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Justine à Paris – Chapitre 1




Ce matin de juillet va bouleverser mon existence, heureusement pour moi je ne le sais pas encore. Il n’y a qu’une dizaine de jours que je vis à Paris. Plus exactement à Boulogne-Billancourt où je loue une chambre dans un appartement en coloc, et je travaille à Paris.

Moi, c’est Justine, dix-huit ans depuis peu ce jour-là. Longs cheveux blond pâle, yeux bleus, jolie sans être belle ; je n’ai rien d’une top-modèle : je ne suis ni grande ni anorexique. Mais j’ai de belles jambes, la taille fine, une poitrine ronde et ferme, un cou gracile, un visage délicat aux pommettes slaves (cadeau de maman qui a un nom de jeune fille en sky).

Je viens de finir ma première année de DUT MMI (Multi Média Internet) à l’IUT d’Elbeuf et me voici en stage pour trois mois. J’ai trouvé une société dans le 5ème arrondissement qui a bien voulu de moi de juillet à septembre. Vu la difficulté à trouver des logements, j’ai été bien contente d’en dénicher un à Boulogne. Du coup, je traverse Paris d’ouest en est tous les jours sur la ligne 10. Pas de changement de ligne, mais seize stations et trois quarts d’heure pour aller de Boulogne-Jean-Jaurès à Jussieu.

Ce jour-là, c’est un lundi ; cela fait déjà une semaine que je suis en stage. Je suis restée à Paris le week-end car mes parents habitent Veules les Roses, sur la côte d’Albâtre. C’est très joli et pas très loin de Paris, mais ravitaillé par les mouettes, et je n’ai pas le permis de conduire. Alors je ne verrai pas mes parents avant début octobre. Comment dire ? Ça m’arrange, et eux aussi je pense. Nous sommes en froid depuis plusieurs mois, depuis que j’ai osé avoir pour petit ami un camarade de classe Noir prénommé Mohamed. Un petit Guadeloupéen drôle, intelligent, mais très noir de peau. C’est là que j’ai compris que mon père n’est pas raciste, mais…

J’ai rompu depuis, tout en restant amie avec Momo. Mais je n’ai pas pardonné à mes parents leur attitude quand je l’ai invité à visiter le pays de Caux pour les vacances de Pâques.

Je monte dans le wagon de métro en face de moi, décidant de rester debout. Je serai assise toute la journée et ça me pèse un peu. À cette heure, en été, il n’y a pas encore trop de monde dans le wagon. Je me glisse contre la vitre côté voie en face de la porte, les yeux dans le vague. Je suis vêtue d’un chemisier blanc en coton sur un jean slim, chaussée de vieilles Stan Smith blanches et vertes, mon sac Desigual en bandoulière. Collée à la paroi, je regarde d’un il morne la station disparaître quand la rame s’ébranle. Personne ne parle, tout le monde ou presque étant soit plongé sur l’écran d’un smartphone, soit des écouteurs sur les oreilles. Génération Y. Comme moi d’ailleurs, car j’ai des écouteurs avec musique reggae. J’ai choisi une playlist avec Peter Tosh, Alpha Blondy, Tiken Jah Facoly et Jimmy Cliff.

Un corps s’appuie brièvement contre moi. Je ne bouge pas, j’ai pris l’habitude d’être frôlée par inadvertance ou non. En général ça ne dure pas, même si une fois, la semaine dernière, j’ai dû faire les gros yeux à un ado négligé à l’odeur rance. Mais là, la pression continue, une hanche pèse contre mes fesses moulées par mon jean. Merde, il y a de la place encore à cet endroit de la ligne ! Sur la paroi vitrée faisant miroir dans la pénombre du tunnel, j’aperçois la haute et large silhouette d’un Noir qui me domine d’une bonne tête. Justement, son visage est tourné vers moi, je jurerais qu’il me scrute. Je rougis violemment puis me déplace sur la droite, jusqu’à l’angle. Le Noir suit le mouvement après quelques secondes, et c’est alors que je distingue deux autres Noirs, moins grands mais tout aussi larges d’épaules, qui suivent à leur tour.

C’est pas vrai, ils masquent les agissements du premier ! Oppressée, je colle ma joue contre la vitre froide, retenant un cri quand une large main se pose sur ma fesse droite. Ma main part aussitôt pour tenter de repousser l’assaillant, je tourne la tête pour le fusiller du regard et j’aperçois son visage d’ébène au-dessus de moi. Les pommettes hautes, la mâchoire puissante, les yeux pailletés d’or qui me toisent et me mettent au défi de regimber. La pureté de son visage, sa dureté aussi, me font penser à un guerrier Maasaï. Beau et impressionnant. Le métro s’arrête station Chardon-Lagache, des personnes montent, le wagon se remplit, et je ne sais quoi faire. Je n’ai pas peur, mais je suis troublée par cette grande main dont la chaleur semble brûler ma peau à travers la toile de mon jean.

