Sur une idée de Mr523
La nouvelle était outrée par cette intrusion en elle mais répondit sans montrer son émotion:
— Oui évidemment il vaut mieux être très à l’aise avec son corps pour oser danser nue sur scène. Mais ça, on l’apprend peu à peu, au fil des années de pratique. Et puis c’est de l’art et uniquement ça.
La jeune femme avait maintenant atteint le pli poplité du genou de l’homme et caressa la fine peau de ses orteils. Elle se surprit à trouver cette sensation soyeuse malgré la peur et la culpabilité qui la rongeait. Elle craignait par-dessus tout de perdre définitivement l’affection de cet homme et ne plus jamais le revoir. Et surtout, elle se disait qu’il allait avoir une bien piètre opinion d’elle. M dit:
— Et les hommes du public ? Vous font-ils, comme au XIXe siècle, des avances après le spectacle ? L’homme aux cheveux blancs intervint:
— Cher ami, laissez-la savourer un peu son plat ; Il va refroidir. M retira doucement sa main de l’intimité de la jeune nouvelle et, sans que rien ne paraisse, la posa sur son menton afin de discrètement sentir ce parfum de femme. Il répliqua:
— Oh, ce n’est qu’une simple curiosité sur les coulisses du spectacle. Alors ma chère amie, vais-je trop loin avec mes questions ? Soulagée, la jeune nouvelle répondit pour ne pas froisser M:
— Non, je vous en prie ; Des avances parfois oui, mais danser c’est aussi séduire, vivre dans le regard de l’autre donc je comprends leurs tentatives ; Et puis c’est flatteur pour mon gigantesque ego de danseuse. Dit-elle en souriant. Les convives se mirent à rire de cette autodérision. Mais l’homme aux yeux azur ne désarmait pas et, prétextant faire de l’esprit, il dit:
— Ceux qui ne viennent pas vous voir après le spectacle le font certainement parce qu’ils sont accompagnés de leur épouse !
— Peut-être, je ne sais pas. Mais bon, séduire un homme marié quand sa femme est présente c’est plutôt indélicat vous ne pensez pas ? Elle espérait secrètement que l’homme aux cheveux blanc entendrait le message ; Elle le regarda très furtivement et se retourna vers M qui lui répondit:
— Vous avez raison. Imaginez, mes chers amis, le vaudeville qui s’ensuivrait dans les coulisses ! Mais où diable est mon mari ? Ma chère, regardez dans le placard de la danseuse étoile ! Un éclat de rire feutré éclata autour de la table et le dessert fut servi: « Deux pressés de coing confit, un soufflé aux pommes caramélisées et une tarte chocolat amer servie moelleuse » annonça le serveur. M ne lâchait pas sa proie et poursuivit:
— Mais je me demandais ma jeune amie: n’avez-vous jamais été tentée, comme autrefois, de devenir la maîtresse d’un riche homme marié? La femme de l’homme en blanc répondit à M:
— Vous êtes bien curieux ce soir mon ami ; Est-ce votre dessert sucré qui vous rend si imaginatif ?
— En tant qu’avocat, je suis toujours passionné par les tourments de l’âme humaine. Les maîtresses, les amants, les infidélités, j’en vois souvent au tribunal. Pour moi c’est extrêmement banal finalement ; Même pas scandaleux. C’est pour ça que j’en parle facilement. Ça ne gêne personne autour de cette table j’espère ?
Les convives acquiescèrent et, après avoir retiré son pied de la jambe de l’homme aux cheveux blancs, la jeune nouvelle répondit:
— Eh bien, pour tout vous dire, j’ai déjà eu une relation avec un homme marié mais il n’était pas spécialement riche et ce n’était pas après un spectacle. M sourit et l’homme aux cheveux blancs sentit soudain son cur se serrer. La jeune femme poursuivit:
— Quand j’étudiais la danse au CNDC d’Angers, il y a 2 ans, je suis sortie avec cet homme pendant 3 mois. Il avait 47 ans et j’en avais 19 à l’époque. J’étais très attirée par lui mais un jour, j’ai vu sa femme et ses enfants dans la rue ; Angers est une petite ville et on s’y croise souvent. Ça m’a beaucoup fait culpabiliser et je lui en ai parlé ; Il m’a dit que sa femme commençait à soupçonner notre liaison et qu’il ne voulait pas divorcer pour ses enfants. Nous nous sommes donc séparés sans jamais ni nous revoir ni nous parler. La femme de l’homme en blanc dit:
— Quel malheur. Vous deviez être triste ma chère ?
