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Deux frangines – Chapitre 5




Elle le dit, me ferait remonter dans lestime de moi. Et je ne vois rien de plus important à faire. Jy mets tout mon cur, tout mon savoir faire. Jadore, je

ne me force pas.

Sur ordre je noue les liens de la porte.

-Tu es si belle.

-Viens recevoir ta récompense mon brave guerrier.

Nous sommes tournés lun vers lautre, découvrant nos corps enfin dénudés, avec les yeux, avec les mains. Des mains en mouvement, des mains caresses, des mains douceur, curieuses, flatteuses. Yeux dans les yeux, nous laissons les contacts électriser notre peau, nos doigts visiter, toucher, palper et faire palpiter tout ce qui est à leur portée. Par-dessus tout jadore la douce plénitude des seins, la dureté des tétons dont ma bouche a gardé un souvenir ému. Mais le meilleur, cest ce regard qui captive le mien, dont je ne peux me détacher, lui-même prisonnier du mien, avec ces variations dintensité au fur et à mesure que le toucher nous émeut lors de la découverte dun frisson sur une hanche, du durcissement de mon téton entre deux doigts de Laure. Laure, Laure, je répète inlassablement ce prénom. Elle me dit chéri, amour, amour de ma vie. Je suis heureux. Je la sens heureuse.

Nous jouissons de ce bonheur calme et tranquille alors quEmilie vient de relancer les couinements, les miaulements, les cris damour. Le concours est reparti, Léa se dévoue, atteint bruyamment un sommet aigu, bat de loin la meilleure manifestation de Marie et déclenche le fou-rire. Le rire gras des garçons fait écho.

Soudain, sans raison, Laure se met à pleurer. Une femme nue, sous une tente, qui est secouée de sanglots, je nai jamais vu ça. Comment la calmer, comment la réconforter? Je resserre mon étreinte, je presse ma poitrine contre ses seins, je sens sa jambe couvrir la mienne, jai chaud. A bout darguments, je fais « chutt, ne pleure pas, je taime, je suis là »

-Hé, là-dedans, ça va? Laure que tarrive-t-il? Tu veux de laide? Réponds ou veux-tu que jentre?

Le corps est toujours agité de tremblements répétés, de secousses incontrôlables, mais Laure se met à rire, doucement puis de plus en plus fort, les paroles qui suivent sont à peine compréhensibles:

-Merci, Emilie, je ris de bonheur. Va, utilisez le voilier loué.

-Ah! Bon. Si tu le dis. Tu ne viens pas?

Je me retrouve couché sur le dos, mains à hauteur des oreilles, sous le corps doux et chaud de Laure. Son visage éclatant de bonheur domine le mien, ses yeux lumineux me scrutent, se rapprochent, sa bouche souvre sur la mienne, ses seins nus écrasent ma poitrine, une main ma saisi. Mon gland se retrouve sur une surface humide et chaude qui se fend en deux. Pour la première fois de ma vie, de façon instinctive, je me sens glisser lentement, je pousse vers le haut, Laure soffre, bouge son bassin sur mon sexe, me reçoit en elle, le regard noyé dans le mien. Elle simmobilise, je suis englouti, dévoré, soumis à des contractions délicieuses.

-Tu es mon prisonnier pour la vie. Je suis sur toi, tu es pris, à moi pour toujours. Je taime. Tu mappartiens. Essaie de te sauver si tu peux!

Cest merveilleux. Laure me rend fou de bonheur.

Parole imprudente. Elle se retrouve sous moi à peine la provocation prononcée. Elle est reprise par son fou-rire, me le transmet. Nous jouons comme des enfants, unis par la chair, comblés de nous être enfin compris. Ses cuisses mencerclent, ses pieds viennent prendre appui dans mes reins. Linstinct guide mes mouvements. Je crois me relever, les pieds me font descendre, le vagin me rattrape et me dévore. Que cest bon, mes oreilles bourdonnent, je plane, je vogue, je nage. Je guette sur le visage aimé les progrès du plaisir. Je mordille le lobe de son oreille, lui répète inlassablement mon amour

Jai lu des récits érotiques, le kamasoutra entre autres, je connais la théorie, je débute la pratique. Mon amoureuse la possède et va me transmettre son savoir. Nous nous complétons.