C’est une agression caractérisée, même si, Dieu sait pourquoi je ne me sens pas vraiment agressée, mais quand même, cette main sur mon postérieur… Je baisse mes écouteurs et tente de raisonner mon agresseur. Et pourtant ma petite culotte doit s’imprégner de mon émoi alors que je me dresse sur mes ergots pour lancer :

Dites, vous pourriez aller un peu plus loin ? J’aimerais être tranquille.

Pourquoi ? Tu n’aimes pas sentir ma main sur ton mignon petit cul ? Ose me dire que tu n’aimes pas ça, alors que tes seins pointent sous ton chemisier…

Je rougis en réalisant que c’est vrai. Mes tétons dardent et menacent de percer mon soutien-gorge ! Je déglutis difficilement. Il a une belle voix, le géant noir ; basse, un peu rauque aussi, avec un accent indéfinissable très différent de celui de Momo. D’ailleurs, à part la couleur de peau, ils n’ont pas tellement de points communs. Momo est de petite taille, à peine plus grand que moi et mon mètre soixante-trois, mince et pas très sportif, alors que mon peloteur est un colosse de deux mètres de haut aux épaules de déménageur. Ses biceps gonflés semblent plus gros que mes cuisses. Troublée, je m’imagine la taille de son sexe en proportion avec le reste ; par réflexe, mes yeux descendent vers son entrejambe avant que je me reprenne. Et je rougis encore plus, si c’est possible ; mes oreilles me cuisent. Je n’ai pas vu grand-chose, mais suffisamment pour savoir qu’il bande sévère dans son pantalon de jogging.

Je… S’il vous plaît, laissez-moi tranquille.

Désolé, je n’entends rien.

Sa grosse main quitte pourtant mes fesses. J’ai l’impression d’avoir froid, soudainement. Je ne peux retenir un gémissement entre soulagement et déception. Le wagon entre dans une nouvelle station, se charge de nouveaux voyageurs, le Noir en profite pour se coller à nouveau contre moi et sa main retrouve sa place. Oui, mais son autre main se pose sur ma hanche gauche, se glisse sous mon chemisier à même la peau nue. Je frissonne, j’ai chaud, j’ouvre la bouche pour protester mais les mots restent bloqués dans ma gorge. Je suis un lapin dans les phares d’une voiture. Tétanisée, j’ai du mal à avaler ma salive, d’autant qu’il me serre contre lui ; sa virilité bandée appuie contre mes reins alors que la rame repart.

Tu descends où ? chuchote-il à mon oreille.

Mais… Je ne veux pas, arrêtez… À Jussieu.

Il ne répond pas autrement qu’en accentuant sa pression sans que je réagisse. Il pétrit rudement ma fesse droite tout en caressant la peau de mon ventre, sous mon chemisier. Les stations défilent dans un rêve, mes yeux presque clos sont dans le vague. Puis il s’écarte après m’avoir susurré :

Demain, même heure. Mais tu iras dans le dernier wagon, tout au fond.

Je sors du wagon comme si j’avais le diable à mes trousses, ne reprenant ma respiration que dans l’escalier qui rejoint la rue. Je réalise que je suis dans un drôle d’état, excitée comme un boisseau de puces et incapable de me calmer. Arrivée dans la petite société qui m’emploie, je file m’enfermer dans les toilettes. Là, assise sur la cuvette, le jean sur les chevilles, genoux écartés, je glisse un doigt entre mes lèvres intimes qui sont trempées. Mon bouton est douloureux à force d’être gonflé, je le titille en gémissant. Avant de m’arrêter, confuse. Je ne vais pas me caresser et jouir ici, quand même !

Le travail minutieux que je fais me permet de relâcher la pression et la journée se passe normalement. Mon responsable de stage, Julien, à peine trentenaire et marié depuis peu, est content de moi. Je comprends vite (ses explications sont juste parfaites) et j’aime travailler avec lui à la conception de sites. Le boulot ne manque pas et déjà, après une petite semaine, je sais que je pourrais être embauchée à la fin du stage. Si je fais l’affaire, et ça en prend bien le chemin.

Dans le métro qui me ramène à mon logement, je ne peux m’empêcher de regarder autour de moi. Mais la rame est bondée, je ne reconnais personne. J’oublie l’incident du matin en passant une soirée animée avec mes colocs, quatre jeunes femmes qui travaillent comme vendeuses dans la même boutique de fringue. Mais au matin, quand j’arrive sur le quai, tout me revient. Je regarde nerveusement autour de moi, une trentaine de personnes attendent comme moi, mais je n’aperçois ni le géant noir ni ses amis. Quoique je ne sois pas sûre de les reconnaître ; enfin, lui, avec sa taille, je pense quand même que si.

Mes pas me portent vers la gauche du quai, comme malgré moi. Ma respiration devient hachée, mon cur cogne, je ressens une vague déception en réalisant qu’ils ne sont pas là. La rame entre dans la station, presque vide, ma nuque se couvre de chair de poule en sentant alors une présence derrière moi. Je sais que c’est lui, même s’il reste silencieux. J’inspire fort pour me donner du courage et entre dans le dernier wagon pour aller me blottir contre l’angle opposé, à côté de la porte arrière condamnée. Je pose mes mains à plat sur la vitre et ferme les yeux, tentant en vain de réguler ma respiration.

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