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Eric, Julie et moi – Chapitre 7




Nous refîmes lamour sous la douche. Mais la magie de la veille nétait plus là. Dommage. Mais je pris quand même mon pied et Eric aussi.

Nous fîmes un détour obligé par Deauville. Puis Eric continua son périple culturel via Giverny et le lunivers de Monet.

Si Eric avait conduit tout le week-end, je fis la route pour rentrer sur Paris. Je le déposai devant chez, on sembrassa un moment, provoquant la colère de lautomobiliste derrière moi.

Je repris la semaine de travail avant de me rendre chez mes parents en province pour une semaine de vacances. Comme toutes les mères, elle remarqua aussitôt mes changements physiques dont la perte massive de mes poils mais aussi la perte de quelques kilos. Je restai évasif sur le sujet, invoquant un test, pour voir leffet que ça pouvait faire. Maman ne fit pas de commentaire mais ne fut pas dupe pour autant. Papa, lui, navait rien remarqué.

La semaine se passa. Comme à chaque fois, je me transformais en légume, chouchouté par maman. Javais un frère de dix ans mon ainé, parti vivre aux USA. Je restai donc le seul fils proche deux. Si au départ, je navais pas été vraiment désiré, je fus élevé avec tout lamour que mes parents pouvaient me donner. Et trente ans plus, cétait toujours le cas. Jétais le petit poussin de ma mère.

Malgré tout, deux jours avant mon départ, maman remis le sujet de mon épilation sur la table. On nétait que tous les deux, papa à la pêche, comme toujours.

— alors ça fait quel effet de ne plus avoir de poils ?

— cest pas désagréable, dis-je, le moment de surprise passé.

— il y a longtemps que tu fais ça ?

— oui, un moment. Mais je suis étonné que tu ne ten aperçoives que maintenant.

— faut dire que chaque fois, tu es en pantalon.

— cest vrai.

— et ça ta pris comme ça ? Comme une envie de pisser ?

— si on veut

Je nappréciais pas trop la tournure que prenait la conversation. Maman était en train de me tirer les vers du nez. Et le la connaissais assez pour savoir quelle aurait gain de cause. Mais jespérai quelle nirait pas jusque là.

Elle ne posa plus de question.

— tiens, lautre jour, me dit-elle, sur un ton qui indiquai un changement de sujet, je suis tombée sur une émission dont les invités, toutes des femmes, racontaient comment elles avaient découvert que leur mari shabillait en femme et comment elle le vivait.

Je passai par toutes les couleurs, pour terminer sur un rouge cramoisi. Mes joues se mirent à chauffer et je pense quun verre deau se serait évaporé instantanément.

— bon, tu mexpliques ?

— bon, oui, je mhabille en fille. Ça fait une quinzaine dannées que ça dure.

Je nen menai pas large. Ma mère avait beau être ouverte desprit, je ne savais pas du tout comment elle allait réagir à cet annonce.

— tu es

— homo ? Pas exclusivement. Oui, jai des rapports avec un homme, mais je crois que jaime les femmes aussi.

— tu crois ?

— maman, je nai jamais eu de relation avec une fille. Mais jen meurs denvie.

— et cet homme, tu es amoureux de lui ?

— cest compliqué. Amoureux dans un sens. Mais on ne vivra jamais ensemble. Il ne veut pas. Dailleurs tu le connais, cest Eric.

— ton coloc ?

— oui.

— je naurai jamais cru ça de sa part.

— lui non plus, je te rassure. Mais on a trouvé un compromis qui nous convient parfaitement.

— bon, daccord.

— tu vas en parler à papa ?

— je ne sais pas.

— tu veux changer de sexe ?

— non, pas pour le moment. Juste mhabiller en fille me suffit. Cest je ne sais pas comment expliquer. Je ne fais pas ça que pour le sexe. Cest juste que je me sens mieux quand je suis habillée en fille. Jai la même passion pour les chaussures que les femmes. Jadore marcher sur des talons hauts, me maquiller, mettre des bas. Je le fais pour moi, pas pour draguer ou racoler.

— tu te promènes en fille dans la rue ?

— oui bien sur. Je vais chercher le pain, fais mes courses, je me balade dans Paris avec Eric. Et le week-end dernier, Eric ma emmené à Deauville. En amoureux.

Ma mère me regarda avec des yeux effarés. Je métais laissé aller à ma joie et mon bonheur de vivre en fille. Cest peut-être cette répartie qui me sauva.

— je vois. Bon. Mais fais attention à toi quand même. Tout le monde naime peut-être pas les ge les personnes comme toi.

— oui maman, promis. Merci maman.

— merci de quoi ?

— de le prendre si bien.

— je ne le prends pas bien, mais quest-ce que je peux faire dautre.