-Ne bouge pas, reste au fond de moi. Tu me sens. Je suis si heureuse. Tu mépouseras?

Pour linstant nous nous apprenons, nous prenons nos marques, nous observons les gestes et les mouvements les plus savoureux, nos corps font connaissance, nos peaux se collent, nos mains et nos doigts découvrent les points sensibles, nos sexes sapprivoisent. Le temps coule, nos yeux ne se quittent pas. Malgré létroitesse de la tente nous varions les positions simples, sans esprit de concours, préoccupés uniquement du bien-être de lautre, face à face.

Depuis un moment les bruits extérieurs se sont tus. Nos compagnons ont quitté les lieux. Ils ont des activités. Nous nen avons quune. La meilleure selon moi. Jai proposé à Laure de les suivre.

-Je suis trop bien avec toi. Et toi?

Je lui ai fait sentir ma réponse en reprenant mon forage, avec plus dintensité. Cette fois nous gravissons un à un les échelons du septième ciel. Les ongles enfoncés dans mes épaules en attestent et me gonflent de satisfaction. Les paupières de Laure se ferment sur son orgasme, je suis sur le point de la suivre, mais jentends des chuchotements, des pas et des rires éteints par des « chutt »

Je marrache à létreinte, tire les deux pans du sac sur Laure frustrée et me love contre elle:

-Attention, quelquun vient.

La tente souvre, quelquun a balancé un seau deau et senfuit au milieu des rires du groupe.

-Alors, on narrive plus à se détacher? A la soupe, le resto va ouvrir.

crie Léa. Les éclats de voix témoignent du plaisir pris à nous chahuter. Les indiscrets ont heureusement été retardés par louverture de la porte. Sinon Léa maurait vu en plein pilonnage.

-A les vaches, au meilleur moment! Ce nest pas grave, mon amour. Il faut y aller. Nous aurons toute la nuit. Ils se sont dépensés et sendormiront avant nous. Préparons-nous. Vite à la douche et nous les rejoindrons. Je tadore.

Nous quittons la tente, Laure membrasse, nous courons aux douches, main dans la main. Laure ne tient pas compte des panneaux, me rejoint dans ma cabine, membrasse encore, elle me frottre sous leau, je lui rends le même service, découvre enfin sous la douche la toison et la vulve: à cause de létroitesse de la tente et de notre longue discussion yeux dans les yeux, je lavais pénétrée avant de voir son sexe. Etrange. Quelques caresses de la main, mais il faut faire vite.

-Ne tinquiète pas, désormais cest à toi. Patiente. Je te plais?

-Non! Tu es merveilleuse.

Nous nous retrouvons en bout de table pour un repas simple mais copieux. Je suis lobjet de curiosité, on me regarde, on interroge Laure, suis-je à la hauteur de ses espérances?

-Ca ne vous regarde pas. Mais, Adrien veux-tu leur dire ce que tu mas offert. Sinon, me permets-tu den faire lannonce.

Elle me fixe, les yeux baignés de larmes. Jembrasse sa main en signe dassentiment, hoche la tête de haut en bas et sourit de mon mieux. Je navais pas envisagé daller aussi vite en besogne, mais les événements ont pris le pas sur mes prévisions. Cette femme sest donnée à moi, elle sera ma femme.

-Mes amis, Adrien vient de me demander ma main.

Bravos, cris de joie, applaudissements à notre table, à toutes les tables. Heureusement nous ne sommes pas en pleine saison. Laure se précipite au bar. Le réfrigérateur ne contient que deux bouteilles de champagne, les autres boiront du mousseux ou un petit gris du pays.

Je dois me lever, embrasser la fiancée. Le gérant lance un disque, on pousse les tables. On danse, on danse. A la danse du balai, Gilles marrache Laure. Emilie se précipite sur moi.

-Alors, cétait comment? Elle est bien Laure, hein. Tu as de la chance. Elle aussi dailleurs a beaucoup de chance. Je suis avec Gilles, il ne parle pas de mariage, il trouve quil suffit de saimer, que les papiers compliquent la vie. Cest pour quand?

-Quoi?

