« Non à la réforme ! »
Au milieu des cris de la foule, un énorme pétard d’artifice explosa en pleine rue, l’écho assourdissant se répercutant contre les façades. Les hurlements des casseurs et les détonations sèches caractéristiques des cartouches lacrymogènes ne couvraient même pas les bris de verre des vitrines des commerces adjacents. Comme trop souvent, il suffisait d’une poignée d’individus survoltés et peu scrupuleux pour faire basculer une paisible manifestation en une bataille rangée avec les forces de l’ordre.
Amélie avait été séparée de son groupe d’amis dans la cohue ambiante, et se retrouvait bien malgré elle dirigée vers la ligne de front en direction du boulevard, où les éléments les plus radicaux harcelaient les policiers de pierres et de bouteilles en verre. Etudiante en licence de sciences du langage, plus encline à s’exprimer sur les réseaux sociaux ou en soirée avec ses connaissances, elle n’avait pas grand-chose à voir avec les individus encagoulés et vêtus de noir qui faisaient mouvement pour casser du flic. Elle regrettait déjà d’avoir mis son sarouel bouffant et ample, qui la gênait considérablement et l’empêchait de partir rapidement de la masse remuante qui la coinçait, se poussant, se bousculant et s’écrasant même.
« Projectiles ! »
Le rang de porteurs de boucliers resserra les rangs en rentrant instinctivement la tête dans leurs épaules. La section 4 Alpha de CRS était à pied d’uvre depuis le début de l’après-midi, quand les manifestants venus en famille protester de manière bon enfant avaient laissé place dans la rue à des furieux qui cassaient tout ce qu’ils pouvaient. Une énième salve de bouteilles s’écrasa aux pieds des hommes casqués et vêtus de noir, suivie par un nouveau départ de bruyantes grenades de désencerclement. Romain n’avait pas peur, mais comme tous ses collègues, il était pleinement concentré sur la scène qui se déroulait devant ses yeux. Il fallait identifier les plus radicaux et virulents « d’en-face », pour chercher à les interpeller en priorité si l’officier ordonnait une charge. Il avait 23 ans, et il avait choisi ce métier pour l’action. Mais il se désolait du chaos ambiant, et même de la stupidité des casseurs. Pourtant, une silhouette tranchait au milieu des formes noires et encagoulées. Une jeune fille, au pantalon trop large chatoyant, qui plutôt que de jeter des pavés tentait de se glisser derrière les furieux. Elle n’était pas à sa place ici, elle ne partageait pas la haine qui soudait les casseurs, qui les plaçait pile à cet endroit. Romain sut d’emblée qu’elle n’avait rien contre lui, tout comme lui ne lui reprochait pas les pierres qui pleuvaient.
Un long coup de sifflet, et les CRS, chauffés à blanc, s’élancèrent au contact.
La balayeuse faisait glisser dans le caniveau des monceaux de détritus divers, canalisés par l’eau mêlée de produit. Les équipes de la ville commençaient à s’affairer en ce début de soirée, la manifestation ayant pour l’essentiel été dispersée et les groupes radicaux s’étant éparpillés dans la nature. Les policiers attendaient la consigne finale pour rentrer dans leurs casernes respectives, les casques étaient enlevés et les groupes commentaient mollement les événements de la journée. Romain venait de sortir son paquet de cigarettes lorsqu’il la vit. Elle était assise sur un banc public, et, les yeux dans le vague, semblait regarder les employés municipaux dans leur tenue fluorescente qui balayaient les trottoirs. Il n’y avait pas loin à faire, et il ne sut même pas ce qui le porta à s’approcher d’elle. Elle ne leva les yeux vers lui que lorsqu’il lui tendit une tige : « cigarette ? ».
Elle la prit et sortit son propre briquet.
« Euh, benmerci. »
Ils tirèrent chacun une bouffée, elle, mal à l’aise et lorgnant du côté de son équipement répressif, bâton, menottes dans leur étui, pistolet noir à la ceinture. Ce fut lui qui brisa de nouveau la glace.