— Oui affreusement ; Mais c’était mieux comme ça ; Je ne voulais pas être toute ma vie la maîtresse attendant dans son coin quelques instants de tendresse volés à une autre. Mais cet homme reste un merveilleux souvenir pour moi. Je le trouvais drôle, brillant et cultivé ; Il m’a beaucoup fait avancer en tant que femme et pour ça, je lui serais toujours reconnaissante.
— Vous avez bon cur ; Et vous êtes très spontanée: vous parlez de vous comme si rien ne vous gênait. Dit l’homme aux cheveux blancs. Elle répondit:
— Je suis un peu sans filtre parfois ; Pardonnez-moi.
— Les excentricités de la vie d’artiste ! Quoi de plus naturel ? Nous vous pardonnons ma chère et je vous donne mon absolution. Dit M avec un certain mépris.
Le dessert se termina et les convives se préparèrent à se séparer. L’homme aux cheveux blancs dit:
— Mesdames, laissez-moi aller chercher vos affaires au vestiaire et nous pourrons nous dire au revoir.
À son retour, il déposa un trench sur les épaules de son épouse et remit son sac à main à la jeune femme. L’homme aux yeux bleu-gris ajouta.
— Merci pour cette délicieuse soirée. Nous allons vous laisser rentrer chez vous car je veux absolument faire découvrir le bar à cocktail de ce restaurant à notre jeune amie et lui faire goûter le merveilleux Fraisilia que l’on sert ici. Au plaisir de vous revoir mes amis et bon retour.
Ils se saluèrent poliment avec la réserve naturelle qu’ont parfois les gens de la bourgeoisie parisienne. Mais, consciente que l’échéance de son autre mission approchait, la jeune femme décida de jouer l’ingénue et la voilà qui, tout sourire, fait la bise chaleureusement au couple un peu surprit par tant d’effusion. Elle ajouta:
— Merci à vous deux pour votre présence ; Permettez à une artiste excentrique de vous serrer dans ses bras. C’est souvent comme ça, dans le monde de la danse, quon se salue entre danseurs à la fin d’un ballet.
Ils acceptèrent l’accolade généreuse de la jeune nouvelle en souriant vraiment pour la première fois de la soirée. Elle en profita pour glisser furtivement son petit slip dans la poche de l’homme aux cheveux blancs. La jeune nouvelle lui adressa un dernier sourire en croisant son regard et suivit son maître-chanteur.
Elle se sentait triste maintenant et trouvait que cette soirée était trop vite passée. Malgré sa culpabilité, elle savait que cette nuit, ses songes seraient occupés par le souvenir des belles mains qu’elle avait contemplées pendant le repas. Cette idée fit grandir encore un peu la volupté qui s’était emparée d’elle au cours du repas. M la guida vers le bar et posa sa main sur son épaule. Il glissa légèrement ses doigts dans l’échancrure de son dos et caressa sa peau. Tous les deux se retrouvèrent debout au comptoir du bar et il commanda deux cocktails au champagne. Il la maintenait contre lui comme un amant attentionné et descendit sa main sur la hanche de la jeune femme. Il lui souriait et après une gorgée de Fraisilia, il plongea ses yeux dans les siens et dit tout bas:
— Bravo, jeune fille sans culotte ; Je t’ai vu réussir ton petit tour de passe-passe: très habile, c’est bien. Tu sembles avoir aimé cette soirée ; Et spécialement la présence de notre ami en commun n’est-ce pas ?
— Non pas spécialement… Pourquoi vous me demandez ça ?
— Petite menteuse, j’ai vu ton trouble, j’ai senti ton émotion au bout de mes doigts. Et pourtant tu as bien caché ton jeu.
— Il y avait sa femme, alors je ne voulais pas l’embarrasser.
— Toujours si prévenante chère enfant, bravo. Mais dis-moi le fond de ton âme: qu’as-tu ressenti quand il était assis en face de toi et quand tu lui as fait du pied ?
— Rien, jai fait tout ce que vous m’avez demandé. J’avais peur qu’on nous repère c’est tout.
— Tu me mens encore. Je n’aime pas ça. Dis-moi vraiment ce que tu as éprouvé en le voyant.
Il passa sa main sur ses reins et la serra encore un peu plus. Il la fixait dans les yeux, le regard intense presque inquiétant. Il scrutait la moindre de ses réactions comme s’il sondait son esprit.
— J’étais heureuse de le revoir mais j’avais peur que sa femme devine quelque chose.