-Le mariage? Tu as déjà oublié! Tu danses toujours à un kilomètre? Rapproche-toi. Oui, comme ça.

Changement de cavalière

Marc a été plus rapide que moi, je suis accroché plus que je ne choisis et me retrouve avec Marie dans les bras. La jolie blonde a bien chanté durand la sieste crapuleuse, ma donné des frissons en clamant son plaisir, mais je la sens prête à se dépenser encore, fût-ce avec le fiancé de sa meilleure amie. Elle me le dit, elle me sollicite en se pressant contre moi. Bizutage ou véritable envie. On me teste.

Changement de cavalière.

Cest un coup monté, le changement intervient lorsque je suis éloigné de Laure. Elle a dansé avec Gilles, avec Marc, elle danse avec Sylvestre. Je tiens le balai. Elle rayonne, bavarde, rit, heureuse, oublieuse. Un inconnu ma encore damé le pion, je garde le balai. Qui tape à ma place? Laure est trop heureuse pour le voir. Compatissante Léa se poste à côté de moi. Son intention est claire. A éviter, elle sent la transpiration. Jadore les parfums. Elle veut bien tenir le balai, il faut que je mabsente un instant.

Je méloigne, marche jusquau bord du lac, trouve une table et un banc, je massieds et regarde un vol doiseaux sauvages dans le soleil couchant. Des canards sans doute. Je goûte la fraîcheur du soir. La musique semble toute proche, ne veut pas sarrêter. Je marche à la limite des vaguelettes, dos tourné à ma tente. Les rythmes modernes troublent le silence qui sabat sur le lac. La voix de Johnny porte au loin sur les flots calmes. Je naurais pas dû me lancer aussi vite. Rien nest sûr. Laure ne pense plus à moi, ne sest même pas aperçu de mon absence. Le doute sinsinue. Jai été sa fantaisie du jour pour un acte incomplet qui plus est. Dans les bras dautres hommes, elle oublie ses efforts pour paraître amoureuse de moi, sollicitée parce que connue par tous les habitués. La musique a cessé. Sous le toit de chaume du restaurant de camping un conteur fait rire lassemblée. Raconte-t-il ma piètre performance amoureuse. En tout cas, il a du succés. Les rires stridents des femmes, les exclamations fréquentes me disent quil sagit dune histoire osée.

On se disperse, je me retourne pour voir les petits groupes se diriger vers les tentes.

Voici un autre banc. Il commence à faire frais, mais je suis trop mélancolique pour affronter la joie de la promise. Je naurais pas dû prendre cette permission. Je naurais pas dû mattarder avec Aurélie, je naurais surtout pas dû monter dans la voiture de Laure, ni me glisser sous sa tente, ni me déshabiller, ni me laisser aller à ce simulacre damour. Cétait bâclé, et les complices y ont mis fin avec leur stupide seau deau. Bizutage. Un de ceux quon désigne comme les plus beaux moments de la vie, interrompu. Bizutage. Je ten foutrais!

Demain je men retourne et joublie cette journée tourmentée, cette fille irrésolue, instable, superficielle. Elle doit-être en train de rire de moi avec ses copains et ses copines ou sest laissé attirer par un mâle moins regardant et plus décidé, de ceux qui ne posent quune question« Tu baises? » Succès assuré mont raconté les bidasses. La prochaine qui me fera les yeux doux aura intérêt à savoir courir vite. Je ferme les yeux, me repasse le film de cette journée.

En me levant je me promettais dêtre le plus heureux des hommes. De cahots en secousses, de désespoir en liesse, de bonheur en désillusion, enlacé, embrassé, fiancé pour être aussitôt abandonné par Laure arrivée au terme de sa comédie, publiquement ridiculisé enfin à tenir un balai, devant des gens hilares qui ne me quittaient pas des yeux, je suis là comme un idiot à me lamenter sur mon sort. Cest fini, je vais aller mabriter dans un des bâtiments désertés et y attendre le matin, loin des râles damour des campeurs. Fiançailles de paille! Je le répète à voix haute: fiançailles de paille!

Deux mains se posent sur mes yeux fermés. Deux petites mains dont se dégage une odeur étrange de transpiration ou durine et de parfum fatigué, deux mains de femme qui a négligé de les laver après lamour.