Jétais sauvé certes, mais maman était sortie blessée de cette joute verbale. Un fils à lautre bout du monde, un autre travelo. Tout foutait le camp.

Je terminai mes vacances avec un arrière-goût amer. Maman savait. Elle nacceptait pas vraiment mais faisait avec. Labsence de réaction de papa me confirma quelle ne lui avait rien dit. Du moins pas encore.

Le samedi suivant, Eric et moi fûmes invités chez Marie. Et si cétait chez toujours chez Marie, cétait pour des raisons de commodités. Finissant la journée assez tard, elle navait pas le temps de trop bouger ensuite. Et puis Anika et Maëva nhabitaient pas très loin non plus. Julie et Eve avaient le plus de chemin car elles venaient de Paris toutes les deux.

Après le papotage « de-tout-et-de-rien », Marie nous demanda de leur raconter notre week-end en Normandie.

— sans oublier le moindre détail, ajouta-t-elle.

Comprendre : « on veut tout savoir, même le plus intime. Surtout le plus intime ».

Eric se faisant tout petit, je décrivis point par point tout ce que ces demoiselles voulaient savoir, minaudant quand je passai sur nos copulations sodomites.

Mais pendant toute lhistoire qui dura le temps de deux bouteilles de rosé, Eve sagitait sur son canapé.

— mais quest-ce que tu as ? sexclama Julie qui était à coté. Tu as mis ton tampon de travers ou quoi ?

Eve piqua un fard et quitta le salon.

Elle revint peu de temps plus tard, vêtue dun simple drap de bain.

— ben Eve ! Ça ne va pas ?

Pour toute réponse, elle laissa tomber sa serviette, dévoilant un corps mince, presque maigre. Elle avait des seins tous petits. Et un pénis tout aussi petit coiffant deux testicules parfaitement épilés.

En voyant les visages de chacune, je compris quEve avait soigneusement caché sa vraie nature. Mais contrairement à moi qui nétais quun travesti, Eve était un vrai transsexuel. Elle remit sa serviette autour delle et revint sassoir.

— tu es cours de transition ? demandé-je

— oui, depuis trois ans maintenant. Normalement, jai laccord pour lopération définitive mais il me manque encore pas mal dargent.

— pourquoi tu ne nous en as jamais parlé ? demanda Julie

— parce que javais peur que vous me regardiez comme une bête de foire, que vous me rejetiez.

— nimporte quoi ! sindigna Anika. Pourquoi on aurait fait une chose pareille ?

— larrivée dHélène ma fait changer davis. Et …et je voulais partager mon changement avec vous.

— combien il te manque ? demanda Eric

— un peu plus de trois mille euros.

— ah quand même ! dit Marie

— tu vas faire quoi ?

— vaginoplastie bien sur, prothèse mammaire, un peu le nez.

— jespère que tu auras ton budget très vite, dit Maëva. Je peux te donner un peu, mais ce ne sera pas suffisant

Des "moi aussi" fusèrent de la part de tous, sauf de Julie. Tout le monde la regarda.

— dites moi chacune combien vous mettez dans le pot et je mettrai le reste.

— mais tu es folle, sécria Eve. Cest trop

— oh ta gueule. Tu sais que jen ai largement les moyens. Dailleurs, je me demande pourquoi tu ne mas pas demandé plus tôt.

— je ne voulais pas quon dise que je suis devenue copine avec toi pour ton fric.

— quest-ce que tu es conne parfois !

Julie se pencha et lembrassa sur la bouche.

Mais le plus étonnant fut le regard dEric. Il était subjugué par Eve, qui jusquà présent ne lintéressait pas outre mesure.

Je gardai ma réflexion pour moi, en attendant dêtre seuls pour en savoir plus.

— je peux te poser une question indiscrète ? demanda Eric

— ici, il ny a pas de question indiscrète, dit Marie.

— oui, bien sur, dit Eve

— tu préfères les filles ou les garçons ?

— javoue que je ne sais pas trop. Mais je suis quand même attirée par les garçons je pense. Cest ce que je regarde le plus quand je me promène en ville.

— merci, répondit Eric avec un sourire énigmatique.

La soirée se poursuivit, centrée sur Eve.

Nous rentrâmes chez moi et Eric me fit lamour. Après quelques tâtonnements, il retrouva le point qui avait failli me faire mourir lorsque nous étions à Trouville et jeus un nouvel orgasme. Dès lors, il fut facile pour lui de recommencer.

Le lendemain matin, il me sodomisa dans la baignoire, en levrette. Et même dans cette position, Eric retrouva mon point G, si tant est quon puisse lappeler ainsi chez un homme. A chaque fois, lorgasme me vidait de toute énergie. Je restai pantelante quelques minutes avant de pouvoir bouger. Eric ne se privait dailleurs pas de ce moment pour continuer à me pénétrer.