— Et ensuite ?
— Au début du dîner, j’ai repensé au bon moment que j’avais passé avec lui. Vous étiez dans la pièce ce soir-là? Je ne sais pas si vous avez vu.
— Vu et revu chère jeune fille. N’oublie pas que tout cela a été filmé.
— Ah oui évidemment. Dit-elle en baissant les yeux.
Il s’approcha de son oreille pour lui chuchoter:
— J’ai tout vu: toi, allongée, nue sur ce drap blanc, lui te caressant et t’amenant jusqu’à l’orgasme uniquement avec ses doigts ; Du grand art, je dois bien le reconnaître.
— Voilà c’est à ce plaisir, à ces sensations, que je repensais.
— Et tu en as éprouvé de l’excitation ce soir n’est-ce pas ?
— Oui, j’avoue. Vous le savez déjà en plus. Quelle importance de toute façon ? Que voulez-vous de moi maintenant ?
— Un peu de gratitude mon enfant. Ne t’ai-je pas invitée dans ce lieu magnifique ? Ne t’ai-je pas permis de revoir cet homme ? Oublies-tu la politesse ? Elle répondit un peu ironiquement:
— Ah oui ; Merci pour cette soirée et pour le dîner qui devait coûter très cher, je pense.
— Exactement ; Et quand un homme paye le restaurant à une femme sans culotte, il faut respecter la tradition ; Je vais te montrer. Laisse ton sac ici, on le prendra en repassant.
Il prit la main de la jeune femme et l’amena dans une réserve à alcool. Il glissa un billet au barman qui ferma derrière eux. La pièce était minuscule, à peine plus grande qu’un ascenseur et emplie de caisses en bois et en carton. Elle comprit alors ce qui allait se passer et l’accepta. Cet homme lui avait offert de revoir son précieux mentor aux cheveux blancs, alors il méritait bien sa récompense. Après tout, se disait-elle, ce ne sera pas le premier amant décevant de ma vie. Et puis il fallait jouer à son jeu de toute manière.
Il la plaqua contre le mur, la main posée sur son cou et lui murmura:
— Ne bouge pas. Pense à notre ami commun et laisse-moi faire. Nous n’avons pas beaucoup de temps.
Debout face à elle, lui fixant le visage, il libéra sa verge tendue. Il passa ses mains sous les fesses de la nouvelle pour la soulever et la pénétra profondément. Elle sentit entrer en elle la chaleur de son membre. Il la tenait contre le mur, son visage dans le cou de sa conquête et commença de rapides coups de reins. Contre toute attente, une vague de plaisir monta en elle et lui fit fermer les yeux. L’homme aux yeux azur continuait ses ruades au même rythme en restant silencieux. La jeune femme entoura la tête de son amant de ses bras et plongea ses doigts dans sa chevelure courte. Elle gémissait la bouche grande ouverte et serra de ses jambes les hanches de son maître-chanteur. Son dos frottait contre le mur et elle sentait les mains brûlantes de l’homme serrer ses fesses. Elle fut surprise par une première décharge de plaisir très brève qui lui fit ouvrir les yeux. Puis elle sentit l’homme se libérer en elle sans émettre le moindre son. C’est alors qu’elle jouit pour la première fois avec lui, en tentant de retenir maladroitement ses gémissements.
Un orgasme aussi savoureux qu’inattendu et vif ; Une sorte d’onde, de contraction qui partit de son ventre pour parcourir en un spasme involontaire tout son corps.
L’homme la déposa au sol et se rhabilla. Tandis qu’il remettait en ordre ses cheveux, elle s’aperçut qu’il n’avait pas eu de plaisir ; Elle en était presque sûre. Il lui dit:
— Charmant petit jeu n’est-ce pas ? Elle ne sut que répondre.
Ils repassèrent au bar pour régler, elle récupéra son sac et les voilà déjà dehors.
— Ma chère jeune fille, je te laisse rentrer chez toi sans culotte maintenant. À bientôt pour de nouvelles aventures.
La jeune nouvelle marcha un peu vers la station Wagram en laissant son corps se remettre doucement de ce plaisir furtif et pour abandonner son esprit à ses rêveries. Elle se sentait légère et particulière ce soir. Comme si elle était une femme spéciale, au destin singulier.
Elle descendit l’escalier qui mène à son métro tout en cherchant sa carte Navigo dans son sac. Elle y découvrit un mot écrit sur une carte de visite… Celle de l’homme aux cheveux blancs.