Petit rappel : l’accident de voiture, la maison au sommet de la colline, l’ermite, une soirée et une nuit de sexe.

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Quand je me réveillai, j’étais nue, et seule, dans son grand lit. Le trouver à mes côtés, m’enveloppant, me rassurant de son odeur, de sa chaleur, aurait été romantique, mais à quoi m’attendais-je ? L’ermite avait disparu, bien entendu. Cependant, je me sentais étonnamment bien. Impressionnant comme les choses peuvent aller vite. Hier, je me retrouvais avec un cadavre de voiture, et errais sur une route déserte, sous la pluie, et ce matin, j’émergeais du sommeil du juste, épanouie, après avoir en deux occasions lâché prise, fait abstraction de ma vie, de mes scrupules, de mes limites, et reçu en échange deux orgasmes volcaniques. Sans contrainte ou engagement en retour. Si tout se passait bien dans la journée, j’allais laisser tout cela derrière moi, voiture cabossée et ermite-dieu du sexe, souvenir diffus, éphémère mais ô combien agréable.

Ma valise m’attendait au pied du lit. Une rapide réflexion me permit d’imaginer son emploi du temps : lever matinal, recherche de ma voiture, et rapatriement de mes affaires, avant de vaquer enfin à ses occupations. L’ermite avait tout, finalement, du galant homme. Galant, fin cuisinier, excellent coup. Le tableau qu’il dessinait en aurait conquis plus d’une. Mais pas moi. Enfin, pas moi pour une nuit hein, on était bien d’accord ! Mais pour la vie, il aurait fallu qu’il ouvre la bouche un peu plus que pour manger son dessert… ou certaines parties de mon anatomie. C’était fou comme je revenais toujours à cela. A croire qu’il m’avait fait de l’effet, le bougre. Cela me fit sourire : l’inattendu de la situation, mais également l’évocation de nos combats.

Je me dénichai une jupe et un haut, des sous-vêtements, enfin, même si ne pas en porter ces dernières heures avait pu avoir ses avantages. Toujours prévenant, il m’avait préparé le petit déjeuner avant de sortir. Décidément, l’hôte parfait. Je savourai ce moment de calme, précédant une journée sans doute frustrante, d’attente, de tracas administratifs, voire de route dans le meilleur des cas. Un bruit répétitif m’intrigua, et je m’approchai de la fenêtre afin de tenter d’en découvrir la source. Il était là-bas, à l’orée de la forêt, à couper du bois. En jean, torse nu. Tous muscles saillants, luisants de sueur. Des images de la nuit resurgirent, bientôt accompagnées de quelques sensations, reconnaissables entre toutes. Je les évacuai avant qu’elles ne me mettent dans un état irrévocable, et m’attelai à mes tâches de la journée.

Soit, principalement, user du téléphone. M’assurer du passage du dépanneur. De la venue de l’expert. Où ? Quand ? Comment me déplacer ? Attendre une éventuelle réparation ou me faire prêter un véhicule ? Passionnant. Des vacances de rêve. Autant être à l’aise : je déplaçai l’antique téléphone pour me donner une vue sur la forêt, et accessoirement, l’homme en train de s’activer. Il en était d’ailleurs à remplir des brouettes de ses bûches et les vider je ne savais où.

La conversation avec le dépanneur fut rapide : il n’y avait qu’une seule route principale, et il n’avait pas besoin de moi pour embarquer Titine. Joindre l’expert constitua une autre paire de manches : appeler le standard de l’assurance, comprendre l’automate et ses chemins tortueux, pour finalement obtenir un correspondant auquel j’étais censée expliquer mon problème, enfin réexpliquer, afin d’obtenir enfin le numéro de portable de l’expert désigné la veille.

J’en étais là quand un frisson monumental me traversa le dos. J’avais dû manquer un mot, bafouiller ou bégayer, et mon correspondant me demandait de répéter, alors qu’une main chaude et puissante était en train de remonter, depuis mon genou, sur l’intérieur de ma cuisse. Centimètre par centimètre. Décharges électriques. Jambes tremblantes. Imagination en feu. Déferlantes d’images de la nuit. Bug total. Cela s’énervait un peu au bout du fil : « Mademoiselle ? Mademoiselle ??? ». « Euh… oui ? ». Incapable de bouger, je tentai tout de même de me redonner une contenance, ne serait-ce que vis-à-vis de l’énergumène qui se démenait dans mon oreille, et parvins à lui donner le numéro de sinistre de la veille.

Une seconde main s’était plaquée sur mon ventre, m’immobilisant définitivement. Avant de fermer les yeux, terrassée par ses caresses, j’eus le temps d’apercevoir, se reflétant dans la vitre maintenant toute proche, son regard hypnotique, son visage tout prêt du mien, son corps massif collé à mon dos. Il détailla, sans se presser, mes abdominaux tendus. Son autre main semblait ne jamais vouloir arriver à destination. Torture ou délice ? J’oscillais entre les deux, car si je désirais par-dessus tout qu’il atteigne mon intimité, l’anticipation et sa retenue me paraissaient exquises. Mon audition ne s’améliorait pas et l’échange avec l’assureur me semblait de plus en plus surréaliste. Par miracle, il ne m’avait pas encore raccroché au nez.