Ces moments de pur bonheur me firent renoncer à demander à Eric ce quil ressentait pour Eve. Je navais pas envie de casser la magie de ce moment et de ceux à venir.

Jadorai être sodomisée. Et depuis quEric avait trouvé la clé de ma jouissance, javais du mal à men passer. Mais malgré tout, je voulais quand même découvrir les plaisir du sexe avec une femme. Et dans le groupe, seule Julie pouvait répondre à mes désirs. Je savais quelle était célibataire. Mais aurait-elle envie de moi ?

Et le meilleur moyen de le savoir, cétait de lui demander. Sauf que je nétais pas très chaude pour prendre mon téléphone et lui dire tout de go « Julie, est-ce que tu veux me dépuceler ? »

Je passai les jours suivants à cogiter mon plan dattaque. Où, quand, comment. Sans jamais trouver le plan parfait. Au hasard des conversations, javais appris que Julie avait des parents plus quaisés, son père étant PDG dune filiale dune boite américaine et sa mère assistante de direction. Et Julie avait aussi un bon job dans les ventes. Donc elle pétait dans la thune, alors que moi je devais faire attention à chaque fin de mois. Pas vraiment le même monde.

Mais malgré cette différence dans léchelle sociale, Julie restait plus quabordable et ne faisait en aucun cas étalage de sa richesse. Peut-être avait-elle trouvé en nous une certaine sincérité et fraicheur dans nos échanges, ce qui nexistait peut-être pas chez les gens de son rang. Mais cétait là mon propre explication. Je ne connaissais rien à ce monde et je nétais pas prête dy entrer.

Si Julie était plutôt froide en apparence, celle restait une gentille fille. Mignonne de surcroit. Durant la journée coaching, elle mavait traitée non comme une amie, mais comme si javais été sa cliente. Elle avait gardé une certaine distance entre nous, distance qui était moindre lors de nos soirées chez Marie.

Ce fut à la soirée suivante que je me lançai. Au départ, je voulais lui en parler seul à seul. Mais la connaissant et connaissant lesprit du grouper, cétait surement la pire des choses à faire. Aussi, je décidai den parler publiquement. Eric était absent ce soir là.

— les filles, jai quelque chose à vous demander. Eve sera moins concernée.

— oh, oh, fit Anika.

— bon, ce nest pas facile.

Je fis une pause pour chercher mes mots. De toute façon, il était trop tard pour faire machine arrière.

— voila. Vous savez toutes que je suis un trav et quEric me fait lamour régulièrement. Mais Je ne suis pas homo pur et dur et à mon âge, je nai jamais fait lamour à une femme. Alors,

— tu voudrais que lune de nous te dépucèle, dit Marie avec son franc parlé.

— tu as tout compris.

— et qui te dis quon va accepter ? demanda Julie

— rien. Si je ne demande pas je ne saurai jamais. Mais je ne vous en voudrais pas si vous refusiez.

— pas obligé que ce soit lune de nous, demanda Maëva.

— non, bien sur. Mais vous nêtes pas obligées de me payer une prostituée non plus. Ça je peux le faire toute seule. En fait, je pensais surtout à Julie qui est la seule célibataire.

Julie faillit sétrangler.

— bon, je crois que cest clair, dis-je résignée. Désolée pour le dérangement. Jai raté une occasion de me taire.

La conversation reprit sur un autre sujet et ma demande finit par être oubliée. Cest ce que jaimais dans ce groupe. On pouvait parler de tout et de rien sans que cela choque personne. On en parlait et on passait à autre chose.

On était jeudi. Alors que je planchai sur un problème apparemment insoluble, mon téléphone sonna. Cétait Julie.

— Hélène ? Cest Julie. Ca va ?

— oui et toi ?

— très bien. Y a un problème ? demandé-je car cétait bien la première fois quelle mappelait directement.

— non tout va bien. Je tappelais suite à ta demande, lautre soir.

Je rougis aussitôt et sortis dans le couloir.

— Hélène ?

— oui, je suis là. Et donc ?

— je suis daccord.

— daccord ? Pour

— oui, pour ! Tu nas plus envie ?

— oh que si ! Cest que je ne mattendais pas ce que tu me rappelles pour ça.

Je lentendis rire.

— mais ce sera selon mes conditions, où je veux, quand je veux et comme je veux.

— euh, oui, daccord.

— parfait ! Jespère que tu nas rien prévu samedi.

— non rien. A part voir Eric

— ben tu lui dis que ce sera pour un autre jour. Je tattends en garçon, samedi treize heure, au pied de la colonne Vendôme.

Elle raccrocha aussitôt.

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