« Vousenfin, tu faisais quoi avec les casseurs ? Tu n’avais pas l’air d’être là pour tout bousiller
-Mon groupe d’amisenfin, non. J’étais venue manifester avec mes potes, et j’ai été entraînée par la foule et je me suis retrouvée coincée avec les radicaux. Vous m’avez vue ?
-Au carrefour, c’est mon groupe qui a du dégager l’intersection. Je t’avais vu de loin, mais je t’ai perdu quand on a couru
-J’ai pu me faufiler juste avant que ça n’arrive sur nous »
Il jeta un coup d’il à ses collègues. Les fourgons n’étaient pas encore arrivés, mais l’officier le regardait d’un air inquisiteur. Pas de copinage avec les manifestants, c’était la consigne. Il tira une autre bouffée.
« J’aimerais te revoir
-Quoi ? Pourquoi ?
-Parce qu’au milieu de tout ce merdier cet aprèm, tu as été la seule part de normalité que j’ai vu. »
Elle leva les yeux vers lui. Il avait les yeux rougis du gaz lacrymogène et les traits tirés. Au fond, se dit-elle, c’est pas un CRS en permanence, c’est avant tout un humain. Et moi aussi j’ai pas vu beaucoup de normalité humaine aujourd’hui.
Elle lui avait donné son adresse qu’il avait griffonné sur son calepin qu’il gardait, en bon flic, en permanence sur lui. Lui avait embarqué dans la camionnette alors qu’elle se dirigeait vers le métro. Ils avaient pris leur douche au même moment, lui dans la salle de douches commune de la caserne, elle dans son petit appartement loué au CROUS. Puis elle s’était endormie comme une masse, pendant que Romain ressortait en ville dès l’autorisation de soirée libre accordée par la hiérarchie aux gars qui avaient uvré toute la journée. Le trajet en métro lui avait pris plusieurs dizaines de minutes, et il l’avait réveillé en sonnant à l’interphone. En guise de politesse, il lui avait réoffert une cigarette sitôt dans l’appartement. Ils avaient fumé en silence, assis sur le lit qui servait accessoirement de canapé.
Elle s’était d’abord retrouvée assise sur lui, à califourchon sur ses jambes. Elle l’embrassait dans le cou pendant qu’il passait ses mains dans son dos, palpait ses hanches, touchait ses seins. Il ne leur avait pas fallu longtemps pour se déshabiller mutuellement. Il l’avait allongée sur le dos, et avait plongé la tête entre ses cuisses. Romain ne prit pas la peine de la faire patienter en jouant de sa bouche sur son pubis ou ses jambes. Sa langue courut directement sur le clitoris, l’englobant, l’aspirant et le poussant vers le haut. Amélie se mit à gémir, lui griffant la nuque, lui plaquant la tête plus en avant, conquise par cette langue qui prenait possession de sa chatte rapidement mouillée. Lui bougeait la tête de bas en haut, pour offrir un cunnilingus le plus profond possible aux grandes lèvres vaginales de la jeune fille, ou tournait sa langue de gauche à droite très rapidement sur le clitoris, arrachant de petits souffles saccadés à sa partenaire. Ses mains, dans le même temps, allaient des seins aux hanches, pressant les mamelons, pinçant les tétons, griffant presque les côtes, pour finir par saisir la peau entre ses doigts et attirer encore plus à lui son corps, contre sa langue.
Le plaisir d’Amélie montait, elle se saisissait les seins maintenant, plus dans une volonté d’agripper quelque chose que de vraiment chercher à augmenter ses sensations. Le rythme de la langue de Romain ne faiblissait pas, elle sentait chaque pouce de son sexe être caressé régulièrement par son nouvel amant, la salive de ce dernier se mêlant maintenant à la cyprine que la jeune fille produisait en quantité.