Enfin, une paume se posa sur mon entrejambe, et le contact moite ne laissa aucun doute sur l’état de ma culotte. L’autre main avait enveloppé, écrasé, recouvert mon sein gonflé de désir. Il resta ainsi ce qui me sembla une éternité. Le temps suspendit son vol… jusqu’à ce que mon interlocuteur réussisse à me faire comprendre que l’expert avait l’adresse du garage et qu’il passerait aux environs de midi. Ce fut comme un signal pour nous deux. Le combiné m’échappa des mains pour se balancer au bout de son fil emmêlé, laissant l’assureur terminer la conversation tout seul.

Mon ermite lâcha ses prises de guerre et souleva mon haut. Je levai les bras pour l’accompagner, et il m’en débarrassa. Dégrafa mon soutien-gorge. Le temps que je me rende compte que j’étais torse nu face à la vitre, ma jupe glissait le long de mes jambes. Suivie de ma culotte détrempée. Les mains appuyées sur la vitre, bouche bée, jambes légèrement écartées, je le sentis se défaire de son jean.

Son ventre se recolla à mon dos. Il était brûlant. Je ne l’étais pas moins. Je sentais très distinctement son sexe raide contre mes fesses, promesse indescriptible de jouissance. « Mademoiselle ? Vous avez bien compris ? ». Le monologue qui me parvenait étouffé n’avait plus qu’une importance secondaire dans mon esprit. Ses mains se posèrent sur mes cuisses. Les effleurèrent longuement. Décidément il me soumettait à un supplice élaboré cette fois-ci…

Enfin il passa la seconde, saisit l’arrière de mes genoux, et me souleva. Les jambes repliées devant moi, les pieds contre la vitre, le dos en appui contre son torse, j’avais un semblant de stabilité, malgré la position aérienne. Il conserva sa main droite, la plus forte, sous mon genou, et la gauche disparut, appelée à d’autres taches. Ma main gauche alla se caler derrière sa nuque pour assurer mes arrières. Je m’autorisai enfin à lever les yeux. J’étais complètement offerte, impuissante, délicieusement abandonnée à son bon vouloir. Mais aussi au regard de quiconque voudrait bien émerger des bois. Les yeux de la forêt.

L’ermite repoussait décidément mes limites. Tout en restant dans les limites. Voilà qu’il me suggérait une dose d’exhibitionnisme, avec peu de risques cependant. Ce qui ne manqua pas de m’exciter de façon indécente. La nouveauté de la position, la vitre, ses préliminaires interminables, sans oublier la petite voix subliminale « bon ben Mademoiselle, au-revoir alors ? ». Je n’en pouvais plus d’attendre. Une cambrure suggestive, accompagnée d’un gémissement plaintif, firent l’affaire.

Il empoigna sa verge et tâtonna un peu à la recherche de l’entrée de la caverne aux délices. Je le guidai, impatiente, jusqu’à ce qu’enfin, le gland adoré me pénètre. Mes chairs s’ouvrirent avec facilité, plus que les fois précédentes. Il faut croire que le corps s’habitue. Le plaisir n’en fut pas moins exceptionnel. Ravissement du frottement continu, intégral, de ce membre étranger, doux, chaud, m’emplissant entièrement. Il atteignit sans peine le fond du vagin, et je laissai reposer ma tête sur son épaule, toute à lui.

Impressionnée par la puissance nécessaire pour tenir ce genre de position, je me laissai aller à ses va-et-vient exquis. Il ne pouvait pas y mettre une amplitude démesurée mais cela nous allait très bien, comme une poursuite de préliminaires. Je savourai mon ventre ventousé à mon dos, les battements de son cur qui résonnaient en moi, son souffle rauque contre mon oreille. M’abandonner ainsi était inédit, électrisant. Même la fausse exhibition me convenait, comme si un tel ouragan de plaisir méritait d’être vu et partagé.

Avec précaution, il me bascula en avant. M’incita à m’appuyer de mes paumes contre la vitre. Saisit mes cuisses, les attira à lui. Et je me retrouvai quasiment à l’horizontale, les pieds dans son dos. Il me soutenait de ses mains, sous les hanches. La position était beaucoup plus dure à tenir pour moi. Me mettait à contribution. Pour la bonne cause : lui donner la possibilité de me pénétrer avec plus d’amplitude et de fréquence. L’effort et la tension sur mes bras valait bien cela ! Il se retira presque entièrement, fit une pause comme il les aimait c’est que je commençais un peu à le cerner-, et s’enfonça profondément en moi, joignant son râle à mon cri de plaisir.

Désormais, il n’y avait plus d’obstacle à notre montée. Il y avait même urgence, tant la position était physique. Une urgence exquise. Rien que le sentir chercher à maximiser son plaisir, à me limer sans retenue, à ravager de sensations mon sexe béant, amplifia comme jamais l’ouragan de sensations qui vibraient depuis mon ventre. Je le serrai de mon périnée, luttant contre son énormité jusqu’au ravissement. Sa cadence devint soudainement folle. A la limite de la rupture, il donnait tout, me baisant sauvagement, et je lui rendais bien, l’encourageant de hurlements incontrôlés.

Enfin, la tension ultime, et son jet puissant, témoignant de son orgasme, tandis que des vagues de jouissance me submergeaient. Pour la troisième fois depuis quelques heures. Il s’effondra à genoux, puis contre moi, sur le flanc, le cur battant la chamade. Epuisé, soulagé, comme s’il avait exterminé la crainte de me perdre, qui le rongeait depuis cette nuit.

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