-Qui cest? Demande une voix de fausset dont lartifice ne me trompe pas.

-Cest Léa!

Les mains se retirent.

-Comment as-tu deviné, on se connaît à peine? Tu es ange ou démon?

-Jai beaucoup entendu ta voix pendant la sieste.

-Ce nest pas possible. Oh! Tu me charries! Dis, viens vite. Tu étais à peine parti, Laure est venue pour te faire danser. Je lui ai dit que tu étais aux toilettes. Elle a couru à ta rencontre, ne ta pas trouvé et depuis elle te cherche, toute affolée. Elle crie que cest de notre faute, que nous tavons découragé, dégoûté. Elle veut quitter le camp, repartir si nous ne te trouvons pas. Elle est en colère, ne veut plus jamais nous voir. En ce moment elle pleure sous sa tente et envoie tout le monde au diable. Et monsieur le lieutenant rêve au bord de leau au clair de lune comme un Lamartine.

Viens, donne-moi la main, je ne vais pas te perdre deux fois en une soirée.

-Tu crois que cest nécessaire? (je pense à lodeur). Aujourdhui Laure ma oublié deux fois. Elle sest payé ma tête.

-Fiançailles de paille: cétait pour ça! Je ne comprenais pas. Mais non, tu es fou, elle tadore. Depuis huit jours elle ne parlait que de toi. Elle samusait à faire marcher Raymond pour se venger parce quil lavait trompée. Elle voulait lamener ici et retourner immédiatement à la maison avec Gilles et Emilie seulement. Nous étions tous au courant. On voulait te bizuter, on ta raconté des conneries. Tu marches plus vite dans nos blagues que sur le chemin! Allez, avance, file la consoler. Excuse-moi pour le seau deau, je suis bête des fois. Et le coup du balai, elle nétait pas plus au courant que toi, cétait un coup monté, il y avait deux balais et on faisait exprès de vous séparer pour que vous puissiez souhaiter vous retrouver. Cesse de bouder et cours ou je tembrasse et je te viole. Si tu ne cours pas, jappelle les autres.

-Laure, il arrive avec Léa, elle la trouvé. Marc allume ta lampe torche et envoie le signal.

Cest la voix de Marie. Laure accourt et se jette dans mes bras, membrasse. Je sens les larmes sur ses joues. Elle va métouffer.

-Mais où étais-tu passé? Pourquoi tes-tu caché? Jai eu si peur. Allez, viens chez nous. Bonsoir, vous autres. Le premier qui me fait « ch », je le tue. Quon se le dise. Merci Léa. Viens Adrien.

Plus bas:

-Nous avons du temps à rattraper. Je nai pas besoin dexplications, jétais aussi en colère que toi. Tu as cru

Elle fond en larmes, hoquète. Ses nerfs ont été mis à lépreuve aujourdhui.

— Ils le faisaient exprès. Jattendais quils se lassent pour te rejoindre et danser avec toi. La journée a été dure pour toi. On devrait être si heureux. Oublie les déplaisirs, aime-moi. Mais tu es glacé, tu vas tomber malade, viens te coucher contre moi, je vais te réchauffer.

Il fait noir, je me blottis contre Laure. Sa peau est douce et chaude, sa bouche dépose des baisers sur mon visage. Ses mains réchauffent mon dos.

-Jai emprunté un sac de couchage sec, il ny a pas de fermeture Eclair au milieu et il est plus ample. Quest-ce que je tiens dans ma main. Voilà au moins une partie de ton corps réchauffée, prête à servir. Pousse-toi un peu, je vais occuper le milieu du sac et tu vas tétendre sur moi.

Nous sommes face à face. Nos bouches se retrouvent. En appui sur les coudes jévite de peser trop sur les coussins moelleux des deux seins. Les bras de Laure se referment sur moi. Ses deux cuisses de velours rament sur mes jambes poilues, électrisent ma peau. Sa chaleur se communique à tout mon corps. Ma verge gorgée de sang durcit entre nos deux ventres

-Tu veux? Viens en moi, comme tout à lheure. Cette fois, personne ne se risquera à nous déranger, ils sont prévenus. Laisse-toi guider.

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