Les yeux mi-clos, Amélie fixait le plafond, les doigts se fermant comme des serres sur sa propre poitrine ou sur les épaules de Romain, lorsqu’il s’arrêta de lécher mais garda sa bouche plaquée à la chatte de l’étudiante. Elle l’entendait respirer intensément, comme si il humait l’odeur de plaisir de sa partenaire. Elle-même avait le souffle court, caressant ses cheveux courts, lorsqu’enfin il se redressa.
Il était en appui sur ses genoux, s’essuyant la bouche du revers de la main. Elle changea de position et s’approcha du sexe tendu devant elle. Elle le prit en bouche, notant que le gland était déjà couvert de liquide séminal. Mais elle eut moins l’occasion de le sucer que de le téter. Déjà il la basculait en arrière et s’allongeait sur elle, en l’embrassant doucement d’abord, puis de manière plus hardie, sa langue s’insinuant dans la bouche d’Amélie, se mêlant à celle de cette dernière. D’une main il se maintenait au dessus d’elle sans l’écraser, et de l’autre il tenait sa queue en faisant frotter le gland à l’entrée du sexe de l’étudiante.
Elle passa les bras autour de sa nuque sans cesser de l’embrasser.
« Hmm vas-y, prends mois’te plaît ! »
Malgré le cunnilingus et sa chatte humide, elle ne put retenir un petit cri quand il s’enfonça d’un coup sec en elle. Elle planta ses ongles dans la chair de ses épaules alors qu’il commençait ses mouvements de hanches, lents et profonds par intermittence, entrecoupés de coups de reins plus rapides. Elle fut tout de suite transposée ailleurs, tous ses sens la ramenant à la queue qu’elle sentait se mouvoir en elle, dans son intimité, pénétrée par un homme qu’elle ne connaissait que depuis quelques heures.
Finalement il se redressa et se maintint ainsi, lui ouvrant les cuisses, les mains sous les genoux, en donnant la mesure de leur acte par ses seuls coups de reins.
Ils couchèrent ensemble ainsi, sans penser levrette, andromaque, cuillère, etc. Lui était hypnotisé par les seins d’Amélie qu’il voyait balloter en rythme de ses propres mouvements, tétons pointés, mais qu’il ne cherchait pas à englober de ses mains, les voir tressauter lui plaisant amplement. Elle ne sentait que la queue de Romain au fond d’elle, et ne prêtait pas attention au bruit obscène des boules du jeune homme venant frapper ses fesses à chaque coup de rein vers l’avant, ou à sa cyprine qui coulait en petits filets par intermittence, courant sur son anus et finissant sa course sur le drap. La poitrine d’Amélie luisait de sueur, ses mèches de cheveux collaient à son front, tandis que les veines des bras de Romain étaient saillantes, à force de maintenir les jambes de sa partenaire.
Elle sentit le pénis en elle se contracter, mais le perdit sitôt qu’il se retira et se prit en main frénétiquement. Etrangement ce fut quand le gland quitta son vagin qu’elle jouit, dans un petit cri étouffé, ses mains enserrant les bords du matelas. Lui donna deux coups de poignet et éjacula en longues saccades sur le ventre d’Amélie. Elle apprécia le spectacle des jets blancs qui jaillirent du gland rougi, et la sensation presque lourde du liquide épais s’écrasant sur elle. Il avait le menton rentré sur la poitrine et poussa un grognement en pressant sa queue pour extraire les dernières gouttes, qui tombèrent sur la petite tache de cyprine qui ornait déjà le drap.
Elle resta allongée sans bouger, la semence de Romain commençant à lui couler le long des hanches, tandis qu’il se tournait pour attraper ses cigarettes et son briquet dans les poches de son pantalon. Il lui en glissa une entre les lèvres et en prit une pour lui, les alluma toutes les deux, et s’allongea sur le dos à ses côtés. L’odeur du tabac commença à supplanter celles de la sueur, de la cyprine et du sperme mêlés, sans qu’aucun des deux ne prononce la moindre parole.