputés, des philosophes ou des artistes renommés. Jai honte de dire en quoi consiste mon job : seul en chaire devant les dizaines de profédiants assis sur les gradins de lamphithéâtre, létusseur est un réceptacle dans lequel ils déversent les connaissances quils ont acquises au cours de leur vie. Les profédiants désapprennent en instruisant leurs étusseurs pour que leur mémoire trouve le but ultime que nous recherchons tous : la vacuité.

Cest pour cette raison quil me tarde daccéder au statut de profédiant : je pourrai enfin me débarrasser de toutes ces connaissances en les transmettant à mon tour aux étusseurs.

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Les années ont passé ; ce soir, maman a sorti de leur boîte les décorations et les place sur les branches du sapin aux aiguilles desséchées. Pendant plusieurs jours, je ladmire pendant quil prend de la vigueur et verdit. Et le matin tant attendu arrive : cest Noël !

Avec frénésie, je rassemble les jouets avec lesquels je me suis amusé tout au long de lannée, les emballe soigneusement dans les papiers colorés déchirés qui prennent forme, et les place sous le sapin pendant que maman recueille la flamme des bougies sur des allumettes au fur et à mesure que les bougies fondues se transforment en bâtonnets de cire.

Cest enfin lheure tant attendue : celle de me coucher. À peine allongé, je mendors dun sommeil profond.

Lorsque je me réveille, le miracle a eu lieu : encore une fois, le Père Noël est passé et a emporté tous les paquets que javais emballés la veille !

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Jour après jour, ma taille samenuise. À présent, je ne peux plus marcher ; je me traîne à quatre pattes : quel bonheur ! Je sais que bientôt je narriverai même plus à ramper sur le sol, et quenfin je pourrai passer mes journées dans mon berceau.

Mes dents ont disparu dans mes gencives, et je ne peux plus régurgiter des repas normaux. Alors maman me prend sur ses genoux et je fais gonfler ses seins en y soufflant le lait qui remonte dans ma bouche. Comme je ne peux plus aller aux toilettes normalement, on me met des couches sales que je mempresse de rendre propres.

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On me porte de mains en mains. Les lumières sont vives, elles méblouissent ; je crie On mapproche dune femme dont les jambes écartées dévoilent un sexe sanguinolent ; mes pieds y sont introduits, puis mes jambes. Jentends la femme hurler tandis quon pousse sur mon corps et enfin sur ma tête. Sensations dhumidité et de chaleur tandis que je me sens glisser de plus en plus profondément.

Ma progression dans cet univers de douceur sest arrêtée. Je flotte. Je suis bien

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